Titre : L’ombre du vent
Auteur : Carlos Ruiz Zafón
Édition : Grasset (2004) / Livre de Poche (2006)
Résumé :
Dans la Barcelone de l’après-guerre civile, « ville des prodiges » marquée par la défaite, la vie est difficile, les haines rôdent toujours.
Un matin brumeux de 1945, un homme emmène son petit garçon – Daniel Sempere, le narrateur – dans un lieu mystérieux du quartier gothique : le Cimetière des Livres Oubliés.
L’enfant, qui rêve toujours de sa mère morte, est ainsi convié par son père, modeste boutiquier de livres d’occasion, à un étrange rituel qui se transmet de génération en génération : il doit y « adopter » un volume parmi des centaines de milliers.
Là, il rencontre le livre qui va changer le cours de sa vie, le marquer à jamais et l’entraîner dans un labyrinthe d’aventures et de secrets enterrés dans l’âme de la ville : L’Ombre du Vent.
Critique :
Si je n’avais pas fait partie d’un obscur Book-Club, jamais ce roman ne serait arrivé entre mes mains. Mais voilà, puisqu’il était l’Élu du Mois et qu’il fut facile de le trouver en seconde main, je me suis dit « Pourquoi pas ? ».
554 critiques sur Babelio rien que pour ce roman, m’est avis qu’il avait dû faire un tabac à sa sortie et que je l’avais nié, ayant tendance à ne pas suivre le troupeau, du moins, pas toujours.
Alors, docteur, verdict ? Bonne prise en main… 636 pages, on peut dire que c’est une brique !
C’est donc vierge de tout a priori que j’ai entamé la lecture de ce roman dont les critiques vont de « super » à « nul ».
Mes premiers pas, enfin, mes premières lignes puis mes premières pages se sont bien déroulées et sans le remarquer, je suis entrée dans le livre toute entière, me prenant de passion pour le jeune Daniel Sempere qui tente de rassembler des bribes sur la vie de Julián Carax, auteur d’un roman intitulé « L’ombre du vent » et dont on ne trouve plus d’exemplaires disponibles sur le marché.
Je me suis prise au jeu de l’enquête, j’ai dévoré chaque information que je recevais, je me suis attachée à Daniel que nous suivrons de ses 11 ans à ses 30 ans dans cette quête qui paraît insoluble.
Si les personnages manquent parfois un peu d’étoffement, certains sont hauts en couleurs, notamment Fermín Romero de Torres, un vagabond qui deviendra ami avec la famille Sempere.
Lui, ses dialogues, ses métaphores, ses pensées, c’était le petit Jésus en culottes de velours tant il m’a fait rire, sourire ou acquiescé à ses maximes. Il est magnifique, Fermin, comparé à un Daniel qui est souvent un peu benêt, sans que le mot soit dépréciateur du personnage, mais Daniel, il est naïf et c’est ce qui fera son charme.
Certes, on me dira que l’histoire est cousue de fil blanc, je le sais, je l’ai remarqué aussi, ayant même déduit des choses qui me furent confirmées au fil de l’histoire, mais malgré tout, ce fut un plaisir de lecture.
Une bouffée d’air frais, voilà ce qu’est ce roman ! De l’oxygène au milieu de tous mes p’tits noirs que j’avale sans sucre. Ce roman, c’est la pâtisserie, le beignet rempli de sucre qui vous colle aux doigts tant il ne veut plus vous lâcher. Oui, on suce ses doigts ensuite pour ne rien perdre…
Ce roman, c’est de l’humour sans modération, de l’humour fin, noir parfois, tinté de cynisme, souvent, et une fois entamé, on y retourne avec délice, comme avec les sucreries.
De plus, j’ai aimé aussi me farcir une partie de l’Histoire de la ville de Barcelone de l’après-guerre (et pendant guerre civile) et de l’Espagne de Franco, aussi. Sans que l’auteur s’épanche trop, il nous livre tout de même un portrait peu flatteur de cette période noire et j’ai savouré tous les petits détails que j’ai lu dans ces pages.
L’ombre du vent, c’est une friandise, un Sugus au citron de Fermin, un beignet rempli de chantilly – ou la pâtisserie que vous préférez, je ne voudrais pas faire des jaloux – sans pour autant sombrer dans le gnangnantisme (© Larousse 2028), la guimauve ou l’abus de sucre qui, comme vous le savez, est mauvais pour la santé.
Après cette bouffée d’oxygène, je peux replonger dans les profondeurs troubles des romans noirs.
Attention, afin d’éviter tout risque de surpoids, de diabète et toussa toussa, n’abusez pas de ces bonnes choses que sont les romans sucreries qui font du bien au moral. Sinon, « Lisez, bougez » car les romans écrit avec savoir se dégustent avec sagesse.
Challenge « Thrillers et polars » de Sharon (2015-2016), le Challenge Lire « À Tous Prix » chez Asphodèle (Prix du meilleur livre étranger en 2004) et le Challenge « Le mois Espagnol » chez Sharon.