Croc-Blanc : Jack London

Titre : Croc-Blanc                                                                big_5

Auteur : Jack London
Édition : Hachette / Livre de Poche / …

Résumé :
Dans le Grand Nord sauvage et glacé, un jeune loup apprend à lutter pour la vie. Les premiers hommes qu’il rencontre, des Indiens, le baptisent Croc-Blanc. Auprès d’eux, il connaît la chaleur du feu de camp, mais aussi le goût du sang.

Racheté par un Blanc cupide, il est dressé pour le combat et découvre la haine. Un homme pourtant le sauve de cet enfer.

Croc-Blanc lui vouera un amour exclusif.

Critique : 

ATTENTION ! Si vous lisez ce livre dans les transports en commun (genre métro comme moi) assurez-vous d’avoir une bonne âme (mon mari dans mon cas) à vos côtés pour vous signaler que vous arrivez à destination !

Oui, j’étais tellement plongée dans ma lecture que je ne me rendais même pas compte que le métro allait arriver à la station de destination…

C’est vous dire comme il fut prenant ! Pourtant, ce livre n’étant dans ma PAL que depuis deux mois, il n’aurait pas dû être lu aussi tôt.

Bizarrement, j’ai eu une envie folle de le lire, de le découvrir puisque je n’ai jamais vu le film. Pourquoi cet empressement ?

Et bien, le temps étant à la canicule – au moins 11 degrés – (mhouahaha), je me suis dit qu’un peu de fraîcheur serait la bienvenue et me voilà partie pour le Grand Nord, les pieds enfoncés dans la neige, les loups à mes trousses.

Cette première partie avec un traineau tiré par des chiens, poursuivi sans relâche par une meute de loups affamés – dont un viendra manger avec les chiens sans que le musher s’en rende compte tout de suite – était plus que prenante.

Comme dans « Dix petits nègres » et ses invités qui meurent l’un après l’autre, ici, c’est un chien qui disparaissait chaque nuit, dévoré après avoir été entrainé par la louve qui n’a pas peur de l’homme (la mère du futur Croc-Blanc). Elle est à moitié louve, à moitié chien et a grandi parmi les hommes. La ruse, elle connait. Les hommes aussi.

D’emblée, cette entrée en matière avec la course poursuite entre des loups affamés, hurlants et le traineau avec les deux hommes était flippante… Pourtant, c’est considéré comme littérature jeunesse. Nous sommes loin de l’univers de la Bibliothèque Rose, là !

Cet aparté terminé, je dois vous avouer que ce que j’aime dans ces livres de Jack London, c’est que cet auteur a une manière de vous parler du Grand Nord qui fait que, même si vous étiez au bord d’une piscine par 40 degrés à l’ombre, vous vous croiriez dans le blizzard en train de grelotter, le trouillomètre à zéro, la vision du Petit Chaperon Rouge, dévoré, dansant devant vos yeux épouvantés.

Nous sommes dans le Grand Nord, oui, et il ne fait pas de cadeau. Un jeune louveteau va le découvrir très vite, lui qui sera le seul survivant de la nichée. Pas  le choix, faut manger si on ne veut pas être mangé. Sa rencontre avec une belette sera décisive, la bête étant vicieuse et vindicative (hem, c’est mon totem).

Les premiers hommes qu’il rencontre seront des Indiens qui le baptiseront Croc-Blanc. Auprès d’eux, il connaîtra la chaleur du feu de camp, mais aussi le goût du sang et la main qui frappe au lieu de caresser.

Sa condition de « plus loup que chien » fera qu’il sera rejeté par les autres chiots, agressé et mis à l’écart. Pas d’amour, pas de tendresse, mais des bagarres. Cela va déjà lui forger le caractère.

Comme dans « L’appel sauvage », cette histoire nous est contée à travers l’animal, ici, Croc-Blanc, ce qui donne au récit une émotion qui vous prendra aux tripes plus que si c’était raconté par un narrateur humain.

Oui, j’ai souffert avec Croc-Blanc, j’ai partagé ses émotions, ses peurs, ses découvertes, ses ruses, j’étais dans sa peau et j’avais envie de mordre les autres chiens qui l’emmerdaient. Oui, j’ai regardé les humains avec un regard de haine brûlante, avec l’envie d’en mordre certain et de leur trancher la jugulaire.

Je n’ai pas l’âme d’une violente, mais le récit atteint une intensité tellement féroce à certains moments que vous ne pouvez vous empêcher de vous dire que l’être humain peut-être une crapule.

Jack London nous dépeint plusieurs facettes de l’homme : l’indien qui deviendra aussi con que l’homme blanc après avoir goûté à l’eau-de-feu et qui vendra Croc-Blanc à l’homme cupide et pleutre qui veut le loup pour se sentir puissant et organiser des combats. Après cette brute et ses airs de truand, viendra le bon.

Mais dressé pour le combat, notre Croc-Blanc a basculé du côté obscur de la Nature et à cause des hommes, il a découvert la haine, il est devenu sauvage, hargneux.

Pas besoin de dictionnaire, il a vite compris ce que voulaient dire « injustice », « cruauté gratuite » et « vraie sauvagerie ». Dans la nature, jamais il ne serait parvenu à un seuil pareil, le rendant irrécupérable tant la rage coule dans ses veines, tant il n’a plus confiance en l’homme.

Et pourtant…Tout le monde a droit à une rédemption.

Je remercie Jack London de m’avoir plongé dans cette aventure mi-humaine et mi-animale très bouleversante, sans m’épargner la vision de la cruauté humaine envers l’animal.

Les civilisés ne sont pas ceux que l’on dit. C’étaient les hommes qui hurlaient leur plaisir lors des combats de Croc-Blanc contre des ours, des lynx, un bouledogue… Eux qui voulaient voir le sang couler.

Un roman fort, prenant, dur, violent, sauvage, mais avec de l’espoir et des grands espaces. Tous les hommes ne sont pas des salauds…

Maintenant, je change de registre et je vais aller le dorer la pilule en Afrique du Sud avec le roman « Zulu ». C’est l’agence de voyage de Caryl Férey qui m’y emmène.

Avec cet auteur bucolique, ce sera petites fleurs, poésie et douceur au menu. Un peu de douceur dans ce monde de brute. Tiens, pourquoi ceux qui ont lu « Zulu » toussent-ils aussi fort ?

Livre lu dans le cadre du Challenge « Totem » par Liligalipette (catégorie « Loups ») du Challenge « Romans Classiques » de Métaphore et du Challenge « La littérature fait son cinéma – 3ème année » de Kabaret Kulturel.

22 réflexions au sujet de « Croc-Blanc : Jack London »

  1. Jack London! En ce moment j’suis dans ma période récit dans le Grand Nord (canadien ou autres), à moins 40. J’imagine que c’est ma manière de me préparer à l’hiver qui s’en vient et à ma voiture enfouie sous 4 pieds de neiges au matin! Excellente ta critique qui me donne envie de revisiter Croc-Blanc. Bonne journée Belette 🙂

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  10. C’est tout à fait le genre de livres qui me fait pleurer et que j’évite du coup, mais je le lirais lorsque les garçons seront grands, je suis sûre qu’eux le goûteront plus que moi mais une bonne surprise est possible qui sait !

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  12. Une bonne lecture pour le métro (pas de problème, je descends au terminus).
    Mais un jour je le lirai !
    mais peut-être que je commencerai par l’appel sauvage…
    Mais bon, on ne peut pas être bison et n’avoir jamais lu Jack London. Ça reste mon élément et faut que je m’y mettes sérieusement !

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    • Quoi ? Tu n’as jamais lu de Jack London, toi qui est un adepte des grandes plaines sauvages ?

      J’ai lu avant « l’appel sauvage » et j’ai bien aimé aussi. Par contre, j’avais une petite appréhension avant de lire parce que dans un livre, tu peux dézinguer qui tu veux, mais pas les animaux, surtout les chiens… et je n’avais jamais regardé le film à cause du fait qu’un animal faisait les frais de la souffrance humaine.

      Maintenant je sais que je peux regarder le film sans crainte, mais il doit être en de-ça du livre, j’ai vu les images, ils prennent un Huskie pour faire le loup qui est plus loup que chien !

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