Le cimetière des hirondelles : Amédée Mallock [Chroniques barbares 3]

Titre : Le cimetière des hirondelles                           big_3-5

Auteur : Mallock
Édition : Fleuve noir (2013)

Résumé :
Sur un coup de tête, Manuel Gemoni a traversé toute la Terre pour assassiner un obscur vieillard, qu’il ne connaissait même pas. Aux policiers venus l’arrêter, il n’a trouvé qu’une seule chose à dire : « Je l’ai tué parce qu’il m’avait tué ».

Pour lui éviter la mort, le commissaire Amédée Mallock devra prouver la folie de Gemoni ou démontrer la parfaite véracité de sa déclaration.

Depuis sa toute première journée de commissaire divisionnaire, Mallock a vieilli, mais il n’a pas changé. Son cynisme et sa misanthropie ne l’ont pas guéri de son envie de lutter contre l’iniquité foudroyante du Monde.

Comme un enfant vidant la mer avec une pelle en plastique, il continue à se battre pour sauver le moindre château de sable de l’avancée des vagues. Dans le cas présent, la citadelle éphémère qui l’entraîne si loin de sa litière ressemble fort à l’une de ces putains d’énigmes dont le gros chat raffole.

Pour sauver Manuel Gemoni, il aura à traverser l’humidité hostile d’une jungle tropicale, une chambre d’ambre en feu, des forêts de boue peuplées d’ogres, un cimetière de certitudes et un Paris engloutis sous la neige.

Poupée russe diabolique, derrière chaque énigme se cachera un mystère, et sous chaque mystère, l’attendra la véhémence d’un secret. Et si le cœur d’un homme assassiné pouvait encore battre et chanter pendant des siècles ?

POLAR - Cimetière hirondellesCritique : 
Si une hirondelle ne fait pas le printemps, ce n’est pas un cimetière rempli de cet oiseau qui y fera quelque chose… Pourtant, ce roman faussement étiqueté « Thriller » a soufflé un petit vent agréable de printemps lors de ma lecture.

Ce qui n’était pas gagné d’avance parce que, si le début était enchanteur et prenant, la suite a soufflé le froid et le chaud.

Le rythme a diminué lorsque Mallock est entré en scène en République Dominicaine pour tenter de comprendre quelle guêpe avait bien pu piquer Manuel Gemoni, homme honnête et frère d’un membre de son équipe, à traverser le monde pour aller loger des balles dans un vieillard et dire ensuite « Je l’ai tué parce qu’il m’avait tué ».

Oui, j’ai eu du mal au départ à me faire au personnage assez spécial du commissaire Amédée Mallock.

Les plus perspicaces d’entre vous auront remarqué que le nom du personnage est le même que celui de l’auteur. Ceci est en fait un pseudo, tout comme Frédéric Dard signait « San-Antonio » ses romans avec son personnage.

Mais ce n’est pas cela qui m’a dérangé au départ : c’est la manière dont le roman était rédigé qui m’en a empêché, les « Pour un Mallock » et autre « Avec un Mallock » n’y furent pas étrangers, comme si « Mallock » était une profession ou une race de chien policier.

Ces quelques exaspérations du « un » sont vite passées et le talent d’écriture de l’auteur a réussi à me faire apprécier ce gros ours qui se la joue parfois comme un dictateur égocentrique (il engage lui-même ses collaborateurs, les mets sur l’affaire qu’il décide et son équipe, elle est la meilleur et bosse à « Fort Mallock »).

Ensuite, entre Mallock et moi, le courant a commencé à passer, je l’ai sondé un peu plus, examiné ses blessures, tenté de le comprendre, me suis forcée à le faire parler un peu plus, je l’ai caressé dans le sens du poil et ni une ni deux, j’ai su mieux apprivoiser l’ours Mallock au point que j’ai envie de suivre ses autres aventures policières.

L’auteur manie la plume différemment des autres, utilisant des tournures de phrases plus complexes, plus poétiques, bref, son style d’écriture est recherché, son vocabulaire assez riche, assez poussé, mais cette recherche d’écriture n’empêche pas le livre de se laisser lire et ne le ralentit pas.

Si l’enquête pourrait en rebuter plus d’un allergique au « non rationnel » de par la tournure qu’elle prend durant tout le livre, je peux les rassurer en leur disant que de l’irrationnel peut surgir du tangible.

Il s’est imposé dans mon esprit comme un flash : bon, sang, mais c’est bien sûr… Oui, j’ai compris avant le dénouement final ! Le plaisir était double d’avoir trouvé un indice capital. Yes ! Pour une fois que je trouve…

J’ai aimé aussi ce livre pour le mélange entre l’enquête à notre époque et la seconde guerre mondiale, le deux enquêtes se mariant à merveille, décuplant notre envie de tout savoir, de tout comprendre, rassasiant notre curiosité avec parcimonie.

Impossible ensuite de lâcher ce livre !

De plus, discuter avec l’auteur fut un bénéfice non négligeable. Alors que ma lecture était en cours, j’ai appris que si c’était un récit de fiction, il était additionné de certains éléments qui étaient véridiques et ajoutaient un cachet supplémentaire au roman : le personnage de Mister Blue (un mélange de deux personnes), le magasin d’ambre en République Dominicaine, le bar aussi, le resto du Camp David, la collection de voitures de Trujillo… Toutes ces choses que l’auteur avait vue lors de sa reconnaissance dans le pays.

Un « Thriller » qui ne mérite pas son nom, certes, mais qui vaut plus que cette appellation, un roman plus noir, plus sombre, plus fouillé.

Un rythme lent, recherché, une immersion dans toute l’enquête, un personnage central qui ne se donne pas au premier venu, un commissaire qui devrait parfois écouter les autres, un homme bourru mais avec un cœur d’artichaut.

Ah, si le commissaire avait pensé à « Gilette », toute son enquête en aurait été changée… Pour le plus grand malheur du lecteur qui serait passé à côté d’un récit des plus étonnant.

Challenge « Thrillers et polars » de Liliba (2013-2014).

CHALLENGE - Thrillers polars 2013-2014 (2)

34 réflexions au sujet de « Le cimetière des hirondelles : Amédée Mallock [Chroniques barbares 3] »

  1. Je me marre en lisant les commentaires entre Yvan et Dame Belette tiens!!! ahahahahah
    Concernant le livre…je suis trop fan!!!! Et après l’avoir vu en vrai…je suis une fan fondante!!!hihihi

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  2. Nous n’avons pas tout à fait la même appréciation sur ce livre, bien qu’au niveau de la note c’est proche : 3,5 pour toi et 3 pour moi. Mais je suis beaucoup plus critique que toi. Tu as rencontré l’auteur qui t’a fait du charme et tu n’y a pas été insensible, alors que moi même si je l’avais rencontré … Bon, sérieusement je n’ai pas du tout apprécié le manque de modestie et de simplicité qui transparaît dans le bouquin. Peut être que dans la vie Mallock est un type charmant mais dans ce roman « il se la pète ».

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    • J’avais déjà mon avis lors de ma lecture, le fait de rencontrer l’auteur n’a pas ajouté de demi étoile, mais j’ai pu me faire un avis plus juste, en sachant des petites choses de plus 😉 Oui, le personnage se la pète, tout à fait d’ok et il m’a énervé un peu au départ, et puis, je me suis dit « ce n’est qu’un personnage » et je l’ai séparé totalement de l’auteur, comme j’ai toujours séparé Frédéric Dard de son commissaire San-Antonio.

      Une fois, de temps en temps, on peut tomber sur des personnages qui sont un peu étrange, qui donne l’impression de se la péter et puis, au final, on prend la peine de lire les blessures et on s’y attache vraiment. Un peu comme dans la vie, où on se serait engueulé avec une personne avant de devenir son meilleur ami 😀

      J’ai l’intention de lire les autres aventures de mallock et de voir s’il est toujours le même 😉

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  3. Je ne connaissais pas du tout, ni le titre ni l’auteur, comme souvent d’ailleurs ici, je découvre des choses ma bonne dame 🙂 la couverture est très jolie et le sujet a l’air intéressant

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    • C’est fou le nombre de choses que nous ne connaissons pas et que nous découvrons ! Moi, c’est la faute à Yvan… 😀 La couverture est très belle et le sujet est inhabituel… j’ai vraiment passé un bon moment, mais faut s’accrocher un peu au départ, le personnage du commissaire est étrange, il donne l’impression de se la péter mais tout compte fait, il est charmant…

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    • C’est la faute d’Yvan si j’ai acheté ce livre et le suivant, qui est en fait le premier… Sa chronique m’avait donné envie d’en savoir plus, j’ai acheté le livre, je l’ai lu, j’ai rencontré l’auteur (une belle rencontre) et j’ai achevé de lire le livre, plus riche d’une dédicace ! 😉

      Original et on sort des sentiers battus.

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    • Surprise au départ, mais ensuite, ça coule tout seul ! 😉

      What’else ? Heu, un café ?? Non ? Bon, je me conterai de sa plume fleurie et de son intrigue plus qu’originale qui m’a surprise ! 😀

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    • Oui !!! Et dans l’édition que je possède (grand livre du mois), elle est plus rigide que les autres, bien plus agréable, je trouve ! (oui, je parle bien de la cover !!!).

      Un thriller qui n’en est pas vraiment un et qui change des autres où ça court partout 😉

      Merci, Fanny 😉

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  4. Quoi tu fais 1,87 m et 150 kilos ??? :O: (yeux ronds du gobe-mouches) !!! Bon je ne saurais pas mais par contre ce livre pourrait m’intéresser si la plume est un peu plus recherchée que la moyenne ! 😆 Dis donc tu lis beaucoup de titres avec « cimetierre » toi en ce moment ??? Brrr, je sors ! 😀

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    • Oui, en encore, quand je mets mes hauts talons, je gagne 4cm !! 😀

      J’ai tellement bien surpris l’auteur du livre lors de ma dédicace qu’il a donné mon signalement 😀

      La plume est recherchée, il a retravaillé ce livre quand il a changé de maison d’édition, il est plus « gros » en nombres de caractères, tout en étant soft.

      J’ai dû consulter le dico quelques fois 😉

      Oui, j’ai encore « Simetierre » de King. Un « s », ça compte aussi ?? 😀

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      • Haaa je pensais justement à Simetierre de King (j’avais adoooré mais quelles chocottes j’avais en le lisant).

        Haaaaan, donc tu fais presque 1,92m avec seulement des talons de 5cm !!! 😯 J’en reste babate !!! Avec mon petit 1,60m, tu nous imagines toutes les deux faisant des courses :♪♫ « C’est moi Laurel, c’est toi Hardy, c’est moi le grand, c’est toi le petit »♪♫ Bah dis donc… Bon Ok, je ne te menacerais plus de rien, promis, pas de règle, pas de punitions, sinon tu vas me manger toute crue ! 😆

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        • J’ai failli m’étrangler en riant car j’avais du biscuit plein ma bouche !! 😈

          Ce serait drôle de faire les courses ensemble, tiens ! Que des bonnes choses qui sont mauvaises pour les kilos qu’on prendrait pour les étaler sur des crêpes… 😀

          Bon, va falloir être trèèèèèèsss gentille avec Bibi parce que sinon… je dévore tout le monde tout cru. Mon papa était ogre, avant… 😉

          Je vous laisse, je vais me raser la barbe au sabre

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  5. C’est tout à fait ça, le Mallock est un ours qu’il convient d’abord d’apprivoiser, mais je dois dire que me concernant il fait maintenant clairement partie de mon paysage.
    Une vraie plume, unique et différente, ta chronique en parle magnifiquement bien

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