L’heure des fous : Nicolas Lebel [LC avec Stelphique]

Titre : L’heure des fous

Auteur : Nicolas Lebel
Édition : Marabout (2014)

Résumé :
Paris: un SDF est poignardé à mort sur une voie ferrée de la gare de Lyon. « Vous me réglez ça. Rapide et propre, qu’on n’y passe pas Noël », ordonne le commissaire au capitaine Mehrlicht et à son équipe : le lieutenant Dossantos, exalté du code pénal et du bon droit, le lieutenant Sophie Latour qui panique dans les flash mobs, et le lieutenant stagiaire Ménard, souffre-douleur du capitaine à tête de grenouille, amateur de sudoku et de répliques d’Audiard…

Mais ce qui s’annonçait comme un simple règlement de comptes entre SDF se complique quand le cadavre révèle son identité.

L’affaire va entraîner le groupe d’enquêteurs dans les méandres de la Jungle, nouvelle Cour des miracles au cœur du bois de Vincennes, dans le dédale de l’illustre Sorbonne, jusqu’aux arrière-cours des troquets parisiens, pour s’achever en une course contre la montre dans les rues de la capitale.

Il leur faut à tout prix empêcher que ne sonne l’heure des fous…

Critique (celle de Stelphique en bas) : 
Kermit la grenouille ! Putain, et moi qui avais imaginé le capitaine Mehrlicht en beau grand blond avec des yeux bleus (et dans ma tête, j’entends Jean-Claude Dusse qui dit « Eh ouais, le nazi quoi ! »).

Ben merde alors, le capitaine Mehrlicht il est petit, moche, porte un costume marron que même celui de Columbo doit être plus neuf, il fume pire que toutes les cheminées d’usine du Londres de Sherlock Holmes et ses yeux globuleux de sa tête de grenouille suffirait à rendre jaloux Marty Feldman, l’acteur fétiche de Mel Brooks.

« Ses yeux étaient deux boules sombres que l’on aurait juré indépendantes l’une de l’autre, capables de lorgner l’une la grille de sudoku, l’autre ce qui se passait alentour. Nul n’aurait pu dire s’il avait une langue visqueuse, mais à l’instant où il quittait le bâtiment – ce qui se produisait toutes les demi-heures – on voyait poindre de sa gueule un mégot laiteux qu’il supait avec délectation, s’imbibant de sa teinte cireuse jusqu’au bout de ses doigts-ventouses. Au portrait s’ajoutaient des taches brunes qui ponctuaient chaotiquement son crâne fripé où vacillaient au vent du ventilateur les derniers lambeaux d’une chevelure défunte. »

Quand à son équipe de flics, elle est barrée. Hormis le lieutenant stagiaire Ménard et Sophie Latour qui sont « normaux », on fera aussi la connaissance du lieutenant bodybuildé Dossantos qui vous récite le code pénal comme d’autres vous balancent des proverbes et dont la culture se résume aux séries télés.

Dossantos enfila des gants de latex et se pencha à son tour sur le corps.
— Qu’est-ce que tu fous avec des gants en latex, toi ? lui demanda Mehrlicht, éberlué.
— Je regarde Les Experts sur la Une. Tu devrais.
— Il a raison, reprit Carrel. C’est là que j’ai tout appris. Mehrlicht grogna et aspira une bouffée de sa gitane.
— Je regarde pas la télé. Ça rend con. Et puis, si c’est pour finir habillé en latex…

Il ne m’a pas fallu 10 lignes pour entrer dans le roman. D’ailleurs, j’y étais tellement bien que j’ai lu tout d’une traite. 276 pages, c’est peu, mais l’avantage c’est qu’on reste dans le rythme, sans pour autant faire des excès de vitesse.

Si j’ai trouvé Mehrlicht imbuvable au départ, me disant que si j’avais dû turbiner avec cézigue j’lui aurais ouvert le chou-fleur d’un coup d’surin. On m’aurait même pas embastillée au mitard tellement qu’il est imbuvable… Enfin, je le croyais imbuvable, le gus.

Dans ce roman qui se dévore, si j’ai adopté de suite l’équipe de flic de Mehrlicht, j’ai appris à bosser avec son capitaine, appris à le connaître, appris à l’apprécier, ce Kermit amateur de Sudoku, de bons mots trempés dans l’humour noir et de l’argot.

— Il habite avec sa femme, Jeanne Crémieux, dans le cinquième arrondissement, 34, rue de la Montagne-Sainte-Geneviève.
— Là, tu peux dire « habitait » parce ce que, en ce moment, il habite dans le douzième arrondissement, 2, place Mazas, à l’institut médico-légal.

Ce que j’ai aimé aussi, dans ce roman, c’est que ce n’est pas qu’un polar où il faut résoudre l’assassinat du Docteur Lenoir et trouver que le coupable est le chandelier dans le Colonel Moutarde avec la biblio (oups, remettez-les dans le bon ordre)… Non, c’est mieux que ça !

On a du contexte social, une critique de notre société, de la culture générale, quelques tours dans Paris et ses bois, le tout servi enroulés dans de l’argot (Mehrlicht) et des répliques cultes d’Audiard (je veux l’appli de Mehrlicht, moi !).

— Arrête ! Ça me défrise, la verdure. Il y a que les toubibs et les cordonniers pour te conseiller un tour en forêt, parce que c’est comme ça que t’attrapes la crève et que tu bousilles tes godasses, putain.

Un roman qui se lit tout seul, des personnages peu habituels et attachants, une critique sociale « pan dans ta gueule, tu l’as pas volée celle-là », de l’humour noir, de l’humour tout court, et un meurtre dont l’enquête les mènera là où ils ne s’y attendaient pas.

Un ronflement irrégulier s’échappait d’un vieil ordinateur dont l’apparence aurait tué Steve Jobs une seconde fois.

Vivement que j’enquille sa suite !

Étoile 4

Challenge « Thrillers et polars » de Sharon (2015-2016).

Pourquoi je l’ai choisi :
Deux folles qui veulent lire leur dernière heure…..Heu….Deux filles qui souhaite lire L’heure des fous….Ce titre c’était comme une évidence pour nous deux, alors on se met à l’heure Lebel, sur vos titres…..

Synopsis :
Paris : un SDF est poignardé à mort sur une voie ferrée de la gare de Lyon. « Vous me réglez ça. Rapide et propre, qu’on n’y passe pas Noël », ordonne le commissaire au capitaine Mehrlicht et à son équipe : le lieutenant Dossantos, exalté du code pénal et du bon droit, le lieutenant Sophie Latour qui panique dans les flash mobs, et le lieutenant stagiaire Ménard, souffre-douleur du capitaine à tête de grenouille, amateur de sudoku et de répliques d’Audiard… Mais ce qui s’annonçait comme un simple règlement de comptes entre SDF se complique quand le cadavre révèle son identité.

L’affaire va entraîner le groupe d’enquêteurs dans les méandres de la Jungle, nouvelle Cour des miracles au cœur du bois de Vincennes, dans le dédale de l’illustre Sorbonne, jusqu’aux arrière-cours des troquets parisiens, pour s’achever en une course contre la montre dans les rues de la capitale. Il leur faut à tout prix empêcher que ne sonne l’heure des fous…

Les personnages :
Mehrlicht, c’est l’élément fort de cette équipe! Son humour est à tomber! Je me suis régalée de lire chacune de ses répliques, le voir jurer, pour ensuite nous éblouir de phrases de haute voltige: j’ai adoré ce mélange détonnant et je suis impatiente de pouvoir le retrouver très prochainement !!!
Dossantos, il m’a bien plu ce flic, un peu soupe au lait, mais à fond dans son rôle de justicier !!!!
Latour, elle se fait une petite place au milieu de ce groupe de mecs. Petite, mais néanmoins présente, et nécessaire.
Menard, il m’a fait un peu de la peine à subir les piques de son chef, mais bon il faut bien le mettre au parfum! Je trouve qu’il s’en sort plutôt pas mal ensuite !

Ce que j’ai ressenti:…Une belle virée enrichissante!

« La mort, ça secoue les humeurs, ça bouscule les molécules. »

L’heure des fous….Tic tic et tac….L’heure des vauriens….DiiingDiiiingDooooong…..La Cour des Miracles renait de ses cendres…

« Mais vous policiers, où serez vous quand sonnera l’heure des fous ? »

J’ai adooooooooooooooooooooré ce mélange de rétro/contemporain, Lebel qui nous fait revivre Notre-Dame-de-Paris, avec sa touche personnelle: un grand moment! Napoléon, Victor Hugo traine avec le nouveau terrorisme, les trésors enfouis vont côtoyer la Sorbonne, les petites gens ont un Gouverneur, Les bas-fond de Paris vont enfin avoir une Voix….

Si au départ, l’intrigue était simple, elle s’intensifie au fil des pages pour notre plus grand plaisir. On fonce avec ce quatuor dans une enquête au fin fond des rues de la capitale, puis dans ses fameux égouts! Tout un programme!!!!Et moi, juste je kiffe trop ses égouts, parce qu’il y a vraiment l’air d’y avoir tout et n’importe quoi dans ses souterrains!!!!!!Alors bien sur, je rêve pas d’y mettre un pied, mais j’adore l’imagination de certains pour y faire vivre toutes sortes de détraqués, légendes urbaines, ou animaux exotiques…..

Ici Lebel remplit sa mission haut la main! J’ai adoré Son Paris, Son équipe d’enquêteurs, Sa façon de nous faire voir enfin en quatre yeux les SDF. On fait un tour de sensibilisation politique, sociale , urbaine, on ne perd aucune miette de suspense, et on prend même en pleine tronche un humour cynique à mourir de rire! Bref, un condensé de réussite, ce petit roman!

« Je regarde pas la télé. Ça rend con. Et puis si c’est pour finir habillé en latex…

Court, Intense, Puissant!

Ma note Plaisir de Lecture fee clochette 9/10

43 réflexions au sujet de « L’heure des fous : Nicolas Lebel [LC avec Stelphique] »

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  3. J’ai compris une chose ; ce roman est très, mais vraiment très fort !
    Il a réussi à te faire te pâmer devant Kermit 😀 Et rien que pour cela, il mérite toute notre attention, en tout cas la mienne c’est certain 😉

    Aimé par 1 personne

    • Oui, parce que le Mehrlicht, au départ, faut se le farcir, mais l’auteur a réussi à créer un flic atypique mais différent des alcoolos dépressifs que l’on voit partout. Ici, sa gouaille est géniale.

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