Brunswick Gardens : Anne Perry [Charlotte et Thomas Pitt 18]

Titre : Brunswick Gardens                            big_3

Auteur : Anne Perry
Édition:  10/18

Résumé :
Alors que la bataille fait rage entre les tenants de l’évolution des espèces de Darwin et l’Église anglicane, une jeune femme, Unity Bellwood, est engagée par un pasteur, le révérend Ramsay Parementer, afin de l’aider à traduire des textes anciens.

Cette jeune femme, féministe convaincue, prêche également pour la théorie de Darwin.

Or, après une âpre dispute avec le pasteur, elle tombe dans l’escalier et se brise la nuque…

L’enquête étant délicate, elle est confiée à Thomas Pitt qui se rend aussitôt au manoir de Brunswick Gardens, ou vit le pasteur avec ses trois enfants et Dominic Corde, un vicaire, qui se trouve être également le beau-frère de Charlotte et Thomas Pitt.

Tout accable Ramsay, et pourtant Thomas a du mal à croire à sa culpabilité. Plusieurs nouveaux incidents viendront obscurcir l’affaire, avant qu’un coup de théâtre de dernière minute ne dévoile enfin l’identité du meurtrier.

Critique : 
1891… Suite à une chute mortelle dans les escaliers de Unity Bellwood, l’assistante du révérend Ramsay Parementer, Pitt est appelé à faire toute la lumière sur cette triste affaire dans laquelle le révérend semble impliquée, la jeune fille ayant crié « Non, non, révérend » avant de se rompre le cou en bas des marches.

Une fois de plus, il va devoir marcher sur des œufs afin de ne pas inculper le révérend si celui-ci s’avérait finalement innocent comme il le dit.

Je dois avouer que j’ai eu bien du mal avec les cent premières pages… Toutes les considérations religieuses étalées dans les pages et le mini huis-clos entre toute la famille : le fils catho, les deux filles non-conformistes, le père révérend qui avait la tête ailleurs, la mère et le vicaire vivant avec eux.

Mais en m’accrochant, je me suis fait violence et je n’ai pas sauté de pages. Une fois passé ce cap, le reste défile tout seul et j’ai pris plaisir à ma lecture, bien que j’aie deviné assez vite qui était coupable…

Une fois que j’avais éliminé l’impossible, ce qui restait, aussi improbable que ce soit, devait être la vérité… Bingo pour le nom, mais erreur pour le mobile et la manière de faire.

Notre morte, Unity Bellwood était une femme libre, une féministe et grande militante des théories de Darwin.

Toute la maisonnée est suspecte : personne n’est venu de l’extérieur et les idées modernes de la jeune femme lui avaient valu de nombreuses inimitiés dans la maison, hormis avec Tryphena.

Une bonne idée que de nous avoir ressortit le beauf à Charlotte, Dominic Corde, le veuf de sa sœur Sarah (voir le premier tome « le meurtre de Callender Square »). De « personnage détestable » il est devenu beaucoup plus intéressant à suivre. Une belle évolution.

Comme toujours, la palette de personnages est bien fournie et travaillée. On aurait envie d’en brûler quelques uns sur un bûcher… Quant à d’autres, on aimerait les croiser dans le roman suivant pour voir s’ils ont pu conclure dans le foin. Pardon, « concrétiser leur amour naissant ».

Ce roman aborde les questions de la place de la femme dans la société victorienne, de son non-droit de vote, du jugement de son intellect face aux hommes (on s’en prend plein la gueule, mesdames !), il fera aussi la part belle à la « religion anglicane vs religion catho » et à Darwin.

— Elle n’aurait jamais dû avoir le droit de se pencher sur des sujets théologiques aussi sérieux. […] Ce n’est pas fait pour les femmes. De pas leur constitution, elles sont incapables de comprendre. Ce ne sont pas des questions qui font appel aux sentiments mais à l’esprit pur, à la raison, débarrassée des émotions et des préjugés.

— Je crois vous l’avoir déjà expliqué, dit-il avec aigreur. Les femmes sont, de par leur nature, inaptes aux graves questions intellectuelles. Miss Bellwood ne faisait pas exception à la règle. Elle avait l’esprit vif, saisissait aisément les faits, s’en souvenait aussi bien que n’importe qui, mais la compréhension profonde lui échappait.

Petit bémol… Dans le roman, les personnages réduisent Darwin à la théorie selon laquelle l’homme descendrait du singe : ce qui est faux.

Premièrement, on ne descend pas du singe, merci bien, je n’ai rien avoir avec les primates et même si on partage 98,5% de notre ADN avec le chimpanzé, nos tendons de la cheville n’ont rien en commun (pour ne citer que cela). Hé ho, je suis un être humain, pas un numéro et encore moins un singe.

Deuxièmement, Darwin n’a jamais dit ça… je le pensais aussi (avec horreur) à un moment, jusqu’à ce qu’on me remette dans la bonne direction.

Alors, mauvaises connaissances de l’auteur ou juste la transcription de ce que les gens pensaient à l’époque, puisque les critiques, hostiles à Darwin, avaient tiré cette théorie qui n’était pas exprimée…

Pour info, dans « L’Origine des espèces », Darwin ne parlait pas des origines de l’homme. Le public a confondu les idées exprimées dans le livre de Darwin avec celles de Lamarck, qui cinquante ans auparavant avait avancé cette idée, sans que cela fasse scandale.

Je pencherais pour une vision de la pensée telle qu’elle était à l’époque : déjà amalgamée de choses fausses et fort réduite. Vous pensez ce que vous voulez, mais moi, je n’ai rien à voir avec le singe !

Bref, un tome un peu chiant au départ, mais plus instructif et plus « chaud » ensuite, car les repas familiaux seront haut en couleurs et en noms d’oiseaux ! Sans parler de la solution de l’affaire…

Le côté huis-clos m’a bien plu aussi (celui après la page 100), ainsi que les incursions de Pitt dans le passé trouble de son beau-frère. Par contre, Charlotte est un peu moins présente.

L’avantage, avec cette collection, c’est que l’on en apprend plus sur la société victorienne et ça me plaît.

Lu dans le cadre du Challenge « Thrillers et polars » de Liliba (2014-2015), du Challenge « Polar Historique » de Samlor (repris par Sharon), du Challenge « I Love London II » de Maggie et Titine, de l’Objectif « PAL Noire à Zéro » de George et « Vingt Mille Lieues Sous Mes Étagères » by The Cannibal Lecteur, du Challenge « Victorien » chez Arieste, du Challenge « XIXème siècle » chez Netherfield Park et, last but not leaste, d’une LC chez Bianca.

22 réflexions au sujet de « Brunswick Gardens : Anne Perry [Charlotte et Thomas Pitt 18] »

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    • Oui, la Team Pitt est unanime pour une fois : on a toutes aimé moyennement voire pas du tout ! :/ Tiens, pour une fois que nous sommes d’accord, c’est pour une mauvaise lecture ! 😀

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    • Oui, moi aussi ! J’adore Vespasia, elle a un esprit plus ouvert que la mamy à Charlotte qui elle, mériterait une balle dans sa tête 😀 Enfin, non, sans personnages exaspérants, l’âme du livre n’est pas complète.

      Pour les autres personnages que j’adore aussi, ils étaient en vacances… oui, l’auteur a le droit de les envoyer un peu au repos.

      Vivement le prochain, oui !! 😉

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