Sécessions : Olivier Sebban

Sécessions - Sebban

Titre : Sécessions

Auteur : Olivier Sebban
Édition : Payot et Rivages (2016)

Résumé :
Savannah (Géorgie), un soir d’été 1840. Elijah fuit après avoir assassiné son frère David. Amos, son père, se jette alors à sa poursuite à travers la nature sauvage du Vieux Sud des États-Unis, comprenant qu’il n’est pas étranger à la rivalité tragique entre ses deux enfants.

On apprendra bientôt que de la liaison adultère qu’Elijah a eue avec la femme de son frère, un fils, Isaac, est né. Il sera élevé par ses grands-parents dans le culte de celui qu’il pense être son père, avant de s’engager au début de la guerre de Sécession du côté des Confédérés.

Mû par un désir de vengeance, il partira sur les traces de l’homme qu’il prend pour son oncle.

Dans cette fresque romanesque couvrant trente ans d’une période décisive de l’histoire des États-Unis, qui nous mène des plaines du Vieux Sud au Chicago et au New York modernes, dont on assiste à la naissance, l’auteur retrace dans une prose vivante et imagée le destin singulier d’une famille juive américaine.

secession12Critique :
Direction le vieux Sud profond de 1840, quand l’Amérique était encore toute jeune après sa guerre d’Indépendance (1775-1783) et où les esclaves avaient juste le droit de ne pas en avoir (de droits).

Savannah, ville de Géorgie où la famille Delmar vient de vivre un drame à la Caïn et Abel puisque Elijah, l’aîné, vient d’assassiner son cadet, David, après avoir fait un enfant à la femme de son frère.

Un fratricide doublé d’un adultère, si ce ne sont pas les ingrédients d’un bon drame familial, je ne m’y connais plus. Sans oublier que l’auteur en rajoute une couche avec les grands-parents qui retirent le jeune enfant à la mère adultérine…

La sécession est double, dans ce roman : celle qu’un père mit en place entre ses deux fils en les élevant dans la rivalité et celle qui déchira les États-Unis entre 1861 et 1865.

Les conséquences seront catastrophiques des deux côtés puisque cela se soldera par du sang coulant en abondance (mais plus dans le cadre de la guerre que du fratricide).

Roman choral passant en revue presque 30 ans de l’Histoire agitée des États-Unis en pleine construction ou en pleine guerre fratricide, qui, dans sa narration, se permettra même des sauts dans le temps, vous faisant passer de 1862 avec Isaac en pleine guerre de Sécession à Elijah, en 1842, qui arrive du côté de Manhattan.

Cela peut-être déconcertant si on n’est pas attentif aux dates signalées en début de chapitre.

Ce que j’ai apprécié dans ce roman, c’est le réalisme saisissant des champs de bataille et des conséquences des razzias menées par des groupes de soldats indépendants, mais j’ai trouvé la narration assez froide et assez empesée même.

J’aurais aimé en savoir plus sur l’enfance des deux frères et ce que leur père, Amos, avait pu bien pu poser comme comportement pour faire naître cette rivalité, j’aurais aimé un Elijah moins « distant » car cela le rend difficile à apprécier et ma foi, plus de dialogues auraient rendu le récit plus facile à ingurgiter.

Ils sont peu nombreux et une grosse partie des dialogues sont présentés de la sorte « Je lui demandais bla-bla-bla et il me répondit que bla-bla-bla » et cela alourdit le récit déjà ponctué d’assez bien de mots qu’on utilise peu dans son vocabulaire courant.

De plus, j’ai sursauté sur deux coquilles énormes. L’auteur parle du cheval d’Elijah, un de race morgan (une race chevaline de selle originaire des États-Unis et qui a la particularité d’être issue d’un seul étalon) et qu’est-ce que je lis ? « Il scellait le morgan » au lieu de « Il sellait le morgan » parce que je pense qu’il n’allait pas le marquer d’un sceau.

Autre horreur pour les yeux, « […] et tira sur les reines de son cheval » parce que c’est bien connu, on dirige son cheval avec la femme du roi… Pourtant, quelques lignes plus loin, c’était bien orthographié « rênes ».

Et puis, cerise sur le gâteau, lorsque le fils retrouve son véritable père, rien, pas plus que « Il demanda à son fils de le suivre dans son bureau ». Cela fait 25 ans qu’Elijah a disparu en tant que fugitif, ils ne se sont jamais vu et on a droit à rien de plus ?? Dommage.

Un drame familial horrible, une belle fresque américaine qui couvre plus de 25 ans d’Histoire trouble, tourmentée, on voyage énormément puisque l’on passera des plaines du Vieux Sud aux villes de New-York et de Chicago, en passant par les champs de bataille de la guerre de Sécession. Hélas, j’ai trouvé le style un peu trop chargé, trop lourd à lire et à un moment donné, j’ai même décroché un peu.

Certes, on pourra me rétorquer que le style empesé va comme un gant à la solennité que l’auteur donne à l’intrigue, mais cela ne rend pas la lecture facile.

Un roman exigeant, une ambiance lourde qui sent le drame, la poudre des fusils, l’odeur métallique du sang, des cadavres en décomposition et qui plaira sans nul doute aux amateurs de littérature un peu pointue.

Étoile 3

Challenge « Thrillers et polars » de Sharon (2016-2017), Challenge « Polar Historique » de Sharon, Le « Challenge US » chez Noctembule, Challenge « XIXème siècle » chez Netherfield Park, RAT A Week Estival, Summer Edition chez Chroniques Littéraires et Challenge « Coupe d’Europe des Livres » chez Plume de cajou.

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63 réflexions au sujet de « Sécessions : Olivier Sebban »

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  5. Totalement d’accord avec le style ampoulé, qui m’a empêché très vite d’adhérer à ce roman alors que j’étais plutôt parti pour l’apprécier – en tout cas son sujet me donnait envie de l’aimer… mais je te rejoins sur toutes tes réserves. Deux cannibales déçus, ça sent la pâtée pour l’auteur 😛

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    • Voilà, en effet, oui, les deux cannibales sont déçus et ça va chier pour l’auteur qui va se faire dévorer tout cru ! 😆

      Je voulais le lire, le découvrir, il était coché de suite et je n’ai pas trainé mais oui, le style qui m’a fait décrocher.

      Malgré tout, sa fresque est belle, même si j’ai pas aimé les coups de pinceau 😉

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  6. ça me rappelle une série ( tirée du roman éponyme) qui passait dans les années 80 avec Patrick Swaize : Le nord et le sud
    J’en ai un super souvenir et j’aime braucoup les romans sur cette période.
    Dommage pour les coquilles, le correcteur devait être viré… 🙂

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        • Ils sont censés, oui, en effet et là, c’est de la grosse coquille qui change tout le sens d’une phrase.

          Imagine un dont le français n’est pas sa langue et qui voit « reines » il s’imaginera alors voir deux reines d’Angleterre pour mener le cheval qui est scellé, donc qu’on ne peut pas ouvrir ainsi !

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          • Ouaip! C’est impardonnable, à mon sens, de laisser passer ce genre d’erreurs! Nous avons tous des fautes à notre actif mais diantre, dans l’édition, le métier de correcteur n’existe pas pour rien! + certainement la lecture par des lecteurs bêta! 😮

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            • Je me demande s’il y a encore tant que ça des correcteurs parce que ce n’est pas la première fois que des fautes d’orthographes horribles restent imprimées, même dans des grandes maisons d’éditions.

              Alors ? Étudiant au rabais qui corrige ? Erreur avec la correction automatique ?

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              • Je m’interroge! Le niveau de la maîtrise de la langue française baisse dangereusement chez les jeunes générations et si ce genre de pratiques au rabais se développent, c’est un très mauvais calcul de la part des maisons d’éditions! 😮

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                • Je sais, mais je me dis aussi que le langage a toujours évolué, dans le bon ou le mauvais sens et que si des gens appartenant à l’ancienne génération revenait sur terre et nous entendaient parler, m’est avis qu’ils retomberaient morts de suite ! On doit jacter moins bien qu’eux.

                  De plus, je sais aussi une chose : les jeunes, les ados, doivent avoir leur langage propre, celui que les vieux comprendrons pas, comme le verlan, l’argot, inventé pour avoir son langage propre dans son univers propre.

                  Je pense qu’ici, la maison d’édition a été boire un verre pour ces deux mots là et que c’est une grosse couille qui est restée !

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                  • Ce n’est pas pour rien que nous parlons de « langue vivante » et je ne suis pas contre la création de nouveaux mots et je suis la première à employer des anglicismes, du langage familier même dans mes ressentis, de l’argot ou même pondre quelques mots d’anglais au fil des conversations… Mais maltraiter le socle de notre français riche, compliqué, chiant aussi parfois, héritage du grec et du latin… ça ne passe pas! Heureusement que nos auteurs n’écrivent plus comme Hugo ou Montaigne… mais siouplé, un peu de respect pour notre français! ^_^ Un verre? Ou 2… 😉

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                    • Aurait-on envie de lire du Hugo u du Montaigne tout le temps ? Gardons à l’esprit que Hugo, de son vivant, n’était pas considéré du tout ! Il a fallu qu’il meure pour qu’on reconnaisse son oeuvre et bon, y’en a qui n’aime pas Hugo, tous les goûts étant dans la nature…

                      On reconnaîtra et on reconnaît déjà dans les conversations l’origine sociale de la personne…

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                    • Mmhh dans les extrêmes, je suis ok, on reconnaît l’origine sociale d’une personne avec sa conversation… Mais dans la Terre du milieu, rien n’est moins sûr… C’est aussi une affaire de génération, je pense… Par exemple mes grands-parents (années 30 de naissance) ont quitté l’école à 14 ans mais écrivaient avec une calligraphie exemplaire, sans une seule faute et tenaient n’importe quelle conversation avec un vocabulaire sans faille et une culture ahurissante… A contrario je pourrais prendre l’exemple d’un certain homme politique français tout petit, origine bourgeoise et haute école à la clef, qui écorche la langue française et sa grammaire aussi sûrement qu’un type de banlieue…

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                    • Oui, en effet ! La preuve que rien n’est tranché (oups) ou figé et que le monde n’est pas noir ou blanc. Une connaissance m’avait parlé de son arrière-grand-père qui ne savait ni lire ni écrire mais parlait plusieurs langues.

                      Certaines personnes comprennent très vite comment fonctionne le monde, la société et sont capable de réfléchir avant de dire des conneries ou de suivre le troupeau des moutons de Panurge. D’autres par contre, qui se targuent de lire, d’être éduqué, et toussa toussa ont une vision à la Bush (avec moi ou contre moi), binaire, sans juste milieu et je réfléchisse jamais.

                      Malgré tout, les barakis chez nous, on les reconnais de loin, mais j’en ai connu qui venait d’un milieu de barakis et qui était bien fringué et causait bien, mais il voulait sortir de ce milieu, toujours le plus dur !

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                    • Je te rejoins totalement! La maîtrise de notre langue n’est pas l’apanage des diplômés… et encore moins l’éducation! Mais certains clichés, il est vrai, n’en sont réellement pas et on repère vite les barakis! (PS: je ne connaissais pas ce mot, je vais m’endormir moins bête cette nuit! 😉 )

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                    • Il est pourtant démontré par des études que les enfants évoluant dans des milieux aisés, ou du moins, des milieu où l’on parle, où l’on laisse la possibilité à l’enfant de s’instruire, de lire, que ces mêmes enfants possèdent plus de mot de langage que ceux nés dans des familles moins riches ou qui ne laissent pas l’enfant s’instruire… mais il y aura toujours des exceptions pour confirmer la règle.

                      Mes parents n’étaient pas universitaire, mon père est allé bosser à 15 ans, mais il a toujours lu beaucoup, j’ai lu, j’ai eu cette chance, et sans être issue du milieu bourgeois (les ancêtres lointains l’étaient, mais ils sont lointains, hein ! mdr) je parle autrement que certaines personnes.

                      Le barakis est un state of mind, quasi, chez nous, une insulte, un manière de vivre (leurs maisons se reconnaissent de loin !!!)…

                      un t-shirt qui me fait trop rire…

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                    • Il est évident que le milieu dans lequel évolue l’enfant influe sur son langage mais je reste persuadée que l’argent ne fait pas tout alors que le manque de moyens et d’éducation est un sérieux handicap. On le vérifie d’autant + maintenant que l’éducation nationale (je parle pour la France) est en sévère chute et organise sciemment un appauvrissement éducatif et culturel de nos enfants… si les parents n’ont pas les bagages nécessaires pour palier ce manquement, ce sont des générations de perdues… J’ai le même parcours que toi, je ne suis pas d’un milieu aisé et mes parents n’étaient pas des universitaires… mais j’ai eu la chance d’être élevée dans la curiosité intellectuelle qui m’ont donnée le goût des études que je transmets aujourd’hui à mon fils qui est en études sup’… cela ne m’empêche pas de sortir des « merde » et des « fait chier » mais je suis souvent obligée de « simplifier » mon vocabulaire selon mes interlocuteurs… il n’y a pas de règles… mais faudrait être vigilent à ce que nos gouvernants ne sabordent pas l’école, qui est quand même la base de tout…

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                    • L’avantage des riches, c’est que si le gosse a des difficultés et que les parents sont à son cul, ils peuvent soit l’aider, soit lui payer des cours particuliers, là où les gens sans trop de moyens ne peuvent rien. Mes parents étaient à mon cul – j’ai compris ensuite combien c’était important – et ne me lâchaient rien, énervant quand on est gosse, mais c’était un mal nécessaire. Hélas, ça ne dépend pas de la richesse du milieu, ça, t’as des riches universitaires qui se foutent de leurs gosses et des pas très riches issus du milieu agricole ou ouvrier qui aident leurs gosses du mieux qu’ils peuvent.

                      Hélas, on saborde les écoles et on descend vachement dans les classements établis par les grandes instances tel que l’Unesco. On crée une génération à deux vitesses.

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                    • C’est exact, il y a eu une volonté politique malheureusement défunte aujourd’hui de tirer l’ensemble du peuple vers le haut! Mais ce n’est plus le cas, la grammaire et l’orthographe deviennent presque optionnels, l’histoire-géo ont été drastiquement purgés, on veut la mort du latin et du grec… bref… le constat est alarmant… surtout sachant qu’il est volontairement orchestré! 😦

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                    • Faut pas que tout le monde atteigne des sommet, faut encore des gens qui restent dans le fond, ceux qui doivent faire le boulot que les autres ne veulent pas. On ne veut plus les gens des autres pays pour faire nos merdes de boulot.

                      Les gosses de riches auront les belles places…

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                    • Yep… un peu + d’équilibre dans la création et l’exploitation de richesses effaceraient beaucoup de conflits… mais ça n’arrivera jamais. Et pour en revenir à l’éducation, comment y accéder quand tu passes les 3/4 de ton temps à seulement survivre… -_- Besoin d’un nouveau mojito pour ne pas tomber dans le pessimisme cynique le plus total, tiens! 😉 Tchin!

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                    • L’homme se complait dans les conflits, hélas !

                      Ma soeur, prof, a une élève qui, à son retour, doit s’occuper des ses petits frères, alors elle fait ses devoirs en classe, une autre, quand c’est fin de mois, elle mange pas, mais les parents fument, eux !

                      Je vais boire aussi, ça me donne la haine…

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                    • Tu as tant raison! Au lieu d’aspirer au calme et à la sérénité, il y a toujours des fouteurs de merde et des gens qui se complaisent dans méchancetés, jalousies et médisances! Et c’est bien pour cela que je ne culpabilise pas pour mon côté « asocial »! J’ai la haine aussi, pour les manipulations et les incompétences du système, pour la démission et l’individualisme des parents… Un enfant ne demande jamais à naître et tout doit être fait pour le « protéger » au max, l’instruire, lui donner les outils pour une vie saine… Sinon, capote et pilule, c’est quand même pas compliqué, non! 😮

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                    • Tout à fait, mais tu remarqueras que la fabrication d’enfants croît de manière inversement proportionnelle à… Où je suis là ? Bon, je résume : moins t’as de diplômes et d’instruction et plus t’es dans la misère sociale et plus tu te comportes comme des lapins ! Pas toujours, mais souvent…

                      Les gosses sont faciles à faire, sont dur à extraire et pour l’éducation, certains ont dû oublier !

                      Je suis comme toi, je suis socialement sélective et je passe souvent plus de bons temps avec une gamine de 12 ans qu’avec certains adultes !

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                    • Ouaip les gosses sont faciles à faire mais ils oublient qu’un gosse, c’est pour la vie et pas seulement pour les alloc’ et les aides sociales qui leur servent à acheter les écrans plats pour mater la tv poubelle ou payer leurs clopes! L’éducation est le cadet de leurs soucis! Grr… cela me met en rage et me désespère à la fois! 😦

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