Une putain d’histoire : Bernard Minier

Une putain d'histoire - Bernard Minier [NUM]Titre : Une putain d’histoire                                                         big_4-5

Auteur : Bernard Minier
Édition : Xo Editions (2015)

Résumé :
Une île boisée au large de Seattle…
« Au commencement est la peur. La peur de se noyer. La peur des autres, ceux qui me détestent, ceux qui veulent ma peau.

Autant vous le dire tout de suite :
Ce n’est pas une histoire banale.
Ça non. C’est une putain d’histoire.
Ouais, une putain d’histoire… « 

Un thriller implacable.

Critique : 
Ah ça, pour une putain d’histoire, c’était une putain de bonne histoire !

Un résumé des plus énigmatiques, ça change des 4èmes de couverture qui en dévoilent beaucoup trop et c’est bien mieux ainsi.

C’est donc vierge de tout résumé que j’ai commencé ce roman, ne sachant vraiment pas à quoi m’attendre comme histoire, sauf que c’était une putain d’histoire !

L’introduction était tout aussi énigmatique, tout aussi mystérieuse, mais elle vous donnait envie de dépiauter l’histoire de suite. L’auteur était déjà un putain de conteur qui me donnait envie dès les premiers frémissements.

Après de tels préliminaires qui me laissaient entrevoir et espérer un truc de malade, le récit s’est un peu calmé. Faut pas monter dans les tours directement non plus, faut se faire désirer, se faire mousser.

Tout ce que je vous dirai, c’est que nous sommes à Glass Island, une île au large de Seattle, que le Dr Mamour du Seattle Grace Hospital n’est pas présent et que nous en compagnie d’une bande d’ados. D’ailleurs, c’est Henry, 16 ans, qui nous raconte cette putain d’histoire.

Mon seul regret sera de ne pas avoir eu d’atomes crochus avec ces ados… Autant j’avais de l’empathie et de l’amour pour les 7 gamins du Club des Ratés dans « ÇA », autant je n’ai rien ressenti de tel pour ces ados-ci. Je ne me suis pas retrouvée en eux.

Bon, je n’ai pas grandi avec les PC et les réseaux sociaux, comme eux et j’ai même eu une vie privée étant ado, c’est vous dire le gouffre entre nous. Les jeunes des années 2000 ne savent même pas ce que veut dire « vie privée » !

— Se balader sur Internet, c’est comme se balader à poil toute la journée dans une maison de verre : tu vois ce que je veux dire ?

Malgré tout, Henry et Charlie sont deux ados sympa et j’ai passé un très bon moment avec eux, j’ai eu quelques frayeurs aussi, durant leur petite enquête.

Le roman se lit tout seul, pas de grandes envolées lyriques, des phrases simples mais pas simplistes, un ton agréable, de l’humour et des trucs de jeunes.

— Sûr, m’a-t-il rétorqué en refermant la porte du magasin. Certains jours, elle est plus gonflée qu’un artichaut tellement je l’astique ! Si la masturbation était une discipline olympique, j’aurais la médaille d’or ! Je suis le Usain Bolt de la branlette !

Sans oublier quelques tacles bien senti sur la surveillance accrue dont nous sommes les premières victimes, consentantes, qui plus est.

La révolution numérique était en train de bâtir brique par brique le rêve millénaire de toutes les dictatures – des citoyens sans vie privée, qui renonçaient d’eux-mêmes à leur liberté…

C’est peut-être un auteur français qui écrit, mais il a tout de même des accents américains, ce thriller. Yeap, si on me l’avait fait lire en aveugle, j’aurais parié deux hamburger bien gras sur un auteur amerloque. Il y aura des cuisses de grenouilles dans le burger.

Plus on avance dans l’histoire, et plus la tension monte. Si, au départ, ça avait l’air gentillet et un peu banal, genre du « déjà-lu », et bien, ce n’était qu’une impression. Comme un kayak dans des rapides, on se fait bousculer et nos certitudes s’ébranlent.

Mon dieu… mon fondement me fait encore mal du retournement de situation que l’auteur a donné à son histoire dans les 40 dernières pages.

Là, je me suis faite entuber grave ! Pire qu’aux élections, même. La seule différence, c’est qu’ici, c’est le pied de se faire avoir de la sorte ! D’ailleurs, j’en redemande.

Si l’après préliminaires avait l’air d’un déjà-vu, si un roman raconté par un ado de 16 ans pouvait sembler rébarbatif au départ, on est loin d’une resucée. Comme quoi, faut jamais se fier aux apparences ! Un auteur qui a l’air tout gentil, vous franchissez le pas avec lui et bardaf, il vous retourne comme une crêpe un jour de chandeleur.

On croit qu’on vogue tranquille sur l’océan, certes, un peu agité, mais quand le kayak se retourne, ça vous surprend et ça vous glace. Et l’orque nomade vous croque. Je ne m’en suis pas encore remise.

Rien à dire, c’est bien une putain d’histoire que je viens de lire. Un truc pas banal et pas bancal. Magistral. Avec une belle morale et un putain de final qui te fait mal dans le futal. Et j’en termine là avec les rimes en « al » sinon ça finira avec ****.

L’orque nomade est le plus cruel des mammifères marins mais l’homme nomade est le plus cruel des mammifères tout court.

Les murs de la pièce principale étaient entièrement recouverts de livres du sol au plafond. Des tours de Pise de bouquins qui menaçaient de s’effondrer partout.

Challenge « Thrillers et polars » de Canel (2014-2015) et Le « Challenge US » chez Noctembule.

68 réflexions au sujet de « Une putain d’histoire : Bernard Minier »

  1. Ping : Bernard Minier – Une putain d’histoire | Sin City

  2. Ping : Bilan Livresque : Mai 2015 | The Cannibal Lecteur

  3. Ping : Une putain d’histoire – Bernard Minier | 22h05 rue des Dames

  4. Ping : Une putain d’histoire de Bernard Minier (XO éditions) | blacknovel1

  5. Ha ha que tu me fais rire ! Je pense pas me retrouver moi non plus dans ces ados mais la réflexion sur la dictature des réseaux sociaux et le fait que nous soyons consentants est pas mal vue😗. Je finirai bien par le lire un jour… 😖😄

    Aimé par 1 personne

    • On finira, avec notre consentement, pas très loin de 1984 de Orwell… 😦 Mamma mia !!

      J’aurais eu du mal à me retrouver dans ces ados, nous ne sommes pas de la même génération, ça allait mieux avec les ados du King même si pas de ma génération non plus. Mais c’était tout de même plus proche avec les cabanes, les jeux, les barrages sur l’eau !

      J’aime

  6. Ping : Le challenge USA revient | 22h05 rue des Dames

  7. ça a l’air très tentant cette histoire! J’aime les fins surprenantes et soignées…..
    C’est dommage que tu n’es pas accroché avec les jeunes…..Mais c’est clair que le Club des Ratés a plus de charme comparé à la génération d’aujourd’hui……;)

    Aimé par 1 personne

    • Surtout que je venais de finir avec le Club des Ratés il y a peu… s’il y avait des années entre les deux lectures, ça aurait sans doute passé, mais là, c’était encore trop frais dans ma mémoire.

      De plus, sur les 5, deux sont plus en retrait, et au final, il n’en reste que 2 en avant-plan… Je me suis sentie toute nue !

      Le charme est parti du fait des réseaux sociaux et de tout le reste, cette génération n’a pas connu « avant » et ne vit que pour sa visibilité sur la Toile.

      Et le club de nos jeunes manquait un peu de charisme comparé à nos copains de LC. Mais ceci n’engage que moi…

      Aimé par 1 personne

Répondre à Aude Annuler la réponse.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.