16. Sherlock Holmes : Le Rituel des Musgrave – The Musgrave Ritual

SAISON 2 [Le Retour de Sherlock Holmes] – ÉPISODE 3

  • Producteur : June Wyndham-Davies, Rebecca Eaton
  • Réalisateur : David Carson
  • Scénariste : Jeremy Paul
  • Décorateur : Michael Grimes
  • Musique : Patrick Gowers
  • 15 ème épisode tourné
  • 1ère diffusion : Angleterre : 30 juil. 1986 – ITV Network (16ème épisode diffusé); Etats-Unis : 19 fev. 1987 – WGHB; France : 2 avril 1989 – FR3 (15ème épisode diffusé)
  • Durée : 51 min 35 sec

  • Distribution :
    Jeremy Brett … Sherlock Holmes
    Edward Hardwicke … Dr. John Watson
    James Hazeldine … Richard Brunton
    Michael Culver … Sir Reginald Musgrave
    Johanna Kirby … Rachel Howells
    Teresa Banham … Janet Tregallis
    Ian Marter … Inspector Fereday
    Patrick Blackwell … Tregallis

Le pitch ? Alors qu’il envisageait un weekend ennuyeux au château de Hurlestone dans le Sussex, chez son ancien camarade de collège, Sir Reginald Musgrave, Sherlock Holmes est confronté à une énigme mystérieuse.

Héritier d’une vieille famille, Musgrave a surpris en pleine nuit son maître d’hôtel Brunton qui examinait le « rituel des Musgrave », un vieux texte familial de questions et réponses, qui permet de déterminer un endroit du domaine.

Selon Holmes, Brunton, est un personnage singulier, instruit, très érudit, finalement plus intelligent que son maître, qui s’était étrangement satisfait de ce poste subalterne.

Or il a disparu et la femme de chambre, Rachel Howells, son ancienne fiancée, a un comportement hystérique, puis disparaît à son tour.

Les recherches restent vaines, on ne repêche qu’un sac rempli de morceaux de ferraille rouillés dans le lac.

Intro : Un homme, fébrile. Au loin, ♫ un cavalier qui surgit hors de la nuit, cours vers le grand chêne au galop… ♫ Oh, z’ai cru voir un mousquetaire ? Oui, j’ai bien vu… Sherlock Holmes contre d’Artagnan ??

Non, non, non, un homme revient parmi nous, ce n’était qu’une extrapolation de son esprit.

Ce qui ne l’est pas, par contre, c’est l’arrivée d’une jeune femme au regard lubrique, concupiscent. Elle se poste, debout, devant cet homme assis dans le foin (celui qui avait des visions).

Là, c’est moi qui en ait car la demoiselle soulève sa robe afin de montrer la fente de sa tirelire au monsieur qui, là-dessus, n’a qu’une seule envie : lui fourrer sa pièce dedans !

Niveau quête, ça a bien quetté, on a vu des brindilles de foin tomber entre les planches disjointes, nous et une femme au regard sombre, on les a vu l’un sur l’autre, mais on ne verra rien de plus…

Un coupé tiré par deux chevaux… Dedans, Holmes et Watson. Notre docteur a l’air enchanté et Holmes, enrhumé et de mauvaise humeur. Seul Watson à l’air content d’aller passer quelques jours chez Sir Reginald Musgrave, un ancien camarade de collège de Holmes.

Sherlock est ronchon, il peste sur Watson qui lui demande de ranger ses brols et lui apprend qu’il a pris sa malle au vieux dossiers, ceux d’avant l’arrivée de biographe.

Watson aimerait les voir, mais Holmes, résolument de mauvais poils, pose ses deux pieds sur la malle aux secrets !

Premier à nous montrer notre détective préféré en proie à ses humeurs sombres mais tout à fait canoniques puisque Sir Arthur Conan Doyle avait décrit son héros d’un naturel maniaco-dépressif, passant de périodes d’abattement à celles d’excitation dès qu’une énigme pointait le bout de son nez.

Un dialogue m’a fait rire. Entré dans la cour du château de Musgrave, Holmes, toujours sa couverture sur le dos, demande à son ancien camarade :

— Comment se porte votre épouse ?
— Mais, Holmes, je ne suis pas marié !
— Quelle sagesse !

Ah tiens, le majordome si intelligent qui accueille Holmes et pour qui se dernier a de la sympathie, c’est Brunton, celui qui jouait à la bêbête à deux dos avec la demoiselle…

Jeremy Brett nous met en scène un Holmes en proie à l’ennui, d’ailleurs, dans une scène, Watson, bien habillé pour le repas du soir, passe devant la chambre de Holmes où la porte est grande ouverte.

Ce dernier étant occupé dans la salle de bain (ou ce qui y ressemble) et notre docteur, voyant la malle aux anciennes affaires posée à même le sol, se rue dessus à pas de loup, un sourire de gosse affiché sur le visage.

Mais au moment de l’ouvrir, il aperçoit, sur la table basse, tout le nécessaire à Holmes pour s’injecter la solution à 7% de cocaïne. Ça lui refroidit ses ardeurs direct.

Durant tout le repas, Holmes sera hilare pour un rien. Un bien mauvais convive.

Cet épisode prend quelques largesses avec le canon holmésien car dans ce dernier, Le Rituel de Musgrave était une histoire que Holmes racontait à Watson, une ancienne affaire qu’il avait résolu quand il était jeune.

Dans le canon, Watson avait demandé que Holmes range ses affaires et ce dernier, afin d’y échapper, avait exhumé sa malle aux anciennes affaires, celles de ses premiers enquêtes…

Curieux et avide d’en apprendre plus sur les débuts de son détective de colocataire, Watson avait laissé tomber la corvée de rangement car impossible pour résister  à écouter son ami lui raconter l’histoire du rituel des Musgrave…

Pour les besoins de la série, il fallait inclure Watson dedans et il était difficile de rajeunir Jeremy Brett.

Donc, le scénariste, Jeremy Paul, a pris quelques libertés avec le texte original, et il l’a bien fait, corrigeant par là même une incohérence dans la nouvelle de ACD qui basait un point essentiel de déduction sur la hauteur d’un chêne, sans tenir compte de l’évolution de sa taille au cours des siècles.

Dans la série télé, la chose a été résolue de manière intelligente et subtile ! Je ne vous dira pas comment. Na !

On retrouve dans cet épisode que j’aime beaucoup des ingrédients chers à Conan Doyle : un rituel secret, un trésor, une découverte historique, une enquête sur fond d’Histoire, presque un roman d’aventure qui aurait bien été au Club Des Cinq.

Il y a du mystère, une disparition du majordome, inexplicable, majordome qui était talentueux et qui aurait pu exercer un autre métier plus prestigieux que celui-là.

Tout ces ingrédients réunis et habillement cuisinés nous donnent un épisode qui a du peps, de l’intrigue, du mystère, du suspense, et notre Holmes va se remuer le cul après être resté apathique sous sa couverture tout en ricanant nerveusement pour un oui ou pour un non.

L’acteur, en tout cas, joue bien le rôle du maniaco-dépresif et le tout est traduit par des jeux de physionomie, des mimiques, des yeux éteins, des regards lointains et par son habillement car comme le disait Sherlock de la BBC « Je suis malade, j’ai une couverture »

Connaissant maintenant les problèmes de santé de Jeremy Brett (bipolaire), je me dis qu’il n’a pas dû trop chercher pour nous jouer de manière convaincante un Holmes abattu et en proies à ses démons.

C’était ses propres démons qui étaient là, et pas vraiment ceux de Holmes.

Mais comme je vous le disais, Holmes pouvait passer de l’abattement le plus total à de l’énergie pure, pire que s’il avait bu 36 Raide Boule ! Une fois que le majordome a disparu, notre détective se transforme en général et mène ses troupes à la baguette et au pas de charge !

La logique est sienne et Holmes va se livrer à ce brillant exercice et son intelligence va niquer le rituel des Musgrave en le résolvant Il interrogera même, tel un maître d’école sévère, Musgrave et Watson sur les résultats de leurs calculs trigonométriques.

Remonté à balles de guerre, c’est au pas de charge qu’il va arpenter le parc du château, boussole en main, suivant les indications du rituel, dictées par Watson, qui peine à la suivre, tant il marche vite, brandissant sa cane pour inciter ses deux bras cassés à le suivre.

Si l’enquête est excellente, le tout reste tout de même sordide car on ne saura jamais si le bois est tombé tout seul où s’il a reçu un coup de main humain… Accident ou crime délibéré (vengeance), on le laisse à votre appréciation.

On a aussi l’appât du gain, la traitrise, le foutage de gueule de Brunton envers cette pauvre Rachel qu’il a utilisé juste pour arriver à ses fins et qui ne se gênait pas pour aller quetter avec une autre ensuite.

Mais malgré ces aspects sordides de l’histoire – l’Homme n’est pas un modèle de vertu – l’épisode est aussi rempli de situations burlesques et la chasse au trésor aurait pu avoir la musique de Benny Hill en arrière-fond.

On aura même une scène où Holmes va appliquer sa méthode, se mettant à la place du majordome et, sachant que ce dernier est aussi intelligent que lui, va imaginer comment il aurait lui-même procédé. Holmes, presque en transe, va visualiser clairement la scène du drame dans un flash back.

Bref, une fois de plus, un excellent épisode où Holmes nous donne toute la mesure de son talent, mais aussi celle de son mal-être, lui qui ne vivait que pour résoudre des énigmes et dont l’esprit se rebellait à la stagnation.

Jeremy Brett faisait très bien passer cela dans son personnage et le voir abattu en début d’épisode, en proie à ses démons, fait mal au coeur, mais tout le plaisir est de le voir revivre une fois que l’enquête pointera le bout de son nez.

Pour se coucher moins bête ce soir :

  • Le script remporta l’Award Edgar Allan Poe du meilleur épisode TV pour « Mystery! » à New York en 1988.
  • Le texte du rituel diffère entre la version anglaise et la version américaine de la nouvelle.
  • Jeremy Paul, le scénariste, a utilisé la version américaine, plus courte et où il n’y a pas de référence de date.
  • La demeure de Sir Reginald Musgrave est Baddesley Clinton, un manoir médiéval du Warwickshire.

Le Challenge « XIXème siècle » chez Netherfield Park et Le Mois Anglais (Juin 2017 – Saison 6) chez Lou et Cryssilda.

27 réflexions au sujet de « 16. Sherlock Holmes : Le Rituel des Musgrave – The Musgrave Ritual »

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    • On dirait vraiment qu’il s’était fait une injection à 7% ! mdr

      J’ai aimé le voir apathique, drogué, mal luné, de mauvaise humeur, sans vigueur (enfin, aime, tout est relatif) et passer ensuite à l’énergie la plus totale quand le mystère arrive.

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  3. En effet c’est une bien bonne adaptation du canon. Et bien que puriste je ne râle pas quand l’esprit du canon est respecté .

    Ton long et superbe compte rendu est un vibrant hommage au génie holmesien et à celui des scénaristes de la Granada dans leur talent d’adaptateurs!

    Aimé par 1 personne

    • Tu sens bien que je l’aime, hein ? (comme le gosse disait dans la pub pour les couches « il sent bien qu’on l’aime, hein, maman).

      On peut violer le canon, tant que c’est pour le faire accoucher d’un beau bébé. Ici, ils devaient mettre autre chose en place afin de rester cohérent. Ils ont bien fait ça.

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