Oscar Wilde et le cadavre souriant : Gyles Brandreth [Saga Oscar Wilde 3]

Titre : Oscar Wilde et le cadavre souriant                big_3

Auteur : Gyles Brandreth
Édition : 10-18 (2010)

Résumé :
En 1883, Sarah Bernhardt et Edmond La Grange dominent le théâtre mondial.

Déterminé à faire fructifier sa renommée naissante après sa triomphale tournée américaine, le jeune Oscar Wilde se rapproche de ces deux monstres sacrés.

Installé à Paris, il travaille avec La Grange à une nouvelle traduction d’Hamlet qui promet de faire des étincelles. Mais pour l’heure, elle fait surtout des victimes…

La compagnie La Grange est frappée par une série de disparitions mystérieuses, et Oscar Wilde est bien décidé à en trouver le responsable.

Entre jalousies artistiques, vices cachés et secrets de famille, le poète dandy découvre l’envers peu reluisant du décor flamboyant du Paris fin-de-siècle.

Critique :
Oscar Wilde a trouvé un cadeau original pour l’anniversaire de Conan Doyle : un manuscrit. Et pas n’importe lequel… Un récit racontant sa « première enquête » avec, à la clé, des meurtres à élucider !

– Comme je l’ai dit, Arthur, c’est un cadeau de Noël. L’an passé, vous m’avez offert « Le Signe des Quatre ». Voici mon présent pour cette année. C’est un manuscrit… et un défi. Cette histoire date de ma jeunesse. Il s’agit d’un compte-rendu d’un an et demi de mon existence, il y a de ça bien longtemps maintenant. […]

Oscar lui offre donc le récit de son escapade aux États-Unis entre décembre 1881 et décembre 1882, ainsi que le compte-rendu du séjour qu’il effectua ensuite à Paris, lorsqu’il travailla avec Edmond La Grange sur une nouvelle traduction d’Hamlet qui promettait de faire des étincelles.

Elle fit des étincelles, en effet, mais elle fit surtout des victimes !

La compagnie La Grange se retrouve confrontée à trois morts violentes : Suicides ? Accidents ? Meurtres ? En tout cas, Wilde est bien décidé à en trouver le responsable, si elles ne sont pas accidentelles.

Le manuscrit se terminera par les explications de Wilde quand aux quatre morts suspectes (oui, une de plus).

– Il s’agit d’une histoire vraie, Arthur. J’imagine que vous pourriez la qualifier d’énigme criminelle. Il est impossible de la publier, du moins de mon vivant. De nombreux passages sont diffamatoires, d’autres licencieux, et le texte est pour l’instant incomplet. Le manuscrit est inachevé : il manque le dernier chapitre. J’aimerais que vous le lisiez, Arthur. N’omettez aucun mot, même si certains vous choquent. Si vous le souhaitez, vous pouvez le montrer à votre ami Sherlock Holmes. Il est d’une autre trempe. Puis, une fois que vous l’aurez lu et que vous y aurez longuement réfléchi, j’aimerais que vous me disiez ce que devra révéler selon vous le dernier chapitre.

Mais est-ce bien là toute la vérité sur ces morts étranges, monsieur Doyle ? Votre perspicacité nous sera bien utile afin de découvrir si votre ami Oscar n’a pas camouflé une partie de ses conclusions.

– J’ai été négligent, mais pensez à ce que je suis, Robert, et essayez de me comprendre. Je suis un conteur, un auteur dramatique. Il me faut garder mes lecteurs en haleine jusqu’à la dernière page, tenir mon public sur le bord de son siège jusqu’au baisser de rideau. J’ai besoin d’un dénouement. Ne me privez pas de mon coup de théâtre.

Ce troisième opus nous montre un autre pan de la vie de Wilde, nous faisant découvrir son voyage en Amérique, sa vie à Paris alors qu’il n’a que 27 ans et sa rencontre avec son ami et biographe : Robert Sherard. Sans oublier d’autres personnages importants, telle Sarah Bernhardt.

Par contre, comparé au deuxième tome qui avait une mort violente quasi dans les premières pages et un rythme assez relevé, ici, il faut attendre la page 136 pour la première mort « humaine », la toute première de la page 68 étant animale.

Les suivantes ne se produiront que dans le début des pages 300…

Le style d’écriture est agréable, ni gnangnan, ni alambiqué; les personnages sont attachants, surtout Wilde; on a de l’humour, des bons mots; de la fiction mélangée à beaucoup de vérité et quelques rebondissements à la fin : je viens de passer un bon moment de lecture.

– Pardonnez-moi ce retard, s’excusa le docteur en se dégageant des bras d’Oscar. Le train de Southsea a été arrêté. Un corps sur la voie. Regrettable accident.
– Certains feraient n’importe quoi pour éviter de passer Noël en famille, murmura Oscar.

Par contre, le livre est déconseillé aux lecteurs qui sont à la recherche d’un rythme trépidant… La lenteur de l’histoire pourrait les faire soupirer, bien que moi, je ne me sois pas embêtée…

Effectivement, pour les lecteurs qui veulent suivre les pas de Wilde aux États-Unis et à Paris, boire de l’absinthe avec lui, pénétrer dans les coulisses du théâtre La Grange, arpenter les petits caberdouches de Paris, tel « Le Chat Noir » ou manger une salade de homard en compagnie de Conan Doyle, au Baker Street Bazaar de Madame Tussaud, juste après la visite de la Chambre des Horreurs, c’est du pain béni.

En soixante ans d’existence, le Baker Street Bazaar n’avait sans doute jamais connu une telle affluence qu’en cette journée. Trente mille personnes avaient fait la queue pour découvrir la dernière attraction de Madame Tussaud : la réplique exacte du petit salon dans lequel, à peine dix semaines auparavant, Mary Eleanor Pearcey avait battu à mort la femme de son amant et le bébé de cette dernière.
Elle avait entassé les corps de ses malheureuses victimes sur le landau du nourrisson et les avait abandonnés sur un terrain vague de Kentish Town, non loin de son domicile.
John Tussaud avait dépensé deux cent livres, soit le prix d’une petite maison, pour acquérir la voiture d’enfant et d’autres souvenirs du crime, parmi lesquels le gilet taché de sang de la meurtrière et le bonbon que suçotait l’enfant au moment de sa mort.
Cet investissement se révéla fort fructueux. À cette époque, l’entrée du Baker Street Bazaar s’élevait à un shilling par personne.

L’auteur est un inconditionnel d’Oscar Wilde et on le ressent dans ses romans qu’il connaît très bien le célèbre dandy. Grâce à sa connaissance profonde de l’œuvre et de la vie du poète, il nous restitue le génie du personnage avec brio et nous entraîne sur ses pas, dans des enquêtes hors du commun.

Quant à la figure de cire au musée de Madame Tussaud, représentant un criminel qui sourit en dévoilant les dents du bas, il est clair que vous devez vous en méfier !

Ne faites jamais confiance à un homme dont le sourire dévoile les dents inférieures, même si c’est une figure de cire ! Elle est tout de même exécutée d’après nature ou à partir du cadavre…

C’est Oscar qui nous le dit et il avait raison !

Livre participant aux Challenges « Thrillers et polars » de Liliba (2013-2014), « Polar Historique »de Sharon (reprise du challenge de Samlor)« I Love London 2 » de Maggie et Titine,  « Victorien » chez Arieste et  « XIXème siècle » chez Netherfield Park.

34 réflexions au sujet de « Oscar Wilde et le cadavre souriant : Gyles Brandreth [Saga Oscar Wilde 3] »

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    • J’en suis à la moitié, le numéro 4 est sur la table, mais j’alterne avec le challenge US et comme je suis toujours en train de lire des polars, c’est Liliba qui morfle (challenge thrillers & polars).

      QUOI ?? Tu ne l’as pas encore lue ?? Rhôô 😀

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  3. Je viens de lire le tome 1 que j’ai adoré. C’est d’ailleurs grace à toi que j’avais fini par craquer et l’acheter neuf, alors que je privilégie au max les occasions normalement. Pour compense, j’ai dénicher celui-ci quelques jours plus tard à peine dans une bouquinerie. Hâte de trouver le volue intermédiaire pour pouvoir continuer à avancer dans la série !

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    • Ah, moi aussi je suis une tentatrice ! J’adore l’ambiance et le dandysme de Wilde, Sherard a un air de Watson, il ne comprend pas tout et se fait souvent avoir.

      J’achète souvent d’occase, mais parfois, je me fais des petits plaisirs et j’achète neuf.

      Le tome deux est génial ! Mon préféré. Bonne chasse pour le trouver et désolée de t’avoir tentée… 🙄

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  4. J’aime bien quand le style du compte rendu critique reproduit le style du roman.
    J’ai bien aimé moi aussi cette histoire un peu abracadabrante, qui m’a fait penser à certains romans de Gaston Leroux.

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    • De Leroux, je n’ai lu que « le mystère de la chambre jaune », il y a longtemps, mes souvenirs sont donc loin, hélas.

      Mais je te remercie pour le compliment ! ça fait plaisir à entendre… heu, à lire ! 😉

      Les livres de cet auteur sont une bouffée d’air frais entre des romans noirs ou des thrillers.

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      • Oui hein!!! 😉 J’aime parfois du lent mais c’est rare….faut ça remue…que ça gigote… que ça moooove quoi!!!! MAis je te comprends tu sais…je te pardonne même!!!ahahahahahahah

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        • Que ça remue et que ça gigote… je ne ferai aucun commentaires sur ta phrase.

          Parfois, prendre son temps et ne pas se ruer sur les pages comme une bête en rut a son avantage, on profite mieux, le plaisir est distillé à petites doses…

          Oui, oui, je parle toujours de lecture ! 😉

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  5. Tout le monde finit par succomber à Oscar Wilde avec cette série 🙂
    Les policiers historiques, souvent, je les lis davantage pour l’ambiance et celle que j’ai découverte jusqu’ici avec Gyles Brandreth est un régal.
    J’aime beaucoup cette vue ancienne de Tower Bridge sur ton article.

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    • Je l’adore aussi, j’aurais bien aimé être là, après un retour dans le passé, pour voir la construction du Tower Bridge…

      Je me casse souvent la tête pour savoir quoi utiliser comme image pour illustrer la critique, pas facile.

      Oui, je vois que tu as succombé aussi à Wilde et ses aventures. C’est frais et diablement entraînant.

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  6. Rhhhaaaaa tu me fais diablement envie car justement je préfère l’ambiance wildienne dans ces livres à tout le reste, les meurtres ne sont qu’accessoires et servent certes l’esprit de déduction incomparable de Wilde et Doyle mais tous les petits détails historiques, les anecdotes sont un régal !!!! Je le note (encore un, zas!)………………………………………………………….et je sors de cette antre de la tentation !!!! 😀

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    • 😀 Oui, les ambiances sont extras et au final, on aurait pas de morts qu’on ne s’en rendraient même pas compte ! L’ambiance du théâtre est super, dans mon ordre de préférence, le 2, puis le 3 et ensuite le tome 1.

      Wilde est magnifique, en plus.

      Sortir de mon antre de la tentation ne servira à rien, c’est trop tard, tu es contaminée… Pas d’inquiétude, je pense divorcer du blog d’Yvan pour cause de tentations trop grande ! 😉

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  7. Mince alors, si tu en viens à te plaindre qu’il n’y a pas assez de morts 😉
    Je sens bien qu’il faut être assez accro pour ce plonger dans cet univers, je ne le suis sans doute pas assez.
    Ta chronique en tout cas donne parfaitement l’ambiance qu’on doit retrouver dans ce bouquin.

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    • J’aime cette époque et je dois dire que j’adore Wilde, alors que je ne le connaissais pas avant de me plonger dans cette collection.

      En fait, les morts mettent du temps à arriver, dans le tome 2, ça démarrait quasi direct et ça se suivait comme à la guillotine.

      Faut aimer l’ambiance, oui, je confirme.

      Hé, j’ai trouvé Back-Up de mon compatriote et je suis en train de lire « le festin du serpent » !!

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