Carrie : Stephen King

Titre : Carrie

Auteur : Stephen King
Édition : J’ai Lu (2000)
Édition Originale : Carrie (1974)

Résumé :
Une mère puritaine, obsédée par le diable et le péché ; des camarades de classe dont elle est le souffre-douleur : Carrie est profondément malheureuse, laide, toujours perdante.

Mais à seize ans resurgit en elle le souvenir d’un « don » étrange qui avait marqué fugitivement son enfance : de par sa seule volonté elle pouvait faire se déplacer des objets à distance. Et ce pouvoir réapparaît aujourd’hui, plus impérieux, plus impatient…

Une surprise bouleverse soudain la vie de Carrie : lorsqu’elle est invitée au bal de l’école par Tommy Ross, le boy-friend d’une de ses ennemies, n’est-ce pas un piège plus cruel encore que les autres ?

carrie86Critique :
♫ Oh, Carrie, tous ils savaient, Tout le mal qu’ils te faisaient. ♪ Oh, Carrie, si ta mère voulait, De ses bras nus, te consoler, ♪ Évanouie, ton innocence. Ce bal était pour toi la dernière chance. ♫ Peu à peu, la ville disparait
Malgré les efforts des pompiers ♪

Carrie, le premier roman du King d’après Wiki.

Un roman fort qui, sous le couvert du fantastique et de l’horreur, parle d’un phénomène toujours d’actualité : les brimades à l’école.

Nous le savons bien, nos chères têtes blondes sont des petits sadiques en culottes courtes et l’adolescence ne les calme pas, que du contraire.

Si vous n’étiez pas l’élève le ou la plus populaire de votre bahut et que vous avez subi des brimades de vos camarades transformés soudainement en une meute de loups agressifs, croyez-moi, ce n’est rien comparé à ce que Carrie White doit subir tous les jours !

La pauvre, déjà qu’elle n’est pas bien née, son père étant mort avant sa naissance et sa mère est une bigote extrémiste et fanatique. Je déteste le fanatisme, quel qu’il soit (religion ou autre, même en sport) et ici, avec Margaret White, on a décroché la timbale !

Pour elle, tout est péché, de la fornication aux mensurations, en passant par les « salbosses » qui sont en fait les seins qui, selon elle, ne poussent que si on a été une méchante fille (j’ai été trèèèès méchante, moi, alors).

Si elle était logique avec elle-même, elle comprendrait que sans la fornication, pas de reproduction et donc, plus d’humains sur terre. Sans doute n’avait-elle pas lu les passages biblique disant « Allez et multipliez-vous » ou le fameux « Aimez-vous les uns sur les autres ».

Anybref, Margaret White est à enfermer ! Ce ne sera pas la dernière fois que le King du Maine (à ne pas confondre avec son homonyme le King de Memphis) nous parlera des fanatiques religieux et des dangers du fanatisme.

Pas toujours facile de lire ce roman, en cause les brimades violentes (et gratuites) subies par Carrie, 16 ans et faites par l’ensemble de sa classe et de la ville aussi, puisque les gens les considèrent, elle et sa mère, comme des marginales à ne pas fréquenter.

Et puis, la pauvre Carrie ne peut même pas dire qu’en rentrant chez elle cela va aller mieux parce que sa mère est complètement chtarbée et voir ce qu’elle fait subir à sa fille est un supplice aussi. Comment est-ce possible ? Ben si, c’est possible, hélas.

N’allez pas croire qu’on est dans la zone chez des bouseux ou chez des rednek, non !

Dans ce roman, on découvre des jeunes gens assez aisés, un collège bien sous tout rapport, une petite ville proprette dans le Maine et des professeurs ou directeurs pas vraiment concernés par les humiliations subies par la pauvre Carrie. Ce comportement sera lourd de conséquences.

Pas vraiment de suspense car le récit nous donne souvent des indications de ce qu’il va se passer après et, chose un peu déconcertante au départ, il est aussi entrecoupé d’articles fictifs de journaux, d´extraits de livres spécialisés traitant du phénomène de télékinésie dont est pourvue Carrie White, ainsi que de nombreux flashbacks où Carrie se souvient de son enfance pas tendre.

Ceci étoffe un peu le roman qui n’est guère épais en pages, mais épais en tension et en intensité car il est difficile de rester insensible lorsque l’on voit les évènements futurs avec une clarté digne d’un médium qui aurait déjà lu le roman.

Tous sont coupables à des degrés divers, personne n’ayant jamais pensé que Carrie souffrait de ces brimades, de cette mise à l’écart (ou s’en moquait bien) et encore moins qu’elle possédait des pouvoirs et que tout cela se finirait dans la tragédie apocalyptique ou pyrotechnique.

Certes, les événements décrits dans ce roman appartiennent au fantastique, mais il est tout de même prémonitoires ou du moins, tirés d’un constat sévère : à force de faire enrager une personne bien déterminée, à force de se conduire en bourreau, à force de la brimer, un jour, cette personne pourrait se retourner sur vous, entrainant dans sa folie vengeresse bien des innocents (ou de ceux qui ont vu et laissé faire).

L’actualité en a souvent rejoint la fiction, dans ces collèges américains où certains, lourdement armé, avaient pété un câble et tiré sur tout le monde.

Pourtant, Carrie ne demandait pas grand-chose : des amies, une vie normale, une scolarité exempte de sales coups vaches, qu’on la laisse tranquille…

Un premier roman du King où l’on devine déjà sa patte bien personnelle. Ce n’est pas son meilleur, mais j’ai ressenti énormément d’émotion et d’attachement pour Carrie qu’il accède aux hauteurs Kingesque.

Étoile 4

Challenge « Thrillers et polars » de Sharon (2016-2017), Le « Challenge US 2016-2017 » chez Noctembule, Le Mois du polar 2017 chez Sharon (Février 2017) et le RAT a Week Winter Edition Saison 2 chez Chroniques Littéraires (243 pages).

42 réflexions au sujet de « Carrie : Stephen King »

  1. Ping : Challenge littérature américaine | 22h05 rue des Dames

    • Il ne fait pas « peur », mais il émotionne fortement, surtout si la lectrice ou le lecteur n’était pas tête de liste des gens qui comptent à l’école, mais plus isolés…

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  2. Ping : Bilan Livresque Mensuel : Février 2017 | The Cannibal Lecteur

  3. Moi c’est mon premier King, lu au sortir de l’adolescence et j’avais adoré, je m’en souviens comme si c’était hier, tellement il m’a marquée ! J’ai eu deux phases à l’adolescence : une où j’étais un peu mise de côté car trop différente et pas très jolie et puis je suis devenue jolie, alors là tout a changé, mais pas moi ! Je continuais à me réfugier dans les livres, me disant que la « beauté » était éphémère, pas la culture ! J’ai eu raison non ? 😆 J’ai enchaîné sur Christine, Cujo, un de mes préférés et Simetière et presque tous les autres, sauf les « ÇA » qui me sont tombés des mains : il faudrait que je ré-essaye ! 😉 Bon, je n’irai pas lire ton billet sur l’Exorciste, ce film m’a fait cauchemarder pendant un an !!! 😆 Ne me supplie pas ni ne m’attache, je ne bougerais pas ! 😀

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    • C’est déjà pas mal quand on devient jolie ensuite, ça n’arrive pas à tout le monde. Mais effectivement, on devient la copine de tout le monde ensuite, alors qu’avant, hein, on puait.

      C’est bien que tu n’aies pas profité de ton nouveau statut, je pense que j’aurais profité, moi, pour me venger de certaines… pas bien, je sais !!

      J’étais dans les livres aussi, et en effet, la culture, à moins d’alhzeimer, ce n’est pas éphémère comme la beauté.

      Mon billet ne fait pas peur, en principe… moins peur que Cujo ! ÇA, j’osais pas le lire, m’a fallu que ma binôme me tienne la main pour que j’ose et je n’ai pas regretté du tout ! Magnifique histoire.

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      • Oui, c’est bien d’une certaine façon mais il m’a fallu du temps pour le « comprendre », c’est parce que j’avais toujours une meute de garçons qui me suivaient et des filles qui, brusquement, me trouvaient « fréquentable » ! Alors je ne me suis pas mise à leur niveau, j’ai laissé courir les garçons et ignoré les lécheuses de bottes !!! 🙄 C’était ma façon de me venger…En ignorant et snobant tout le monde ! 😆 Il y a des King que j’ai lus avec le trouillomètre à zéro et jamais seule à la maison si ça peut te rassurer ! 😆 Oui j’ai lu ton billet et tu m’as fait rire ! 😀

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  4. J’ai un souvenir presque tendre pour ce roman. Sans doute parce que je l’ai lu à une période difficile de mon adolescence et que je me sentais moi même exclue et différente ( mais n’est ce pas inhérent à l’adolescent de se sentir différent ?)
    L’adaptation cine était très réussie. Non, ce n’est pas le meilleur roman du King mais j’ai toujours trouvé qu’il avait une tension dramatique particulere

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  5. J’ai adoooooré ce livre! L’un de mes premiers King (avec Christine)! J’ai bien aimé le personnage de la mère… c’est certainement à cause de sa ressemblance avec mon Toquéfada Chéri! 😁 Et puis ça m’a rappelé l’époque du collège et des phénomènes de bouc émissaires et de rejets de ceux/celles qui sont différents… en ce sens ce bouquin décrit très bien ça au-delà de la question fantastique/horreur du livre. Les thèmes du fanatisme religieux et de la cruauté adolescente y sont très bien saisis.

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    • Elle à enfermer, la mère ! Une folle, une dingue, sans logique, sans connaissance, une tarée !

      Oui, les brimades sont un phénomène qui n’est pas prêt de s’arrêter, surtout que maintenant, il y a les réseaux sociaux et que ça se termine par des suicides ou des coups de couteau à la sortie de l’école.

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      • Quôa? La mère est tarée? 🙄
        Mmmouais… d’accord… c’est vrai! Mais quand je dis que j’aime bien c’est surtout l’art de SK pour nous décrire justement cette folie de l’intégrisme religieux et sa dimension psychotique. Mais dis pas à Toquéfada que je t’ai dit ça hein? Promis? 🤐 C’est que je risque le bûcher moi! 😱

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        • Même sous la torture je ne parlerai pas ! 😀

          L’intégrisme, le fanatisme, quel qu’il soit, je le fuis ! Je m’en méfie, je le déteste ! Il me fait froid dans le dos.

          King décrit bien cela, en effet, on dirait même du vécu ou du vu !

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    • En fait quand j’y pense King traite assez souvent la question de la cruauté des zados envers ceux qui n’entrent pas dans le moule normatif qui veut que le summum de la comploteuse serait d’être capitaine de l’équipe de foot américain et leader de la meute hurlante des pompom girls peroxydées ! Je suis toujours stupéfaite de voir le mépris à l’égard des gamins des clubs de science ou des clubs d’échecs dans les séries pour ados US. Comme si être intello était une tare! Et quand on voit que certaines facs US vont préférer le capitaine de l’équipe de foot même s’il n’a la moyenne nulle part aux présidents du club d’échec un peu timide qui aurait des résultats corrects ailleurs je ne m’interroge plus sur le résultat des dernières élections US!

      Bref je pense que pour que King soit revenu sur ce thème avec autant de finesse… c’est probablement parce qu’on son profil un peu solitaire et son imaginaire pour le moins tourmenté a dû lui valoir des soucis quand il était au collège et au lycée ! Enfin… je dis ça… mais je ne suis pas voyante médium extra lucide! 😬

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      • Dans nos sociétés, l’intelligence est mal vue en classe, le premier de classe, surtout s’il se la pète, sera mis sur le côté et on idolâtrera le trublion qui a eu zéro et qui se vante de n’avoir pas étudié, sans doute qu’on aurait aimé avoir son courage des mauvais points et que lui, aurait aimé en avoir des bons, mais que pour pas perdre la face….

        Les séries US mettent en effet plus en avant les capitaines de foot débiles que les geek intelligents et jouant aux échecs, sans doute qu’ils eussent préféré un capitaine intello passé maître dans l’art du coup du gambit.

        Les gens aiment les cons, les débiles, les crétins, je ne sais pas pourquoi. Quand tu réussis dans la vie et que tu gagnes de l’argent, ça fait des jaloux et ils te méprisent.

        Si tu es une (un) solitaire, à l’école, tu seras direct la cible des autres, à croire que, tels les prédateurs, ils repèrent le faible de la meute.

        Ou le King a eu des soucis, ou il a vu le sort réservé aux solitaires…

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