Dust : Sonja Delzongle

Titre : Dust                                                                                       big_2

Auteur : Sonja Delzongle
Édition : Denoël (2015)

Résumé :
Quelque part en Afrique, la mort rôde…
2010. Dans un terrain vague de Nairobi, un gamin à vélo s’amuse à rouler dans une grande flaque sur le sable ocre. Du sang humain, répandu en forme de croix. Sans le savoir, le garçon vient de détruire une scène de crime, la première d’une longue série.

2012, à Nairobi. Une femme albinos est décapitée à la machette en pleine rue. Le tueur a emporté la tête, un bras aussi. Elle a été massacrée, comme beaucoup de ses semblables, parce que ses organes et son corps valent une vraie fortune sur le marché des talismans.

Appelée en renfort par le chef de la police kenyane, Hanah Baxter, profileuse de renom, va s’emparer des deux enquêtes.

Hanah connaît bien le Kenya, ce pays où l’envers du décor est violent, brûlant, déchiré entre ultramodernité et superstitions.

Mais elle ne s’attend pas à ce qu’elle va découvrir ici. Les croix de sang et les massacres d’albinos vont l’emmener très loin dans les profondeurs du mal.

Kenya-Migration-Photo-10-sunsetCritique : 
N’allez pas croire, suite à mes deux critiques, que je participe à un challenge « Mois Africain » en juillet parce que hier j’étais au Mali (Black Cocaïne) et que aujourd’hui je suis allée au Kenya. C’est le hasard des lectures qui a fait que je suis restée sur le continent africain.

Le résumé du livre était emballant, le début de la lecture aussi, même si un petit je-ne-sais-quoi m’empêchais de profiter pleinement de ma lecture.

Ah oui, j’ai compris assez vite ! La cause en était le style d’écriture qui avait tendance, parfois, à friser le niveau enfantin ou pré-ado, comme si, à certains moments, l’auteur avait confié l’écriture de certains passages à sa p’tite nièce.

Baxter se retrouva devant lui comme au pied d’un arbre. Il lui sembla immense. Il avait dû être un baobab dans une vie antérieure. [C’est pour rire, là ??]

Hanah sentit ses mains frémir comme les feuilles d’un arbre prises d’un léger tremblement sous l’effet d’une brise. [Pitié !!]

Et tout le problème du roman s’est trouvé là, pour moi : la manière dont certaines événements ou problèmes liés au pays (le Kenya pour ceux qui ont loupé le train) sont décrits, leur fait perdre toute leur puissance, toute leur émotion, toute leur portée horrible.

L’Afrique était à l’image de l’ensemble de lin froissé de James Right. Une matière noble, salie et ravagée à force d’usure et d’exploitation. [Ça c’est beau !]

De plus, la surenchère de faits horribles annihile l’abomination perpétrée. Sincèrement, j’ai lu des témoignages de personnes qui avaient été témoins d’actes abominables durant la Seconde Guerre Mondiale, et sans en rajouter, leur récit me hérissait les poils des bras et me donnait envie de vomir.

Ici, il n’en fut rien… c’est abominable ce qu’un personnage a fait endurer à ses semblables, mais la description de l’auteur fout tout en l’air et si elle avait décrit un enfant éventré dans le but de transformer ses boyaux en guirlande de Noël, j’aurais sans doute pensé « Cool, une guirlande », tant la chose est mal exprimée, mal écrite.

Aucun atomes crochus avec Hanah Baxter, la profileuse d’origine française qui vit à New-York et qui se déplace au Kenya pour traquer un tueur en série. Autant elle est forte pour certaines choses, autant elle est chochotte pour d’autres. Manque de crédibilité dans le personnage.

La profileuse pouvait endurer beaucoup de choses, mais ne pas pouvoir se laver ne serait-ce qu’un jour entier relevait de la torture. Il lui fallait n’importe quoi, un robinet, une source, une rivière, un point d’eau quelconque, pourvu qu’elle puisse s’y rafraîchir. [Chochotte !]

« Hanah, ton principal défaut est d’être trop sur la défensive. Ça te rend beaucoup moins crédible ». Ces mots de Vifkin lui revinrent. [Je suis entièrement d’accord avec lui ! Hannah manque aussi de crédibilité !]

J’ai même failli tomber de ma chaise lors de l’épisode avec Invictus (les lecteurs sauront de quoi je parle).

Je passerai sur les moments « guimauviens » (néologisme offert) qui sont à pleurer devant tant de platitudes et plus dignes d’un « Fifty shades », d’un « Twilight » ou d’un Harlequin que d’un tel roman.

Hanah crut littéralement tomber dans l’onde verte qui l’aspirait. Les yeux dans les yeux, leurs bassins soudés ondulaient… [Purée, on est où, là ?? L’onde verte étant les yeux de l’autre]

L’intérieur était doux à pleurer. Du velours… Des larmes roulèrent malgré Hanah de ses paupières closes. Des larmes de plaisir et d’émotion confuse. [Achevez-moi, en lisant ça, j’ai soupiré devant tant de niaiseries. Je ne savais pas que certains vagins étaient rugueux à l’intérieur, ou alors, coupant, peut-être ?? Oui, l’intérieur qui est doux à pleurer, c’est le vagin de sa partenaire… Je touche le fond !]

Leurs odeurs se correspondaient, leurs corps s’encastraient à la perfection. [Guimauve, niaiseries !]

Hanah avala un noyau de salive. Il eut du mal à passer. Cet aveu la bouleversait. Elle savait ce que la « première » pouvait provoquer.  [Je me suis suicidée, c’est bon !]

Tous ceux qui étaient passés par Hope Camp étaient des gens extraordinaires. [Bisounours ??]

Le suspense est en grande partie réduit à néant par un chapitre où le pauvre lecteur en apprend beaucoup trop sur le tueur en série, gâchant tout le plaisir.

Pire, avant même la moitié du livre, j’avais deviné le nom du coupable, la ficelle agitée par l’auteur étant trop grosse que pour ne pas s’en saisir. Chez Agatha Christie, je ne l’aurais pas saisie, car la Dame avait l’art de casser les codes du roman à énigme, mais ici, l’auteure en dévoile trop trop vite. Et les préliminaires, bordel ?? Et je confirme que j’avais vu juste !

J’ai ressenti, par moments, de l’émotion dans le récit, lorsque l’auteure explique la chasse à laquelle sont soumis les albinos, de l’émotion aussi lorsque l’auteure décrit les extrémités auxquelles certains enfants devaient se livrer, afin de survivre et de sauver leurs frères et sœurs de la misère…

Dans de nombreux pays d’Afrique, dont le Kenya, l’albinos est considéré comme un être aux pouvoirs surnaturels ou, parfois, comme une créature maléfique. Les sorciers diffusaient ces croyances auprès de la population en promettant longue vie, richesse et pouvoir à qui consommerait des poudres et des substrats obtenus à partir des membres, des organes ou des cheveux d’albinos, qui se vendaient à prix d’or. Face à ce marché juteux, la chasse aux albinos se répandit en Afrique avant les années 2000, prenant au fil du temps un essor inquiétant.

Et puis, patatras, toute l’émotion retombait comme un soufflé (ou autre chose, pour les plus coquins) à cause du style d’écriture qui était plat et sans âme.

Autre truc… durant tout le roman, elle se fait regarder de travers par le flic d’origine mexicaine, il la déteste, il se moque de ses méthodes de travail et puis, là, tout à coup, après les huit dixième du roman, soudain, il commence à l’apprécier, à lui parler, boum, sont quasi copains ! Non, revirement trop rapide.

Quant aux méchants, j’éviterai de vous parler de ces revirements de situations qui font que personne ne joue au Grouchy arrivant sur le champ de bataille de Waterloo – morne plaine – quand tout est terminé. Non, ici, tout le monde a du sang de Zorro !

Ce roman manque de profondeur, d’émotion et la surenchère de « gore » détruit les émotions qu’il aurait dû faire naître en moi.

Avec un sujet aussi important au menu, dans un décor rempli de misère, c’est malheureux d’avoir fait un roman aussi foireux.

De bons ingrédients, un chaudron qui ne demande qu’à bouillir, pour arriver à un résultat tel que ce que je viens de lire, c’est donner des perles aux cochons ! Et j’en suis la première peinée que le beau côtoie le médiocre.

Ainsi équipée, les épaules mates et luisantes au soleil, le visage en feu, le maillot moulé sur une poitrine ferme et les muscles tendus, Hanah avait tout d’une guerrière. Une amazone armée d’un fusil-mitrailleur à la place d’un arc. [Vous étonnez pas que je l’aime pas, la Hanah !]

BILAN - Minion M'attendais à mieux

 Challenge « Thrillers et polars » de Canel (2014-2015).

CHALLENGE - Thrillers polars 2014-2015 (1)

29 réflexions au sujet de « Dust : Sonja Delzongle »

  1. Ping : Bilan Livresque Mensuel : Juillet 2015 | The Cannibal Lecteur

  2. Je n’irai peut-être pas au Kenya pour les prochaines vacances, même si lorsque les corps s’encastrent parfaitement, ça m’émeut fortement. Surtout si tu me parles après de la douceur de ton vagin… Un vrai velours ?

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    • Oui, du velours, mon homme en pleure encore après l’avoir découvert.

      Attention, les encastrement, c’était plutôt « moule/moule » que « moule/frite »… 🙄 Mais bon, tu peux toujours mater les corps qui s’encastrent et que se frottent… Bison ? reviens, on a du Sopalin !!

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    • Oui, je suis dure… le style a de l’importance, il porte une partie du roman… c’est comme un texte érotique écrit avec des mots crus, je déteste ça 😉

      Pourtant, avec cette chaleur, j’aurais dû m’immerger dedans !

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  3. Oh quel billet ! On peut dire qu’entre tes mains, ce livre a été passé au scanner ! Mais tu es comme moi, quand un livre connaît un fort succès et que certains éléments m’insupportent (mon billet sur l’affaire Henry Québert en est la preuve), il était aussi long et détaillé. Bon j’avoue que les extraits (à part le très beau) ont eu aussi un effet rédhibitoire sur ma personne. Et j’ai souri pour les passages amoureux. Etait-ce lié à ta précédente lecture ? Le changement de style peut parfois être difficile (surtout quand on passe du très bon à celui-ci). Les commentaires qui me précèdent ont vu le personnage d’Hanah comme un contrepoids à la violence (et pour que le lecteur occidental s’identifie ?). Enfin, le traitement des albinos en Afrique n’est pas une nouveauté. Le sublime film White Shadow (2013) racontait le massacre des albinos en Tanzanie. Ce film suivait un superbe documentaire diffusé sur Arte au sujet de ces croyances ancestrales. Je te conseille donc le film !

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    • Je ne voudrais pas dire « j’ai pas aimé » et ne pas développer, c’est la moindre des choses que de dire ce qu’on a pas aimé dans un roman et d’essayer d’être prolixe.

      Mon but n’étant pas de casser un roman (hormis celui de Cornwell, mais il a de l’âge), je me dois d’être fidèle à mes ressentis et en dire un max.

      Et ça m’énerve quand tu sens une différence d’écriture pareille dans un livre que tu lis, tu passes de phrases excellentes, de moments bien décrits, de situations qui te font frissonner à des trucs qui te donnent envie de balancer le livre.

      Hanah, elle est trop too much, rien ne lui résiste dans ses affaires, tu dirais super woman 😀

      Merde, elle doit avoir des défauts autre que celui de se frotter les gencives à la poudre blanche !

      Elle avait un sujet fort, une chose à nous apprendre, un pays dévasté, des croyances encore limite médiévales et boum, ça te le gâche avec des passages limites enfantins ou de la surenchère de gore.

      J’essaye de trouver le film, mais sur mes plates-formes habituelles, je le trouve pas !

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  4. Pour ma part l’auteure a réussi le deal. Dépaysement assuré avec une description ultra réaliste du Kenya et la question des albinos que nous devons être nombreux à ignorer. L’intrigue est bien foutue à mon goût.
    Certes ce n’est pas de la grande littérature mais ce n’est pas ce que je recherche en général, moins encore avec les thrillers.
    J’ai aimé na !

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    • Et moi pas vraiment, na ! 😛

      Avec un style plus mieux, elle m’aurait scotché à mon livre 😉 Là, je suis en train de lire un auteur sud-africain (Wessel Ebersohn) et j’aime son style… là, je me sens en Afrique, il me transporte et on verra s’il tient la longueur 😉

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  5. Je ne sais pas si j’ai été trop complaisante avec ce titre, pour autant j’ai pu m’identifier à d’Hannah.
    J’aime bien ses contradictions. Sa rudesse vis à vis de certains comportements. Ses failles en ce qui concerne sa vie sentimentale dont découle sa vie sexuelle. Ces « mièvreries » m’ont parue douceur. En opposition avec la violence du propos justement. Un espèce de contre poids.
    Et puis le coup de se laver, c’est surtout une façon de se purifier, après les choses que notre héroïne a pu entrevoir. Enlever de soi ces traumatismes que cause les visions. C’est pas un caprice de petite blanche, non !
    Et c’est quoi le problème avec invictus ? A part qu’il te fait tomber de ta chaise.
    Peut-être que je n’ai pas été assez exigeante. Mais j’ai vraiment senti la terre chaude d’Afrique, la terre rouge du Kenya. J’ai réellement visualisé ce coin d’Afrique. J’ai vécu dans ma chair les atrocités. J’ai compris les différences culturelles. J’ai appréhendé avec stupeur « l’envers du décor violent, brûlant, déchiré entre ultramodernité et superstitions ».
    Si ce scandale sanitaire est terrible, bien plus terrible est la destinée du continent africain et sa jeunesse sacrifiée.
    C’est aussi de ça que m’a parlée ce titre. Bien au delà d’un simple thriller. Pour moi ce fût une vrai belle découverte.
    Voilà, tu sais tout. ou presque !

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    • Moi j’ai eu du mal avec ces contradictions, en fait, avec le côté « amazone forte » et le côté nunuche du « je veux me laver »… bon, je ne dis pas que vous avez été tous complaisants avec le roman, je me doute que j’ai été exigeante vu les retour que j’avais eu (jamais bon de lire vos chroniques avant, les gars/filles).

      Le romantisme, je dis pas, mais là, je collais devant tant de miel dégoulinant.

      Le pendule… madame arrive, sort son pendule et direct, elle sait tout. Heu… Non, non, non… pas vraiment réaliste, mais j’avoue que je suis toujours restée sceptique avec ce genre de babioles.

      Alors moi, quand je lis qu’elle sort son pendule et qu’en plus elle lui a donné un nom, je respire un grand coup pour ma calmer ! 😀

      Et puis, trop de scènes d’horreur tue l’horreur, chez moi. On peut faire naître le dégout chez un lecteur sans avoir besoin d’en rajouter. C’était trop !

      Les méchants qui meurent, trop too much et la cavalerie qui arrive à pic aussi.

      Elle se fait zieuter de travers par le mexicain et puis, boum, en quelques paroles sur la fin, deviennent copains…

      J’ai vu venir certaines choses de loin, comme avec « Hakuna matata » (voir à quel événement ça se rapporte et ça évite le spoil) : putain, quand on m’a parlé du gr*** j’ai su de suite que c’était le piège. Trop facile aussi de trouver le coupable, le coupable nous en apprend trop aussi.

      J’avais espéré un grand truc et je suis passée à côté à cause du style pas terrible… et je te jure que ça me désole, je pensais passer un grand moment.

      Comme quoi, on peut lire la même chose et avoir des ressentis différents ma grande 😉

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  6. J’ai ri en lisant certains extraits – et pour un tel sujet, c’est grave.
    Beaucoup d’auteurs de romans policiers se croient obligés de lier polar et histoire d’amour. Absurde.
    En contre-exemple, je pense à La quatrième plaie de Patrice Bard, qui se passe aussi sur le continent africain (l’Ouganda, pour être précise) : l’auteur fait preuve de beaucoup de finesse pour traiter un sujet casse-gueule.

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    • Pour une fois, je me suis même permise d’y aller de mes petits commentaires assassins dans les citations, c’est te dire comment j’étais vénère !

      Le pire, c’est que le roman est bien côté sur Babelio et chez mes petits copains/pines blogueur/gueuses. Où j’étais trop exigeante, ou ils furent trop complaisants…

      De l’amour, ça me gêne pas, mais sors pas des mièvreries quand tu traites un sujet aussi lourd ! L’humour ne me gêne pas non plus, même si sujet est fort, mais là, j’ai frôlé le fond avec certaines parties… mais j’ai tout lu !

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