Jack l’Éventreur : Robert Desnos

Titre : Jack l’Éventreur

Auteur : Robert Desnos
Édition : L’Herne (25/05/2009)

Résumé :
« La figure de Jack l’Éventreur est absolument légendaire. Nul ne l’a jamais vu, ou plutôt les personnes qui l’ont vu n’ont jamais pu le décrire car on a retrouvé que leurs corps, horriblement mutilés.

Ceux et celles qui ont rêvé de lui, car le merveilleux se mêle à ces tragiques exploits, assurent que Jack l’Éventreur se présentait à eux sous l’aspect d’un homme extrêmement élégant, avec un ténébreux et beau visage, des mains extrêmement fines et des poignets dont la minceur n’excluait pas la robustesse. »

Critique :
Nom de dieu, mais qu’est-ce que c’est que ces élucubrations ? Elles ne sont même pas dignes de celle d’Antoine !

On pourra plaider le fait que ces lignes ont été écrites en 1928, pour le journal Paris Matinalet donc, fallait sans doute en rajouter pour les lecteurs.

Si vous voulez en savoir plus sur les meurtres de Whitechapel qui eurent lieu en 1888, ne lisez pas ce petit livre qui ne vaut absolument pas le prix demandé car 8,50€ pour 44 pages de porte nawak, ça fait mal.

Déjà, l’auteur assimile les crimes de Jack à ceux du Tueur au Torse (The Torso Killer) qui eurent lieu plus ou moins au même moment, mais le Tueur au Torse, lui, il démembrait ses victimes !

Dans ce petit machin, les victimes ne sont même pas nommées, l’endroit où eurent lieu les crimes ne sont pas cités, et puisque l’auteur prend toutes les victimes de tout le monde, on se retrouve avec une numérotation loufoque et 11 crimes à son actif, là où, canoniquement parlant, on ne lui en attribue que 5.

Le récit est fort romancé, on donne des pensées aux futures victimes qu’elles n’ont peut-être jamais eu et une allure de gentleman au tueur. Le style bien habillé, élégant, ténébreux, beau visage, mains extrêmement fines et des poignets dont la minceur n’excluait pas la robustesse.

D’accord… C’est vachement romancé. On lui attribue une bague en or et un regard avec des lueurs étranges qui inspiraient de la tendresse et du désir. Revenez les gars, j’ai pas fini !!

Mais le pire était à venir avec les approximations et les erreurs !!

  • Il nous parle de la nuit du 31 août qui était chaude, alors que j’ai lu qu’elle était froide,
  • Il est dit que les Londoniens appelaient déjà l’insaisissable meurtrier « Jack The Ripper » lors du crime du 8 septembre… Impossible, le nom Jack The Ripper apparait pour la 1ère fois dans la lettre « Dear Boss » qui était arrivée le 27 septembre !
  • Elizabeth Stride tailladée ?? Heu, les rapports disent tous qu’elle n’avait pas été éventrée ni tailladée et tout le monde a toujours pensé que le tueur avait été dérangé et n’avait pas su lui sortir tripes et boyaux comme aux autre.
  • Et je n’ai jamais lu qu’Elizabeth Stride, dite Long Liz, allait s’acheter des cachous la nuit du meurtre…
  • Allez hop, on balance à l’actif de Jack un tronc décomposé d’une femme assassinée…
  • Jessie ?? C’est qui celle-là ? Un crime sanglant en date du 9 novembre 1888 ? Je n’en vois qu’une seule, c’est Mary Jane Kelly ! L’auteur la nomme Jessie ? Ok, je vois, il nous la rebaptisée alors. Pas de noms pour les précédentes victimes, mais Mary Jane devient Jessie. Si nous n’étions pas en 1928, j’aurais pensé à une influence du King.

Quand aux dernières pages, avec l’auteur qui rencontre une personne qui connait l’identité du tueur et le pourquoi du comment il a fait ça, j’en suis encore baba devant tant de… restons courtoise… d’imagination plus que fertile !

Le grand n’importe quoi là aussi, mais bon ceci est une théorie comme une autre, et elle aurait pu passer si je n’avais pas lu tant de bêtises et d’erreurs avant.

Un roman dont les passionnés de Jack peuvent sans crainte le rayer de leur liste, un roman très fin qui coûte fort cher à la page et au mot (sans doute était-ce Penelope qui a rédigé ce petit machin) et qui n’apporte rien, si ce n’est des notes au crayon dans les marges pour « corriger » les erreurs.

Un roman bourré de fautes, un récit super romancé des crimes de Whtechapel, bref, un roman qui va me servir à caler un meuble pas trop bancal, vu qu’il n’est guère épais…

Challenge « Thrillers et polars » de Sharon (2016-2017),  « A year in England » chez Titine (Juillet 2016 – Mai 2017), Challenge British Mysteries chez My Lou Book, le Challenge « Polar Historique » de Sharon et le Challenge « XIXème siècle » chez Netherfield Park. 

29 réflexions au sujet de « Jack l’Éventreur : Robert Desnos »

  1. Bonjour,
    je pense que tu as mal compris le projet de Robert Desnos. C’est un poète, surréaliste qui plus est. Son intention n’a jamais été d’écrire des articles purement factuels. Il faut lire Jack l’éventreur comme un ouvrage s’inscrivant pleinement dans son oeuvre poétique (si tu es intéressée, je te renvoie à ma propre chronique). Effectivement, si tu t’attendais à une série d’articles relatant objectivement l’histoire du Ripper, tu n’as pu qu’être déçue. Mais je t’invite vraiment à relire ce petit ouvrage en prenant en compte l’angle surréaliste, tu en verras et/ou comprendras peut-être mieux l’intérêt (sans parler du talent de Robert Desnos, qui n’est plus à prouver).

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    • Heelo, il est un fait que j’ai pris le roman de Mr Desnos pour ce que je pensais qu’il était : un roman avec JTR, mais pas comme une oeuvre poétique (enfin, s’inscrivant dans, comme tu l’expliques).

      Ah que oui j’ai été déçue ! 😆

      Le pire, c’est que comme je ne l’ai pas apprécié, je ne sais même pas où je l’ai fourré ! Pour le relire sous un autre angle, ça va être difficile… :/

      Bon, au moins, je me coucherai moins bête ce soir 😉 mais malgré tout, je n’aime pas trop le côté surréaliste ou alors, celui-ci n’est pas passé au bon moment chez moi.

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  2. Ping : Bilan pour le challenge polar et thriller 2016-2017 | deslivresetsharon

    • Mais de rien ! Vu son prix par rapport au nombre de pages, c’est violent le prix de la page (sans doute tapé par Pénélope F.)

      Si tu aimes les romans sur Jack, j’en ai chroniqué quelques uns sur le blog… si tu tapes Jack l’éventreur dans la barre de recherche, tu les auras tous, les bons comme les terriblement mauvais ! 😀

      Sophie Herefort et Stéphane Bourgoin dans les super très excellents et Russel et Kay Scarpetta (Patricia Cornwell) dans les bouses de chez bouses.

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  3. Mais…mais Robert Desnos était un poète !!! Il est mort en déportation alors que la guerre était juste finie ! Je pense qu’il a fait de ce portrait une « fiction » totale ! L’Herne a publié parce que ce devait être un inédit de Desnos ! Ce n’était certainement pas destiné à approcher la réalité ! Je comprends ta colère malgré tout ! 😆 Ma pôvre, te vendre un poète dans une histoire policière et déjà bien documentée !!! 😀

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    • Bon sang mais c’est bien sur! Le Robert Desnos qui a traumatisé des générations de mioches obligés d’apprendre ses poésies !!!! Je savais bien que ce nom me disait quelque chose!!! 🙃Merci d’avoir rafraîchir ma mémoire défaillante !!! Cela étant… comme je disais je lui en veux moins à lui qu’à l’éditeur ! Mais… d’après ce que nous en dit Belette j’en conclus que c’est moins de la poésie qu’un truc alimentaire écrit à l’époque pour une revue à sensation parce que les poètes… et ben ça doit aussi manger! 😁. Et là j’en veux encore plus à l’éditeur car même si j’ai jamais accroché à la poésie étant petite (j’ai jamais rien trouvé plus inutile que d’apprendre des poésies par cœur – même si j’avoue que ça m’a fait développer une mémoire auditive du tonnerre très pratique pour la suite de mes études après…) je trouve que de publier ça nuit plus à la mémoire de Desnos qu’autre chose! Imaginez trouver un inédit de Cocteau sorti d’un livre de recettes de cuisine consacré aux nouilles (je ne prends pas de risques c’est Jean Marais qui s’occupait de la popote!)… 😬

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    • Oui, en effet, Aspho, mort au camp de Buchenwald, je pense…

      Oui, merde, te vendre un roman de 50 pages de fiction au prix où ils le vendent, c’est abusé ! Et ne pas vraiment te le présenter comme une « fiction romancée et épurée de tout », ça m’a foutu en rogne…

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  4. Honte ! Honte ! Plus encore qu’à l’auteur qui a certainement cédé aux travers sensationnalistes de son époque et de sa rédaction… honte à l’éditeur qui a exhumé ces pages destinées aux oubliettes pour se faire du fric en surfant sur l’intérêt actuel pour les serials killers et Jack en particulier!

    En revanche tu nous parles tu « tueur de torses »… voilà une affaire que j’aimerais bien découvrir… aussi macabre et mystérieuse mais qui semble avoir échappé à la notoriété de Jack… Y a des livres dessus?

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    • L’éditeur est à blâmer et comme le disait Jack à la craie : « les éditeurs sont des hommes qui ne seront pas accusés pour rien »…

      Vu la date de publication, ce devait être des textes pour attirer les gens à lire le canard, pas pour leur donner les faits exacts ou avérés. Fallait faire court et dans le sensationnel…

      Le tueur au torse, on ne parle dans le roman que j’ai lu et dont le titre ne me revient pas… et dont je ne sais même plus dans quel format je l’avais lu. Laisse-moi le temps de faire quelques recherches ;-))

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    • Non, aucune théorie sur son identité, juste des noms dont je sais qu’ils ne sont pas les coupables ! mdr

      Sophie Herfort avait une théorie qui tient la route, mais je ne peux pas dire qu’elle ait raison. J’ai vu un reportage sur les crimes de 1888 (Merci Ida) et là, on disait que les flics l’avaient croisé, qu’il était un des témoins du premier meurtre, ça se tenait aussi… donc, on ne sait rien !

      Jack ne me fait pas rêver, mais le mystère autour, oui.

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