Titre : Sherlock Holmes – T1 – La sangsue rouge
Scénariste : André-Paul Duchâteau
Dessinateur : Guy Clair
Édition : Bdétectives – Claude Lefrancq n°4 (1990)
Résumé :
A Baker Street, une nuit, un mystérieux fiacre rouge dépose, à la porte de Holmes et Watson, un moribond à demi exsangue. Son corps est recouvert de répugnantes sangsues rouges…
Voici le début d’une aventure étrange, une nouvelle source d’enquêtes… et d’ennuis pour notre célèbre détective.
Sherlock Holmes va retrouver son éternel ennemi, le professeur Moriarty, qui, depuis sa mort supposée, a trouvé le moyen – apparemment – de se rendre invisible en se jouant des problèmes de « chambres closes » !..
Critique :
Baker Street, 221b… Par une nuit noire et obscure, un mystérieux fiacre rouge dépose, à la porte de Holmes et Watson, un moribond à demi exsangue.
Son corps est recouvert de répugnantes sangsues rouges… Berk, que c’est dégoutant !
— Watson, cet homme est gravement atteint… Appelez vite un médecin !!
— Mais… Je suis médecin !
Au vu de ce dialogue, Holmes a dû avoir l’émotion qui a commandé au lieu de la raison pour en arriver à oublier la profession de son ami !
Je n’avais pas aimé les dessins à l’époque (1995) et après de nombreuses relectures, et bien, je peux vous dire que je ne les aime toujours pas…
Et je reste polie sinon, je vous hurlerais la phrase préférée que Jean-Pierre Coffe disait à propos de certaines nourritures…
Le dessinateur nous a présenté un Watson assez « enveloppé », une madame Hudson obèse et un Sherlock Holmes avec des épaules de débardeur-bûcheron-déménageur.
Une relecture du physique des personnages, sans aucun doute…
Le pire, c’est que la plupart des enquêtes de Holmes aidé de son fidèle Watson se déroulent lorsque Holmes avait la vingtaine ou la trentaine. Jeunes, quoi !
L’histoire se passe bien évidemment à Londres, en hiver où c’est qu’il fait froid et humide… Avec un fiacre rouge mené par un cocher invisible et un canasson qui connait sa route sur le bouts des sabots !
Holmes monte dans le fiacre rouge et arrive devant la demeure de lord Brewster et, surprise, Holmes tire aussi vite que Lucky Luke !
Oui, Holmes, sorti de chez lui en vitesse avait néanmoins un révolver bien utile dans la poche ! Il rentre à Baker Street, ressors dans la brume londonienne avec Watson et là, il a plus son révolver ! Dingue, non ?
Anybref… Holmes avait fait des déductions exactes sur le moribond couvert de sangsues et presque exsangue, selon le docteur Watson. Elles avaient sucé beaucoup, les petites bêtes pour en arriver à pomper tout ça !
— Dale, cet acteur sans emploi… myope, spécialisé dans les tournées de province.
— Mais comment avez-vous deviné, Holmes ?
— Une fois de plus, sachez que je ne devine jamais !
L’enquête est sombre et elle va nous mener sur les traces du très dangereux et exécrable Moriarty, ennemi juré de Holmes (pour ceux qui ne le savaient pas encore), un savant toujours prêt aux pires expérimentations, qu’elles soient humaines ou autres.
Non, il n’est pas mort, selon Holmes et comme lui, il a échappé aux terribles chutes de Reichenbach. C’est fou le nombre de personnes qui y tombent et qui en réchappent ! Moriarty avait dû se faire piquer par une araignée irradiée, dans un labo.
Et notre bon vieux méchant professeur Moriarty, depuis sa mort supposée, a trouvé le moyen – apparemment – de se rendre invisible en se jouant des problèmes de « chambres closes » !…
Scénariste en manque d’inspiration, sans doute.
Déjà faire revenir le Grand Méchant… Il aurait pu dater son histoire avant le Grand Hiatus, tout simplement, mais bon, y’a pas que dans le Nouveau Testament que ça ressuscite !
Nous passerons des beaux paysages urbains, enneigés, aux rives glauques et embrumées de la Tamise, de clubs sélects en tripots de bas étage, de gens « de la haute » aux filles perdues des bordels sournois et enfumés.
Ah pour voyager, on voyage et on passe d’un extrême à l’autre.
Sherlock, lui, il passe de l’un à l’autre sans s’émouvoir, hautain, suivi d’un Watson plus réceptif et attentionné.
Oh, j’oubliais le truc qui fâche : deerstalker et macfarlane sur le dos, Holmes arpente les rues de la ville vêtu de la sorte.
Lui qui était un gentleman, arpenter Londres vêtu comme pour une expédition à la campagne, ça fait tache, cloche, portenawak, cliché à mort et là je me dis que le scénariste et le dessinateur avait juste envie de le clichériser encore plus.
L’avantage c’est qu’une telle tenue est reconnaissable entre mille et qu’il est facile de déguiser n’importe quel couillon de la sorte afin de le faire passer pour Holmes…
— Le cab rouge, le cab de la mort ! Quelqu’un en descend ! Un mort en sursis !
— Mais c’est vous, Holmes ! C’est vous ! Par quel maudit sortilège ?
— Il se met à courir comme si… […]
— AU SECOURS ! À L’AIDE !
— Vite, Watson ! ON l’attaque ! Des mains invisibles cherchent à l’étrangler ! Sortez votre arme !
Holmes qui parle de mains invisibles qui étranglent l’homme… C’est… Y’a pas de mot pour le dire, y’a plus de mot ! [phrase tirée de « Papy fait de la résistance » et je ne dirai pas le mot manquant à la fin, c’est grossier !]
Tiens, puisque je parlais plus haut des clichés : un type recouvert de bandelettes, tel ramsès II sortit de sa tombe, mais avec une version plus fraiche des bandelettes… Ça devait lui prendre un certain temps pour se vêtir… Cliché l’attaquant déguisé de la sorte, non ?
Pour ceux ou celles qui, comme moi, auraient lu les albums de « Ric Hochet » dont le scénariste est le même qu’ici (A-P Duchâteau) savent qu’avec lui au scénario, c’est parfois rocambolesque. À la limite du fantastique et surnaturel.
Hélas, les explications ne sont pas toujours rationnelles et bien souvent capillotractées et données dans les 3 dernières cases, à la va-vite.
Bref, si vous la trouvez en occase, achetez-le, sinon, vous n’en mourrez pas si vous ne le possédez pas.
Par contre, si vous aimez le surnaturel et les choses pas toujours « nettes », cette bédé est pour vous.
J’avais des grands espoirs lorsque cette collection de Sherlock Holmes en bédé était sortie, mais ce fut plus une déception immense qu’autre chose.
Pire, au fil des relectures, je soupire de plus en plus.
Dire que j’ai décidé, pour le mois Anglais de juin 2016, de relire toute la collection… Je dois être maso sur les bords, pas possible autrement !
Challenge « Thrillers et polars » de Sharon (2015-2016), le Challenge « Polar Historique » de Sharon, le Challenge « Sherlock Holmes » de Lavinia sur Livraddict, le Challenge « Victorien » chez Camille, le Challenge « XIXème siècle » chez Netherfield Park et Le Mois anglais 2016 (Saison 5) chez My Lou Book et Cryssilda.