Dossier 64 : Jussi Adler-Olsen

Titre : Dossier 64                                                       big_5

Auteur : Jussi Adler-Olsen
Édition : Albin Michel (2014)

Résumé :
Copenhague. Une brutale agression dans les quartiers chauds de Vesterbro incite Rose à rouvrir un cold case sur la disparition inexpliquée d’une prostituée.

Cédant à ses pressions, le Département V exhume une affaire macabre datant des années 50, dont les ravages dévoilent le visage d’une société danoise loin d’être exemplaire…

Petit plus : À l’origine d’un véritable phénomène d’addiction chez les lecteurs, les enquêtes du Département V ont fait de Jussi Adler-Olsen, Grand Prix policier des lectrices de Elle et Prix polar des lecteurs du Livre de poche, une figure incontournable du thriller scandinave.

La nouvelle enquête du trio formé par l’inspecteur Mørck et ses assistants Assad et Rose fait monter la tension d’un cran en nous plongeant dans le sombre passé politique du Danemark.

Critique : 
Westeros a été le théâtre d’une brutale agression. Une tenancière d’agence d’escort girls s’est faite « saudecaustiquée » le visage. C’est à cause – ou grâce à ça – qu’un cold case sur la disparition inexpliquée d’une prostituée en 87 va atterrir sur le bureau de l’inspecteur Carl Mørck.

Westeros ? Heu, George R.R Martin se serait-il associé avec Jussi Adler-Olsen dans ce roman ? Oh pardon, mes yeux m’ont joué des tours, il s’agit de la ville de « Vesterbro ». J’ai eu le même soucis avec le personnage de Viggo Mogensen que mon esprit traduisait en « Viggo Mortensen », le bel Aragorn, alors que le personnage était plus que détestable

Mais revenons à notre cold case… Râlant un peu, soupirant beaucoup, comme à son habitude, Carl va la trouve très mauvaise en voyant débarquer son ancien collègue, Børge Bak, qui va utiliser le chantage et les sous-entendus pour amener son ancienne tête de turc à trouver le coupable de l’arrosage « soudecaustien » de sa sœur. Hé, on peut avoir été flic tout en ayant une sœur dans les milieux chauds.

Que ceux qui cherchent du trépidant passent leur chemin ! Chez Adler-Olsen, on prend son temps de poser les bases, de faire de réguliers passages dans le temps passé afin de nous raconter l’histoire. Ici, ce sera celle de Nete Hermansen, son enfance, son adolescence et sa vie d’adulte.

C’est ce que j’aime dans ses romans : l’habile mélange entre le passé et le présent; le mélange subtil entre l’enquête sur un cold case, sur des faits criminels contemporains, sans oublier le fil rouge de l’enquête sur la bavure qui valu à Mørck de perdre ses 2 collègues, il y a quelques temps et une Histoire avec un grand H.

Au départ, on ne sait pas comment tout cela va se goupiller, mais petit à petit l’histoire se tricote, ne se dévoilant que tout doucement, vous donnant même un coup de pied dans le derrière à la fin. Quel plaisir.

L’écriture est simple mais à cent lieue de « gnangnan », saupoudrée d’humour ou de bons mots. 600 pages bouffées en même pas trois jours, dont une journée qui a vu 350 pages dévorées comme pour rire.

— Assad, ma chère victime innocente d’une grippe carabinée. Voudrais-tu avoir l’obligeance de venir tousser à la face de connard ici présent ? Prends bien ta respiration avant, surtout.

Les personnages sont haut en couleur, surtout Assad dont nous en découvrons un peu plus au fur et à mesure. Rose est un peu chtarbée et Carl a souvent des soucis dans sa vie de tous les jours, avec son ex-femme, sa maîtresse et ses locataires…

L’équipe de nos trois compères du « Département V » a eu du mal pour trouver ses marques, ça se fritte encore un peu, mais on sent bien qu’il y a de l’amitié entre ces trois là, même si on doit forcer le destin pour que certain s’en rende compte.

Ce roman, en plus d’être une enquête policière, c’est aussi une incursion dans les pages sombres de l’Histoire du Danemark, ce temps où l’on internait et stérilisait les femmes dites « de mauvaise vie » ou d’un niveau social qui dérangeait certaines personnes à la recherche d’une race pure. Oui, la bête est morte, mais les idées, elles, elles ne meurent jamais !

— Elles étaient maltraitées, elles travaillaient dur. Elles étaient menées à la baguette et brutalisées quotidiennement par un personnel sans qualification qui considérait ces filles, ainsi qu’on les appelait là-bas, comme des êtres inférieurs. Elles étaient surveillées nuit et jour. Il y avait des cellules on l’on mettait à l’isolement celles qui refusaient de marcher au pas. Elles pouvaient y rester des jours et des jours. Si l’une de ces filles nourrissait quelque espoir de partir un jour de Sprogø, il fallait de toute façon qu’elle accepte d’abord d’être stérilisée. Stérilisée de force ! On leur enlevait tout, Carl ! Excision et hystérectomie ! 

La politique et ses travers n’est jamais loin et on a froid dans le dos parce que les idées prônées par ce parti le sont aussi par d’autres partis européens. Dites d’une autre manière, mais si la forme change, le fond, lui ne change pas !

Lorsque l’on repose ce livre, l’ombre de Nete Hermansen reste présente dans la pièce et on a envie de lui crier que « Oui, Nete, tu étais une bonne fille » mais que c’est ce putain de système additionné des putains d’idées de merde de certains qui se pensaient plus « pur » que les autres, qui l’ont poussée dans le trou.  Nete, c’était une victime et on en a fait une coupable des maux de la société.

— Tss ??? « Attardées mentales », railla Rose.
— C’est ce qu’on prétendait, bien sûr. Et elles l’étaient sans doute au regard des tests d’intelligence ridicules et primitifs que leur faisaient passer les psychiatres.

Au fait, vous n’auriez pas un « Petzi » à me prêter ? J’ai besoin d’un peu de douceur après toute cette littérature sombre.

Challenge « Thrillers et polars » de Liliba (2014-2015), Challenge « Nordique » chez Mes chroniques Littéraires, « Challenge Ma PAL fond au soleil – 2ème édition » chez Métaphore et « Ma Pedigree PAL – La PAL d’excellence » chez The Cannibal Lecteur.

54 réflexions au sujet de « Dossier 64 : Jussi Adler-Olsen »

  1. Ping : Portrait d’une Cannibale Lectrice | 22h05 rue des Dames

  2. Pas un livre facile à lire, il faut vraiment « le bon moment ». Et je remercie ma bibliothèque pour être toujours à la pointe des nouveautés (alors qu’à la librairie… « le dernier roman d’Adler-Olssen ? Delivrance ! Ah, bon, il en a écrit un autre depuis ? Ba non, je sais pas, on l’a pas ».

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      • Ma bibliothécaire est très fière de se « débrouiller », d’avoir des « combines » pour avoir les nouveautés très vite.
        Proverbe du coin : si tu veux un livre, commande-le chez le boucher, tu as plus de chance de l’avoir qu’à la librairie.

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        • 😆 on mon dieu, c’est si grave que ça ?? J’adore la phrase et je me vois bien aller chez le boucher en disant « bonjour, j’aimerais avoir 500gr du dernier Thilliez, s’il vous plaît ».

          Faut savoir « tirer son plan » comme on dit en Belgique quand on doit se débrouiller.

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          • Dans son cas, oui. On ajoute ensuite : « si le boucher ne réussit pas à avoir ton livre, lui, au moins a une excuse !  »
            Il vaut mieux aller dans les maisons de la presse alentour, qui parviennent à avoir le livre (délais d’attente : huit à quinze jours).

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  3. Ping : Bilan Livresque : Juillet 2014 | The Cannibal Lecteur

    • Ben, c’est pas plus mal d’avoir lu les trois autres avant… ainsi, on n’est pas dépaysé avec le fil rouge des autres tomes précédent.

      Bon, maintenant, c’est un conseil, le fait de ne pas savoir ne nuira pas à ta lecture, mais l’avantage d’avoir lu les autres avant c’est que l’on fait connaissance avec l’équipe.

      Maintenant, tu fais ce que tu veux, c’est pas une obligation, pas de spoiler sur les affaires précédentes avec le nom des coupables, par exemple 😉

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  4. il peut aller dans mon « défi nordique » (pas récemment mis à jour, mais bon !)

    je raffole des J A Olsen, je me replonge avec délice dans Copenhague (et avec le précédent, à Roskilde)

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    • oui, un bon client pour le nordique challenge ! 😉

      J’en raffole aussi et le niveau ne diminue pas, tant mieux ! Adler-Olsen et Indridason sont mes chouchous nordiques.

      Jamais mis les pieds dans le pays de la petite sirène…

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  5. C’est qu’on deviendrait accroc à cette série comme à Lilly Rush et ses cold case.
    Je n’ai lu que le 3ème épisode, et j’ai trouvé l’histoire prenante, les protagonistes motivants et il n’est pas dit qu’un jour je trouve le courage de replonger dans le département V.

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    • J’adore la série cold case, surtout sa bande son !! 😀

      Le 3ème je ne l’ai pas lu, mais il m’attend en Numérique. Le département V a tout pour me plaire : du mystère, un fil rouge, des personnages au top, amusant, avec des tas de défauts, mais je les aime bien, surtout Assad.

      Tu aimerais mieux replonger dans le décolleté de Liily Rush… ?? 🙄

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  6. celui là je ne l’ai pas lu mais je vais le faire bientôt , pas de raison de s’en priver non plus ! et pour petzi j’en n’ai plus mon dernier BB ayant 24 ans je crois bien que les petzi ont disparu au cours des déménagements ! reste la collection Harlequin c’est reposant aussi …..

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    • Excellente idée, un harlequin, c’est reposant, mais j’ai un peu peur de perdre mes quelques neurones qui me restent… 😛

      Bon, au grenier chez mes parents, mes petzi sont toujours là ! 😉

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    • Oui, les gueux, c’est de la piétaille que l’on sacrifie facilement. Décapiter un roi ou la main du roi, c’est plus classe.

      Je n’ai pas lu « délivrance » que j’ai en NUM 😉 mais un sans faute, ce qui est rare !

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    • Non mais, tu crois que je reste de marbre devant les critiques des autres et que ma PAL n’a jamais augmenté à cause d’eux ?? 😆 Elle a triplé depuis Babelio et les blogs ! 👿

      C’est Yvan qui m’a tenté le premier avec ce titre… 😛

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