Dorchester terrace : Anne Perry [Charlotte et Thomas Pitt 27]

Titre : Dorchester terrace                                                          big_4
Auteur : Anne Perry

Édition : 10/18 (2012)
Résumé :
Tout à prouver et aucun droit à l’erreur : devenu directeur de la Special Branch, Thomas Pitt est seul aux commandes.

Lorsqu’il reçoit des informations à propos d’un projet d’attentat visant un Habsbourd sur le sol britannique, Pitt doit redoubler de vigilance. Sa carrière et la paix de l’Empire ne tiennent plus qu’à un fil et aux souvenirs d’une aventurière italienne…

Critique : 
♫ Et puis mon Empire, je suis prêt à le trahir, puisque sans contrefaçon, je suis un espion ♪

Et oui, depuis que Thomas Pitt est devenu directeur de la Special Branch (sécurité du territoire), il a certes monté dans l’échelle sociale, son salaire est important, tout comme ses pouvoirs, mais le tout s’accompagne aussi d’une hausse des tracas.

Comment démêler le vrai du faux ? Le bluff du double bluff ? Comment savoir à qui vous pouvez faire confiance ? Il y avait bien des traitres au sein de la Special Branch et ce ne serait pas la première fois qu’il y en a dans les hautes sphères du pouvoir.

Les espions ou agents-doubles sont légion. Il doit y avoir, au sein des Ministères, des gens amers prêt à trahir leur mère l’Angleterre.

Le diable se cache dans les détails, dans les coïncidences, et Pitt ne peut plus rien raconter à son épouse Charlotte. De plus, nombreux sont ceux qui l’attendant au tournant, guettant le moindre faux pas qui le discréditera de son poste. Pitt n’est pas un noble, ni un bourgeois, si un ancien gradé de l’armé, c’est un fils de garde-chasse et certains ont mal vu sa promotion.

Cette 27ème aventure baigne dans la politique, dans les secrets cachés, dans les jeux de pouvoir et cela m’a enchanté. Pied littéraire, carrément.

Dire que je ne voulais pas lire les épisodes où Thomas Pitt se trouvait muté à la Special Branch… En voilà encore un qui m’a emporté. Comme quoi…

En cette année de 1896, nous parlons déjà de la poudrière des Balkans, celle qui nous pétera à la gueule en juin 1914, avec l’assassinat de François-Ferdinand.

Ce polar Politique est aussi Historique puisque l’on nous parle, en arrière-plan, de la tragédie de Mayerling, où Romy Schneider, épouse de François-Joseph de Habsbourg-Lorraine, empereur d’Autriche-Hongrie, ont perdu leur unique fils et héritier du trône, Rodolphe, qui s’est suicidé dans le pavillon de chasse avec sa maîtresse.

Enfin, pas Romy, mais Sissi, ou l’impératrice Elizabeth, celle qui n’a rien à voir avec les films à l’eau de rose car très librement inspirée de la réalité. Et pour clore cette parenthèse culturelle, je vous rappelle que le Rodolphe en question avait épousé Stéphanie, fille de Léopold II, roi des Belges. Bref, niveau Histoire et politique, on est servi mais pas jusqu’à l’overdose non plus !

L’avantage, dans les romans policiers Historique, c’est que nous savons ce qu’il s’est passé et quand on me parle que c’est François-Ferdinand qui va monter sur le trône ainsi que du jeu des alliances qui donnerait une guerre quasi mondiale si un truc se passait en Croatie ou en Serbie, ça fait froid dans le dos.

— […] L’Autriche sera alors en guerre avec la Croatie. Cela plaira à ses puissants cousins russes, qui prendront fait et cause pour elle, même s’ils n’y sont pas invités. Puis l’Allemagne interviendra au côté de l’Autriche qui est aussi de langue et de culture allemandes, et avant que vous ayez pu arrêter l’avalanche, vous aurez une guerre telle que vous n’en aurez jamais vu auparavant.

— La Hongrie fera sécession et en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, nous aurons un conflit qui se propagera à la vitesse de l’éclair jusqu’à affecter les trois quarts de la planète. Ne vous imaginez pas que l’Angleterre y échappera. Non. Il y aura la guerre, depuis l’Irlande jusqu’au Moyen-Orient, et de Moscou à l’Afrique du Nord, voire plus loin. L’Afrique suivra sans doute parce qu’elle est britannique, puis l’Australie, la Nouvelle-Zélande et même le Canada. Et peut-être les États-Unis d’Amérique aussi.

J’ai apprécié aussi que tante Vespasia soit mise en avant, ainsi que Victor Narraway, ancien supérieur de Pitt. Voilà un personnage que je n’avais pas aimé au début et qui a su me conquérir le cœur.

Ce n’est pas la première fois que l’auteur me fait apprécier un personnage que je trouvais au départ rébarbatif. Elle a l’art et la manière de faire évoluer ses personnages et c’est un plus.

Charlotte et sa sœur Emily se retrouvent aussi aux avant-postes, même si elles n’enquêtent plus comme avant. Emily a peur pour son mari qui a eu une promotion, elle doute de ses capacités, même si elle ne le dit pas. Charlotte, elle, de son côté, fait confiance aux capacités de son mari.

— Tu as déjà connu tant de succès que je peux accepter un échec ou deux, dit-elle tout à fait calmement. Personne ne gagne tout le temps, sauf si l’objectif visé est facile à atteindre.

Le côté politique du roman m’a bien plu, j’ai adoré les secrets, les manipulations, les coups de bluffs, ainsi que le côté « espionnage » et double-jeu.

Lorsque Pitt était policier ou commissaire, il y avait moins de nuances de gris. On procédait à l’arrestation du coupable ou on n’avait pas assez de preuves pour le faire et on rongeait son frein.

Ici, on peut lui faire retourner sa veste, l’exploiter, le faire travailler pour nous… Bref, on entre dans une autre dimension !

Notre Thomas Pitt va devoir changer sa manière de travailler, mais je ne me fais pas de soucis, il apprend vite et est toujours le champion du démêlage de pelote de laine ! Mais ce ne sera pas aussi facile que d’enquêter sur un meurtre. Dans sa position, tout est affaire de nuances et il faut bien réfléchir aux conséquences car elles peuvent vite devenir désastreuses.

Avec des complots politiques et un final époustouflant comme j’ai eu droit, ce roman va se trouver dans mon top 5 des aventures de Thomas Pitt que j’ai le mieux aimé.

Challenge « Thrillers et polars » de Canel (2014-2015), le Challenge « Polar Historique » de Sharon, le Challenge « XIXème siècle » chez Netherfield Park et, last but not leaste, d’une LC chez Bianca.

36 réflexions au sujet de « Dorchester terrace : Anne Perry [Charlotte et Thomas Pitt 27] »

    • Moi je dis « on s’ennuie comme des rats morts » quand c’est vraiment peu passionnant ! 😀

      J’aime le côté politique dans un roman, tu le sais, et en lisant je m’étais doutée que toi, tu l’apprécierais moins que moi ! 😛

      J’aime

  1. Ping : Dorchester Terrace | des livres, des livres !

    • Plus que trois à lire…. 😦

      Oui, il m’a bluffé ! La scène dans les chiottes… adoré ! Un de mes préférés avec le crucifié, la conspiration, Long Spoon. Et bien entendu les deux premiers tomes !

      J’aime

  2. Ping : Dorchester Terrace de Anne Perry | Dans le manoir aux livres

  3. Voilà qui me fait plaisir, relire ta chronique c’est comme relire ce parfait roman historique d’espionnage. En plus j’adore cette période , la fin des grands empires européens annoce parfaitement les bouleversements qui vont secouer la vieille Europe durant plus d’un demi siècle.
    Et puis si tu me prends par les sentiments et que tu y mèles Romy Schneider, là je suis totalement conquise.
    Merci Dame Belette pour ce beau compte rendu. 🙂

    Aimé par 2 personnes

    • Grâce à moi, tu as lu un roman historique en 5 minutes ! Oui, on sent bien que tout bouge depuis quelques tomes. Le prochain aurait pour thème l’Afrique du Sud (en arrière-plan).

      Certains pensent toujours que le feu a pris en juin 14 avec l’assassinat, mais ça grondait déjà depuis plus longtemps, déjà quand le kaiser Guillaume Ier avait gagné et repris l’Alsace et la Lorraine. En 1870 je pense, on en parle dans un apocryphe de Sherlock Holmes (un sur sa jeunesse dans le sud de la France).

      Bref, c’était pas nouveau !

      Aimé par 1 personne

      • Non Belette, celui-ci je l’avais lu à sa sortie car comme je te l’ai dis j’adore cette période de l’histoire européenne. Et tu as raison, la guerre de 70 a été un traumatisme en France et particulièrement à Paris avec la sanglante Commune. Et tout cela présage là Grande Guerre mais aussi la monté des nationalismes et l’horreur de la seconde guerre mondiale.
        En plus c’est le titre qui m’a fait relire Anne Perry que je n’avais plus lu depuis un moment 😉

        Aimé par 1 personne

        • Mince, moi qui pensait avoir fait une bonne action !! mdr

          On apprend souvent des choses en lisant des livres… y’a pas que des enquêtes comme beaucoup le pense.

          J’avais lu un article dans Le Monde sur l’après alsace lorraine, quand elle fut rendue à la France et tout ce qui en avait découlé pour les gens qui étaient allemands sans que ce soit de leur faute. mon dieu, quelle histoire ! Les guerres et les conflits sont une horreur et une aberration !

          Aimé par 1 personne

          • Et oui, les guerres ne font pas que des victimes militaires. les civils aussi les subissent et ce sont souvent eux qui sont en première ligne pour peu qu’ils soient frontaliers.
            Il y a un magnifique livre de Nathalie Hug, « La demoiselle des tic tac » qui se déroule dans un village alsaciens durant la guerre.
            C’est très poignant.

            Aimé par 1 personne

            • Oh, je ne le connaissais pas, mais je le note !

              Durant la guerre, si tu n’es pas roublard ou un salaud, ou sans scrupules, te te fais bouffer !

              J’espère ne jamais vivre ça de mon vivant.

              J’aime

  4. Ping : Bilan Livresque : Avril 2015 | The Cannibal Lecteur

  5. Ping : Bilan Livresque Mensuel : Avril 2015 | The Cannibal Lecteur

C'est à votre tour d'écrire !

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.