20. Sherlock Holmes : Les Six Napoléons – The Six Napoleons

SAISON 2 – [Le Retour de Sherlock Holmes] – ÉPISODE 7

  • Producteur : June Wyndham-Davies, Rebecca Eaton
  • Réalisateur : David Carson
  • Scénariste : John Kane
  • Décorateur : Tim Wilding
  • Musique : Patrick Gowers
  • 20ème épisode tourné
  • 1ère diffusion : Angleterre : 20 août 1986 – ITV Network (20ème épisode diffusé); États-Unis : 19 mars 1987 – WGHB; France : 7 mai 1989 – FR3 (20ème épisode diffusé)
  • Durée : 51 min 30 sec

  • Distribution :
    Jeremy Brett … Sherlock Holmes
    Edward Hardwicke … John Watson
    Colin Jeavons … Inspector Lestrade
    Eric Sykes … Horace Harker
    Emil Wolk … Beppo
    Gerald Campion … Morse Hudson
    Vincenzo Nicoli … Pietro
    Steve Plytas … Venucci Snr
    Marina Sirtis … Lucrezia
    Vernon Dobtcheff … Mendelstam
    Nadio Fortune … Beppo’s Cousin
    Jeffrey Gardiner … Mr. Sandeford
    Michael Logan … Josiah Brown

Le pitch ? Alors qu’il semble être simplement venu déguster un whisky soda et fumer un cigare au 221b, l’inspecteur Lestrade, confortablement installé dans un bon fauteuil, se décide à confier l’affaire qui le préoccupe.

Un individu vole puis fracasse des bustes de plâtre à l’effigie de Napoléon aux quatre coins de Londres, sans rien dérober d’autre.

Holmes sourit à la théorie de Lestrade qui s’engage évidemment sur de fausses pistes, et aux explications médicales de Watson sur la monomanie.

Cette affaire loufoque prend alors un tour tragique. Chez le journaliste Horace Harker, où un troisième buste a été détruit sous un lampadaire, un meurtre a été commis. La victime est un italien de la famille Venucci.

Intro : Qui veut la peau de Napoléon Bonaparte ? Du moins, qui peut le détester au point de rechercher tous ses bustes en plâtre pour les fracasser sur le sol ? Certes, je déteste cet homme, mais bon, fracasser ses bustes me semble un peu excessif.

Y’a rien à dire, les épisodes de la Granada sont tous plus réussis l’un que l’autre et cet épisode possède encore beaucoup d’humour grâce à la personne de Lestrade.

Une enquête qui, comme d’autres, paraît ne pas en être une, et qui, au final, se révèlera plus importante qu’il n’y paraissait au début, un peu comme avec « La ligue des rouquins ».

J’adore, d’ailleurs, dans cet épisode, une scène muette où la caméra tourne dans la pièce, passant d’un protagoniste à un autre, captant les regards et les non-dits, en attisant notre curiosité.

Certes, dans cet épisode, Scotland Yard et la police n’en ressortiront pas grandi…

Les épisodes avec Lestrade sont rares et c’est bien dommage qu’il n’apparaisse pas plus dans les récits canoniques, entrainant par là qu’on ne le voit pas souvent dans la série, alors qu’à lui tout seul c’est un personnage assez comique de par ses entêtements.

Dans l’affaire de Napoléon, Lestrade et Watson seront même assez complices, expliquant avec sérieux à Holmes ce qu’est la monomanie, tous deux formant une coalition taquine contre Holmes.

À un autre moment, c’était Holmes et Watson qui s’amusaient de voir Lestrade jetant subrepticement un œil sur les dossiers de Holmes, croyant être seul au 221B.

On fait semblant de rien, Lestrade ?

Malice dans la scène où Holmes, Watson et Lestrade attendent dans le noir que le criminel arrive sur les lieux. L’homme du Yard et le docteur s’ennuient. À cette époque, on ne chassait pas le Pokémon et on ne jouait pas avec son smartphone durant les moments d’attentes.

Alléluia ! Tout fier, Watson nous extrait un sac de bonbons de sa poche et l’offre à ses comparses. Lestrade est heureux, il veut en prendre un.

Pas de bol, voilà que Holmes, le visage tendu et contrarié, déclare d’un ton brusque : « Ce n’est pas le moment pour des berlingots ! ». Watson les remet à leur place, la mine déconfite.

Il n’y aura pas que pour les bonbons que nos deux hommes afficheront une mine déconfite, car nos deux hommes, une fois de plus, ont 36 fiacres de retard sur Holmes, qui lui, a déjà tout compris.

Non seulement Holmes a de la vivacité d’esprit, mais aussi d’action car, possédant sa cane à bout plombé, il peut bondir, tel un chat sur la souris, sur le dos du casseur de buste qui, entre temps, a cassé aussi la tête d’un des propriétaires du buste du nain de jardin conquérant.

Cet épisode possède de l’humour, de l’action, du mystère, du suspense, mais aussi une scène et un dialogue d’anthologie !

LA scène concerne la splendide performance de Holmes-Jeremy Brett dans la révélation finale où Holmes, empoignant la nappe posée sur la table, la tire brutalement et, tel un magicien, laisse vaisselle et couverts en place.

La dextérité et l’adresse sont des traits typiques du détective. Mais les traduire dans la réalité avec cette totale maestria est le fait de Jeremy.

LE dialogue concerne les louanges que Lestrade fait à Holmes (canoniques) :

Inspector Lestrade : We’re not jealous of you, you know, at Scotland Yard. No, sir, we’re proud of you.
[Holmes attend la suite de la phrase]
Inspector Lestrade : And if you come down tomorrow, there’s not a man from the oldest inspector to the youngest constable… who wouldn’t be glad to shake you by the hand.
Sherlock Holmes : Thank you!
[Moment d’humilité et d’émotions]
Sherlock Holmes : Thank you.

Dialogue canonique :
— Eh bien ! dit Lestrade, je vous ai vu entreprendre bien des affaires, monsieur Holmes, mais je n’en ai jamais vu de mieux conduite. Nous ne sommes pas jaloux de vous, à Scotland Yard… Non, monsieur, nous sommes au contraire très fiers de vous, et si vous y veniez demain, il n’y aurait pas un de nous, depuis le doyen des inspecteurs jusqu’au plus jeune de nos agents, qui ne serait heureux de vous serrer la main.
— Merci, dit Holmes, merci ! et tandis qu’il détournait la tête, il me parut plus ému que je ne l’avait jamais vu. Un instant après, il était redevenu le penseur froid et pratique que je connaissais.

Le visage de Holmes est magnifique à voir et durant quelques secondes, on peut apercevoir son trouble car il ne s’attendait pas à des louanges venant de Lestrade, et encore moins des louanges aussi émotionnelles.

L’acteur possédait sa propre sensibilité et elle s’est reflétée dans sa réaction face à Lestrade, les deux se mélangeant car elle aurait pu être celle de Holmes aussi.

La caméra nous offre donc un beau cadré sur le visage de Holmes, captant sans rien rater les changements fugaces de ses émotions.

Là, on peut dire que notre détective préféré perd de sa superbe, qu’il s’est laissé gagner par ses sentiments nous montrant un bref instant que ses yeux sont embués de larmes. Splendide moment !

Tout y est en retenue, bien entendu, et notre détective redeviendra bien vite la machine froide à calculer, la froideur prenant le pas sur la passion.

La scène, où Holmes casse le dernier buste est très bien filmée et e suspense sera à son comble, les deux autres ne sachant toujours pas à quoi s’attendre, Holmes adorant mettre en scène ses résolutions afin de surprendre et d’impressionner son public.

C’est son côté théâtral, on y est habité et on en redemande… On sait que Holmes a un côté cabotin, excentrique et facétieux. Il aime voir son « public » subjugué et l’entendre applaudir et crier bravo. Encore un peu, Holmes se mettrait à le saluer pendant que le rideau rouge du théâtre se baisserait.

J’ai déjà lu que de maintes façons, Jeremy Brett mêlait son caractère à celui du détective.

En agissant ainsi, il a pu à certains instants magnifier son propre enthousiasme naturel et sa sociabilité. Car pendant ce tournage, sa maniaco-dépression était au plus fort et ses collègues remarquaient ses brusques changements d’humeur.

Une fois de plus, une réussite dans la transcription fidèle de la nouvelle canonique, du mystère, du suspense, de l’humour, une enquête relevée et beaucoup de complicité entre les acteurs. Jouissif !!

La saison suivante, ce ne sera plus aussi bien, Brett, de par sa maladie, ne sera plus aussi bon, hélas et je dois avouer qu’après cette saison, je n’ai plus aucun plaisir à regarder les épisodes.

Pour se coucher moins bête ce soir :

  • Napoléon n’a pas été choisi au hasard, sans cet épisode :  à cette époque, en Angleterre, la haine à son égard était encore vive.
  • Les Italiens eux aussi n’avaient pas les faveurs de Conan Doyle et apparaissaient comme un prolétariat et une pègre où s’immisce la Mafia.
  • La productrice June Wyndham Davies a choisi John Kane comme scénariste car elle avait beaucoup apprécié sa pièce de théâtre « Murder, Dear Watson ».
  • Eric Sykes est un acteur connu pour son registre comique. Il a beaucoup apprécié de jouer le rôle du journaliste Horace Harker, totalement désespéré et bouleversé par les événements. Son interrogatoire et son incapacité à rédiger un article sur sa propre mésaventure font une séquence tragi-comique. Le journaliste est finalement très drôle sous sa mine triste et désolée…

Le Challenge « XIXème siècle » chez Netherfield Park et Le Mois Anglais (Juin 2017 – Saison 6) chez Lou et Cryssilda.

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Soul of London : Gaëlle Perrin-Guillet

Titre : Soul of London

Auteur : Gaëlle Perrin-Guillet
Édition :Fleur sauvage éditions (01/04/2016)

Résumé :
Londres, 1892.
Un climat de peur.
Un flic qui boîte et un jeune orphelin.
Tous deux face à un meurtre…
… dont il ne fallait plus parler.

Jouant avec un côté « Sidekick », Soul Of London nous plonge dans une atmosphère londonienne fort bien documentée. Ce nouveau thriller, de Gaëlle Perrin, se révèle être aussi distrayant qu’angoissant.

Critique :
Arpenter les ruelles de Londres de manière littéraire et à l’époque victorienne a toujours été un de mes plaisirs… Si en plus il y a des meurtres, alors, je suis aux anges.

C’est donc le coeur léger que j’ai ouvert ce polar historique se déroulant en 1892 et je dois dire que le voyage était plaisant, même si peu éclairé puisque je me suis baladée dans les tunnels obscurs du métro londonien et que je suis passée dans des lieux fort peu fréquentables.

Le personnage principal qu’est l’inspecteur Henry Wilkes est un policier qui aime son travail, qui aime les gens, qui aimait arpenter les petites rues avant son accident qui le laissa avec une patte folle, l’obligeant à se déplacer à l’aide d’une canne.

Et, contrairement au Dr House, cette claudication est source de moquerie et de mépris dans son poste de police de la Division D… Notre pauvre Henry n’a malheureusement rien de sexy…

Les deux enquêtes ne se veulent pas révolutionner le monde, ni être trop glauque (nous avons des trépanations) ou avec un final abracadabrantesque : elles sont simples, claires et nous réservent leurs lots de surprises, même si j’avais trouvé le nom d’un coupable.

Avec une écriture sans fioritures, simple, l’auteure nous transporte dans le Londres d’après Jack The Ripper, dans le Londres où Sherlock Holmes est un personnage fictif qu’on lit dans le Strand…

Les quartiers mal famés sont bien représentés, même s’ils manquent un peu d’odeurs et d’émanations putrides… Là où certains auteurs arrivent à vous faire ressentir des odeurs en vous décrivant un quartier pouilleux, ici, c’est plus sobre, ça manque d’effluves puant.

À la limite, vu les lieux et les situations sociales décrites, l’auteure est à deux doigts de nous conclure un roman noir puisque nous passons des bas-fonds, aux pubs miteux, on se balade sur les docks où les hommes accomplissent des travaux lourds, on nous parle des quartiers rasés pour faire passer le métro, sans oublier les orphelinats et aux travaux obligatoires qui s’y déroulent (main d’œuvre gratos !), et j’en passe !

Par contre, malgré tout ça, malgré le fait que j’ai passé un bon moment de lecture, que les personnages avec lesquels j’ai arpenté les rues étaient des plus agréables, bien travaillés, que les quartiers et la misère y étaient bien décrite, j’ai trouvé que le roman manquait d’un tout petit peu de pep’s.

Comment vous dire ? C’est comme quand mon mojito manque de rhum ! Ça a le goût du mojito, mais on ressent bien qu’il manque un petit truc pour en faire un mojito du tonnerre.

Et ce petit truc tenait dans les réflexions un peu bateau que certains personnages principaux tenaient, ainsi que dans des descriptions narratives comme la cliente qui était belle à en rester sans voix.

Un petit bémol narratif qui est une affaire de goût, bien entendu, et qui ne remet pas en question le plaisir que j’ai eu de boire ce mojito… oups, pardon, le plaisir que j’ai eu d’arpenter les ruelles de Londres ainsi que ses tunnels de métro avec Henry Wilkes et son jeune Billy.

Challenge« Thrillers et polars » de Sharon (2016-2017), le Challenge « Polar Historique » de Sharon,  le Challenge « XIXème siècle » chez Netherfield Park et Le Mois Anglais (Juin 2017 – Saison 6) chez Lou et Cryssilda.