Ville noire, ville blanche : Richard Price

Titre : Ville noire, ville blanche                               big_4

Auteur : Richard Price
Édition:  10-18 (2009)

Résumé :
Une jeune femme blanche, en état de choc, se réfugie aux urgences d’un hôpital. Un inspecteur qui l’interroge relève très vite dans son récit et son comportement des contradictions…

Roman choc entre deux communautés – la noire et la blanche, dans une banlieue new-yorkaise -, ce livre n’est qu’en apparence un thriller et révèle une ampleur sociale et psychologique d’une intensité impressionnante.

Critique : 
620 pages pour 48h… 48h réparties sur 620 pages. Y’a pas à dire, on aura pas le temps d’aller faire pipi. Enfin, moi j’ai eu le temps parce que ça m’a pris un certain temps pour en venir à bout…

Écrit en tout petit, imprimé très haut jusque très bas de la page, et une histoire qui prend son temps de se développer : j’ai failli lâcher prise mais je me suis retenue et j’ai continué la lecture parce qu’intéressée par ce qui pouvait bien se passer dans ces pages.

Après un speech sur l’assassinat de deux habitants d’un quartier chaud dans la banlieue de New-York surnommé « Darktown », une femme Blanche arrive aux urgences après avoir traversé à pied le quartier noir. Elle est blessée aux mains et ne veux rien dire.

C’est Big Daddy (Lorenzo Council), le flic noir, qui prendra sa déposition. Lui, c’est le pilier de la cité, l’icône, celui qui peut parler aux dealers, celui que l’on écoute et que l’on respecte.

Par bribes, Brenda lui explique qu’elle s’est faite car-jacker sa voiture par un Noir et que le voleur l’a trainée à terre, ce qui explique ses mains en sang.

Dès le départ, il a compris que Brenda cache quelque chose. Qu’est-ce qu’une Blanche est venue foutre dans un quartier Noir ? Dans cette ruelle où trainent des dealers ? Pourquoi traverser la ville pour venir dans cet hôpital ? Pourquoi… ? Il y en aura des tonnes, de « pourquoi » !

Brenda et l’inspecteur Lorenzo… Ces deux là ne vont plus se quitter ! Non, pas de « chabadabada », mais en raison du caractère explosif que l’affaire va déclencher : en effet, Brenda avoue – trois heures après – que son gamin était dans la voiture !

Une Blanche, agressée par un Noir et son fils enlevé… il n’en faut pas plus pour faire chauffer les esprits des gens en ces chaleurs de l’été. Et puis, certains grognent parce qu’ils savent qu’on aurait pas fait tout ça si le gosse avait été Noir…

On n’arrête pas le spectacle pour un seul singe.
— Ben, quelquefois si. Tout dépend du singe, de la couleur de son poil.

Ce roman ne va pas vite, il prend le temps de faire monter la température entre les deux communautés : les Blancs et les Noirs. Une communauté qui vit dans les beaux quartiers et l’autre pas…

Entre les flics du quartier de Gannon qui investissent le quartier Noir d’Armstrong – le bien nommé « Darktown » – pour retrouver le fils de Brenda, sœur d’un flic Blanc, les journalistes, les arrestations arbitraires, les coups, les insultes, le ton monte et l’ambiance du livre devient plombée.

Si la sueur coule dans le dos des protagonistes, elle coule aussi dans la nuque du lecteur qui « sent » venir le bordel à plein-nez.

On ne peut pas dire non plus que Brenda aide l’inspecteur Lorenzo « Big Daddy » Council dans son enquête. Tout est dit par bribes, elle se renferme comme une huître, colle ses écouteurs sur les oreilles, se comporte bizarrement et pendant ce temps, la haine raciale monte comme la température dans un four allumé.

À un moment donné, on se rend compte qu’on a posé ses fesses sur un baril de poudre et qu’une flamme se rapproche dangereusement de la mèche. Les Noirs sont mécontents, ils savent que si le gosse avait été noir, jamais on aurait déployé de moyens pour le retrouver ! Les flics Blancs ont dépassé les bornes et tout le monde sait que « les bornes ont des limites » !

Vaut mieux pas se trouver dans les parages lorsque ça explosera… Et l’inspecteur Lorenzo aura fort à faire pour essayer que sa cité garde son sang-froid. L’émeute et le bain de sang sont proches et plus les minutes passent, plus ça chauffe !

Et Brenda, dit-elle toute la vérité ? Quels secrets leur cache-t-elle ? Pourquoi est-elle aussi capricieuse ? Pourquoi ne fait-elle pas plus pour retrouver son fils ?

620 pages oppressantes, noires, sombres, dures, longues. La haine monte lentement mais sûrement, les vieilles rancœurs entre les deux communautés ressortent, l’huile est sur le feu, le lait aussi et l’auteur nous décrit cette poudrière de manière magistrale.

Les personnages sont légion, certains tordus, d’autre bizarre, bref, chacun a son caractère.

Un roman à lire lorsqu’on a du temps devant soi, afin de le lire sur quelques jours et pas sur deux semaines comme moi.

Livre adapté au cinéma « La couleur du crime » en 2005 avec Samuel L. Jackson dans le rôle.

Challenge « Thrillers et polars » de Liliba (2013-2014) et le « Pavé de l’été » chez Sur Mes Brizées et le Challenge « La littérature fait son cinéma – 3ème année » de Kabaret Kulturel.

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11 réflexions au sujet de « Ville noire, ville blanche : Richard Price »

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    • Merci, Bianca 🙂 Le sujet ne m’aurait rien dit du tout si je n’avais pas lu la critique du Bison ! Pas de regrets, bien que le livre soit long, mais cette montée de la haine raciale est bien écrite et ça fait froid dans le dos.

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  5. @Gruz : j’y suis allée un nombre incalculable de fois ! et au boulot, je suis plus précise qu’une horloge suisse. Dès que les collègues me voient passer aux toilettes, ils savent qu’elle heure il est. L’inconvénient est quand j’ai bu trop de thé (non, pas de bières au boulot) et que j’y vais plus tôt, ça les perturbe grandement, ils croient qu’il est plus tard et je me fais engueuler.

    @Le Bison : Alors, si le carré de l’hypoténuse est égal à l’âge du capitaine multiplié par la vitesse du vent, je dirais que j’ai bu au moins trois bières, 60 cafés, fait pipi 90 fois et glandé durant 56,4 heures.

    Hé, les gars, on ne vous a jamais dit que ce n’était pas la longueur qui comptait ??? 🙂 mais la qualité de l’ouvre…

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