Sale temps pour le pays : Michaël Mention

Titre : Sale temps pour le pays                                                   big_5

Auteur : Michaël Mention
Édition : Payot et Rivages (2012)

Résumé :
1976. Une vague de meurtres touche le nord de l’Angleterre ; les victimes sont des prostituées. La police locale est sur les dents. Un homme clé pour diriger l’enquête : l’inspecteur George Knox, personnage austère, « gueule à la Richard Burton », états de services légendaires.

Secondé par le détective Mark Burstyn, Knox se lance à corps perdu dans cette affaire qui tourne pour lui à l’obsession, tandis que sa femme Kathryn est en train de mourir d’un cancer.

Le temps passe et plus le tueur semble jouer avec la police en brouillant les pistes, plus Knox s’enfonce dans l’abîme. Un abîme à l’image du chaos social et politique ambiant. Bientôt, c’est comme si la traque du tueur devenait une quête dérisoire en regard de la dépression qui gagne le pays et ses habitants.

Fasciné par les possibilités romanesques de l’affaire de l’Éventreur du Yorkshire, Michaël Mention la revisite du point de vue d’un Français passionné par l’Angleterre des années 1970.

Petit plus : Bourré de clins d’œil au cinéma et à la musique, ce roman oscille entre hommage au roman noir, déconstruction ironique du roman de serial killer et authentique portrait d’une Angleterre déboussolée, à un moment charnière de son histoire récente.

Critique : 
♫ C’était au temps où l’Angleterre était par terre, ♪ C’était au sale temps de toutes ces grèves ♫ C’était au temps où y’avait pas encore la Dame de Fer ♫ Mais d’un Éventreur qui savait y faire !

L’Éventreur du Caniche a encore frappé… oups, je me trompe de race : c’est l’Éventreur du Yorkshire ! Sale bête qui s’attaque aux femmes qui exercent le plus vieux métier du monde…

Sur fond d’enquête policière afin de mettre fin aux agissements de celui, qui, tout comme Jack l’Éventreur, étripe les putes, l’auteur nous dresse le portrait d’une Angleterre moribonde et guère brillante dans ses années 75-80.

Le chômage y est important, les usines ferment toutes, les gens ne savent plus comment boucler leurs fins de mois qui sont dures, surtout les trente derniers jours.

Dans ce petit roman noir comme un café sirupeux, le contexte économique, social et politique de l’époque se résume en un mot : crise (ou bordel total). Le choc pétrolier a eu lieu et les Travaillistes se sont pris une déculottée aux élections.

C’est court, certes, mais c’est intense, percutant et uppercutant et je vous jure que vous ne peindrez pas la girafe durant votre lecture car la recherche du tueur (qui fera tout de même 13 victimes) met les flics du nord de la perfide Albion sur les dents et  la populace, qui serait prête à lyncher le premier venu, en émoi.

Les flics sont bien torchés, haut en couleur, avec leurs fêlures, leurs blessures secrètes, leurs douleurs, leurs doutes et certains seront marqué plus que d’autres durant cette enquête.

J’ai eu un faible pour George Knox (20 ans dans la maison poulaga, un air de Richard Burton et des Ray Ban miroir qu’il porte non stop) et le détective Mark Burstyn. Deux flics intègres qui se donnent à fond.

Une enquête qui s’enlise, des flics qui pataugent, un tueur qui se fout de leur gueule et peu d’indices, le tout sur fond de politique, de musique des seventies et de références cinématographiques. Le pied !

Vous aurez même droit, tant que nous sommes au rayon des horreurs, à l’arrivée au pouvoir de Miss Maggie, madame Tatcher, qui redressera le pays au détriment des sans dents, heu, des petites gens qui resteront dans le fossé, le pays les laissant crever à petit feu.

Un petit bijou de café noir comme je les aime : noir profond, noir sans espoir, noir comme l’âme du tueur.

Un roman noir qui vous rappe le palais, vous l’écorche, long en bouche avec des saveurs de misère et de sang…

À déguster sans modération…

BILAN - Coup de coeurChallenge « Thrillers et polars » de Canel (2014-2015) Lire « À Tous Prix » chez Asphodèle (Grand Prix du roman noir français 2013) et le Mois Anglais (Juin 2015) chez Titine, Lou et Cryssilda.

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27 réflexions au sujet de « Sale temps pour le pays : Michaël Mention »

  1. Ping : Bilan Livresque Mensuel : Juin 2015 | The Cannibal Lecteur

  2. Ping : Le Mois Anglais is death for one year… See you tomorrow – I’ll be back !! | The Cannibal Lecteur

  3. Je l’ai lu l’année dernière avec plaisir, mais j’avais néanmoins tiqué sur le style parfois… L’auteur m’a ensuite virée de FB (y a-t-il un lien?) du coup, je ne lirai pas la suite ! (mdr, je suis comme ça, oui!)

    Aimé par 1 personne

    • Le style m’avait bien plu, original, déroutant au départ mais ensuite, j’ai vite adhéré.

      Heu, je ne me prononcerais pas sur le fait qu’il t’ait viré de FB… mais si c’est à cause de ça, c’est dommage, il a perdu une lectrice :/

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    • Moi oui, alors un roman qui la goût d’un petit noir torréfié et serré à souhait, c’est que du bon. Tu peux remplacer le mot « café » parce la boisson que tu préfère 😉

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  4. Ping : Billet récapitulatif du mois anglais 2015 | Plaisirs à cultiver

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