Le Sang du Monstre : Ali Land

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Titre : Le Sang du Monstre

Auteur : Ali Land
Édition : Sonatine (2016)

Résumé :
Après avoir dénoncé sa mère, une tueuse en série, Annie, quinze ans, a été placée dans une famille d’accueil aisée dans un quartier huppé de Londres. Elle vit aujourd’hui sous le nom de Milly Barnes et a envie, plus que tout, de passer inaperçue.

Si elle a beaucoup de difficultés à communiquer avec ses camarades de classe, elle finit néanmoins par se prendre d’affection pour une ado influençable du voisinage. Sous son nouveau toit, elle est la proie des brimades de Phoebe, la fille de son tuteur, qui ignore tout de sa véritable identité.

À l’ouverture du procès de la mère de Milly, qui fait déjà la une de tous les médias, la tension monte d’un cran pour la jeune fille dont le comportement va bientôt se faire de plus en plus inquiétant.

big_ben_nuit_londres_fev_2006_01Critique :
Quand on est ado, la tendance est à se plaindre de sa daronne, qu’on trouve toujours pas assez cool, trop chiante, trop si, trop là, trop fais-pas-ci, fais-pas-ça…

Ne le niez pas, nous avons tous et toutes été des ados et si un gamin de 12 ans me lit, il y passera comme tout le monde !

Pourtant, lorsqu’on découvre, au fil des 288 pages, le portrait de la mère d’Annie, on se dit qu’on a été le cul dans le beurre avec notre mère lorsque nous étions ados !!

Son portrait est glaçant, révulsant, horrible, il fait froid dans le dos et partout ailleurs. De plus, découvrir que sa fille, Annie, 15 ans, lutte pour ne pas se laisser envahir par un sentiment de culpabilité, fait tout aussi monter la tension cardiaque.

Il n’y a pas plus grande trahison que lorsqu’on trahit son propre sang.

Ben oui, Annie s’en veut d’avoir dénoncé sa mère, elle s’en veut aussi de ne pas être intervenue plus tôt (le cul entre deux chaises), elle aurait aimé que sa mère la regarde avec amour, qu’elle l’aime, elle voudrait la revoir, mais depuis qu’elle est devenue Milly et qu’elle est placée dans une famille d’accueil, c’est seulement lors du procès de sa mère qu’elle aura l’occasion de la revoir. Ou pas.

Tout aficionado de thriller psychologique se devrait de lire ce roman car il culmine dans les hauteurs niveau tension !

D’ailleurs, il y a eu quelques passages où mon palpitant palpitait fort. Je suis passée par tous les états : révoltée, ulcérée, énervée, passionnée, envie de vomir,… mais jamais je n’ai lâché le roman de la journée !

L’auteur a réussi à s’infiltrer avec réalisme dans la peau des ados des années 2010, ceux qui sont nés avec un smartphone à la main, un compte Facebook et une chaine You Tube dès leur sortie du ventre de leur mère.

Il n’a jamais fait bon être la tête de turc de l’école ou de sa classe, mais depuis l’émergence du smartphone, le cauchemar est devenu enfer pour certains ! On ne se bat plus à coup d’insultes dans la cour de récré, mais à coup de vidéo ou photos volées : des photos de nus ou dans une fâcheuse posture, de préférence.

Pour Annie-Milly, j’ai ressentie une empathie profonde, je l’ai plainte, j’aurais voulu l’aider, mais elle était devenue la Tête de Cul des autres, la meneuse de la meute l’ayant pris en grippe. Comme ça arrive toujours.

J’ai apprécié de me retrouver dans l’enfer des écoles bourgeoises et dans une famille des quartiers chics de Londres, là où l’on pense que tout est parfait… Mais une fois la porte d’entrée poussée, je me suis retrouvée chez des gens à problèmes, avec une mère à l’ouest et un père qui ne voit que ce qui l’arrange.

Dans ce quartier de Londres, tout n’est qu’apparences. On s’envoie des baisers de la main, tout en se poignardant dans le dos. Et on remue le couteau pour que la plaie ne se referme pas.

Elle a l’œil vitreux, et elle n’arrête pas de se toucher le nez. Mike n’est pas aveugle. Il choisit de ne rien voir. Elle s’est réapprovisionnée. Et elle est défoncée. Baisée. Elle se fait baiser. Elle se fait défoncer. Elle se défonce.

Vous me direz qu’on a déjà eu des romans dans le même genre… Oui, mais, ici, la différence, elle se trouve dans la narration à la première personne, et c’est Milly-Annie qui nous raconte sa lutte contre le fantôme de sa mère, contre les filles de son école, son désir d’être aimée…

Cette plongée psychologique, c’est une plongée dans un abîme sans fonds, noir, sombre, où l’on pourrait se perdre. Et durant toute la lecture, on se demande quel loup Annie-Milly va nourrir : le gentil ou le méchant ?

Le cerveau des psychopathes est particulier – J’ai fais mes calculs : quatre-vingts pour cent la génétique, vingt pour cent l’environnement. Et donc moi. Cent pour cent foutue.

Un conte amérindien où le vieux Cherokee raconte à son petit-fils qu’en chacun de nous se livre une bataille entre deux loups. L’un est méchant, l’autre bon. Le garçon demande à son grand-père, quel loup gagne ? Et le vieillard de lui répondre, celui que tu nourris.

C’est une lecture avec la boule au ventre, une lecture qu’on ne lâche que difficilement, en grognant, et, tel un chien affamé, on se rue de nouveau dessus dès qu’on a 2 minutes (même moins).

Un roman fort de café noir, le petit bien serré… Un thriller psychologique d’une justesse effarante, une narration qui vous tient sous tension, sous adrénaline, le souffle court, la respiration haletante.

Il y a aussi beaucoup de réalisme dans les ados et leur manière de vouloir toujours être sous le feu de l’actualité, de faire le buzz, leur façon de trouver leur place dans la société et leurs sales coups bas.

Les écoles ultra-sélectives favorisent le développement d’une espèce d’adolescents particulièrement manipulateurs. Et ils ont plus d’un tour dans leur sac.

Et puis, nous ne sommes jamais à l’abri d’un retournement de situation dans notre règlement de compte entre ados…

Une lecture coup de cœur qui m’a fait monter le rythme cardiaque dans la zone rouge.

Étoile 4,5

Challenge « Thrillers et polars » de Sharon (2016-2017), « A year in England » chez Titine (Juillet 2016 – Mai 2017) et le Challenge British Mysteries chez My Lou Book.

BILAN - Coup de coeur

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68 réflexions au sujet de « Le Sang du Monstre : Ali Land »

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  3. Ping : A year in England 2016 – Récapitulatif | Plaisirs à cultiver

  4. Ping : Bilan Livresque Mensuel : Novembre 2016 | The Cannibal Lecteur

  5. Chouette chronique que celle-là… Le sujet difficile qu’est la période de l’adolescence, illustré par le comportement des ados actuels fournit un matériau idéal. Quand je vois leur façon de se comporter, j’ai l’impression d’être un vieux fossile du pliocène…
    Je prends note, s’il me passe un jour entre les mains…

    Aimé par 1 personne

    • Je préfère rester vieux fossile, au moins, j’ai eu une vie tranquille ! Pas de vidéo foireuse pour te descendre sur le Net avec des filles qui finissent ridiculisées et suicidées à force.

      Je pourrais te le faire passer dans tes mains, si tu veux… je passerai te faire coucou sur fesse bouc pour… pour te faire coucou ! 😉

      Aimé par 1 personne

      • Hé oui! Imagine la scène!😊

        Bonjour Madame, je vous prendrai Le sang du Monstre, une religieuse chocolat, trois financiers, un mendiant, non deux!, un Paris-Brest, une amandine, ah oui… j’allais oublier… une tropezienne et un chausson napolitain!

        Je crois que ça ira pour mon quatre heures, non? J’ai peur que ce soit un peu juste toutefois… elles sont à quoi vos
        Bavaroises? Et sous les flans au fruits ne serait-ce pas le dernier volet des aventures de Scarpétasse? Dites moi au fait? Scarpétasse, ça doit bien lui faire dans les 70 ans maintenant, non?😜

        Aimé par 1 personne

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