La curiosité est un péché mortel : Ann Granger

Curiosité est un péché mortel - Ann Granger

Titre : La curiosité est un péché mortel [Lizzie Martin 2]

Auteur : Ann Granger
Édition : 10-18 (2014)

Résumé :
Lizzie Martin a été envoyée à New Forest pour soutenir une jeune femme dont le bébé a connu une mort tragique.

Mais les choses prennent une tournure encore plus sombre lorsqu’un chasseur de rats est retrouvé assassiné dans le jardin, la jeune femme éplorée et couverte de sang à ses côtés.

Ne sachant pas vers qui se tourner, Lizzie appelle son ami l’inspecteur Ross Ben de Scotland Yard pour résoudre ce crime horrible.

Curiosité - vancances

Il y a des pires endroits pour lire, non ? Mdr

Critique :
Ayant apprécié la première enquête du duo formé par Lizzie Martin et de l’inspecteur de Scotland Yard, Ben Ross, j’avais acheté les tomes suivants, sans jamais avoir le temps de les lire, ma PAL gigantesque étant la principale responsable.

Pourtant, en une journée, ce livre était terminé. L’avantage d’être en vacances et dans les jours consacrés à la farniente dans des endroits bucoliques, charmants et calmes.

Cette plongée dans l’Angleterre victorienne des années 1860 est toujours un plaisir et retrouver nos deux héros qui se tournent autour (ils voudraient bien mais Lizzie veut point pour le moment) pour une nouvelle enquête aussi.

Allez hop, on quitte le smog de Londres et direction New Forest, un coin paumé où pour y arriver, il faut prendre un bateau.

Pourquoi quitte-t-on Londres ? Parce que la tante de Lizzie l’a envoyé comme dame de compagnie chez des connaissances, afin de s’occuper de Lucy qui a perdu son bébé mais ne veut pas admettre sa mort. Pour le moment, Lucy vit là-bas avec ses deux tantes.

Son cher et tendre l’inspecteur Ben Ross n’aime pas ça, pour lui, ça sent les problèmes à plein nez ! Et il aura raison !

Personne n’aime s’entendre déclarer : « Je vous l’avais bien dit. » Et une jeune femme aime encore moins l’entendre dans la bouche de son bon ami.

Pas évident ce poste de dame de compagnie pour notre Lizzie qui n’a pas toujours sa langue en poche et qui vient de débarquer chez des vieilles filles plus catholique que le pape, enfin, je voulais dire « plus protestantes que l’archevêque de Canterbury » !

Chez elles, tout n’est que respectabilité et bigoterie. « Admirez le portrait de nos ancêtres huguenot qui quitta la France lorsque l’on commença à massacrer les protestants ! »

Sobriété, respectabilité, un homme pieux, l’ancêtre, d’après les dires de la Christina Roche, la vieille carne qui mène la maison d’une main de maître. Celle-là, on aimerait qu’elle figure au menu du prochain meurtre et on serait bien coupable nous-même !

« Tout n’est que respectabilité chez les Roche », qu’elle nous le répète un peu trop souvent, la vioque. On apprendra ensuite, avec joie, que le bougre d’ancêtre appliquait à la lettre un des enseignement de Jésus « Aimez-vous les uns (SUR) les autres » vu qu’il eut une chiée de bâtards.

Comment Lizzie l’apprendra-t-elle ? Parce que l’estimé frère aîné des deux vioques, le Charles Roche, a tous les carnets intimes de l’ancêtre ainsi qu’une collection de croquis anatomique du sexe faible… L’ancêtre du magazine Play-Boy, en quelque sorte.

J’adore quand on découvre les squelettes dans les placards des gens qui se disent « respectable » et « pieu » et qu’on se doute que le tonton joue à la veuve poignet dans l’intimité de son bureau.

Ici, la respectabilité risque de prendre l’eau lorsque un homme est retrouvé poignardé dans le jardin et que c’est Lucy qui le découvre.

Allez Lizzie, faut trouver le coupable et faire en sorte que la respectable famille Roche ne soudoie les flics locaux pour qu’on ne jase pas sur leur passage.

Sinon, il faut envoyer un message à son chéri et le faire rappliquer dans ce trou paumé où un élégant médecin aliéniste lui fait un peu de l’œil, à notre Lizzie !

— Il est plein de tact, dis-je, et cultivé.
— Dans ce cas, pourquoi est-il policier ? rétorqua Miss Roche.

— Quitte à ne rien accomplir d’autre sur cette terre, j’espère contribuer à faire avancer le jour où les gens renonceront à leur attitude superstitieuse envers les maladies de l’esprit, attitude qui subsiste même chez les plus éduqués. Sans oublier cette opinion absurde selon laquelle une telle maladie ne serait guère respectable, on ne sait pourquoi. Les gens continuent à cacher leurs proches affligés d’une maladie mentale, ou bien se voilent la face.

L’aînée des sœurs Roche va en faire un caca nerveux de savoir que le Yard va enquêter, faudra lui passer la pommade, ce que nos amis feront avec habilité. Je jubilais littéralement, là.

C’est toujours la même chose quand la police est face à des gens respectables qui occupent une position en vue dans la société. Ils sont les premiers à écrire au Times pour se plaindre de la déliquescence de l’ordre public et de l’incapacité de la police à y porter remède. Mais quand un policier leu demande de l’aide et ose poser une botte sur le seuil immaculé de leur maison, c’est une autre chanson.

La lecture fut agréable, divertissante, plaisante, un régal pour ceux et celles qui aiment cette époque, mais si vous voulez du rythme trépidant, allez voir ailleurs, bien que j’ai trouvé que ce deuxième tome avait plus de rythme que le premier où l’auteur devait mettre en place ses personnages.

Niveau personnages, je regrette un peu qu’ils soient si « conventionnels » et que hormis le Docteur Lefebre qui est plus ambigu, les autres soient si bien définis comme « charogne », « dominée », « gentil » et qu’ils ne soient pas plus nuancés.

On sent assez vite qui aurait pu tuer le docteur Lenoir dans le jardin avec le poignard, le colonel Moutarde n’était pas loin, même si on ne discerne pas tout à fait le mobile au départ. Puisqu’on nous parle sur le 4ème de couverture « qu’on croirait voir une partie de Cluedo se jouer à Downton Abbey »…

De plus, notre Lizzie ne fait pas vraiment preuve de ses dons d’enquêtrice puisque la vérité lui arrive un peu par hasard, sans qu’elle ait vraiment eu besoin d’enquêter ou de relever des indices.

Certes, une fois que le début du fil est trouvé, toute la pelote se défait et elle comprend tout, mais j’aurais aimé qu’elle fouine un peu plus, qu’elle joue à Sherlock et cherche l’origine de l’incendie dans la lande.

Anybref… J’ai apprécié cette lecture et l’esquisse faite des horribles workhouse, des institutions « charitables » qui recueillait les orphelins, enfants abandonnés, ou les confiaient à des femmes qui s’en occupaient durant leurs premières années de vie.

Horrible, c’est le mot, atroce, inhumain, dégradant, honteux… Mais c’était ainsi et c’était tout ce qui existait.

— C’est tout ce qui existe, déclara Morris. La paroisse ne la paie pas beaucoup. Elle est obligée d’en prendre un grand nombre pour pouvoir gagner sa vie. Je ne la défends pas, monsieur, je dis juste que comme ça que ça se passe.

Bien qu’assez conventionnel comme roman policier, j’ai passé un excellent moment de lecture et je continuerai de suivre les enquêtes de notre duo qui, je l’espère, ne tardera pas trop à convoler et à s’envoyer en l’air.

Le tout ne sera pas facile avec le métier de Ben et ces satanés voleurs, criminels qu ne prennent jamais de vacances !

Le monde criminel ne prenait pas de vacances, comme j’eus tôt fait de le découvrir. À toute heure du jour et de la nuit, avec un manque criant de considération pour l’officier de police et sa vie privée, des cambrioleurs soulageaient les citoyens de leurs objets de valeur, des aigrefins mettaient en œuvre leurs intrigues ingénieuses, tandis que le meurtre, le plus impitoyable des prédateurs, rôdait dans les ruelles des faubourgs et se glissait, invisible, dans les demeures des nantis.

Étoile 3,5

PS : Ceci est ma 1111ème critique sur Babelio !

Challenge « Thrillers et polars » de Sharon (2015-2016), le Challenge « Polar Historique » de Sharon, le Challenge « Victorien » chez Camille, le Challenge « XIXème siècle » chez Netherfield Park, Challenge British Mysteries chez My Lou Book et Le Mois anglais 2016 (Saison 5) chez My Lou Book et Cryssilda.

Keep Calm and use

Là où j'ai lu les 200 premières pages...

Là où j’ai lu les 200 premières pages…

15 réflexions au sujet de « La curiosité est un péché mortel : Ann Granger »

  1. Ping : Challenge Thriller et polar – session 2015-2016, bilan final | deslivresetsharon

  2. Péché mortel ou pas, je suis très curieuse de le découvrir ! (Ouais, je sais, elle était un peu facile celle-là, mais à 7h30 du matin il ne faut pas trop m’en demander ^^) 🙂

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  4. Ping : The English Month Is End !! Oh Fuck ! – Bilan [Juin 2016] | The Cannibal Lecteur

  5. Hello Dame Belette!
    Ah…. L’amouuuuuuur! 😍
    T’inquiètes! Tu devrais être rassurée au prochain tome quant à tes principales inquiétudes 😄! Mais je n’en dis pas plus! T’as qu’à lire! 😝
    J’ai adoré cette série. Je trouve ce couple un peu plus frais et sympathique (peut être plus « moderne »… Peut être trop pour l’époque) que celui mis en scène par Anne Perry dans le même genre… Où d’ailleurs la dame dès le tome 2 est nettement moins active dans les enquêtes une fois mariée. Lizzie reste au top! Malgré tout j’ai trouvé le dernier tome (le 5ème) de ses aventures un peu moins bien que les précédents… Mais j’avoue avoir tendance à me lasser avec les séries généralement donc… Ça n’a pas forcément à voir avec la qualité des livres. Cela étant c’est toujours avec plaisir que je retrouve ces sympathiques personnages! 😄

    Aimé par 1 personne

    • Oui, j’ai vu que dans le 3, elle passe à l’acte ! J’ai aussi chopé le n°5 et pas de Channel.

      Dans les Perry, il y a des tomes où Charlotte est plus active que dans d’autres, Perry a des tas de personnages et des fois, on en voit moins certains, ou on les voit durant quelques tomes. J’adore Vaspasia, moi.

      Je me lasse rarement des séries, j’ai juste pas le temps de les finir !

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