Titre : Elephant man : la véritable histoire de Joseph Merrick, l’homme-éléphant
Auteurs : Michael Howell & Peter Ford
Édition : J’ai Lu (2001)
Résumé :
Pour Tom Norman, homme de cirque et de foire, Joseph Merrick n’est qu’une « attraction », un monstre dont l’atroce laideur et les difformités amusent le public.
Pour le chirurgien londonien qui découvre cet « Elephant-man » presque par hasard, c’est d’abord un cas médical peut-être unique, mais bientôt c’est un homme qu’il voudrait aider, guérir.
Oui, sous cette carapace de peau épaisse et flottante, il y a un homme qui sait lire et écrire et qui retrouve la parole après vingt ans de silence, révélant des trésors de bonté et de sagesse.
Mais quelle peut être la place du « monstre » dans une Angleterre victorienne, bardée de préjugés et d’interdits ?

Critique :
C’est non sans une certaine émotion que je viens de refermer ce livre consacré à celui que l’on nomma « Elephant Man », né Joseph Merrick.
Il y a très très longtemps, j’avais vu le film et il m’avait impressionné. Dernièrement, dans la série « Ripper Street », le personnage de Merrick était représenté et il m’avait de nouveau touché.
Vous pensez bien que lorsque dans une brocante, je tombais sur ce livre consacré à cet homme, je sautai dessus.
Si le début est un peu « laborieux », c’est parce qu’il est consacré à la personnalité et au chemin de vie du docteur Treves, qui rencontra cet homme dans une foire « aux monstres », en 1884 et à celle de Tom Norman, l’homme de foire qui montrait Joseph contre espèces sonnantes et trébuchantes, à des curieux qui voulaient visiter son attraction.
« Quel qu’eût été le mal qui avait contraint le pauvre Merrick à adopter cette image d’Homme Elephant, M. Norman, en l’exhibant comme monstre, perpétuait la tradition ancienne des foires et des cirques en Angleterre ».
Sans oublier des tas de digressions sur divers sujets tels les foires, le marché annuel et les animaux sauvages, le tout étant nécessaire pour une meilleure compréhension de l’époque.
« Il était impossible d’entrevoir le moindre avenir pour lui, sinon l’engloutissement inévitable dans l’impitoyable mécanique de l’Angleterre victorienne, qui broyait pêle-mêle les déshérités et tous ceux dont la flamme s’était éteinte ».
« Les règles de l’époque étaient fondées sur l’aspect le plus pervers de l’éthique protestante : la prospérité matérielle était la récompense naturelle de la vertu. Joseph Merrick et ses semblables n’avaient pas besoin d’exister ».
Heureusement, une grande partie est aussi consacrée à l’enfance de Merrick, à sa rencontre avec le montreur, son voyage vers Bruxelles avec une autre foire et son abandon dans cette ville, spolié de toutes possessions, livré à lui-même et de ses difficultés à revenir à Londres.
On se rend bien que les auteurs ont fouillés, recoupés, vérifiés, avant de rendre leur récit, entrecoupé d’extraits du récit que fit Frédérick Treves à la fin de sa vie.
Beaucoup d’émotions suintent de ce livre, sans pour autant sombrer dans le pathos ou le voyeurisme.
« Pour dormir, il était obligé de s’asseoir, imitant la position du fœtus, jambes repliées sous la poitrine, bras noué autour des chevilles, sa grosse tête reposant sur les genoux ».
C’est un homme simple, qui aurait aimé vivre comme tout le monde. Sous la carapace de peau épaisse et d’excroissances en tout genre, il y a un homme instruit, qui sait lire, écrire et qui plus que tout, aime parler et rencontrer des gens.
La vie de Joseph Merrick ne fut pas joyeuse après le décès de sa mère, mais il eu beaucoup de chance que ce médecin ait décidé d’attendre qu’on aille chercher Norman au pub, afin de voir – en privé – ce monstre exposé qu’il était.
Sans cela, jamais il n’aurait eu la carte avec le nom de Treves et sa vie n’aurait pas radicalement changée en 1886. Et sans la rencontre avec Merrick, la vie de Treves n’aurait pas été bouleversée non plus.
« Il n’était ni arrogant, ni fier, il ne demandait jamais rien et ne prenait pas comme dû la bonté dont il faisait l’objet. Sa gratitude était pleine d’humilité et venait du fond du cœur. Il avait perdu sa timidité. Il aimait désormais voir s’ouvrir la porte et des visiteurs le saluer ».
L’un sans l’autre, ils n’étaient rien. L’un aidant l’autre, ils étaient tout.
« Nombreux sont ceux qui, ayant bien connu Joseph merrick, ont vanté la finesse de son intelligence, la douceur de sa personnalité, qu’il fallait avoir la patience de découvrir peu à peu sous des dehors repoussants. S’il était naïf, cela n’était que normal pour un être qui s’était vu contraint de ne vivre la vie de tout le monde que dans le secret de son cœur, et qui avait appris la vie du monde dans les histoires romantiques de l’époque. Pourtant, l’absence totale d’amertume chez lui restait motif à étonnement et contrastait étrangement avec la cruauté du destin qui l’avait frappé dans son corps et la dureté abrasive des hommes à son égard ».
Pour ceux qui n’auraient pas envie de lire toutes les digressions, il a y toujours possibilité de ne lire que les appendices de Joseph Merrick et de Frederick Treves qui bien que moins complet que le livre, vous fourniront bien des détails.
Edit 22/12/2014 : Extrait du reportage sur France 2 « Les mystères de Londres » épisode 4/5 :
Challenge « I Love London II » de Maggie et Titine, le « Mois anglais III » chez Titine et Lou, Challenge « Victorien » chez Arieste, le Challenge « La littérature fait son cinéma – 4ème année » chez Lukea, Lire, challenge « À Tous Prix » chez Asphodèle (Grand Prix Festival Avoriaz), au Challenge « XIXème siècle » chez Netherfield Park et « Ma PAL fond au soleil » chez Metaphore.
Ping : Le "Mois Anglais 2014" : Bilan de mes publications | The Cannibal Lecteur
Ping : Bilan Livresque : Juin 2014 | The Cannibal Lecteur
Le film est bouleversant, que j’ai pu pleurer en le regardant, du coup une fois m’a suffit ! cette maladie est vraiment terrible et particulièrement excluante, socialement parlant
J’aimeJ’aime
Heureusement que ensuite, il ne fut plus socialement exclu ! Aller le voir était une chose à faire et tout ceux qui parlèrent avec lui dirent qu’il était très intelligent et très doux.
Oui, le film fait chialer !! Je sais…
J’aimeJ’aime
Ping : Le Mois Anglais is back the 1er juin : check-list et liste définitive ! | The Cannibal Lecteur
Ping : Billet recap final topic | kindkl
Je note merci, cela fait plusieurs ouvrages que je lis concernant ce personnage, et celui-ci m’a l’air très bien documenté 🙂
J’aimeJ’aime
Très bien oui ! Il a servi de base au film. Parfois un peu longuet, mais si on veut comprendre l’époque, il faut en savoir un peu plus sur les moeurs.
J’aimeJ’aime
Le film me fait pleurer à chaque fois, quelle triste et émouvante destinée !
J’aimeJ’aime
Il faudrait que je le retrouve sur le net !!!
J’aimeJ’aime
Ping : Billet récapitulatif I love London | Plaisirs à cultiver
Ping : Billet récapitulatif du mois anglais 2014 | Plaisirs à cultiver
Le film m’a marqué. Je note le livre. Merci.
J’aimeJ’aime
Moi aussi il m’avait marqué !! Le livre de même 😉
J’aimeJ’aime
J’ai vu le film de David Lynch. Excellent autant que bouleversifiant !
J’aimeJ’aime
Bouleversifiant, c’est le mot que je cherchais ! Il date dans ma mémoire, mais il était marquant, déjà à l’époque, puisqu’il m’a trotté dans la tête durant de nombreuses années ! 😉
J’aimeJ’aime
Je suis tout à fait d’accord Lord Arsenik, ce film est bouleversant, magistral. Je le recommande à tout le monde qui a au minimum 12 ans. Un chef d’oeuvre.
J’aimeJ’aime
J’en ai chialé sur le final, quand la musique de Barber, adadgio for string retentit et que Merrick nous quitte… 😥
J’aimeJ’aime
une lecture pas facile, je pense, parce qu’on est pas dans la fiction…
J’aimeJ’aime
Non, c’est pas de la fiction, mais cela reste « sobre » et ne sombre jamais dans le pathos, mais c’est émouvant surtout quand il se retrouve seul à Bruxelles… et ensuite quand ça va mieux pour lui, on a la larme parce que tout s’arrange… mais pour pas longtemps puisque il meurt en 1890.
J’aimeJ’aime