Une pluie sans fin : Michael Farris Smith

Titre : Une pluie sans fin                                                     big_2-5

Auteur : Michael Farris Smith
Édition : Super 8 éditions (2015)

Résumé :
Après des années de catastrophes écologiques, le sud des États-Unis, de la Louisiane à la Floride, est devenu un véritable no man’s land.

Plutôt que de reconstruire sans cesse, le gouvernement a tracé une frontière et ordonné l’évacuation de la zone. Au sud de la Ligne se trouve désormais une zone de non-droit ravagée par les tempêtes et les intempéries incessantes – sans électricité, sans ressources et sans lois.

Cohen fait partie des rares hommes qui ont choisi de rester. Incapable de surmonter la mort de sa femme et de l’enfant qu’elle portait, il tente tant bien que mal de redonner un sens à sa vie, errant sous une pluie sans fin.

Des circonstances imprévues vont le mettre en présence d’une colonie de survivants, menée par Aggie, un prêcheur fanatique hanté par des visions mystiques. Celui-ci retenant contre leur gré des femmes et des enfants, Cohen va les libérer et tenter de leur faire franchir la Ligne.

Commence alors un dangereux périple à travers un paysage désolé, avec pour fin l’espoir d’une humanité peut-être retrouvée.

Petit plus (ou la Brosse à Reluire) : Prophétique, sans concession, portée par une langue incantatoire, cette histoire de rédemption aux accents post-apocalyptiques révèle un auteur de tout premier ordre. Une pluie sans fin est de ces romans qui continuent de hanter leur lecteur bien après la dernière page.

« De temps à autre apparaît un auteur amoureux de son art, du langage écrit […] et des grands mystères qui résident de l’autre côté du monde physique. Il y avait William Faulkner, Cormac McCarthy ou Annie Proulx. Vous pouvez maintenant ajouter Michael Farris Smith à la liste. » James Lee Burke

Critique : 
— Mais qu’est-ce que c’est toute cette flotte ?? On patauuuuge ! Monsieur Ouille, pas avec votre ponchoooo !

En effet, la terre est tellement imbibée d’eau que le poncho de Jacquouille la Fripouille ne saurait l’esponger.

Ici, ça fait au moins 5 ans qu’il pleut sans arrêt et que les tempêtes sont légions, à tel point que le gouvernement américain à tracé une frontière virtuelle et déclaré le Sud des États-Unis « No Man’s Land ».

Apocalypse ? Now ! Et dire qu’il y a des gens qui sont resté dans ces terres balayées sans cesse par des pluies torrentielles et des vents violents. Une zone sans droit… C’est là qu’habite toujours Cohen, notre personnage principal.

Verdict de la lecture ? Il y a boire et à manger. Le début est un peu lent et j’ai eu quelques envies de baffer Cohen qui s’est laissé aller depuis la perte de sa femme et du polichinelle qu’elle avait dans le tiroir. Ses souvenirs des jours heureux sont même un peu lourds, à la longue.

Crevons l’abcès directement : ce qui m’a dérangé, dans ce roman c’est que malgré les pluies incessantes (et ce, depuis quelques années), jamais une jeep ne s’embourbe, personne n’a de la boue jusqu’aux genoux et ne perd de bottines dans cette gadoue ou n’a de la flotte jusqu’au dessus de la taille… Le cheval de Cohen arrive même encore à brouter de l’herbe.

C’est comme si tous les fleuves étaient restés dans leur lits, que les chemins étaient encore praticables dans la majorité des cas, que jamais aucun de nos protagonistes ne roulait ailleurs que sur des routes goudronnées et non recouvertes de flotte et que les prairies n’étaient pas devenues des étangs à poissons.

Autre bémol : Aggie, le prédicateur qui avait du potentiel pour faire un excellent Méchant et qui se retrouve mis hors d’état de nuire facilement. Niveau salaud, je m’attendais à ce qu’il nous colle aux basques, mais non. Paf, fini.

D’ailleurs, bien que nous nous trouvions dans une zone de non droits, on ne peut pas dire qu’on ait eu souvent du fil à retordre avec d’autres bandits. Limite promenade de santé, alors que tout est dévasté. On paye encore avec de l’argent, et notre Cohen a des billets de 100$ dans les poches. Et personne ne se pose des questions, là ?? Moi, j’avais capté.

Tant que je suis à râler, je causerai aussi du bébé qui les accompagne. Il est malade, il braille à s’en faire péter la gueule, les femmes qui s’en occupent disent qu’il est bouillant de fièvre à son front. Et ? Rien… il a l’air de s’en sortir facilement alors qu’il n’a que quelques jours et que personne n’a rien fait pour tenter de faire baisser sa fièvre d’enfer.

Hormis ces défauts assez gros à mon sens, la lecture est plaisante, ça bouge assez bien après 100 pages, les personnages évoluent, mais il est dommage que celui de Mariposa perde sa hargne sur la fin.

Le roman est centré sur le périple de nos personnages pour arriver à la Limite et non sur l’écologie (ou son manque, plutôt) qui a amené la dévastation du Sud.

On dirait en fait un Mad Max pour les enfants, ce roman. Pas de traumatismes lors de ma lecture comme avec le film, en son temps.

Quant à sa comparaison avec « La route » de Cormac McCarthy, ce n’est qu’un effleurement, limite un toucher rectal et rien de plus. Ça se compare même pas.

Par contre, niveau de l’écriture, rien à redire, mais l’auteur aurait pu faire plus court et éviter les passages longs, lents et redondants.

Bref, pas la lecture du siècle, mais un bon dépaysement littéraire qui fait du bien, à conditions de ne pas se focaliser sur les incohérences ! Elles vont me hanter, ces incohérences !

Challenge « Thrillers et polars » de Sharon (2015-2016) et Le« Challenge US » chez Noctembule.

39 réflexions au sujet de « Une pluie sans fin : Michael Farris Smith »

  1. Ping : Challenge Thriller et polar – session 2015-2016, bilan final | deslivresetsharon

  2. Ping : Bilan Livresque Mensuel : Novembre 2015 | The Cannibal Lecteur

  3. Bizarre, sorti de ta plume le toucher rectal garde toute sa poésie. Quoi, il pleut ? Et alors. Je suis au chaud. Viens que je t’effleure… Oups pardon, que je te fasses un toucher rectal. Faut pas confondre non plus.

    Aimé par 1 personne

    • Oui, je vous le dis, je fais ça de manière poétique, uniquement avec une plume… Holà, je ne risque pas le cancer de la prose qui se tâte, moi. Vous, messieurs, oui ! Par contre, je pourrais me fracturer le col de l’utérus ou avoir un cancer à l’humérus (clausus ?).

      J’aime

  4. Bon, toutes les contradictions que tu pointes concernant l’eau qui monte mais n’envahit rien (le contraire de la 4ème de couverture, quoi !), c’est quand même dommage pour un récit d’anticipation (ou alors ce sont les vents violents qui sèchent tout !) ! Dans le genre apocalypse now suite à un changement climatique, je te recommande plutôt « Exodes », de Ligny (même si perso j’ai trouvé que c’était trop plombant, mais là, au moins, c’est réaliste).
    Et sinon, ben tu y vas fort avec ta métaphore dans l’antépénultième (t’as vu comment je te l’ai casé, le mot !) alinéa : on n’est pas vraiment dans l’effleurement stylistique, là, chère Belette Paillarde !

    Aimé par 1 personne

    • L’avant avant-dernier… pas facile à caser, ce mot là mais je le tente aussi.

      « l’effleurement stylistique » j’adore ! Paillarde, moi ?? Non, juste un touché rectal ! Dans le résumé de Babelio, on passe la brosse à reluire et bon, j’aime pas les comparaisons qui n’ont pas lieu d’être et les auteurs que j’aime qui vantent un produit sans l’avoir testé. Vénère fâchée !

      J’aurais accepté un récit en barque, en canot, en kayak (palindrome), barquette de margarine, si tu as la taille d’un Schtroumf. Mais tout le monde est en jeep, en semi-remorque et les routes n’ont pas 50cm d’eau dessus.

      Sinon, le roman part dans un sens que je n’attendais pas, j’ai passé un bon moment, mais les incohérences m’ont agacé.

      J’aime

        • J’ai illustré avec une vraie inondation, celle qui te fait bouger en canot à moteur (ou à rames). Je vois déjà bien en Belgique lorsqu’il pleut un peu de trop et que des villes ou villages sont noyés… t’as de l’eau jusqu’au premier étage et parfois plus haut !

          J’aime

        • Ok, ça va pas dans le sens qu’on pense, mais merde, ça pleut depuis 5 ans… l’année dernière, après des pluies régulières, la prairie des juments était labourée et les pauvres n’avaient plus rien à brouter et des branchies à la place des poumons. Dommage que l’histoire manquait un peu de réalisme et qu’on ait pas exploité l’Aggie plus que ça.

          T’avais pas capté pour les billets de 100 ??? Charlie non plus, le con !

          J’aime

Répondre à belette2911 Annuler la réponse.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.