Les assassins : R.J. Ellory

Titre : Les assassins                                                                    big_4

Auteur : R.J. Ellory
Édition : Sonatine (2015)

Résumé :

Sur dix-huit mille assassinats par an aux États-Unis, seulement deux cents sont le fait de tueurs en série. Aussi les forces de police ne privilégient-elles que rarement la piste du serial killer.

Lorsque quatre homicides sont commis en quinze jours à New York, selon des modes opératoires complètement différents, personne ne songe à faire un lien entre eux.

Personne, sauf John Costello. Documentaliste au City Herald, et véritable encyclopédie vivante des serial killers, celui-ci découvre en effet que les quatre meurtres ont été commis à la date anniversaire d’un meurtre ancien, œuvre à chaque fois d’un tueur en série célèbre, selon des procédures rigoureusement identiques jusque dans les moindres détails.

Y aurait-il dans la ville un serial killer qui s’inspire de ses prédécesseurs et leur rend ainsi un funèbre hommage?

En compagnie de Karen Langley, une journaliste du City Herald, et de Ray Irving, détective du NYPD, John va se livrer à la traque de cet assassin très particulier, à l’intelligence aussi fulgurante que morbide et à la virtuosité impressionnante.

Petit Plus : Bouleversant tous les clichés de rigueur, R.J. Ellory transfigure ici totalement le genre du roman de serial killer, dont on pensait pourtant avoir fait le tour, en lui insufflant un souffle complètement nouveau, comme seuls les très grands écrivains savent le faire.

Revenant sur les plus grandes figures des tueurs qui ont marqué les États-Unis, de Ted Bundy au fameux Zodiac, il poursuit son exploration du mal américain, interrogeant cette fois notre fascination pour les monstres.

Avec le formidable sens de l’intrigue, des personnages, du suspense et le pouvoir d’émotion qu’on lui connaît, il nous donne ainsi le roman définitif sur le sujet.

Critique : 
Avec R.J Ellory, c’est une grande histoire d’amour à sens unique : dès qu’un de ses romans sort, je l’achète, tandis que lui ne donnerait pas un kopeck pour mes bafouilles. Mdr

En voyant le résumé du roman, je m’étais dit « Chouette, une histoire de serial-killer » tout en me demandant ce qu’on pouvait raconter de neuf sur les céréales killer…

Que ceux qui ne l’ont pas acheté parce qu’ils ont soupiré sur le fait que ça parlait encore de serial killer, aillent de suite réparer cette injustice car se serait faire insulte au talent de l’auteur en pensant qu’il ne concerne que ÇA.

Oui, on cause de tueurs en série, mais non, ce n’est pas que ÇA ! Il y a du récit tout autour et de la profondeur dans les personnages qui gravitent autour des reconstitutions des meurtriers tristement célèbres.

Ils étaient là parce que des gens avaient été brutalement et sadiquement assassinés. Ils étaient là parce que quelqu’un s’était donné pour mission de débarrasser la planète des êtres qu’il jugeait indignes de la peupler. Folie, inhumanité, absence totale de pitié, de compassion ou de scrupule.

Oui, il y a une histoire dans l’Histoire, des personnages forts et d’autres blessés au plus profond de leur être.

Véritable mini bible du crime, ce roman m’a entrainé dans Big Apple, au milieu d’un poste de police où l’inspecteur principal Irving est bien embêté avec ces crimes commémorant les dates anniversaire des crimes commis par des tueurs en série.

Ici, nous avons la crème du crime ! De l’Ice Crime véritable… Le Commémorateur, tout comme l’auteur, a potassé son sujet, on sent qu’il en connait un bout et qu’il pourrait faire notre bonheur au prochain repas de famille…

Attention, bien que nous donnant des détails sur certains meurtres, l’auteur n’en rajoute pas non plus au point de nous dégouter, non, il le fait avec parcimonie, juste pour nous instruire sans nous abrutir d’infos.

L’enquête va à son aise, il n’est point aisé de retrouver un serial killer dans la Grosse Pomme, surtout un gars aussi fin que celui auquel l’inspecteur Ray Irving est confronté.

Ceux qui gravitaient autour – les représentants du cabinet du maire, les attachés de presse, voire les agences fédérales – voulaient l’assassin, mais pas le travail. Il y avait la police pour ça. Les impôts servaient à payer la police. La police savait toujours exactement quoi faire, et elle le faisait.

Irving n’est pas épaulé non plus : entre la réélection du maire pour bientôt, les vagues qu’il ne faut pas faire, la populace qu’il ne faut point effrayer, la journaliste Karen Langley du City Herald qui materne John Costello, son enquêteur un peu étrange qui connait tout sur les céréales killer – au point qu’on pourrait le renommer Wiki ou Google – on peut dire que notre inspecteur mériterait bien une médaille, quand bien même si la pêche au gros tueur ne donnait rien.

— Vous comprendrez bien que je ne suis pas totalement convaincu…
— Convaincu de quoi ? Que quelqu’un puisse connaître les tueurs en série comme d’autres les joueurs de base-ball ou les équipes de football ? Si je vous avais dit que je connaissais le score de tous les matchs des Giants depuis vingt ans, et les noms des joueurs, et leurs moyennes…

L’écriture est un délice, la tension est bien dosée, l’horreur prête à nous jaillir dessus, le couteau aussi, les pages sont remplies de noms de types avec lesquels vous n’auriez pas envie de manger, le Diable non plus et je me suis délectée de chaque morceau de mot, de chaque éclat de dialogue, de toutes les éclaboussures d’encre, la plume étant trempée dans un mélange d’hémoglobine.

« Si tu cherches le diable, tu trouveras tous les diables du monde dans un seul homme ».

— Vous ne pouvez pas rationaliser l’irrationnel. Nous ne sommes pas en train de parler de gens qui suivent les chemins convenus de la réflexion et de l’action, mais d’individus qui ont abandonné depuis longtemps tout ce qui passe pour la normalité.

Bémol ? Oui, le roman est fini et son final aurait peut-être mérité un peu plus de travail ou de finesse parce que j’ai vu venir le brol de loin. Nom de Dieu, inspecteur Irving, où aviez-vous donc la tête ??

Ce petit bémol n’entachera pas mon enthousiasme né de cette lecture.

Un super grand roman de l’auteur, comme je commence à en avoir l’habitude.

Comme quoi, on peut écrire sur des sujets rabâchés et faire du neuf avec du très très vieux, sans tomber dans l’abîme de la facilité.

Nietzsche disait que quiconque se battait contre des monstres devait prendre garde à ne pas en devenir un lui-même. Il disait que celui qui scrutait trop longtemps l’abîme était aussi scruté par l’abîme.

Challenge « Thrillers et polars » de Sharon (2015-2016), Le « Challenge US » chez Noctembule«  et A year in England » chez Titine.BILAN - Minion femme ménage - dépoussière - OK

52 réflexions au sujet de « Les assassins : R.J. Ellory »

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  3. Bon, bon, bon … Je n’avais pas été plus loin que « serial killer », quand j’ai entendu parler de ce roman (c’est d’ailleurs la première fois que je vais jusqu’à lire un billet à son sujet, pour te dire, normalement je les zappe d’office). Du coup, tu me fais douter. Je connais bien sûr l’auteur de réputation mais je n’ai toujours pas franchi le pas, pas vraiment attirée par les thèmes précédents.

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    • Oh, tu zappes l’auteur direct ?? Comme moi je zapperais un billet sur Harlequin ? mdr Pas bien !

      Oui, le romans pas des serial-killer, mais il en parle bien, sans faire des gros effets, sans sombre dans le n’importe quoi, avec pudeur et respect. J’adore cet auteur !

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  4. J’hésite car j’avais été super déçue par Seul le silence (que j’ai déjà oublié, comme tous les polars américains d’ailleurs) (l’avantage c’est que je peux les relire 5 ans après, comme neufs !!! :lol:) … Dans mes souvenirs, j’avais peiné sur la deuxième partie du livre mais bon, comme les serial-killers m’intéressent, je lui redonnerais peut-être une chance avec celui-ci ! 😉

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    • Pas encore lu seul le silence… sinon, de lui, je te conseille papillon de nuit, plus court, qui devrait te plaire, je pense. Je l’ai chroniqué et la barre de recherche sur mon blog devrait t’envoyer au bon endroit ;-))

      Pourtant, les polars américains ont des très bons représentants et en plus, Ellory est anglais !!

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  5. Nous sommes parfaitement en phase! Moi aussi j’ai adoré avec un bémol pour la fin.
    Si j’étais toi, je ne jugerais de rien… je vois Ellory la semaine prochaine, tu veux que j’essaie de lui vendre une de tes chroniques? 😉

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  6. Bon, tu as tout dit et super bien dit. C’est encore un excellent roman et c’est bien la force des personnages qui tient le livre en haleine … et le lecteur. Pour la fin, on retrouve un peu celle de Seul le silence, et effectivement, Irving aurait pu le deviner. Mais le flic qui les surveille non ! Alors, bon, ne faisons pas le fine bouche devant un tel roman ! BIZ

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    • John était le plus malin… Irving a voulu trop bien faire… mais ça manquait un peu d’un peu plus. Le nom du coupable importait peu, même. C’est un ch’tit bémol qui fait râler parce que tout est super bon extra.

      Pas encore lu « Seul le silence »…

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