Un homme à terre : Roger Smith

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Titre : Un homme à terre

Auteur : Roger Smith
Édition : Calmann-Lévy (2016)

Résumé :
Cela fait dix ans que l’homme d’affaires John Turner et son épouse Tanya ont quitté Johannesburg pour s’installer près de Tucson en Arizona. Ils ont une fille de neuf ans et le couple prospère grâce à un brevet d’aspirateur de piscine.

Le tableau paraît idyllique, mais ne l’est absolument pas : John, qui est tombé amoureux de son assistante, veut divorcer. Tanya, qui déteste et son mari et sa nouvelle vie américaine, refuse catégoriquement et menace de le faire chanter.

canon-revolver-156781Critique :
Un homme à terre, ce pourrait être moins grave qu’un homme à la mer, non ?

Et bien après avoir lu ce roman, je peux vous dire que John Turner a beau avoir été sur le plancher des vaches, sa vie a pris l’eau de toute part et qu’il a eu l’impression de se noyer dans sa merde, dans son passé, dans ses péchés et je pense qu’il aurait mieux aimer sombrer dans l’océan plutôt que lors de cette horrible soirée mémorable.

D’ailleurs, notre John Turner, en a vécu d’autres, de putain d’horribles journées ! Mais ici, je pense qu’il vient de décrocher le pompon ou que la Madame La Poisse l’aimait vraiment bien car si ce n’était pas la première fois qu’elle lui collait aux basques, mais là, elle lui a offert l’apothéose.

Ceci est un roman violent, à ne pas mettre entre toutes les mains, ni sous tous les yeux. Moi même j’ai trouvé que, à un moment donné, on sombrait dans la surenchère de violence, qu’elle n’était absolument pas justifiée et j’ai déconnecté lors d’un chapitre particulièrement gore.

Roger Smith ne tourne pas autour du pot quand il vous livre un récit, ce n’est pas son style, il donne même l’air d’être de mauvais poil envers ses personnages, tant il va nous en brosser un portrait peu flatteur. Et pourtant, John a beau être une belle enflure, on l’apprécie quand même et on se dit que non, il n’avait quand même pas mérité pareil traitement !

Quoique… Au fil des pages, on se demande s’il n’a pas mérité ce qui vient de lui tomber sur le râble. J’avoue que je n’ai toujours pas tranché si oui ou non il le méritait vraiment…

Deux histoires se croisent et s’entrecroisent, en alternance dans les chapitres : une qui s’est déroulée en Afrique du Sud, il y a 10 ans, quand John Turner était un alcoolique drogué, dealeur, une loque, une lavette et que sa future femme, Tanya, était une suceuse de queue (elle n’a pas changé) défoncée et maigrichonne.

Il s’est passé un truc horrible en Afrique du Sud, dans la ville de Jo’Burg (Johannesburg)… Si vous lisez ce roman, vous ne pourriez pas y échapper.. Faudra vous accrocher.

À vous de juger si John Turner est coupable ou la victime d’un flic corrompu et des ravages des différentes drogues mélangées à du Jack’s. Ou le contraire (le Jack’s mélangé à des drogues). Pour moi, il bénéficie de circonstances atténuantes. Bien que…

Mon jugement restera en balance indéfiniment car John Turner n’était certes pas tout blanc, mais pas tout noir non plus. Sa rédemption, il tentait de la faire du mieux qu’il pouvait. Et sa femme, ma foi, n’était pas une sainte non plus.

L’autre récit, c’est celui de maintenant, en Arizona, là où il vit avec Tanya et leur fille, Lucy. Sa vie et celle de sa femme vient de basculer dans l’horreur, dans l’indicible et au fur et à mesure du récit, nous serons nous aussi frappé par ce que nous apprendrons.

J’avoue avoir eu un peu de mal au départ, avec cette alternance de chapitres car elle est si bien réalisé que la fin d’un est le commencement de l’autre, une sorte de prolongement entre ce qui est arrivé au présent et ce qui est survenu au passé.

Franchement, c’est bien fichu, mais au départ, cela avait de quoi me perturber avant que la pièce ne tombe dans mon cerveau.

Au final ? Uppercut dans ta gueule, dans le plexus, K.O debout. Pas de temps mort, pas de Bisounours, pas de répit, pas de pitié.

Oui, Roger Smith est sans concession aucune pour ses personnages : ce ne sont pas des héros, John Turner encore moins et Tanya, son épouse, on aurait bien envie de la flinguer tant c’est une chieuse de première et une mère horrible envers sa fille, Lucy.

– Ramène tes fesses à l’intérieur, espèce de petite garce ! cria Tanya, sa mère.
Turner la vit empoigner Lucy par les épaules, la propulser dans la maison, refermer d’un coup sec la baie vitrée en réprimandant l’enfant, index braqué sur elle comme un pistolet tandis que la fillette gardait les yeux rivés sur la petite voiture qui avait démarré dans un râle et s’éloignait.

Un roman violent, un roman qui nous parle aussi de l’apartheid, de l’Afrique du Sud que vous ne verrez jamais dans le « Guide Du Routard », une écriture réalisée avec des flingues, trempés dans du sang et du gore, là où j’ai moins adhéré.

Étoile 3,5

Challenge « Thrillers et polars » de Sharon (2016-2017) et Le « Challenge US 2016-2017 » chez Noctembule.

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56 réflexions au sujet de « Un homme à terre : Roger Smith »

  1. Ping : Bilan pour le challenge polar et thriller 2016-2017 | deslivresetsharon

  2. Je l’ai enfin lu ! 😀 Et finalement, je crois que je m’étais tellement préparée à de l’horreur pure vu ce que tu en disais que je m’attendais quasiment à l’orgie scato avec auto-mutilation forcée, et du coup ça s’est plutôt bien passé haha
    Faut dire que j’ai une bonne capacité à bloquer les images mentales quand la situation le demande, mais du coup j’ai été très emballée par ce livre (et du coup, merci du conseil !).

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  3. Ping : Bilan Livresque Mensuel : Janvier 2017 | The Cannibal Lecteur

  4. C’est certain, dans cette l’histoire de ce pays, nul n’est complètement blanc, si j’ose dire… Même Nelson, et cet homme avait le rêve d’un pays unifié, et sûrement que les moyens employés pour réaliser ce rêve n’ont pas été toujours très nets, je te le concède.
    En attendant, les romans de Roger Smith nous livrent l’Afrique du Sud, sous un éclairage particulièrement cru.

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    • Les romans de Smith ne font pas dans la dentelle, ils sont vrai, fort, sans concession aucune.

      Les idéaux de Mandela étaient très bons, je n’en doute pas un seul instant, mais il n’a pas fait dans la douceur comme Gandhi. Mais j’aime quand les journalistes dressent un portrait vrai et pas que ce qu’ils ont envie de dire et ce que les gens ont envie d’entendre. 😉

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  5. J’avais commencé les romans de Roger Smith avec « Le sable était brûlant ». C’est vrai que c’est violent, parfois même un peu trop. Mais le mérite de l’auteur, selon moi, est de montrer sans fard cette société sud-africaine post apartheid, gangrenée par la criminalité, la drogue et la violence. On est bien loin de l’idyllique « Rainbow nation » rêvée par Nelson Mandela. :/

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    • Lu aussi un autre de ses romans, et la violence gratuite ne se situe pas dans le récit qui se déroule en Afrique du Sud, mais aux states, durant sa mésaventure et c’est ce qu’endure sa secrétaire, c’était inutile de la faire intervenir là, cette violence là ne servait pas le récit, à mon sens.

      Nelson n’était pas un ange lui-même… Il a fait des grandes choses mais n’a pas fait des dizaines d’années de prison parce qu’il luttait pour éradiquer l’apartheid et donner des droits à son peuple… Il a bel et bien reçu des fonds de Castro et de Kadhafi. Et suivi des stages pour poser des bombes… Je ne remets pas en question son oeuvre, loin de là, je ne crache pas sur lui, mais j’aime quand les journaux mettent les pendules à l’heure en donnant aussi la part d’ombre des grands hommes.

      Ceci dit, tant qu’il y aura du fric à se faire, les Hommes continueront d’écraser les autres. 😉

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  6. J’avais trouvé que la violence et le gore étaient assez gratuits. Et que tant qu’à lire des sud-africains, il y a Deon Meyer, Wessel Ebershon ou dernièrement Karin Brynard (au seuil), ou Marli Roode chez Rivages qui sont beaucoup plus intéressants.

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    • La violence inutile était dans la scène avec la secrétaire… était-ce bien utile ? Pour moi non, hormis à démontrer que pour protéger sa fille, un homme est prêt à tout et qu’il a vraiment bouffé sa chandelle par les deux bout, notre Turner.

      Deon et Wessel déjà découverts. Du lourd, Wessel !

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    • Il y a de la violence, pas plus que dans Cotton’s, moins, même, mais différente, puisque pas le même contexte. Mais comme je disais, une scène est déplacée, elle n’apporte rien et ce fut la goutte de sang qui a fait déborder mon vase. Pourtant, pour que ça déborde chez moi… Le sujet de fond, lui, excellentissime !

      Je ne voulais pas te faire fuir, alors, j’ai pas poussé la chansonnette, mais bon, si tu réclames, je me dois de le faire pour mon public !

      Je vais te chanter quoi, moi ?? Je sais, du Julien Clerc !!! 😆

      REVIENS GAMIN, C’ÉTAIT POUR RIRE !!

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    • Elle suce ! Et elle avale en plus, la Tanya. Mais elle branle pas, ça, c’était dans « Nous allons mourir ce soir » (je fais dans le cul, moi, ces derniers temps).

      L’argument de lecture est le fait que l’on y parle de l’afrique du sud, de sa misère, de l’apartheid, post et pré.

      Tu as une liseuse toi, si je ne dis pas de conneries ?? 😉

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  7. Le gore? J’aime pô… violence gratuite, déballage d’hémoglobine… faire de la surenchère dans l’horreur, je trouve que c’est un peu trop facile pour les auteurs du genre… Mais il est quand même dans ma PAL car un autre avis m’avait déjà interpellé! ^_^

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