La chambre des âmes : F.R Tallis

Chambre des âmes, la - Tallis

Titre : La chambre des âmes

Auteur : F.R Tallis
Édition : 10-18 (2014)

Résumé :
À la fin des années 1950, quand le jeune psychiatre James Richardson se voit offrir un emploi dans une institution psychiatrique perdue dans le fin fond du Suffolk, il n’a pas un regard en arrière.

Il est chargé d’un projet très controversé : une thérapie pionnière au cours de laquelle des patients sont maintenus endormis pendant des mois.

Si cette procédure radicale et potentiellement dangereuse était un succès, cela pourrait signifier sa gloire professionnelle.

Mais, rapidement, Richardson découvre des phénomènes étranges dans la salle de sommeil.

sleepr5Critique :
C’est un peu sonnée que j’ai refermé ce livre que j’ai liquidé en une seule journée. Oui, sonnée parce que le final m’a retourné.

Dans les dernières pages, je me demandais vraiment comment l’auteur allait clore son récit, comment il allait expliquer les phénomènes étranges digne d’un poltergeist qui s’étaient déroulés dans cette institution psychiatrique perdue dans le fin fond du Suffolk.

Alors, heureuse ? Oui et non… Oui, car le final est digne d’un autre roman de ma connaissance, même si l’autre m’avait frappé plus fort. Non, parce que je trouve que c’est un peu facile et que ça me laisse avec des questions sans réponses.

J’ai beau ne pas regretter ma lecture, il me reste toujours des points non éclaircis dans mon cerveau et je vais finir folle moi aussi, si ça continue.

— C’est important de savoir ce qui est vrai. Ce qui est fiable.
 — La preuve que vous présentent vos sens, c’est un bon début.
 — Mais un bâton droit paraît tordu quand on le plonge dans l’eau.

Niveau ambiance, on cartonne ! Une institution psychiatrique perdue dans le fin fond du Suffolk, des conditions météorologiques s’adaptant au récit, des phénomènes inexpliqués qui fichent un peu la trouille (mais pas au point de finir sous le lit), une morte de peur, des personnages étranges, une thérapie pour le moins inhumaine qui consiste à maintenir des patients dans le sommeil plus de 20h par jour et ce, durant des semaines !

Elle avait quitté l’hôpital sans prendre le temps de fermer la porte à clé. Elle avait par la suite dévalé une berge raide et, dans la nuit noire, elle avait tenté de traverser les roselières, courant en aveugle avant de trébucher et de chuter dans une eau profonde, glaciale. Chaque nuit, alors que je m’enfonçais dans le tréfonds du sommeil, je me posais la même question : « Qu’avait-elle voulu fuir ? »

James Richardson, le narrateur, est un jeune psychiatre qui a été engagé comme chef de clinique dans cette institution psychiatrique perdue sur une lande hostile et mystérieuse où rôde un grand chien sorti des Enfers….

On rebobine ! La lande est mystérieuse, sans doute hostile si on va patauger dans des marécages, mais il n’y a pas de chien des Baskerville, pardon. Pourtant, il s’y déroule des phénomènes pour le moins étranges dont notre James semble être le seul à se poser quelques questions.

Draps retiré du corps en pleine nuit, lit qui bouge tout seul, cheveux tirés, des alliances qui disparaissent pour réapparaître à d’improbables endroits, des visions, des style qui roulent tout seuls sur la table, des portes fermées à clé qui s’ouvrent toutes seules et des sensations de froid qui semblent le frôler la nuit…

Le tout donnant quelques frissons, mais sans pour autant terminer sous le lit comme à l’hôtel Overlook dans Shining.

— Ça approche, dit-il. (Chapman, un patient)
Le choix de ses mots – le caractère indéterminé du pronom – me glaça. Rien n’est plus effrayant que ce qu’on ne peut identifier, nulle source de peur n’est plus puissante que l’inconnu. Si j’avais été davantage en possession de mes moyens (et moins enclin aux préjugés professionnels), je me serais rendu compte que le démonstratif employé par Chapman n’était pas qu’un terme grammatical, mais la clef de sa phrase. A cet instant précis, toutefois, je manquais de discernement.

Je vous avoue que le James, j’ai eu envie de le baffer quelques fois ! Des trucs pas normaux se déroulent devant ses yeux, mais, cartésien comme pas deux, notre jeune médecin fait comme si rien ne s’était passé ou tout comme.

De plus, son comportement enfantin et jaloux avec sa copine lorsqu’il a appris qu’elle avait eu une relation AVANT la leur m’a mise en rogne. Lui il a pu avoir des relations avant elle, pas grave, mais elle pas ? Parce qu’elle ne lui a pas dit qu’elle avait joué à l’infirmière cochonne avec un autre personnage du livre bien avant de le rencontrer et de l’aimer ? James, tu pousses le bouchon un peu trop loin !

Autre personnage important, le Dr Maitland, son employeur et éminent psychiatre londonien. Ce médecin qui se livre à cette thérapie pionnière mais néanmoins controversée (et ayant réellement existé) se rend sur place une fois par semaine.

Le reste du temps, James Richardson peut compter sur l’aide de huit infirmières qui ne sont même pas cochonnes, sauf une avec lequel il va prendre sa température à un endroit précis que rigoureusement ma mère m’a défendu de nommer ici. Puis il fera son crétin.

Les personnages ne nous livrent pas tout, il restera une part de mystère en eux, comme il en restait dans les dernières pages du livre avant que l’auteur ne me foute une piqûre canon dans les fesses, me faisant sursauter, le salaud.

J’ai aimé les ambiances un peu gothique, le côté perdu dans le fin fond du trou du cul du Suffolk, les phénomènes étranges sont progressivement amenés et montent en crescendo avant l’apothéose.

Les personnages, eux-mêmes, ne se livrent pas tout à nous et resterons avec des côtés non dévoilés.

Pour ajouter du piment, James ne connait même pas l’origine des huit patientes en salle de narcose, le docteur Maitland n’ayant pas voulu le lui dire, signifiant que ça n’avait pas d’importance. Nous, lecteur, nous le découvrirons en lisant les lettres reçues par le docteur Maitland.

Quand à la plume de l’auteur, elle est agréable, descriptive, et poétique à certains moments.

Le crépuscule semblait gagner la lande plus tôt chaque jour. Des nuées d’oiseaux s’envolaient des pâturages créant des tourbillons vivants qui s’effilochaient en direction du sud, les premiers d’entre eux entraînant dans leur sillage des fanions ténébreux d’une activité incandescente. L’horizon aux douces ondulations, brumeux et indistinct, était teinté d’une couleur feuille-morte et de magenta, les taches évoquant des pigments, traversant le papier saturé d’une aquarelle.

Aux abords de l’escalier, la lueur de ma bougie était trop faible pour repousser les ténèbres, qui comprimaient de toutes parts une sphère lumineuse ridiculement restreinte. Entouré de cette obscurité, je ressentis un sentiment d’isolement puissant. J’appréhendais son immensité, elle qui s’étendait à l’infini au-delà des murs, à travers la lande, les marais et la mer. L’obscurité de l’hiver.

Bref, un roman que j’ai apprécié mais dont la fin divisera les lecteurs en ceux qui la trouvent super et d’autres trop facile ou déjà vue dans ses grandes lignes.

Mon seul point d’achoppement est que je reste avec des questions qui me tournent encore dans la tête et c’est sans doute le but recherché de l’auteur : nous rendre fous !

Étoile 3,5

Challenge « Thrillers et polars » de Sharon (2015-2016), le Challenge « Polar Historique » de Sharon, Challenge British Mysteries chez My Lou Book et Le Mois anglais 2016 (Saison 5) chez My Lou Book et Cryssilda.

CHALLENGE - Mois Anglais 2015 SH

Chambre des âmes - vacances

Là où je l’ai lu…

Vacances - source

Niveau endroit de lecture, c’est le pied !

17 réflexions au sujet de « La chambre des âmes : F.R Tallis »

  1. Ping : Challenge Thriller et polar – session 2015-2016, bilan final | deslivresetsharon

  2. Ping : Bilan Livresque Mensuel : Juin 2016 | The Cannibal Lecteur

  3. Ping : The English Month Is End !! Oh Fuck ! – Bilan [Juin 2016] | The Cannibal Lecteur

    • J’ai bien aimé, mais la fin en mitigera plus d’un. Comme avec un certain autre livre que je ne citerai pas et qui avait une fin inattendue et perturbante. Si tu veux des indices, passe par mon gmail !

      J’aime

  4. Hello Your Ladyship

    Ah… Ce Tallis là ne reprend pas ses personnages récurrents de la période du « Grand Vienne » (ben celui de l’époque victorienne d’ailleurs). J’aurais plutôt imaginé que tu commences par ceux là eu égard à la période. J’aime bien cette série avec deux amis mélomanes , un commissaire et un aliéniste versé dans la psychanalyse naissante qui lui vient en aide.

    Je l’ai lu il y a un peu longtemps celui là… Je l’avais bien aimé. Je crois que Tallis est psy à la base… Et de fait, il fait toujours attention à rester crédible et bien documenté lorsqu’il aborde les questions de la folie ou de la santé mentale là où trop d’auteurs ne font que quelques vagues recherches sur lesquelles ils brodent des conneries sans nom.

    Après oui… On peut parfois s’attendre très fortement à un certain type de fin… Et elle peut être surprenante. Je ne me souviens pas avoir été si déroutée que ça même si évidemment … Il a ménagé son petit truc inattendu. Mais cet inattendu ne m’a pas paru déplacé.

    Mais bon mais souvenirs sont anciens et on ne va pas spoileuse. 😜

    Aimé par 1 personne

    • Ben j’avais trouvé celui-là en bouquinerie et la cover me plaisait bien, donc j’ai lu le 4è et je fus emballée. Moi aussi déroutée par la fin, je ne m’y attendais pas du tout !

      Je chercherai les autres, tiens ! Autant prendre le Tallis… mdr

      Les Carnets de Max Liebermann, c’est bien ça ?

      Il y a des explications à la fin du livre qui dit que les expériences menées ont bien eu lieu. My god ! Aussi pire que les lavements à l’eau glacée des organes sexuel des femmes..

      J’aime

      • Oui… On mettait les gens dans coma insulinique provoqué dans l’espoir de faire céder les crises psychotiques. Ça marchait plus ou moins… Mais c’était moins barbare que la lobotomie! Ou que les électrochocs « punitifs » qui vous rendait stone moment au point d’oublier de délirer… Comme les bains glacés (l’hypothermie gèle le cerveau aussi)… Y a pas à dire l’invention des psychotropes a été un progrès sans précédent pour les patients même si on a tendance aujourd’hui à oublier qu’utilisés seuls sans thérapie (et encore pas réduite au dressage comportemental ou au reconditionnement ) ils n’ont qu’un effet symptomatique.

        Enfin… On est loin de la « lis tes ratures », là 😄

        Aimé par 1 personne

        • Punaise, on est née à la bonne époque, nous !! Ils m’auraient collé de l’eau glacée où je pense et des électrochocs à ma tête, plus coupé la langue pour mon impertinence !

          Là, j’ai juste une camisole de force et une muselière, mais une fois que j’ai mangé, je suis plus calme… là, c’est l’heure d’aller grignoter du saucisson !! 😉

          J’aime

C'est à votre tour d'écrire !

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.