Couché dans le pain : Chester Himes

Titre : Couché dans le pain                                  big_3-5

Auteur : Chester Himes
Édition: Série Noire Gallimard / Folio

Résumé :
Au petit matin d’une veillée funèbre agitée, à Harlem, le révérend Short se penche un peu trop par la fenêtre et dégringole du deuxième étage.

Premier miracle : une vaste corbeille de petits pains frais amortit sa chute. Il remonte à l’étage, indigné. Tout le monde se presse à la fenêtre et… deuxième miracle: il y a encore un homme dans le pain.

Mais celui-là est mort, bien mort, avec un couteau planté en plein cœur…

Critique : 
♫ Couché dans le foin, avec le soleil pour témoin ♪ (1)… Oups, c’est « couché dans le pain », le titre du roman. Voici donc un lapsus révélateur… entre le titre du livre et une chanson !

Non, le roman de Chester Himes ne nous conte pas les aventures extraconjugales d’un boulanger qui aurait pétri des miches qu’il ne fallait pas, joué avec sa baguette et trempé son croissant ailleurs…

Harlem… Au petit matin d’une veillée funèbre agitée, le révérend Short se penche un peu trop par la fenêtre et dégringole du deuxième étage. Bardaf, c’est l’embardée… ?

Non ! Miracle divin pour ce serviteur de Dieu : une vaste corbeille de petits pains frais amortit sa chute. Il remonte à l’étage, indemne et indigné. L’aurait-on poussé afin qu’il se présente plus vite devant son Créateur ?

Les gens qui veillaient le mort ont du mal à croire à sa chute mais puisque personne ne l’a vu sortir par la porte… C’est donc qu’il dit vrai. Ils se pressent tous à la fenêtre pour vérifier la présence du panier de pain et là… second miracle : il y a encore un homme couché dans le pain.

Serait-ce une histoire de coucherie « joyeuse » dans du pain ? Non, celui-là est mort, bien mort, avec un couteau planté en plein cœur… Mais il n’y état pas quand le révérend y a chuté.

Vous voyez un peu le bordel ? Avec, en prime, un coup de fil anonyme signalant un corps couché dans le pain…

Comment les policiers vont-ils s’en sortir pour démêler ce sac de nœud et découvrir qui est l’auteur du crime et du coup de fil anonyme ? Surtout que à Harlem, personne ne va dénoncer le caïd local…

– Tout ce que j’ai appris jusqu’à présent, c’est que les gens d’Harlem sont à tels point respectables que leur merde n’a pas d’odeur !
– Qu’est-ce que vous espériez ? demanda Ed Cercueil. Que l’un d’eux allait se dénoncer ?

No stress ! Mesdames et Messieurs, veuillez faire entrer les deux policiers les plus efficaces au monde : Ed Cercueil et Fossoyeur Jones !

– Les inspecteurs Fossoyeur Jones et Ed Cercueil Johnson se présentent au rapport, mon général, marmonna Pigmeat.
– Ah ! Nom de Dieu ! fulmina Chink. Il nous manquait plus que ces deux fumiers de cow-boys de mes deux pour foutre le bordel.

Ils marchent en marge de la loi, ont des indics, les consultent, font fumer leurs méninges et la poudre de leurs révolvers, et, au bout d’une enquête des plus rocambolesque, arriveront à trouver le(s) coupable(s). Oui, bon nombre de personnages ont des choses à se reprocher.

– Ce fils de pute de prêcheur devient dingue à force de picoler son mélange d’opium et de cherry brandy ! fulmina-t-il. J’ai jamais donné à Dulcy ce putain de couteau et je ne l’ai jamais vu avant.

Roman policier noir au coeur de Harlem, dans une famille haute en couleur et où personne n’est tout à fait blanc comme neige. D’ailleurs, ici, la neige, on la sniffe.

– Diminuez quand même la dose, insista Fossoyeur d’un ton sec. Si on vous laisse opérer, c’est uniquement parce que vous approvisionnez nos indics.
– Et sans vos indics vous pourriez plus opérer, vous autres, rétorqua la vieille. Les flics trouveraient jamais rien si y avait personne pour les rencarder.

Si vous voulez plonger dans le quartier de Harlem, c’est avec Himes qu’il faut voyager : écriture simple mais riche de couleur, intrigue au top, rebondissements dans l’histoire et violation de la loi par les forces de l’ordre. Roman noir…

– On est à Harlem, dit-il, et des bleds comme ça, y en a pas deux. On est obligé de partir de rien, parce que les gens d’Harlem agissent pour des raisons qui ne viendraient jamais à l’idée de personne ailleurs. Tenez, par exemple : j’ai connu deux gars de couleur, deux ouvriers sérieux et pères de famille. Ils se sont bagarrés un jour dans un bar de la Cinquième Avenue, près de la Cent-dix-huitième Rue, pour savoir si Paris était en France ou si c’était la France qui se trouvait dans Paris. Et ils se sont saignés à mort.

Brody éclata de rire.
– Il y a encore mieux ! dit-il. Deux Irlandais du côté de Hell’sKitchen, se sont mis à s’engueuler pour savoir si les Irlandais descendaient des dieux ou si les dieux descendaient des Irlandais. Ils se sont descendus à coups de pétard.

Bien que j’ai trouvé « La reine des pommes » plus humoristique et encore plus rocambolesque, l’auteur m’a entraîné une fois de plus dans son récit, me présentant à cette famille bizarre où j’ai eu du mal à m’y retrouver dans tous leurs noms étranges.

Sans chichis, en quelques 200 pages, Himes m’a présenté la solution et j’ai éclaté de rire devant la résolution de l’affaire. Fossoyeur Jones et Ed Cercueil sont bien les meilleurs !

Les dialogues sont drôles, les réparties fusent et les bons mots aussi.

– Si les flics me trouvaient là, pour peu y diraient que je l’avais poussé par la fenêtre.
– Tu me fais de la peine fiston, déclara Fossoyeur avec le plus grand sérieux. Les flics sont pas si vaches.

Avec une déduction à mon actif, j’étais loin de la solution, qui était bien trouvée parce que l’auteur m’a bien baladé.

Faites juste gaffe aux balles, elles sifflent parfois à vos oreilles…

(1) La chanson « Couché dans le foin avec le soleil pour témoin » est de Mireille. (Mireille Hartuch, plus connue sous le pseudonyme de Mireille, née le 30 septembre 1906 à Paris et morte le 29 décembre 1996 dans la même ville, est une compositrice, chanteuse et actrice française. Elle est l’épouse de l’écrivain Emmanuel Berl).

Livre particiapant au challenge « Thrillers et polars » de Liliba (2013-2014) et  Le « Challenge US » chez Noctembule.

33 réflexions au sujet de « Couché dans le pain : Chester Himes »

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    • Oui, assez noir parce que Harlem (sans mauvais jeu de mot) et que le quartier comprenait le quartier de Hell’s Kitchen et que les gens vivaient dans la misère.

      Malgré tout, les réparties entre les flics et les personnages nous donne quelques moments drôles.

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            • Cela ne fait pas si longtemps que ça que j’ai fait la découverte des polars noirs, c’est un sur Babelio qui m’en a donné envie et je les découvre au fil de mes achats.

              Un thriller, c’est bien, j’en ai lu des tas, mais parfois, j’ai envie d’une histoire dans le crime et découvrir un peu l’environnement des personnages. 😉

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                • Moi, oui, je « vois » les images dans ma tête, lorsque je le désire (mince, j’ai un cinéma mental comme le tueur Plunkett de Ellroy !), mais si je veux lire plus vite, je ne fais rien défiler dans ma tête.

                  Tout dépend de ce que je lis, en fait, si j’aime les personnages, comme par exemple le Oscar Wilde de Gyles Brandreth, alors, le cinéma est ouvert !

                  Avec couché dans le pain, le ciné était ouvert aussi.

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                    • SI !! Mais pas toujours, Harry, j’avais juste lu le 2 avant d’aller le voir au ciné, donc, j’avais les images, mais pour d’autres, argh !!

                      J’évite les adaptations de livres, ça marche pas toujours, ou alors, je fais le film avant le livre.

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                    • Mais si tu vois le film avant tu as déjà des images 🙂
                      Alors, il ne faut pas voir les adaptations.
                      J’ai lu le bouquin Drive après avoir vu le film. Ce n’est pas du tout la même chose. Très déçue.

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                    • Parfois, je vois les images mais pas toujours les visages, donc, le fait de voir le film avant me permet de ne pas me casser la tête avec les décors, les visages…

                      Déçue du film « drive » ou du livre ? Tout dépend du livre, si j’ai lu le livre, j’évite les adaptations télés ayant du mal à les regarder en silence parce que je bondis à chaque truc qu’ils ont changé.

                      Moins dans l’autre sens… avec Le comte de Monte-cristo, ayant vu la série, je tiquais en lisant le livre (des années après) et en voyant qu’il n’était pas le même que la série, mais au fur et à mesure, c’est le livre qui s’est imposé et je ne sais plus voir l’adaptation télé sans tiquer !

                      oui, je suis bizarre, on en a interné pour moins que ça… 😉

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                    • J’ai beaucoup aimé le film Drive tout comme la bande son. Mais le livre n’a pas grand chose à voir avec le film.
                      J’avoue être déçu par les deux. Cela me semble toujours étrange de dire pour vendre le film que c’est l’adaptation de ce livre et vice-versa, alors qu’il ni a aucun rapport l’un avec l’autre. déception globale 🙂

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                    • Moi, en tout cas, j’ai jamais deviné qui c’était, ou alors, après avoir pensé de tous les personnages « c’est lui le coupable ».

                      Mais je n’ai lu que les Agatha avec Poirot…

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                    • Oui, j’ai vu les épisodes télé avec Suchet, que j’apprécie et j’ai vu aussi un avec Ustinov, que j’ai bien aimé aussi.

                      J’ai quelques épisodes sur mon PC.

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  4. J’étais bien jeune quand j’ai lu un Chester Himes. Faudrait que je m’y remettes maintenant aussi…

    Par contre si tu connais un roman qui traite des aventures extraconjugales d’un boulanger qui aurait pétri des miches qu’il ne fallait pas, joué avec sa baguette et trempé son croissant ailleurs… Ça m’intéresse aussi !

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  5. avec tes chroniques en dessous de la ceinture je vais sérieusement commencer à me demander si tu ne lis pas tes polars sous un angle particulier( voire entre les lignes)
    Je me suis bien amusé encore une fois en tout cas 😉

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    • Ce sont les pandas qui doivent le faire selon un angle particulier pour y arriver, moi, je peux prendre tous les angles particuliers que je veux… Non, ne dis rien, je sors !

      Je peux voir du graveleux dans n’importe quoi, même un débat politique, s’il le faut… 😀

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