Jack The Ripper – 5. Les Lettres : « Dear Boss » – « From Hell » & « Saucy Jack »

Lettre "Dear Boss"

Lettre « Dear Boss »

 
Des lettres, Scotland Yard en recevra plus de 300 !

Un coup de théâtre se produit le 27 septembre 1888 avec une lettre qui arrive à l’agence de presse « Central News Agency ».

Dit ainsi, ça à l’air banal, mais sachez que cette lettre était écrite à l’encre rouge (du sang ?), avec une légère inclinaison sur la droite et était signée « Yours truly Jack the Ripper » autrement dit : « Votre dévoué Jack L’Éventreur ».

C’est la fameuse lettre « Dear Boss »… celle qui donnera son nom à l’assassin insaisissable !

La lettre s’adresse à un destinataire inconnu, désigné sous le terme de « patron » (« Boss ») qui fera penser à certains que la lettre s’adresse à Sir Charles Warren, préfet de la police (un compte à régler avec lui ??).

Mais elle pourrait tout aussi bien s’adresser au directeur de la « Central News Agency »… Personne ne le sait avec une certitude absolue.

Comme je le mentionnais plus haut, elle était écrite avec une encre rouge.

La lettre comportait aussi de très nombreuses fautes d’orthographe.

Volonté de se faire passer pour un illettré de manière délibérée ou écrite vraiment par un qui n’avait pas été à l’école très longtemps ?

Un post-scriptum avait été rajouté et écrit verticalement, comme vous pouvez le voir sur la photo publiée en haut.

L’éditeur considéra que la lettre était une fausse et ne la transmit pas de suite à la police (il le fera plusieurs jours après).

Cette lettre ne fut pas authentifiée comme étant de la main du tueur ; il est tout à fait possible qu’il s’agisse d’un canular ou une tentative d’accentuer le retentissement de l’affaire.

Les journalistes, surtout ceux de l’époque, n’en était pas à une près pour vendre leurs feuilles de choux et le sujet était diablement vendeur (ce sujet sera développé un peu plus tard, dans un autre article).

Certains disent que le lettre serait l’œuvre d’un journaliste du « Star », nommé Bert, qui souhaitait rendre ses articles plus « croustillants » en donnant un nom au tueur. Le tout est donc à prendre avec des pincettes.

Le pseudonyme « Jack the Ripper » est resté collé au tueur car Scotland Yard reproduisit plus tard cette lettre dans les journaux, espérant que quelqu’un reconnaîtrait l’écriture et permettrait ainsi d’identifier l’assassin.

Le mythe était né. Bien que, comparé à d’autres tueurs en série, Jack L’Éventreur n’a fait que peu de victimes. Cinq lui sont attribuées, et dans l’imaginaire collectif, il reste le « number one ».

Pourquoi ? Ce sera l’objet un prochain épisode ! Ici, nous parlerons des lettres qui furent envoyées à la police, ensuite.

La lettre intitulée « Dear Boss » fait donc partie du corpus de 350 envois postaux attribués – à tort ou à raison – à Mister Jack.

Vu la diversité des écritures et des styles, on peut sans aucun doute les classer toutes au rayon des canulars.

Seule une poignée de ces correspondances sont jugées « authentique ».

La lettre nommé « From Hell » et envoyée le 16 octobre en fera partie. Nous en parlerons un peu plus bas…

Texte de la lettre « Dear Boss » : la lettre comporte le message suivant (les fautes d’orthographe et les passages soulignés sont reproduits) :

« Dear Boss, I keep on hearing the police have caught me but they wont fix me just yet. I have laughed when they look so clever and talk about being on the right track. That joke about Leather Apron gave me real fits. I am down on whores and I shant quit ripping them till I do get buckled. Grand work the last job was. I gave the lady no time to squeal. How can they catch me now. I love my work and want to start again. You will soon hear of me with my funny little games. I saved some of the proper red stuff in a ginger beer bottle over the last job to write with but it went thick like glue and I cant use it. Red ink is fit enough I hope ha. ha. The next job I do I shall clip the ladys ears off and send to the police officers just for jolly wouldn’t you. Keep this letter back till I do a bit more work, then give it out straight. My knife’s so nice and sharp I want to get to work right away if I get a chance. Good Luck.

Yours truly
Jack the Ripper

Dont mind me giving the trade name

[Puis, écrit en vertical :] PS Wasnt good enough to post this before I got all the red ink off my hands curse it No luck yet. They say I’m a doctor now. ha ha »

Et en français, ça donne ça :
« Cher Patron,
J’entends toujours dire que la police m’a attrapé, mais ils ne m’auront pas de sitôt. J’ai bien ri quand ils ont fait leurs intéressants en déclarant être sur la bonne piste. Cette histoire de Tablier de Cuir n’est qu’une vaste blague. J’en ai après les putes et je n’arrêterai pas de les éventrer jusqu’à ce qu’on me boucle. Du beau travail, mon dernier boulot. Je n’ai même pas laissé à la fille le temps de couiner. Comment pourraient-ils m’attraper maintenant ?
J’adore mon travail et je veux recommencer. Vous entendrez bientôt parler de moi et de mes amusants petits jeux. J’ai gardé un peu du liquide rouge dans une bouteille de bière lors de mon dernier boulot afin de pouvoir écrire avec, mais c’est devenu épais comme de la colle et je ne peux pas l’utiliser. L’encre rouge fera l’affaire, je pense. Ha ha. Au prochain travail, je trancherai les oreilles de la dame et les enverrai aux officiers de police, histoire de m’amuser un peu. Gardez cette lettre sous le coude jusqu’à ce que je travaille un peu plus, après sortez-la. Mon couteau est si beau et si bien aiguisé que j’ai envie de l’utiliser tout de suite si l’occasion se présente.
Bonne chance. Cordialement,
Jack l’Éventreur
Ne m’en voulez pas d’utiliser un surnom.
[Puis, écrit en vertical :]
PS : Je n’ai pas réussi à poster ça avant de m’être débarrassé de toute l’encre rouge sur les mains. Vraiment pas de chance. Ils disent que je suis un docteur maintenant. ha ha. »

La traduction en français provient du jeu d’aventure « Sherlock Holmes contre Jack l’Éventreur ».

Autre coup de théâtre le lundi qui suivra le double meurtre du 30 septembre (article de demain, je ne spolie pas, on sait déjà qui est mort) : la « Central News Agency » recevra une autre lettre, postée le 1er octobre, et portant la même écriture…

Ce sera la « Saucy Jack » dont je vous parlerai un peu plus bas… (en-dessous de l’image de la lettre From Hell).

Bon, comme je le disais (et pas que moi, hein), au sujet des missives reçue : on marche sur des œufs et je me garderai bien de proposer une théorie quant à celles qui seraient bien du tueur ou pas.

En tout cas, toutes ces lettres, qu’elles soient vraies ou fausses, sont conservées aux Archives Nationales d’Angleterre.

Sophie Herfort, auteur de « Jack l’éventreur démasqué » les a toutes consultées, par exemple, comme de nombreux « ripperlogues » ou autres chercheurs.

Il est dit que la lettre nommé « From Hell », envoyée le 16 octobre, fait partie de celles que l’on considère de la main du tueur (mais je n’ai aucune preuve, hein !! Et parfois, on lit le contraire).

« From hell

Mr Lusk
Sor
I send you half the Kidne I took from one women prasarved it for you tother piece I fried and ate it was very nise. I may send you the bloody knif that took it out if you only wate a whil longer.

signed
Catch me when you Can Mishter Lusk ».

[TRADUCTION] « Monsieur, je vous envoie une moitié du rein que j’ai pris à une femme que j’ai gardée pour vous l’autre, je l’ai frite et mangée c’était très bon. Je pourrais vous envoyer le couteau ensanglanté qui l’a pris si seulement vous attendez encore un peu.

Signé Attrapez-moi quand vous pouvez monsieur Lusk. »

Cette charmante missive était accompagnée d’une moitié de rein humain lorsqu’elle fut délivrée à George Lusk, président d’un important comité de vigilance civile de Whitechapel.

Donald Rumbelow, ancien enquêteur et expert éventrologue, pense dur comme fer que la lettre est bien du tueur de Whitechapel.

Pourquoi certains le croient ?? Parce que le Dr Brown, lors de l’autopsie de Catherine Eddowes (tuée le 30/09), indiqua que son rein encore présent était « pâle, exsangue, avec une légère congestion à la base des pyramides« , ce qui décrit les symptômes de la maladie de Bright. Eddows en souffrait vraisemblablement.

Il est donc possible que cette lettre appelée « From Hell » ait véritablement été écrite par l’Éventreur et que le rein ait appartenu à Kate Eddows, mais on ne peut absolument pas le prouver de nos jours.

Lettre "From Hell"

Lettre « From Hell »

La lettre nommée « Saucy Jack » et qui fut envoyée à la « Central News Agency » APRÈS le double meurtre du 30 septembre, n’est pas considérée comme « vraie », par certains.

Elle fut postée le 1er octobre 1888, un jour après le double meurtre et était de la même écriture que la « Dear Boss ».

Voilà pourquoi, pour d’autres « ripperologues », elle est tout de même attribuée à Jack l’Éventreur.

J’ai entendu aussi dans un des reportages qu’on parlait de cette lettre comme reçue le 27 septembre, autrement dit trois jours AVANT le double meurtre du 30… Alors, dans ce cas, comment l’auteur pouvait-il savoir que…

Tout est affaire de bonnes informations ! Si postée après, normal qu’il savait, mais si postée avant, alors serait-elle bien de lui ?

Il n’y a que dans le reportage que l’on parle de la date du 27 septembre, partout ailleurs, j’ai lu qu’envoyée après double meurtre.

Sérieusement, dans cette étude, je ne sais plus à quel saint me vouer et je consomme énormément d’aspirines !

Malgré tout, je peux vous donner le texte de la « Saucy Jack » :

« Je n’étais pas lubrique cher vieux patron lorsque je vous ai donné ce tuyau. Vous entendrez parler du travail effronté de Jacky demain double événement cette fois numéro un a crié un peu n’ai pas pu terminer tout de suite. N’ai pas eu le temps de prendre les oreilles pour la police merci d’avoir gardé la dernière lettre jusqu’à ce que je recommence à travailler.
Jack l’Éventreur ».

Par contre, retenez le fait que l’auteur parle de couper les oreilles

Comme tout le monde, je sèche sur cette affaire !!

Était-elle aussi adressée indirectement au préfet Sir Charles Warren et la prévenait-elle des prochains meurtres ?

Dans un reportage, on parle aussi d’une lettre du 10 octobre dans laquelle l’assassin dit que son motif est la haine et le dépit contre les autorités du Yard « depuis que j’ai été renvoyé du Yard ».

Oups… Jack aurait-il pu être un flic ?? Viré ou mis à l’écart par Charles Warren ?? La cible était-elle Warren et pas les putes ? Meurtres pour jeter l’opprobre sur le préfet Warren ? C’est ce que pensera l’auteure Herfort Sophie. Mais tout ceci n’est que théories ! 😀

En attendant, tout à l’heure, je vous conterai le premier du double meurtre du 30 septembre !

À suivre…

Lettre "Saucy Jack"

Lettre « Saucy Jack »

Lettre « Saucy Jack »

23 réflexions au sujet de « Jack The Ripper – 5. Les Lettres : « Dear Boss » – « From Hell » & « Saucy Jack » »

  1. Ce message pour vous aider à y voir plus clair :

    Concernant la « saucy Jacky », il s’agit d’une carte postale dont le cachet de poste indique 01 octobre, aucun doute à avoir (cf source image ci-après). Le reportage que vous citez a dû tout simplement s’emmêler les pinceaux dans les dates et a donné celle de « Dear Boss » à la place (« Dear Boss » a été postée en date du 27/09/1888). Le double meurtre a eu lieu très tôt le dimanche 30 septembre au matin (la seconde victime est morte aux alentours de 1h45 du matin de mémoire). L’écriture est fébrile, son auteur est encore sous le coup de vives émotions au moment de l’écrire, mais sensiblement la même que celle de « Dear Boss » ; la façon de s’exprimer, la tournure d’esprit également.
    source image : https://www.alc.manchester.ac.uk/about/stories/the-language-of-crime/

    Concernant la traduction de boss : collègue, camarade, gouverneur ou ami. Je dirais donc que LoLoOlOL a raison.
    Boss:(informal: term of address to a man): gov/guv (UK), guvnor (UK), mate (UK)
    source :https://en.wiktionary.org/wiki/boss#Noun

    La lettre « From Hell » est écrite par une personne autre que l’auteur des lettre ‘Dear boss » & « Saucy Jacky », cela ne fait aucun doute. L’écriture est anguleuse et irrégulière, le style est aussi très différent, moins subtil, les fautes montrent une personne incapable d’exprimer un bon anglais avec des fautes grammaticales importantes et des mots écorchés. Scotland-Yard à l’époque l’avait classifiée parmi les « fausses lettres ». Elle est donc l’oeuvre d’un autre individu (après cela pourrait étayer la théorie qui avance l’idée de 2 meurtriers, pourquoi pas).

    La maladie présente sur le rein de la victime comme preuve de l’authenticité de la lettre « From Hell » est discutable. La maladie de Bright correspond à une néphrite, soit une inflammation du rein. Elle a été découverte en 1827 mais à l’époque on ne savait pas faire la différence entre une inflammation rénale chronique et une inflammation rénale occasionnelle. Des infections urinaires à répétition, l’hypertension, l’abus d’alcool, une mauvaise hydratation et le diabète sont les causes majeures d’une néphrite. Si l’on tient compte de l’environnement, des eaux contaminées de la Tamise, de l’absence de réseau d’évacuation des déchets dans l’Est End, l’absence d’hygiène, le smog de particules de charbon… Il n’était pas si impossible que ce type d’inflammation rénale soit monnaie courante. Le légiste n’avait pas non plus d’outils suffisant pour affirmer une maladie de Bright, il laisse supposer que la probabilité que la victime ait été atteinte d’une maladie de Bright est élevée. Ni plus, ni moins. Le rein envoyé était peut-être même celui d’un animal, beaucoup de chèvres et moutons étaient menés à l’abattoir. Le rein des chèvres est très similaire au rein humain, d’autant que ce rein n’était pas entier. La police a interrogé tous les ouvriers des abattoirs et a même pensé longtemps que le tueur était une personne travaillant aux abattoirs ou un médecin (il faut dire que 4 des 5 victimes ont été pratiquement décapitées par la force de l’incision du couteau sur leur cou et on ne voit guère ça que dans les abattoirs).

    Maintenant, je vous délivre une analyse personnelle :

    La lettre « from hell » n’était pas adressée au Central News Office comme les deux autres, ce qui renforce l’idée qu’il ne s’agit pas de la même personne. Lorsqu’on analyse « Dear Boss », on se rend compte que Jack réagit vivement à la rumeur de la presse annonçant que Scotland Yard détenait l’assassin de White chapelle, c’est sans doute cela qui motive sa lettre (sous son ton amusé, « Jack » fait montre d’agitation à l’idée que son pouvoir soit terni, c’est sans doute pour cela qu’il a besoin de prouver qu’il est toujours là prêt à frapper), et donc qui de mieux que le grand distributeur qui ne cesse de répandre ses exploits à travers la ville pour destinataire?
    Il méprise la police et tous ceux qui tentent de l’arrêter, et quoi de mieux que de les ignorer pour montrer son mépris. D’une certaine façon, le Central News Office est le témoin passif qui relate ses exploits. Dans la seconde lettre « saucy jacky », on sent que dans l’esprit de l’expéditeur, le Central News Office est devenu une sorte de complice qui a suivi docilement la recommandation de sa première lettre : ne pas la publier avant qu’il n’ai réalisé un nouveau travail. Il est clair que Jack a de la sympathie pour son destinataire.
    De ce fait, le Central News Office reçoit l’insigne honneur d’être aux premières loges des exploits de Jack. Il devient donc improbable que Jack change de comportement de façon si radicale en s’adressant directement à ceux qu’il méprise au risque de ternir cette relation particulière qu’il ressent vis à vis de son destinataire premier qu’il considère comme une sorte de confident et ami.

    Enfin, je ne pense pas que « Jack » aurait débuté sa lettre par « From hell » car rien ne laisse à penser qu’il considère son travail comme maléfique. Au contraire, il semble aimer ce qu’il fait. Aucune connotation religieuse dans les 2 autres lettres, il présente toujours son travail comme une source de grande satisfaction et de fascination également avec un champ lexical et des tournures de phrase méliorative. On ressent l’excitation (quand il parle du rouge, du sang, de son envie de recommencer), rien à voir avec une représentation punitive ou péjorative.

    Cordialement

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    • Oui, ça va…. sauf qu’il fait lourd avec la chaleur et l’humidité 😀

      Pourquoi cet intérêt soudain pour mes nuits ?? 🙄 Je lis « Tchoupi » tous les soirs avant le dodo 😆

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    • Ceci n’est pas une thèse !! Ceci est de l’amusement ! C’est comme l’holmésologie qui consiste à étudier Sherlock Holmes et son univers comme si les personnages avaient vraiment existé et qu’ils avaient une histoire propre que l’on peut reconstituer par des recherches approfondies et érudites… Sans jamais se prendre au sérieux.

      Ici, il en est de même ! Sous mes airs sérieux (et j’ai potassé quand même sur Net et sur livres et reportages), je traite un peu le tout par-dessus la jambe, dans le but de m’amuser et amuser les autres.

      Je m »amuse aussi sur Sherlock pour le moment, en parallèle avec jack, et le tout est dans le but unique de me marrer tout en révisant mes vices. Ou réviser mes vices tout en me marrant ??

      En tout cas, merci de t’amuser avec moi 😉

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