Les maraudeurs : Tom Cooper

Maraudeurs, les - Tom Cooper

Titre : Les maraudeurs

Auteur : Tom Cooper
Édition : Albin Michel (2016)

Résumé :
Petite ville de Louisiane dévastée par l’ouragan Katrina, Jeanette survit tant bien que mal grâce à la pêche à la crevette. Mais cinq ans plus tard, la marée noire provoquée par la rupture d’une plateforme pétrolière vient polluer ses côtes, livrant les habitants au désespoir.

On y croise quelques personnages hauts en couleur ou parfois franchement inquiétants : Gus Lindquist, un pêcheur manchot esquinté par la vie, accro à l’alcool et aux antidouleurs, qui a gardé au coin de sa tête son rêve de gosse : retrouver le trésor du célèbre flibustier Jean Lafitte; Hanson et Cosgrove, deux losers magnifiques, et Wes Trench, un adolescent en rupture avec son père; les frères Toup, jumeaux psychopathes, qui accessoirement cultivent la meilleure marijuana du coin; ou encore Brady Grimes, mandaté pour inciter les familles sinistrées à renoncer aux poursuites judiciaires en échange d’un chèque…

Mariant avec une virtuosité réjouissante noirceur, cynisme et humour corrosif, Tom Cooper réussit à rendre palpables la torpeur du bayou et le désarroi d’une communauté qui lutte tant bien que mal contre sa propre disparition.

Bayou LouisianneCritique : 
Je m’étais toujours dit qu’un jour, je le ferais et je l’ai fait ! Ma virginité « Masse critique Babelio » est tombée avec ce roman noir.

Ce devait être un coup de folie qui m’est passé par la tête en disant « oui » à Pierre pour l’envoi de ce roman, vu que ma PAL comporte plus de *chiffre indécent* titres à lire, mais bon, les mots « roman noir, Louisiane, ouragan, marée noire, personnages hauts en couleur, cynisme » m’ont fait craquer.

Aie-je eu raison de craquer ? Oh que oui ! Voilà 400 pages qui se sont envolées en un peu plus de deux jours. Pour une fois, le 4ème de couverture n’était pas mensonger et le bandeau-titre du King n’était pas racoleur. C’était un vrai putain de bon roman (non, le King n’a pas dit « putain », il est plus poli que moi).

Nous sommes en Louisiane, dans ce qui pourrait s’apparenter à son trou du cul car l’histoire se passe dans la petite ville de Jeanette qui se remet déjà bien mal du passage de Katrina et qui, en plus, doit faire face à la grosse merde de marée noire dont la compagnie BP est responsable. S’en souvient-on ou avons-nous tout oublié ? Oublié, hélas.

La Barataria était un endroit si minuscule et si étouffant qu’il était facile d’oublier que le reste du monde existait et qu’il continuait de tourner.

Dès les premières lignes lues, pas de doute, j’étais en Louisiane tant les descriptions étaient bien détaillées, sans pour autant en faire des tonnes. Il ne manquait plus que les piqûres de moustiques sur ma peau pour y être tout à fait.

Les chapitres sont présentés comme ceux de « Game of thrones », chaque personnage du livre a le sien, mais je vous rassure, ils sont moins nombreux que dans GOT !

Cette construction des chapitres et cette alternance a ajouté du piment à l’histoire. Les quelques personnages que nous suivons sont hauts en couleur, bien détaillés, chacun ayant sa personnalité propre, pouvant évoluer (ou pas) au fil du récit.

Entre Lindquist, le pêcheur manchot, gavé de médocs et cherchant depuis 30 ans l’hypothétique trésor du pirate Jean Laffite; le jeune Wes Trench en butte avec son père, pêcheur de crevettes aussi et criblé de dettes; les jumeaux Toup, producteurs de marijuana dont l’un à tout du psychopathe sévère…

Hanson, un looser débile qui vendait des photos de George Washington dédicacées ( !); Cosgrove, un autre looser mais sans les courants d’air entre les deux oreilles, lui et Grimes, un ancien du patelin et homme que la BP a envoyé pour faire signer aux gens un papier qui les indemnisera à hauteur de 10.000$ pour le préjudice subit, à condition qu’ils laissent tomber toutes poursuites envers BP.

Hauts en couleur, j’vous l’disais ! On ne s’embête pas en leur compagnie, ni en suivant leurs pensées profondes.

« Vous voulez que je vous raconte , continuerait Ingram. Ce sacré salopard ? Là, devant vous ? Il débarque là-bas, dans le trou du cul du monde, le patelin de merde où il a passé toute son enfance. Tout le monde lui crache à la gueule et lui chie dans les bottes. Et Grimes ? « Signez là, sur les petits pointillés ». Ce type, là, devant vous. À sa propre mère. Moi je dis, c’est ce qui s’appelle être sévèrement burné. Signez là, sur les petits pointillés. Ce n’est pas compliqué : ce mec m’a sauvé la vie. Sans lui, ils auraient coupé les roubignoles de mon petit-fils pour les faire mariner dans un bocal. Ils m’auraient crucifié, rien que pour le plaisir. »

Au fil des pages, on suit ces gens et on plonge direct dans la misère de certains tant elle suinte des pages, sans que l’auteur ait besoin d’en rajouter.

Quelques mots ou situations décrites suffisent pour nous faire comprendre que les pêcheurs bossent comme des malades, du matin au soir, pour gagner quelques kopecks car à cause de la marée noire, les gens dans les restos veulent manger des crevettes venant de Chine.

Idem en ce qui concerne le passage de l’ouragan Katrina et ses conséquences, esquissées en quelques paragraphes révélateurs. Pas besoin d’en pondre des pages ou de tomber dans le glauque, on comprend de suite l’horreur que ce fut.

Oui, un véritable roman noir, avec des situations sociales qui font mal au cœur et une population prise à la gorge (pour rester polie, parce que certains, c’est pris par les cou***es qu’ils sont).

Pourtant, il y a de l’humour dans ces pages, noir, certes, tinté de cynisme, mais de l’humour quand même, et je ne vise pas les blagues foireuses que Lindquist balance à tout bout de champ même à des moments inopportuns. Surtout dans les moments inopportuns, lui qui n’a toujours pas compris quand il devait arrêter.

Il a beau être lourd, j’ai eu de l’empathie pour Lindquist qui a sombré dans les médocs après la perte de son bras. Sa manière de planquer ses médocs dans un distributeur Pez nous montre à quel point misérable il en est arrivé, lui qui court toujours derrière son trésor, dans les bayous. Il est chiant avec ses blagues « Toc, toc », mais on ne peut qu’éprouver de l’empathie et de la pitié pour lui.

Un roman noir qui se lit tout seul, des personnages bien façonnés, distincts, une plume cynique qui se plante droit dans les fesses de BP, des situations de vie miséreuses – mais certains n’échangeraient pas leur vie contre une autre – des descriptions superbes, une atmosphère de bayou, des dialogues avec de l’humour, de la violence, des psychopathes de haut-vol et un final qui m’a fait monter l’adrénaline.

Au bout d’un moment, Hanson retourna la question à Cosgrove et lui demanda comment il avait atterri là.
— Ivresse sur la voie publique, dit Cosgrove.
Hanson secoua la tête et renifla, l’air incrédule.
— À la Nouvelle-Orléans ? dit-il. C’est comme si les flics allaient au cimetière coffrer des gens parce qu’ils sont morts.

De la toute bonne came… Pu****, je dois remercier l’auteur en plus de Babelio, moi !

Étoile 4,5

Challenge « Thrillers et polars » de Sharon (2015-2016) et Le « Challenge US » chez Noctembule.

53 réflexions au sujet de « Les maraudeurs : Tom Cooper »

  1. Ping : Challenge Thriller et polar – session 2015-2016, bilan final | deslivresetsharon

  2. Ping : Bilan Livresque Mensuel : Avril 2016 | The Cannibal Lecteur

  3. Moi je suis toujours vierge concernant Babelio car je n’y suis pas du tout active !
    En tout cas, cette découverte t’a emballé grave et c’est un plaisir car tu m’as donné envie ! A cause de toi, oui à cause de toi , un nouveau livre dans ma liste d’envie !!!!

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  4. Non mais je rêve , il est même pas sorti en France… Grrrrrrr , normalement je l’attends et j’espère pour toi sinon je vais grave te détester 😝😝😝😝😝

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    • Masse-critique aussi ?? Ma chronique a été rapide, je savais ce que je devais dire et contente qu’il m’ait plus parce que commencer un masse-critique et pas aimer, ça m’aurais fait mal. ;-))

      Bonne lecture et bonne chronique !

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Répondre à belette2911 Annuler la réponse.

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