Titre : Un long moment de silence
Auteur : Paul Colize
Édition : Manufacture de livres (2013) / Folio Poche (2014)
Résumé :
1920, Wladyslaw ouvre sa pharmacie à Lwów.
1948, trois jeunes Italiens attendent la sortie des élèves du Brooklyn College devant leur coupé Hudson rouge.
1952, un homme poursuit une fillette sur le parking enneigé de l’aéroport de Stuttgart.
1989, une femme prend trop vite une courbe du Ring de Bruxelles.
2012, Stanislas déshabille une femme qu’il connaît à peine.
Critique :
Ce roman possède ce que j’appellerai le « double effet Kisscool » (celui que seuls les anciens connaissent)… Tout comme le célèbre bonbon, j’ai eu droit à deux explosions : un « bang » en lisant la solution et un « triple bang » dans la gueule en lisant les dernières lignes.
Il y a deux récits dans ce roman. Le premier concerne Stanislas Kervyn qui voudrait savoir pourquoi on a commis un attentat au fusil mitrailleur, à l’aéroport du Caire, en 1954, fauchant son père puisqu’il faisait partie des 21 victimes innocentes. Savoir aussi qui l’a commandité, qui était visé dans la foule…
Bref, il a grandi avec une place manquante, celle de son père, il avait des questions, il a enquêté, écrit un livre et quand il pensait que tout était terminé, un vieil homme vient tout remettre en question.
Le second récit concerne un jeune homme, Nathan Katz qui a survécu aux terribles « 186 marches » du camp de Mauthausen. Arrivé à New-York, il va s’engager, avec un groupe, à traquer les anciens nazis et à les éliminer.
Quel était le point commun entre ces deux histoires qui à un moment donné, sont en alternance ? Durant toute ma lecture, je me suis posée la question et j’ai tenté de trouver la solution, bien que Yvan, ici présent, m’ait dit que je ne la trouverais jamais… Il avait bien raison.
Si la solution de l’affaire m’a fait pousser un « ah oui, j’y avais pas pensé, joli ! », le mot de l’auteur à la fin m’a filé un coup de poing dans l’estomac.
Encore un auteur qui pourra se vanter d’avoir réussi à me laisser muette, offrant ainsi à mon homme un long moment de silence.
L’auteur a réussi le pari fou de tenir son lecteur en haleine (sans courses poursuites), avec un quatrième de couverture qui ne dévoile rien de l’histoire et qui ne donne pas envie d’aller voir plus loin.
Niveau personnages, fallait oser aussi nous pondre un type aussi détestable que Stanislas Kervyn : égocentrique, mal poli, en guerre avec la terre entière, égoïste, tyrannique, colérique et j’en passe. Je veux bien qu’il a perdu son père dans l’attentat alors qu’il n’avait qu’un an, mais en vouloir au monde entier ne changera rien.
Stanislas a aussi un problème avec les femmes parce qu’il ne leur « fait pas l’amour » mais il les baise à la hussarde, à la brutale, par devant, par derrière, il s’en moque. Pour lui, elle ne sont rien.
Nathan Katz, par contre, est un jeune homme sympathique, bien que sa manière d’agir ne soit pas toujours très « kasher » (« catho » n’ira pas dans ce cas-ci). Il aura au moins le mérite de nous faire réfléchir aux notions de « vengeance » et de « pardon », ainsi que sur l’imbécilité des guerres.
Le récit, l’histoire, les personnages, tout est profond et bien travaillé.
Pas de temps mort, les chapitres, courts, s’enchainent et les deux histoires s’alternent, le présent faisant suite au passé, nous abandonnant toujours à un moment où l’on voudrait poursuivre, avant de se rejoindre pour l’explication finale à laquelle je n’avais pas pensé.
Deux romans de mon concitoyen lus et deux réussites ! Chapeau bas, monsieur Colize.
Ses derniers mots me trottent encore dans la tête…
Challenge « Thrillers et polars » de Liliba (2014-2015), Le « Challenge US » chez Noctembule, le « Challenge Ma PAL fond au soleil – 2ème édition » chez Métaphore et « Ma Pedigree PAL – La PAL d’excellence » chez The Cannibal Lecteur.
Ping : Le challenge USA revient | 22h05 rue des Dames
Ping : Bilan Livresque : Août 2014 | The Cannibal Lecteur
Bon, tu réussis à la fois à me donner envie et me repousser 😛 Envie pour la chute, les non temps morts, les histoires en alternance, surtout pour ta métaphore Kiss cool, mais quand même a priori ça m’attire moyen ces histoires de terrorisme, de nazi et de personnage colérique. Je le note quand même, parce que si c’est si bon que ça, faudrait quand même pas passer à côté !
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Faut pas s’attarder sur les moins dont tu me parles, parce que le personnage colérique est bien réussi, on a envie de le baffer, mais aussi de le serrer dans nos bras à la fin.
Les nazis sont bien employés dans le fait que l’auteur nous rappelle tous les pays qui les ont accueilli à bras ouvert après 45, bon, il aurait pu ajouter que le Vatican leur a même rendu une virginité d’âme contre espèces sonnantes et trébuchantes 👿
Ce serait bête de passer à côté car il est excellent et déroutant.
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J’ai bien aimé mais pas ressenti le même effet que toi! 😉
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Rhôôôô ! Foumette, pas bien ! 😀
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J’aime me replonger dans cette histoire que j’ai adorée, tu t’en doutes, avec tes mots. Ta chronique est plutôt sobre pour une fois 😉 et cela va bien au livre.
Merci chère Belette Cannibale pour celle ci 🙂
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Merci Collectif ! 😀 Ça me fait plaisir.
Je suis restée sobre parce que j’ai tourné en rond pour pondre la chronique, je ne savais par quel bout la commencer. Au lit, avant de m’endormir, tout le texte était apparu dans ma petite cervelle, j’étais toute fière de moi, mais le lendemain, la tête était vide, hormis le truc avec le double effet kiss cool
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Il va falloir que je me décide à lire un Colize ! Je vais finir par être influencé, c’est une conspiration !
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Une con-spiration, en effet ! 😀 Faut le découvrir et je dis pas ça parce qu’il est belge aussi 😉
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Idem deux livres lus (les mêmes) et deux immenses coup de coeur. Effectivement celui-ci prend une autre dimension après lecture de la note de l’auteur.
Reste plus qu’à se plonger dans le suivant… Pas encore dans ma PàL mais ça ne saurait tarder.
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Oui, le suivant, où il est question d’un nain et d’un avocat ! Je me demande où il va nous conduire, cette fois-ci !
Yvan avait raison, jamais je n’aurais su deviner ! et j’aurais perdu en lisant la fin 😆
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Je t’avais dit de ne pas te lancer dans un pari là dessus 😉
Que je suis content de lire un tel avis venant de toi !
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J’ai essayé, j’ai perdu, et tant mieux, ça m’a laissé une putain de sacrée surprise 😀
Merci… 😳
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Ben faut pas rougir, tu le sais que je ne peux me passer de tes chroniques 😉
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Allez, pour te faire plaisir, une autre dose va arriver ! 😉
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