Lignes de sang : Gilles Caillot

Titre : Lignes de sang                                                big_3-5

Auteur : Gilles Caillot
Édition : du Toucan (2012)

Résumé :
Richard Granjon, écrivain à la dérive, voit dans son prochain roman l’ultime chance de relancer sa carrière. Isolé dans une maison de campagne, il veut que son texte soit noir, angoissant, sanglant, aux antipodes de ses précédents livres, plutôt édulcorés.

Mais la tranquillité de sa retraite va être soudainement ébranlée. Via d’obscurs réseaux du web, il est manipulé et poussé à bout par un mystérieux tueur dénué de toute humanité. Sa période d’écriture se transforme petit à petit en véritable cauchemar.

De leur côté, les lieutenants Depierre et Amarante de la Criminelle de Lyon, traquent depuis longtemps un homme qui sème sur sa route des cadavres de jeunes femmes, horriblement mutilés. L’enlèvement de Camille, leur coéquipière, les précipitent en enfer.

A la frontière du virtuel, commence alors leur enquête la plus terrifiante…

POLAR - hostel-chapitre-2-hostelCritique : 
La préface d’Aurélien Molas nous signalait que si le thriller n’a jamais acquis ses lettres de noblesse comparé à la littérature noire, certains thrillers possèdent des formes et du fond tout en étant efficaces et sont assez sombres pour nous prouver que certains auteurs peuvent exceller dans le thriller noir. Il ne me restait plus qu’à découvrir tout cela.

On m’avait prévenu que ce livre était glauque, malsain à souhait, avec des scènes parfois insoutenables et il a fait honneur à sa sulfureuse réputation. Un qualificatif pour ce thriller pourrait être « dérageant & glaçant ». Deux qualificatif pour le prix d’un, oui (offert par la maison).

En effet, ce thriller respecte les codes habituels : des chapitres courts qui pulsent et qui sont alternés pour faire monter le suspense et la frustration, des cliffhangers en-veux-tu-en-voilà, une intrigue bien menée (bien que l’on comprenne à un moment donné QUI est le coupable) sur un scénario original, de l’hémoglobine et quelques scènes de violences que Jack The Ripper aurait aimé…

Bref, l’auteur connait les codes du thriller et joue avec. Au passage, il joue aussi avec nos nerfs en stoppant ses chapitres sur du suspense et en nous reportant la suite quelques chapitres plus tard. Sadique.

Niveau des personnages, on en a assez bien mais on s’y retrouve facilement dans tout ce petit monde. Par contre, le flic doit-il toujours être torturé, alcoolo, dépressif, sans vie sociale ou de famille ? Là, c’est un peu le cliché habituel ces derniers temps.

Certains policiers manquent aussi un peu de profondeur, on ne s’attache pas vraiment à eux, hormis Camille. À certains moments, je les ai même trouvé un peu lourd et patauds dans leur enquête et si un certain Jack n’avait pas été aussi sympa, ils pataugeraient encore dans la gadoue.

Par contre, pour le Méchant, il est bon, intelligent, sadique, pervers, manipulateur et aussi grand stratège qu’un Napoléon. Et je dois absolument me renseigner afin de vérifier qu’il est bien possible de retrouver les véritables adresses IP des utilisateurs ainsi que leurs adresses (on n’est jamais trop prudente)… Brrrr !

Ce qui m’a plu, dans cette intrigue, c’est la tension que l’auteur fait monter assez vite et qu’il entretient tout au long de la lecture, ainsi que l’incursion de l’enquête dans l’univers virtuel : Second Life, un métavers (univers virtuel), existe bel et bien.

La violence est présente et je déconseille ce livre aux lectrices sensibles et aux amateurs de « Oui Oui & Tchoupi en vacances chez les Bisounours ». Parce que dans ce livre, ça tue et ça ne tue pas « propre », si vous voyez ce que je veux dire. Ça joue aussi avec les victimes et ce n’est pas beau à voir.

« Il avait pris tout son temps, comme toujours. Explorant les frontières de la souffrance, s’en délectant. Augmentant de façon progressive la puissance de ses coups et les outrages qu’il lui faisait subir. Il l’avait sentie l’implorer. Cette lueur dans les yeux, il la connaissait parfaitement, maintenant. Et contrairement à ce qu’elle espérait, cela lui faisait l’effet inverse. Cette situation l’excitait. Il se sentait puissant. Il avait joué avec elle pendant plusieurs heures et procédé au cérémonial … Puis il l’avait littéralement massacrée. Il avait laissé s’exprimer la violence inouïe cachée au plus profond de lui. Elle avait été à la mesure de la jeune femme. À la hauteur de sa débauche. Ça avait été bon. Oui … Très bon ».

« Quand la lame la traversa dans un craquement effroyable, elle tressaillit sous une violente secousse nerveuse. Étonnamment, ce ne fut pas tant sa propre douleur qu’elle ressentit mais plutôt la souffrance de l’homme qui avait partagé un morceau de sa vie… »

Moi, les scènes plus « gore » ne m’ont pas dérangée, j’ai fait quelques « beurk, c’est dégueulasse » mais ça ne m’a pas empêché de manger ou de bien dormir.

Bémol  : les dialogues et la ponctuation. Les dialogues sont parfois trop nombreux au détriment de la profondeur des personnages, de leur psychologie et certains sont même en déséquilibre avec le reste, suite à l’utilisation d’un langage peu étoffé.

Pour la ponctuation, des fins de dialogue avec des « !! » ou des « !? » à profusion qui ont tendance à alourdir le récit… Si c’est passable dans des commentaires sur le Net, j’ai beaucoup de mal à les voir dans un livre de qualité.

Bon, ces quelques défauts ne m’ont pas empêché de passer un bon moment de lecture et de faire tourner mon adrénaline plein gaz, mais je me devais de le souligner.

Un thriller noir qui respecte les codes tout en les chamboulant un peu, qui a de la forme et du fond, même si la forme aurait pu être encore plus approfondie.

En tout cas, la fin vaut son pesant de cacahuètes. Quel sadisme. J’en redemande, moi, du sadisme pareil.

Challenge « Thrillers et polars » de Liliba (2013-2014) et Lire « À Tous Prix » chez Asphodèle. (2013 : Lauréat du prix Intramuros pour le roman « Lignes de sang »).

CHALLENGE - Thrillers polars 2013-2014 (1)CHALLENGE - À tous prix

23 réflexions au sujet de « Lignes de sang : Gilles Caillot »

  1. Ping : Bilan Livresque : Février | The Cannibal Lecteur

  2. Mon petit coeur tendre de lapinou tout doux saigne rien qu’à lire ton article 😉 je crois que ce roman n’est vraiment pas pour moi, glauque et sanglant… bigre, tu comprendras que je passe mon tour !

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    • Tu devrai lire l’article que Jean-Fabien a fait sur les Bisounours… je n’ai plus envie de parler des gens qui aiment les Bisounours… j’inclurai aussi les petits lapinous 😀

      Il parait qu’il y a pire comme livre sanglant, chez lui !! Je le veux ! 😉

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  3. Brrrr je pense que je ne pourrais pas lire ça ! Je suis un peu chochotte et froussarde, j’assume ! Quoique… des livres soi-disant « horribles » ne m’ont pas rebutée, tout dépend comment c’est écrit et ce que tu en dis ne m’attire pas vraiment ! En plus tu dis qu’un « univers virtuel » existe vraiment ? Tu veux dire un univers virtuel où les tueurs déambulent parmi nous, comme dans la vraie vie ? Rien d’étonnant, après tout le virtuel est à l’image de la vie analogique (comme y disent les geeks 😆 ) !!! Sacrée Belette, au moins tes billets me font passer un bon moment, alors ça me suffit !!! 😀 Bises et bon dimanche, tu dois encore avoir le nez fourré dans un truc plein de sang et de cadavres ! ^_^

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    • Tiens, non, pas encore de cadavres dans mon livre ! Mais le précédent dont je viens de publier la grosse nique (chronique), oui, des cadavres et de la violence.

      Tu connais le jeu virtuel « second life » ?? C’est un genre de Sims mais en réseau où tu peux incarner le rôle d’une pute, d’un macrau, d’un vendeur de poupées gonflables… ce que tu veux ! Sauf tueur à gages, mais certains pirates informatique y sont arrivés, dans le livre.

      C’est dans cet univers virtuel que notre tueur déambule… tu peux aussi toucher de l’argent virtuel que tu sais ensuite convertir en vrai… mais je n’ai jamais joué à ce jeu, je ne joue pas du tout, d’ailleurs 😀

      Là où je suis horrifiée vraiment, c’est quand on touche aux yeux ou que l’on décrit une prise de sang, le reste, bof, bof ! 🙂

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  4. Encore un bouquin qui me fait très envie. il a l’air d’être vraiment top.
    J’aime aussi beaucoup Molas, qui n’y va pas non plus avec le dos de cuillère.
    Bon week end, pas trop de sang quand même.

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    • Molas, pas encore lu ! C’est lui avec « delta » dans le titre d’un de ses livres ? Il doit être sur ma wish-list quelque part… 😉

      Je viens de trouver les catacombes et je l’ai acheté, grâce à ta chronique 😉 Idem pour les templiers de Cooper.

      Je vais tâcher de rester calme dans le sanguinolent, ce week-end !

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    • À ton avis ?? J’ai trucidé quelqu’un qui m’avait un peu embêté ! Jamais je ne gaspillerais du vernis à ongles 😀

      Bon, je te laisse, je dois ramasser les morceaux, ça fait tache un peu partout…

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  5. Très clairement il n’est pas fait du tout pour moi, je suis terriblement froussarde (tu vas me traiter de chochotte), c’est dommage parce que j’aime beaucoup Lyon et je trouve que c’est un décors génial pour du thriller …en revanche, je me demande toujours pourquoi il y a tant de dialogues dans les polars en général, même quand ils sont bien écrits (ça semble être le cas de celui-là non ?)

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    • On a le droit d’avoir peur durant la lecture, on n’est pas des chochottes pour autant 😀

      Le dialogue peut aider le déroulement de l’action, certains peuvent être drôles, même… Parfois, ça la fou mal, ici, c’est entre les deux. Mais oui, il fallait du blabla aussi 😉

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  6. Mon livre de chevet est « Oui Oui chez les pingouins », donc ça risque de tacher ma belle banquise ;-).
    Trêve de plaisanterie, Caillot à un style bien à lui, avec profusion de dialogue, c’est sa marque de fabrique, certains accrochent, d’autres moins. Ton avis ne m’étonne pas, on est assez semblable 😉

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    • Oui, j’avais vu ta critique avant de publier la mienne, je suis entre les deux, j’ai bien aimé, super, même, pas de coup de coeur et un peu mitigée avec la ponctuation et les dialogues un peu en dents de scie…

      Pour le reste, rien à redire, juste qu’il m’a collé aux mains 😀

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