Simetierre : Stephen King [LC avec Stelphique]

Titre : Simetierre                                                                             big_5

Auteur : Stephen King
Édition : Le Livre de Poche (2003) – Publication en 1983

Résumé :
La famille Creed (Louis, médecin, sa femme Rachel, leur fille Ellie, le bébé Gage et leur chat, Church) viennent emménager dans la petite ville de Ludlow, dans une grande maison ancienne.

Louis fait la connaissance du vieux Jud Crandall, son voisin d’en face, qui lui montre le quartier et particulièrement un petit cimetière aux animaux avec sa pancarte mal orthographiée créé par les enfants de la ville.

Un jour, le chat se fait écraser. Creed décide de l’enterrer avant que les enfants ne découvrent le désastre, et demande de l’aide à Jud.

Pendant qu’ils enterrent le chat, le vieil homme lui raconte à demi-mots une légende qui court sur ce cimetière. Puis le chat revient. Vivant. Mais pas tout à fait le même.

Et c’est alors qu’un nouveau drame surgit.

Petit plus : Simetierre est sans aucun doute le livre le plus terrifiant que King ait jamais écrit, et c’est, dans ce sens, son livre le plus réussi. Parfaitement insupportable, c’est un roman en forme de cauchemar absolu.

Critique :
Le King et Sherlock Holmes ont une chose en commun : lorsqu’ils voient la campagne et les petites maisons éloignées les unes des autres, ils ne pensent pas au côté bucolique ou pittoresque de la chose.

Le Maître de l’Épouvante y voit de la matière pour ses romans et le Consulting Detective y voit matière à des meurtres qui peuvent se commettre en toute impunité.

Le King sait aussi qu’il n’y a pas besoin de faire intervenir des monstres velus, poilus, des horreurs sur deux pattes pour épouvanter le lecteur.

Non, un simple chat peut suffire à vous faire dresser les cheveux sur la tête…

Considéré comme le livre le plus terrifiant qu’il aurait écrit, Simetierre est un roman aux personnages attachants, ce qui rendra l’Horreur encore plus noire.

Stephen King est un Maître dans l’agencement de son récit et, à l’aide de petits détails, d’anecdotes, de légendes, de faits banals de la vie de famille, il parvient à distiller une ambiance qui lui est propre.

Le fantastique est présent, jamais de manière trop prégnante, toujours discrètement, mais vu que le diable se cache dans les détails, ce sont eux, ces petites choses insignifiantes, qui donneront toute la dimension au récit.

Éléments pris séparément, on dirait la vie ordinaire d’une famille ordinaire, avec des voisins sympas mais ordinaires…

Mais le King, grâce à ses ingrédients habituels, nous prépare une toile gigantesque, une toile qui prendra forme une fois que toutes les pièces éparpillées du puzzle seront bien rangées.

Le récit se lit tout seul : ça commence comme une rivière tranquille et je me suis laissée bercer par la courant gentillet, mais trompeur.

Lorsque cela commence à bouger et que les remous font danser l’embarcation, il est déjà trop tard. La berge est trop loin et on est trop engagé sur cette rivière que pour espérer faire demi-tour.

Accroché au bastingage, vous priez pour ne pas chavirer avec Louis, le personnage central, vous ramez de toute vos forces pour tenter vous éloignez de ce courant qui commence à devenir furieux. Peine perdue, pauvres fous !

Alors que vous soufflez, parce que votre frêle esquif a fini de danser, telle une coquille de noix sur la rivière sauvage, vous entendez au loin un grondement, celui des rapides qui vous mèneront à une chute vertigineuse.

J’ai terminé cette lecture totalement KO, les 250 dernières pages étant d’une telle intensité dramatique que c’est comme si notre barque percutait un rocher affleurant au milieu de la rivière déchaînée.

Le Mal rôde et je l’ai croisé, son souffle malveillant était sur ma nuque et mes poils se sont hérissés. Pas à cause d’un monstre quelconque, non, juste à cause de ce que ce Mal pouvait faire dans l’esprit des gens : les pousser à faire des choses…

— Toutefois, ces hommes-là avaient aussi du bon. Et c’est cela que les gens oublient toujours le plus vite. C’est Hannibal Benson qui a eu l’idée d’établir une fondation en vue de la création d’un hôpital général à Bangor, juste avant la guerre. Alan Purinton était un homme extraordinairement généreux et bon. Et le vieux George Anderson n’avait pas d’autre ambition que d’assurer la bonne marche de son bureau de poste.
« Pourtant, cette créature ne nous a parlé que du mauvais. Elle voulait que nous ne nous rappelions rien d’autre, parce qu’elle était mauvaise elle-même, et parce qu’elle savait que nous étions dangereux pour elle.

Sans jamais sombrer dans le pathos, le King fait monter la douleur, vous donnant envie de hurler avant de vous rendre compte que non, on peut aller encore plus loin dans l’horreur et là, ça vous laisse glacé, sans voix.

Il se cachait le visage entre les deux mains. Il ne voulait pas qu’on le voie. Il ne voulait pas leur exhiber son visage barbouillé de larmes, sa détresse, son remords, sa honte, sa souffrance. Et surtout, il ne voulait laisser deviner à personne son lâche désir d’être mort pour échapper à cet étalage de noirceur.

Une lecture qui restera gravée dans mon âme, une lecture qui explore notre refus de voir disparaître ceux auxquels on tient le plus; que ce soit nos proches ou tout simplement nos compagnons à quatre pattes de notre enfance, ceux qui nous ont mis face-à-face avec la Mort et notre condition de mortel. Ceux pour qui on a pleuré des rivières.

« Un gosse dont la petite bête familière se fait écraser sur la route, ça n’oublie plus ».

Jusqu’où pourrait-on aller pour voir revenir ceux que l’on aime ? Et bien, je suis allée voir et j’en suis revenue glacée, terrifiée, horrifiée, la gorge nouée (avec un certain accident) et les yeux noyés de flotte.

Encore un putain d’excellent bouquin du King du Maine !! (à ne pas confondre avec celui de Memphis).

Jud n’entendit rien, ne sentit rien, ne frémit même pas. Il resta plongé dans un profond sommeil, exactement comme avait fait Simon Pierre dans la nuit de Gethsémani, durant laquelle les soldats romains vinrent arrêter un va-nu-pieds nommé Jésus.

Challenge « Thrillers et polars » de Sharon (2015-2016), le Challenge « La littérature fait son cinéma – 4ème année » chez Lukea Livre et Le « Challenge US » chez Noctembule.

BILAN - Coup de coeurCHALLENGE - Thrillers Polars 2015-2016

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Cannibal Lecteur et moi, n’avions pas lu ce très grand Classique de l’auteur, et il me prenait la poussière depuis plus de 30 ans sur nos étagères…. Il était grand temps de l’en sortir !!!!!

Synopsis :
Louis Creed, un jeune médecin de Chicago, vient s’installer avec sa famille à Ludlow, charmante petite bourgade du Maine. Leur voisin, le vieux Jud Grandall, les emmène visiter le pittoresque vieux « simetierre » forestier où des générations successives d’enfants de la localité ont enterré leurs animaux familiers. Mais, au-delà de ce « simetierre », tout au fond de la forêt, il en est un second, et c’est un lieu imprégné de magie qui vous enjôle et vous séduit par de mystérieuses et monstrueuses promesses. Bientôt, le drame se noue, et l’on se retrouve happé dans un suspense cauchemardesque, tellement affreux que l’on voudrait s’arracher à cette lecture…

Les personnages :
Louis et sa petite famille idéale avait tout pour être heureux. Mais dans les mains du destin, et la plume de cet auteur, leur sort ne va pas être si enviable….

Ce que j’ai ressenti :
On ne se refuse pas une petite frayeur de temps en temps, et encore moins raconté par le King !!!!! Redonner un second souffle à un livre (à une œuvre que dis-je???!!!!), c’est d’autant plus intéressant, et tout aussi palpitant !!!

Plus de 30 ans que cet auteur nous effraie mais on en redemande à chaque fois, et puis ils ne prennent pas une ride, ses livres. Je ne sais pas où il trouve son inspiration, mais c’est une grande claque et puis on ne regarde plus jamais les choses de la même manière après un lecture du King ! C’est fou !!!!! Les clowns n’auront plus jamais leur effet salvateur, le chat domestique n’aura plus jamais cette aura reposante. Par contre, nos cauchemars seront remplis d’animaux « zombiesques », et de ballons flottants…… Effroyable, ce Stephen King!!!!

Il ouvre une porte et y laisse une petite lumière dedans, juste comme ça au cas où… Il laisse le petit quotidien pépère se dérouler, mais la lumière est là, toujours insidieuse, toujours plus attirante…. Et forcement avec cette chienne de vie, le quotidien se prend une rafale, et on se rappelle cette petite pièce ouverte. On y entre….. Et là, ce n’est plus la guillerette luciole qu’on espérait, la lumière devient double et verte…. jusqu’à voir profiler les yeux d’un matou…. Et là, se referme la pièce, et les ténèbres vous envahissent….. Et les ténèbres, ça ne vous lâchent pas !!!! Elles lacèrent votre corps, (quand ce n’est pas votre esprit), mais c’est ce qui est sur, c’est qu’on n’en ressort pas entier !!!!!

Difficile de lâcher cette lecture, on est hypnotisé par cette histoire aux accents certes morbides mais on y voit aussi la profonde douleur d’un père qui n’accepte pas l’Inacceptable. La Mort est parfois trop brutale, trop injuste, trop aléatoire et si jamais cette possibilité s’offrait à nous, le monde serait peuplé de beaucoup de créatures malodorantes !!!!!

Ce « Simetierre » fait encore son petit (GRAND) effet !!! Si à la tombée de la nuit, tous les chats sont gris, ici, frayeur et horreur sont garantis !!!! Passez le petit sentier, continuez gaiement et d’un pas sur, surtout, et allez affronter le talent incomparable du plus grand auteur de tous les temps !!!!!!!

Ma note Plaisir de Lecture fee clochette 9/10

62 réflexions au sujet de « Simetierre : Stephen King [LC avec Stelphique] »

  1. Ping : Portrait d’une Cannibale Lectrice | 22h05 rue des Dames

  2. Ping : Bilan Livresque Mensuel : Juillet 2015 | The Cannibal Lecteur

  3. ha les filles vous venez de décrire exactement ce que j’ai ressenti à la lecture de ce bouquin!
    Je confirme, c’est un des plus effrayants. Je le mettrais sur le podium avec Salem et Ca pour ma part car il touche aux pires de nos peurs.
    Vous me donneriez presque envie de le relire 🙂

    Aimé par 1 personne

  4. Ping : Le challenge USA revient | 22h05 rue des Dames

  5. Ah le retour en voiture, en espérant arriver à temps!! cela dit, j’en attendais tellement que j’ai presque été déçue. C’est ça de lire un livre dont tout le monde vous répète qu’il est génial! 😉

    Aimé par 1 personne

    • Elle ne pouvait pas arriver à temps !! Cela aurait fichu toute l’horreur par terre et nous aurait privé de tout le reste… je peux comprendre, je dois avoir des romans que j’ai détesté ou moins aimé alors que tout le monde hurlait qu’il était génial ;-))

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