Rafael, derniers jours : Gregory Mcdonald

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Titre : Rafael, derniers jours

Auteur : Gregory Mcdonald
Édition : 10-18 (2005)

Résumé :
Il est illettré, alcoolique, père de trois enfants, sans travail ni avenir. Il survit près d’une décharge publique, quelque part dans le sud-ouest des États-Unis.

Mais l’Amérique ne l’a pas tout à fait oublié. Un inconnu, producteur de snuff films, lui propose un marché : sa vie contre trente mille dollars. Il s’appelle Rafael, et il n’a plus que trois jours à vivre…

Avec ce roman, Gregory Mcdonald n’a pas seulement sondé le cœur de la misère humaine, il lui a aussi donné un visage et une dignité.

the-brave-1997Critique :
♫ 4 consonnes et 3 voyelles, c’est le prénom de Rafael ♪

Oui, je sais, c’est pas terrible de commencer sa chronique de cette manière, mais c’est le seul truc que j’ai trouvé pour faire baisser la pression après avoir terminé la lecture – d’une traite (d’humains ?) – de ce roman.

Depuis le temps qu’il traine dans ma PAL, depuis le temps que je pose ma main dessus mais que je la retire, comme si les pages étaient brûlantes.

Et elles le sont, brûlantes ! Si je le sais, c’est parce que j’ai lu les chroniques de mes collègues Babeliotes.

J’ai terminé ma lecture avec l’envie de hurler, avec les tripes nouées, avec le cœur au bord des lèvres et les larmes au bord des yeux.

La descente aux Enfers est vertigineuse et pourtant, elle ne fait que 180 pages… Mais on sombre dans une telle noirceur humaine, dans du tellement abject, qu’on ne peut en ressortir que lessivé, groggy, mal dans sa peau et avec juste une envie, se refaire toute sa collection de Super Picsou pour tenir le coup.

Dans le fameux chapitre 3, celui dont l’auteur prévient du caractère pouvant choquer les âmes sensibles, j’ai posé le livre quelques minutes lorsque le vieux sadique a parlé d’énucléation, puis j’ai repris ma lecture ensuite, le cœur battant à cause du malaise.

Au final, je ne sais pas ce qui m’a fait le plus mal : la naïveté touchante de Rafael, le programme de ce qu’on compte lui faire durant le snuff movie ou le fait qu’il se fasse baiser jusqu’au trognon avec les 30.000$ que sa famille ne recevra jamais pour sa vie qu’il va leur donner.

Un peu des 3 sans doute. J’avais toujours envie de hurler,  à chaque page, à chaque ligne qui décrit la misère dans laquelle vivent ces gens et qui n’est pas de la fiction, même dans nos pays sois-disant évolués et civilisés.

Quand à la réalité des snuff movies, elle est encore plus abjecte, plus dégoutante car se dire qu’il y a des gens qui aiment regarder ça et qu’il en existe capable de tourner ce genre de films… J’en ai les poils qui se hérissent de dégoût.

180 pages qui vous essorent, qui vous donnent envie de pleurer devant cette misère crasse, devant ces gens qui essaient de s’en sortir, mais c’est trop dur, alors ils se complaisent là où ils sont, sachant que de toute façon ils sont perdus pour notre société.

Un portrait émouvant, pudique, beau, dur, et ces derniers jours qui vous donnent envie de lui hurler de ne pas se présenter à l’entrepôt, de fuir, de vivre… De ne pas être si naïf, si confiant.

Un magnifique et sombre roman qui restera gravé dans ma chair et dans mon esprit.

Étoile 5

Challenge « Thrillers et polars » de Sharon (2016-2017) et « Le Mois Américain 2016 » chez Titine.

BILAN - Coup de coeur

CHALLENGE AMÉRICAIN 2016 - Eagle+flag

36 réflexions au sujet de « Rafael, derniers jours : Gregory Mcdonald »

  1. Ping : Rafael, derniers jours – Grégory McDonald | 22h05 rue des Dames

    • J’espère que sa famille aura l’argent, qu’il ne s’est pas sacrifié en vain, mais connaissant l’âme humaine et sa perversité, pourquoi aller donner du fric quand tu peux t’en faire plus sans rien débourser ?? Sa famille n’aura rien… hélas…

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      • c’est malin de la part de l’auteur de ne pas s’avancer sur ce sujet. Il nous laisse choisir par rapport à nos convictions…. cela dépend si tu es plus roman noir ou roman feel good

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        • Impossible d’un fin à la feel-good quand tout le roman a été noir de chez noir et glauque, si on a le malheur de penser à ce qu’il va lui arriver pendant le tournage (j’ai vu le film « 8mm » avec Nicolas Cage).

          En distordant la réalité, tu peux en faire une fin feel-good, avec l’argent qui arrive à la famille et lui qui s’en sort et revient après, en boitant, mais indemne…

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  2. Ping : Bilan pour le challenge polar et thriller 2016-2017 | deslivresetsharon

  3. Ping : Bilan du challenge Polar et Thriller – février 2017 | deslivresetsharon

  4. Ping : Bilan du challenge Polar et Thriller | deslivresetsharon

    • Oui, il faut le lire parce que c’est indispensable !

      Je pensais que c’était un chapitre consacré aux horreurs qu’ils lui faisaient, mais non, juste consacré aux horreurs qu’ils vont lui faire…. ok, c’est pas mieux.

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  5. Ping : Bilan Livresque Mensuel : Septembre 2016 | The Cannibal Lecteur

  6. un roman qui met mal à l’aise du début jusqu’à la fin, et que tu reposes en te disant bordel, que ce genre de film existe, ca fait froid dans le dos ! Un roman qui ne donne pas dans le voyeurisme, mais qui est d’une puissance évocatrice phénoménale, un petit bijoux que j’ai lu il y a plusieurs années maintenant mais dont je me rappelle comme si je l’avais terminé hier !

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    • Le film 8mm avec Nicolas Cage m’avait appris l’existence de ces films…

      Non, pas de voyeurisme, j’avais cru que le chapitre 3 le ferait, mais non, le type énonce juste le programme à venir, mais ça fait aussi froid dans le dos de savoir que…

      Oui, il met mal à l’aise dès le départ, il reste encore des traces après la lecture.

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  7. C’est pas un roman qu’on oublie … Et c’est peut-être le seul qui m’ait fait passer une nuit blanche, incapable de dormir, avec cette histoire qui tournait et retournait dans ma tête.
    Étonnant comme cet auteur semble n’avoir écrit que ce roman, je crois qu’à côté il a produit des romans d’action à la pelle.

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  8. Ping : Bilan du Mois Américain : Septembre 2016 | The Cannibal Lecteur

  9. Ce roman m’a laissé une trace indélébile. J’ai rarement lu quelque chose d’aussi dur et je rejoins Yvan sur le trop peu de pages. Quoique. .. rajouter 100 pages à de telles horreurs auraient pu être encore plus éprouvant. ..

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  10. Un peu pareil que stelphique pas sûre de tenir le choc de cette lecture.
    Mais pourtant c’est intriguant et malgré tout ta chronique donne envie de se plonger dans cette noirceur et de comprendre …
    Je me le note, on sait jamais …
    Merci en tout cas pour cette chronique et j’espere que tes Picsou t’ont consolé depuis …

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    • Hélas, je n’ai pas retrouvé mes Picsou ! 😥

      Oui, roman noir, sombre, à ne pas lire déprimée. Mais il en vaut la peine car jamais l’auteur ne sombre dans le voyeurisme ou la violence gratuite. J’ai mis du temps avant d’oser, maintenant, je peux dire que moi aussi je l’ai lu 😉

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  11. Déjà rien qu’avec la première phrase du synopsis j’étais déjà choquée ,mais là, je me dis Oulahhhhh mais c’est quoi cette horreur!!!!
    Bon pas sure que mes ailes de fées y survivent, alors je pense passer mon tour…Je suis téméraire mais pas suicidaire encore….
    Mais bon je me le note, un jour ou je serai mieux armée…..;)

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  12. Comme toi, j’ai été profondément touché par cette histoire. Mais il m’a manqué davantage de développement, je trouve ce roman beaucoup trop court à mon goût. Tant qu’à prendre un uppercut, autant en prendre une volée.

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