Titre : Landfall
Auteur : Elllen Urbani
Édition : Gallmeister (2016)
Résumé :
Un matin de septembre 2005, Rose, à peine âgée de dix-huit ans, s’apprête à rejoindre La Nouvelle-Orléans avec sa mère. Les deux femmes vont porter secours aux sinistrés de l’ouragan Katrina.
Mais sur la route, leur voiture quitte la chaussée et percute une jeune fille. Cette inconnue, morte dans l’accident, seule et sans le moindre papier d’identité,, ne tarde pas à obséder la rescapée.
D’autant que dans sa poche on retrouve une page d’annuaire avec les coordonnées de la famille de Rose.
Celle-ci n’a alors d’autre choix que de retracer pas à pas le parcours de la victime, à travers une ville en ruine après le passage de l’ouragan.
Critique :
Gallmeister, mon fournisseur de bonheur… et de grandes émotions. Mais avec ce roman, j’ai touché le ciel et reçu une forte dose d’émotion.
Si en débutant ma lecture, je n’ai pas très bien compris ce qui allait m’arriver, au bout de quelques pages, c’était fait et plus rien ne m’en aurait fait sortir. Même un ouragan dans mon plat pays qui n’est pas si plat que ça.
On découvre tout d’abord Rose, jeune fille blanche de 18 ans qui vit avec sa mère, Gertrude. Enfin, elle vit… On se pose des questions sur leur manière de vivre ou de ne pas vivre, car Gertrude est une mère étrange qui ne montre pas son amour, qui est distante, sévère, réprobatrice et à des idées bien à elle sur le fait qu’un enfant doit affronter la vie.
Si Rose ne commençait pas à se comporter en fille de son âge, elle aurait du mal à s’intégrer, elle serait une paria dans sa nouvelle école, la pire façon de vivre son adolescence. Je la protège, avait pensé Gertrude, un bras tendu pour libérer Rose de ce que représentait la boîte.
Quant à Rose, on la dirait transparente.
Pendant près de dix-neuf ans, Rose vécut avec une femme qu’elle connaissait à peine.
Ensuite, en alternance avec les chapitres consacrés à Rose, on a Rosy… Elle est Noire, vit à la Nouvelle-Orléans avec une mère qui montre son amour mais qui a de sérieux problèmes avec sa tête. Quant elle pique une crise de folie, ce n’est drôle pour personne. Mais Rosy, elle est vivante comparée à Rose !
Hélas, Rosy est vivante mais plus pour longtemps puisque, renversée par la voiture de Gertrude, Rosy décédera tandis que Rose vivra.
Et c’est là que la force de l’écriture entre en jeu : oui, Rosy est décédée dans les premières pages, mais puisque Rose tentera de reconstituer son parcours et que nous découvrirons en profondeur la vie de misère de Rosy et de Cilla, sa maman, ce sera comme si Rosy était toujours en vie.
Combien de fois n’aie-je pas craint pour la vie de Rosy lorsqu’elle se trouvait sur le toit de sa voisine, regardant l’eau monter après la rupture des digues suite à l’ouragan. Pourtant, logiquement parlant, je savais qu’elle avait survivre puisqu’elle meurt plus tard et ailleurs… Mais la plume d’Ellen Urbani l’avait ressuscitée et pour moi, elle vivait toujours.
Je vous parlais des émotions énormes ressenties lors de ma lecture et je dois dire que la fin du chapitre 8 m’a donné mal aux muscles de mes mâchoires. Je me suis trouvée à la limite de la rupture des digues aussi.
Émotions, oui, mais sans en faire des tonnes ou sombrer dans le pathos ! Avec peu de choses, en donnant corps à son récit, l’auteur vous fait revivre l’ouragan Katrina comme si vous y étiez et croyez-moi, vous n’avez pas envie d’y être au moment où cela arrive et encore moins de vivre ce qui se passa ensuite.
N’oublions jamais que lors d’une catastrophe, on s’entraide au départ et ensuite, quand l’eau et la bouffe viennent à manquer, l’instinct de survie supplante tout et l’Homme devient pire qu’un loup pour l’Homme.
Et l’auteur a su choisir ses mots, ses faits, les actions de ses personnages, pour nous donner une vue d’ensemble d’une partie de ce qui s’est passé. Nous ne saurons jamais tout, mais le peu que j’ai lu m’a donné mal aux tripes.
Si au départ je ne m’étais pas attaché à Rose et à sa mère, trouvant leurs vies fades comparées à celles de Rosy et de sa mère, Cilla, j’ai ensuite changé d’avis car Rose la Blanche et Gertrude la mère ont réussi à renverser la vapeur et à m’émouvoir. Il me suffisait de mettre leurs chaussures.
Rose perçut, enfin, que de l’autre côté des portes verrouillées de son enfance, une femme avait souffert aussi intensément qu’elle, avait autant pleuré pour Rose que Rose avait pleuré pour elle.
À une occasion seulement, Gertrude avait failli raconter à sa fille la femme plus jeune, plus légère qu’elle avait été.
Un magnifique roman que je ne regrette pas d’avoir ouvert, de l’émotion à l’état brut, une plume qui vous emporte ailleurs, une quête de Rose qui la changera définitivement et un portrait de la Nouvelle-Orléans quand elle a été touché de plein fouet dans sa chair.
Un portrait de l’Amérique pas toujours flatteur (accueil des réfugiés dans les différentes villes), des personnages bien travaillés, mais des portraits tout en nuances de gris car nous ne sommes jamais tout à fait noir ni tout à fait blanc et chacun voit midi à sa porte, qu’il soit réfugié ou maire ne sachant plus faire face à l’arrivée massive de gens ayant tout perdu et souffrant de mille maux.
Un grand roman rempli d’émotions qui restera dans ma mémoire et intégrera mes Coups de Cœur de l’année et de ma vie.
Merci madame Urbani pour cette merveilleuse histoire. Et un kleenex parce que la digue de mes yeux va se rompre.
Rose avait vivement refermé le livre sur le comptoir.
— T’es une belette.
— Je ne suis pas une belette, avait répondu Gertrude en alignant les conserves de soupe – une rangée de Campbell, une rangée de Progresso – dans l’armoire du haut. Je ne sais rien sur les belettes.
— Crois-moi, t’es une belette !
— Non. Je suis une libellule.
— Non. Peut-être que tu aimes les libellules, mais ça ne veut pas dire que tu en es une. T’es une belette.
Le « Challenge US » chez Noctembule et Une année avec Gallmeister : les 10 ans chez LeaTouchBook.
Ping : [BOUQUINS] Ellen Urbani – Landfall | Les Chroniques Acides De Lord Arsenik
So many thanks to you for this beautiful review of my novel. I am glad it meant so much to you, and am grateful to your for your willingness to share it with others!
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Ping : Bilan Livresque Mensuel : Mai 2016 | The Cannibal Lecteur
Superbe chronique, pour un roman qui suscite d’ailleurs pas mal d’engouement dans la blogosphère. Je prends note pour une future lecture…
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Ce n’est pas encore aujourd’hui que je vais devenir raisonnable, mais a qui la faute, je te le demande 😉
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Je ne sais pas, moi, je suis innocente, de toute façon… 🙄
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J’ai très envie de le lire celui-ci 🙂
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Il est super grandiose !
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Vais voir si je le trouve 😉
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Cherche bien, tu devrais trouver ! 😉
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:-p
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Sacré coup de coeur qu’un roman qui fait pleurer une Belette! En plus, s’ils t’ont fait honneur en parlant de toi, je comprends 😉
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Effet double comme avec Kiss-Cool !
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Je suis super heureuse de voir que pour toi aussi c’est un coup de cœur 🙂
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Oui, coup de coeur aussi, il le vaut bien ! J’avais un peu peur au départ, tout le monde avait adoré et j’ai commencé en me demandant « quoi ?? Où on va, là ?? » et puis, j’ai compris !
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Hors sujet : Mistinguette, je t’adresse un tag !
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Un TAG ?? Mais je vais jamais y arriver, moi !! vite, le lien, je sais plus où tu m’as tagguée !
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Demandez le lien ! Deeeemandez le lien !!!
https://sylectures.wordpress.com/2016/05/14/fangirl-in-book/
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J’y va ! Merci !
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Tu devrais lire Zola Jackson de Gilles Leroy si si siiiiii ou Ouragan de Laurent Gaudé 😝😝😝
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Mais arrêtheu ! C’est mon article, c’est moi qui ai le rôle de la tentatrice, pas toi ! Mais enfin !!! 😀
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Mdr 😉 petite joueuse 😚😚😚
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Voui !
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Ouffffff je l’ai 😉
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Et tu l’as pas encore lu ?? T’attends quoi ? La chute des feuilles, comme moi ?? PTDR
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Alors vois-tu l’extrait de la belette j’ai de suite pensé à toi!!!Je voulais te l’envoyer….Je ne pensais pas te voir sur ce genre de roman, mais je suis émue que tu l’ai été autant! Ca fait plaisir à lire ma belle belette! Alors t’es une libellule ou une belette?
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Très jolie chronique sur un livre qui me fait de l’oeil depuis quelque temps. Il va falloir que je prenne mon billet pour la Nouvelle-Orléans assez vite 🙂
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Oui, le faire tu dois, le lire impérativement tu dois ! Aux inondations attention tu dois faire.
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