Canicule : Jane Harper

Titre : Canicule

Auteur : Jane Harper
Édition : KERO (11/01/2017)

Résumé :
Kiewarra. Petite communauté rurale du sud-est de l’Australie. Écrasée par le soleil, terrassée par une sécheresse sans précédent. Sa poussière. Son bétail émacié. Ses fermiers désespérés. Désespérés au point de tuer femme et enfant, et de retourner l’arme contre soi-même ?

C’est ce qui est arrivé à Luke Hadler, et Aaron Falk, son ami d’enfance, n’a aucune raison d’en douter. S’il n’y avait pas ces quelques mots arrivés par la poste : Luke a menti.

Tu as menti. Sois présent aux funérailles. Revenir à Kiewarra est la dernière chose dont Aaron a envie.

Trop vives sont encore les blessures de son départ précipité des années auparavant. Trop dangereux le secret qu’il a gardé pendant tout ce temps. Mais Aaron a une dette, et quelqu’un a décidé que le moment est venu de la payer…

Critique :
« Canicule »… Le genre de mot qui me donne envie de me lâcher et de faire des rimes peu catholiques, je vous le dis !

Le bush australien… Nom de Zeus, j’avais pourtant juré que je n’y remettrais plus les pieds car trop dangereux. Et j’y suis retournée…

Niveau page turner, ça le fait, car une fois entamé, je n’avais qu’une envie : arriver à la fin pour savoir ce qui avait bien pu se passer dans la ferme de Luke Hadler !

Imaginez la scène : vous êtes un livreur, vous finissez votre tournée par une livraison chez les Hadler et bardaf, vous finissez par vomir dans le bas-côté après avoir vu la corps de la maîtresse maison gisant dans une marre de sang, les mouches bourdonnantes autour de son corps froid, malgré les 40° à l’ombre.

Au premier, Billy, le gamin, mort lui aussi… Et le père ? Suicidé dans son pick-up d’une balle dans la bouche. Affaire simple et affaire classée ?? Pas si simple car pour les parents de Luke, admettre que leur fils a massacré sa famille n’est pas évident à avaler.

S’il y a une chose que j’ai adoré dans ce roman, c’est la description de tout ce qui fait la ruralité ainsi que la mentalité des gens qui vivent depuis des lustres à Kiewarra, trou paumé où règne une sécheresse canon depuis plus de deux ans.

Pas une seule goutte de pluie depuis 24 mois ! Les cultures crèvent, les bêtes aussi, les gens sont à sec, les fermiers n’ayant plus d’argent ne font plus tourner les commerces qui crèvent à leur tour… Un cercle vicieux qui est dépeint avec une exactitude qui fait fi des fioritures.

C’est ça le drame avec les problèmes d’argent, c’est contagieux. Les fermiers n’ont pas de fric à dépenser dans les magasins, les commerces font faillite et, du coup, il y a encore moins de gens qui ont de l’argent à dépenser dans les magasins.

Le bush est sec, l’écriture aussi, elle ne s’embarrasse pas de chichis et le scénario est aussi précis qu’une opération chirurgicale. Le tout étant réaliste, que ce soit les personnages, leur comportement débile, les dialogues et je tire mon chapeau à la scène d’introduction ! Magnifique, si j’ose dire, vu le sujet traité et décrit.

Pas le temps de savourer une bière au pub, les gars, car personne ne vous laissera la boire en paix !

Notre pauvre Aaron Falk, flic à Melbourne et revenu pour les obsèques de Luke, son pote d’enfance, traine derrière lui des ragots, de la médisance et de la suspicion : on l’accuse d’être le responsable de la mort de Ellie Deacon, survenue il y a 20 ans.

Et tout le monde le pense responsable et si ce n’est pas lui, alors c’est son père !

Tout est dépeint avec justesse et réalisme, dans ce roman : l’esprit de clocher, les petits esprits étriqués, les gens qui complotent dans votre dos, vos amis qui vous tournent le dos dès que la suspicion s’installe, le père de la fille qui monte tout le monde contre vous car il règne en maître, tel un seigneur sur ces terres ingrates où tous les fermiers lui doivent quelque chose.

— Tu es né et tu as grandi ici, ou bien tu es un étranger et tu le resteras toute ta vie, c’est apparemment comme ça qu’on voit les choses à Kiewarra.

Deux enquêtes : une contemporaine avec Luke qui aurait massacré sa famille avant de se suicider et le mystère de la mort d’Ellie, retrouvée noyée il y a 20 ans, dont Aaron voudrait bien laver son nom et celui de son père, eux qui ont dû fuir cette petite ville où tout le monde leur était devenu hostile.

— Impossible de contrôler l’onde de choc d’une affaire comme celle-là, dit-il d’une voix qui semblait un peu pâteuse.

Des flash-back afin de tout nous expliquer, mais petit à petit, sans brûler les étapes, car tout ce pays pourrait bien s’embraser, au propre comme au figuré.

— Cet endroit, c’est une vraie cocotte-minute. Les petites choses peuvent prendre des proportions démesurées plus vite qu’on ne l’imagine.

Des personnages attachants, tels Aaron Falk et le policier Raco, qui enquêtent tout les deux, et ce n’est pas facile lorsque la populace vous est hostile; Gretchen, une ancienne amie d’Aaron, la seule qui ne lui soit pas hostile, le directeur d’école, un type qui n’accable par Aaron et qui lui tend la main.

Des personnages mystérieux tels Luke Hadler qui n’aimait que lui, ou carrément salopard, tel Mal Deacon, le père d’Ellie et son neveu, Don.

— Ces deux-là sont des ordures. Et personne ne leur demande jamais de comptes.

Des fausses pistes, des nuits blanches, des heures passées sous la chaleur accablante du soleil… Du suspense savamment dosé, des mystères, des coups tordus, bref, un putain de roman qu’on dévore à toute berzingue tant on veut savoir si oui ou non Luke est coupable et si non, qui a fait ça alors ?

Un roman noir rural mené de main de maître, ou rien n’est laissé au hasard, une chaleur oppressante, une population aussi.

Des gens qui, telle une meute assoiffée de sang, regardent ce pauvre Aaron Falk mener son enquête en n’attendant qu’une chose : qu’il trébuche pour se ruer dessus et sonner l’hallali.

Un excellent roman qui m’a fait passer quelques heures angoissantes à cause de son suspense et de son réalisme.

Challenge « Thrillers et polars » de Sharon (2016-2017).

144 réflexions au sujet de « Canicule : Jane Harper »

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  2. Ping : Bilan pour le challenge polar et thriller 2016-2017 | deslivresetsharon

  3. Ping : Bilan Livresque Mensuel : Mars 2017 | The Cannibal Lecteur

  4. Pfff autant de pages alors que l’assassin aurait tout pu mettre sur le dos de la canicule s’il avait été plus patient et plus malin! Et pis… le bush… ben non j’aime vraiment pas ce coin! Fait trop chaud…

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      • J’aime pas les mojitos! 😖
        J’aime pas le bush! 😖
        J’aime pas la piscine! 😖
        J’aime pas les noyées! 😖
        J’aime pas la schtroumpfette!😖

        J’aime bien faire ma guenon grognon! 😁

        Aimé par 1 personne

        • Bon, moi j’aime les mojitos, j’ai rien contre le bush tant que je dois pas le traverser, j’adore la piscine privée, j’aime pas les noyées dedans et la schtroumfette s’est faite monter dessus par le schtroumf grognon… les cochons !!

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          • C’est pour ça que je suis fâchée avec la Schtroumpfette! Cette pétasse m’a soufflé le Schtroumpf grognon avant que je puisse conclure avec!

            Mais qu’est-ce qu’elle a de plus que moi cette conne? Elle est bleue? Et alors? C’est du racisme ou je m’y connais pas!!! 😡

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  5. On dirait que c’est du lourd. Trop peut-être pour moi ! Je note quand même (quand dans mon autre vie j’aurai fini ma pal).
    Tiens… un haïku non formaté :
    Les renoncules basculent sous la canicule
    Et dans un conciliabule au crépuscule
    Elles copulent avec les libellules.

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  6. Non, pas de rimes, par pitié !
    J’ai beaucoup aimé ce roman. Rural, peut-être, mais sans le coté un peu chiant qu’on trouve parfois (je vais me faire des amis, moi…)
    L’auteure prouve qu’on peut faire du thriller sans pour autant mettre beaucoup de rythme et sans rien sacrifier aux personnages.

    Aimé par 4 personnes

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