La Femme en vert : Arnaldur Indriðason [Erlendur Sveinsson 2]

Titre : La Femme en vert

Auteur : Indridason
Édition : Points (2007)

Résumé :
Dans un jardin sur les hauteurs de Reykjavik, un bébé mâchouille un objet étrange… Un os humain ! Enterré sur cette colline depuis un demi-siècle, le squelette mystérieux livre peu d’indices au commissaire Erlendur.

L’enquête remonte jusqu’à la famille qui vivait là pendant la Seconde Guerre mondiale, mettant au jour les traces effacées par la neige, les cris étouffés sous la glace d’une Islande sombre et fantomatique…

Critique :
Les gosses sont quand même drôles : offrez-leur un super jouet et ils s’amuseront avec la caisse en carton… Pareil pour les bébés : il existe un tas de jouet à mâchouiller quand ils font leurs dents, mais ici, la petite ne trouve rien de mieux que de fourrer une côte dans sa bouche. Non, non, pas une côte de porc, mais une côte humaine ! A ce stade, nous ne savons pas si elle appartenait à Adam ou Ève…

À Erlendur de résoudre l’affaire du corps enterré depuis 50 ans dans une maison en construction. Un squelette qui, à peu de choses près, pourrait être offert à l’école du coin pour servir de « Oscar » aux cours de biologie. Bon, une fois qu’on l’aura extrait de la terre qui le recouvre, le tout délicatement.

Ami(e) lecteur(trice), si tu cherche un roman policier dont l’enquête se déroule à vitesse « Fast and Furious », laisse tomber ce roman, ou plutôt, range-le délicatement dans l’étagère de la librairie.

Le commissaire Erlendur prend son temps… Son auteur prenant un malin plaisir à jouer avec son lecteur, faisant monter l’affaire en douceur tout en lui mettant la tête dans la misère humaine et dans une certaine fange.

Par contre, si vous aimez la lenteur (qui n’est pas ennuyante) et plonger plus profond que l’enquête elle-même, ouvrez-le livre et dévorez-le ! Mais attention, c’est sombre… Violent, sans concession.

Ce que j’aime chez Indridason, c’est l’Histoire dans l’histoire : pendant que Erlendur cherche QUI est le squelette (tout en tentant de sauver sa fille, miss cocaïnowoman), nous suivons l’histoire d’une femme qui a fait l’erreur d’épouser un homme brutal.

Durant tout le roman, les deux récits sont en alternance, le suspense de l’enquête montant crescendo tandis que nous suivons la « via dolorosa » de cette femme et de ses trois enfants obligés de subir les coups, les humiliations, l’abaissement plus bas que terre, sans que personne ne lève le petit doigt.

Petite note : une envie folle m’a prise d’entrer dans le roman, armée d’une carabine au canon scié pour faire la peau de cette ordure. Oui, je suis comme ça moi quand je m’énerve : aux quatre coins de Reykjavik on l’aurait retrouvé, éparpillé par petits bouts, façon Puzzle. Moi, quand on m’en fait trop je correctionne plus : je dynamite, je disperse, je ventile!

Dans les romans que j’ai lu d’Indridason, j’ai eu une propension à aimer les coupables de meurtre et à cracher sur les victimes, qui l’ont souvent bien méritée… Serait-ce pareil ici ? Parce que, toute fière que j’étais, je ricanais dans ma cape, sachant bien QUI se trouvait enterré-là et pourquoi. Mhouahahaha !

Ah, ma douleur fut cuisante, j’ai souffert dans les cinquante dernières pages, implorant l’auteur de faire preuve d’un peu de compassion pour ses pauvres personnages.

Par contre, il n’a eu aucune compassion pour moi : le coup de pied au cul que je me suis prise ! « Je sais, je sais… » Tu parles que je savais ! Je sais qu’on ne sait rien, oui ! Tiens, un autre coup de pied pour m’apprendre à ne pas ricaner que « je sais » alors que je ne sais rien.

Une fois terminé, j’ai posé le roman sur la table et je me suis dit qu’un kleenex ne serait pas du luxe…

C’était beau, c’était grand, c’était magistral, c’était dur, émouvant, terrible… C’était Indridason, tout simplement.

Challenge « Thrillers et polars » de Liliba (2013-2014).

CHALLENGE - Thrillers polars 2013-2014 (2) CHALLENGE - DEstination la PAL CHALLENGE - Faire fondre la PAL

22 réflexions au sujet de « La Femme en vert : Arnaldur Indriðason [Erlendur Sveinsson 2] »

  1. Ping : Bilan Livresque de Juillet 2013 | The Cannibal Lecteur

  2. Ping : Challenge "Thrillers et polars" 2013-2014 : Et c’est reparti pour un tour ! | The Cannibal Lecteur

  3. Ah oui, ce livre est vraiment à dévorer, génial (?, je ne sais pas si le sujet se prête à cet adjectif). Moi aussi j’ai eu envie de prendre mon slip de superwomen et dégommer autant d’ignominie…

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    • Mon slip de superwoman est toujours sur moi et j’adore les romans qui me font rugir sur l’un ou l’autre personnage, avec cette envie de les flinguer.

      Le dévorer ? Oui, c’est ce que j’ai fais, mais ce n’est que mon avis et il n’est pas parole d’évangile ! J’aime ce genre de roman qui entre un peu plus dans la psychologie des personnages, dans les emmerdes de leurs familles… et ces deux récits qui ont l’air de n’avoir aucun rapport entre eux.

      Génial ? Je ne sais pas si je peux dire cet adjectif, mais en tout cas, il était… waw ! 🙂

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  4. Tu es une fan des tontons flingueurs, moi aussi 😀 ! ça ne m’étonne pas que tu aimes, je retrouves cette verve, ce verbe haut et cet humour dans chacun de tes billets ! Je n’ai jamais lu cet auteur mais je t’avoue que je ne sais pas trop si les polars nordiques vont me plaire, pour l’instant ça ne me dit trop rien mais je note ce titre pour plus tard !

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    • Les dialogues d’Audiard sont magnifiques et j’aime les citer dans ma vie de tous les jours.

      Merci pour les éloges… *rougit*

      J’ai fait une belle découverte avec Arnaldur, moi qui ne faisait pas dans le nordique. Tout ça, c’est la faute aux critiqueurs de Babelio, ils m’ont donné envie de le découvrir et là, accro !

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    • Il est super ! Je ne suis pas une fana des auteurs nordiques, mais lui, je l’ai découvert il y a un an au travers des critiques des membres de Babelio et je me suis lancée. J’en ai lu un, un peu déstabilisée au départ dans sa manière de plonger dans les êtres, de prendre l’enquête d’une manière différente et au bout de quelques minutes, j’étais conquise.

      Le rythme est lent, mais j’aime ça et je ne m’embête jamais avec lui. Une belle découverte, que cet auteur.

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    • Là, faut le faire, quand même ! 🙂 Je sais que je vendrais des jumelles à un aveugle et des souliers à un cul-de-jatte, mais te donner envie de lire un livre que tu as déjà lu, je m’incline devant moi-même pour le challenge que je viens de réussir sans même le savoir !

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                    • C’était l’accent italien…

                      Attend, je rêve, moi ?? Je viens d’ouvrir mes mails et j’ai bien lu ce que j’ai lu ? Tu me veux dans une interview ?? Mama mia ! *cri d’effroi*

                      Mais je ne suis rien comparé aux autres, moi ! Je suis timide, je ne me soigne pas, je suis en voyage sur Mars durant les 60 prochaines années…

                      T’es toujours là ? Bon, je ferai de mon mieux, mais face aux grands gabarits, je fais minable !

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                    • déjà, si les autres lisent tes commentaires, ils ne pourront qu’être d’accord avec moi 😉
                      Je te l’ai déjà dit, l’humour belge surpasse amplement le sérieux français 😉
                      Bon on a plus qu’à discuter des modalités pratiques 😉

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                    • Oui, chef, bien, chef… Les modalités ? Paiement à la livraison, en petites coupures, billets usagés dont les numéros ne se suivent pas.

                      Oups, pardon. Donne-moi les questions via mail et j’y répondrai du mieux que je peux. C’est comme pour les interviews politiques, on a les questions avant ! Arf 🙂 🙂

                      Gruz, si on ne rit pas de nous-même, qui le fera ? Personne d’autre qu’un Belge n’est en mesure de comprendre le brol qu’est notre pays et d’en saisir l’essence ! Pays de fou !

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