Nos âmes la nuit : Kent Haruf

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Titre : Nos âmes la nuit

Auteur : Kent Haruf
Édition : Robert Laffont (2016)

Résumé :
Dans la petite ville de Holt, Colorado, déjà théâtre des événements du Chant des plaines, Addie, 75 ans, veuve depuis des décennies, fait une étrange proposition à son voisin, Louis, également veuf voudrait-il bien passer de temps à autre la nuit avec elle, simplement pour parler, pour se tenir compagnie ? La solitude est parfois si dure… Bravant les cancans, Louis se rend donc régulièrement chez Addie.

Ainsi commence une très belle histoire d’amour, lente et paisible, faite de confidences chuchotées dans la nuit, de mots de réconfort et d’encouragement. Une nouvelle jeunesse apaisée, toute teintée du bonheur de vieillir ensemble.

Mais voilà, bientôt, les enfants d’Addie et de Louis s’en mêlent, par égoïsme et surtout par peur du qu’en-dira-t-on.

une_definition_de_l_amourCritique : 
Que faire lorsqu’on est veuve, qu’on a plus de 70 ans et qu’on trouve la nuit longue et ennuyeuse ?

Et bien on demande à un de ses voisins, veuf lui aussi, dans la même tranche d’âge, à venir partager son grand lit froid pour papoter, faire connaissance et ne plus être seule avec ses pieds froids.

Addie n’a pas eu froid aux yeux de faire cette proposition à Louis et ce dernier a accepté.

Commence alors une belle amitié que l’auteur, en peu de pages, a su faire évoluer vers une belle complicité, faisant de ce couple d’une nuit, des amis d’une vie.

Les romances ne sont pas pour moi, en littérature, mais celle-ci est belle, touchante, merveilleuse, parce qu’elle aborde un sujet tabou : l’amour en personnes d’un certain âge.

Bien que Addie et Louis ne pratique pas la bêbête à deux dos, dans leur dos, ça cancane, ça ragotte, ça regarde de travers, ça pense qu’ils se refont le kama sutra, sans penser qu’à leur âge, on a plus envie de compagnie que d’orgie sexuelle.

Mais les gens sont cruels, bêtes et méchants… Kent Haruf nous le démontre par A+B sans avoir besoin d’en faire des caisses.

J’ai passé des moments de bonheur avec ce couple improbable, avec le petite fils d’Addie, qui, traumatisé par la séparation de ses parents, a peur d’être abandonné et qui, dans la personne de Louis, trouvera un substitut de père et papy.

Mais vous savez comme moi que le bonheur des uns rend les autres jaloux… et que les enfants de notre papy et mamy ne voient pas ça d’un bon œil, alors que eux, dans leur vie, c’est désastre amoureux total !

L’auteur prendra le temps, durant ces trop courtes 180 pages, de nous éclairer sur le passé de nos amis, eux-mêmes se racontant leur vie de couple, leurs problèmes, leurs malheurs, et la solitude depuis quelques années.

C’est la boule au fond de la gorge et les larmes aux bords des yeux que je les ai laissé, me retirant sur la pointes des pieds pour ne pas qu’ils me voient avec les larmes aux yeux.

J’aurais aimé empoigner certains pour leur dire « De quoi te mêles-tu ? Serais-tu jaloux de leur bonheur alors que toi tu en es incapable ? », mais je n’ai rien dit parce que je me suis demandée ce que nous ferions si c’était notre mère ou notre père qui, une fois arrivé dans les 70 ans, agissait comme Louis et Addie…

Il est un fait que nous sommes intolérants et étroits d’esprit, surtout pour certaines choses et la vieillesse en fait partie. Certains n’ont plus le droit d’être heureux et les tyrans ne sont pas que à la tête de certains pays, ils sont parfois dans vos familles, dans vos proches et vous pourriez être l’un d’eux.

Un très beau roman auquel je ne reprocherai qu’une seule chose : l’absence totale de guillemets ou de tirets cadratins pour marquer les dialogues, ce qui a rendu ma lecture plus difficile.

Malgré cela, c’est un coup de cœur car il y avait beaucoup de profondeur et de tendresse dans ses pages. De l’amour, de l’amitié et malheureusement, de l »incompréhension et de la jalousie.

Étoile 4

BILAN - Coup de coeur

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25 réflexions au sujet de « Nos âmes la nuit : Kent Haruf »

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  4. Ce n’est pas mon style de roman mais l’histoire me fait penser à ma mère… Quand elle s’est retrouvée veuve, j’aurais adoré avoir un beau-père. Un sympa bien sûr, un qui la chouchoute, un qui lui fasse profiter de la vie, un qui lui donne de la tendresse. Et puis non, malheureusement ça ne s’est pas fait.
    Tout le monde a droit à l’amour bon sang 🙂

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    • Il reste tout le reste, mon Bison ! De l’amitié, de l’affection, deux vieux corps meurtris par l’arthrose qui voudraient avoir un peu de chaleur humaine… et des personnages qui, sans en faire des tonnes, sont juste dans le ton (et pas le thon !!).

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  5. Ça m’a l’air joli tout plein cette histoire!

    Mais dis moi… cette histoire d’amour du 3e âge… Et le Garçon… Et l’art de se faire voir chez les grecs… Mais diantre! Tu lis aussi autre chose que du polar??? 😄😄😄

    Mais comme d’habitude… ton goût reste très sûr!

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    • Mais oui, je lis aussi du cul ! Entre hommes, entre personnes du 3ème âge… y’a pas que le polar dans la vie ! (heu, je ne signerai pas cette phrase).

      Mais je retourne vite au polar, tu sais… bien que de temps en temps je change de crémerie. 😉

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  6. Ho je l’ai déjà vu quelque part mais je ne l’avais pas noté, là tu me fais envie ! Et oui, les « jeunes » pensent que passé 60 ans les « vieux » n’ont plus à avoir de sexualité…ni de dans le cas présent de ce livre, simplement refaire leur vie dans la tendresse… S’ils savaient ce qu’il en est réellement, s’ils savaient qu’un jour ils auront eux aussi 75 ans et que là, ils s’apercevront que les « choses » du corps et du coeur, l’amour, l’amitié ne sont pas rayés brutalement de la vie comme ça…ils agiraient autrement… Même question qu’Ivan : avant ou après Le Garçon ? 😆 Parce que moi j’ai du mal avec les autres depuis… 🙄

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    • Non, lu juste après, c’était le livre qu’il fallait pour lire ensuite, un livre avec des émotions fortes, belles, douces, émouvantes, et un final qui donne envie de pleurer un bon coup.

      Tout le monde oublie qu’il aura un jour l’âge du vieux qu’il critique… tout le monde veut vivre longtemps, mais personnes ne veut vivre vieux !! Il y avait déjà eu des simulations de ce que la vieillesse était : on mettait des gros gants à des gens, des marches très hautes, des poids aux jambes et on leur demandait de téléphoner, de prendre des trucs, de monter les marches… il suffit déjà d’une entorse pour que tu te rende compte que « putain, mais qu’elles sont hautes les marches du train » !

      Les gens aiment se moquer des vieux ou penser qu’il n’y a plus de sexe passé un certain âge. Se moquer parce qu’ils éloignent le spectre de la vieillesse et ils n’aiment pas penser que leurs pères, mères, ont encore envie de sexe à leur âge, ça leur semble dégoutant, un peu comme avec les handicapés qu’on emmenait voir des professionnel(le)s pour que ces gens-là goute aussi au sexe. Non, non, non, la société bien pensante s’est insurgée !! Pas bien !

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    • Après le garçon, j’ai réussi à lire un autre livre et à ressentir des émotions, des autres émotions, mais oui, je suis capable d’enchainer après le garçon.

      Pourquoi, pas toi ?? Me dis pas que tu n’as pas su lire de romans ensuite, car tu as publié des fiches et si ça t’arrivais, ça voudrait dire que ton blog n’aurait plus de publications… ce qui est impossible !!

      Par contre, j’ai lu « le bon fils » après « nos âmes la nuit » et là, j’ai pas aimé !! Mais pas encore fait la fiche.

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