Titre : L’Ami retrouvé
Auteur : Fred Uhlman
Édition : Gallimard (1983)
Date de publication originale : Reunion (1971)
Résumé :
Âgé de seize ans, Hans Schwartz, fils unique d’un médecin juif, fréquente le lycée le plus renommé de Stuttgart.
Il est encore seul et sans ami véritable lorsque l’arrivée dans sa classe d’un garçon d’une famille protestante d’illustre ascendance lui permet de réaliser son exigeant idéal de l’amitié, tel que le lui fait concevoir l’exaltation romantique qui est souvent le propre de l’adolescence.
C’est en 1932 qu’a lieu cette rencontre, qui sera de courte durée, les troubles déclenchés par la venue de Hitler ayant fini par gagner la paisible ville de Stuttgart.
Critique :
J’ai longuement hésité à le lire, me souvenant, avec effroi, du traumatisme que le livre « Mon ami Frédéric » avait causé en moi (j’étais très jeune et n’avais pas encore bien capté la noirceur de l’Humain).
C’est donc avec appréhension que j’ai ouvert cette longue nouvelle, ou ce court roman, au choix, puisque l’on se situe à cheval entre les deux genres.
Je suis ressortie de ma lecture avec les émotions moins chamboulées que je ne m’y attendais car le roman se concentre plus sur l’amitié qui est née entre Hans Schwarz (16 ans), le narrateur, fils d’un médecin juif, et Conrad von Hohenfels, un jeune aristocrate (même âge).
Nous sommes à Stuttgart, en 1932 et je ne dois pas vous rappeler qu’en ce temps là, il y avait la montée en puissance du régime nazi, mené par un moustachu qui aurait mieux fait de s’étrangler durant son enfance ou durant sa gestation…
On sent monter la peste brune, on pourrait presque entendre le bruit des bottes à clous, on entend certains discours, des slogans, des aboiements que l’on connait, mais cela reste assez ténu, c’est vraiment en arrière-plan.
Ce qui est mis en avant, c’est cette amitié improbable entre le fils d’un médecin juif et un fils issu de la haute bourgeoisie. Une amitié hors norme, impensable, contre-nature, diraient certaines mauvaises langues.
Alors oui, le livre n’est guère épais, mais il est puissant de par ce qu’il évoque, de par ce qu’il sous-entend avec peu de mots, peu de phrases, ses références à une partie sombre de l’Histoire humaine.
Les personnages sont attachants, autant Hans qui a de grands idéaux sur l’amitié, et Conrad, qui traine toute une kyrielle d’ancêtres célèbres et qui se fait traiter avec un infini respect par les autres, impressionnés qu’ils sont par son pedigree royal (canin ?).
Le pire, ou le plus touchant, c’est le père de Hans qui pense que ses compatriotes vont se réveiller et comprendre que le nazisme est une grosse pustule qu’il faut écraser et que d’ici peu de temps, la patrie de Goethe et consorts va virer cette foutaise qu’est Hitler et son nazisme.
Croyez vous vraiment que les compatriotes de Goethe et de Schiller, de Kant et de Beethoven, se laisseront prendre à cette foutaise ?
Mon père détestait le sionisme. L’idée même lui paraissait insensée. Réclamer la Palestine après 2000 ans n’avait pas pour lui plus de sens que si les Italiens revendiquaient l’Allemagne parce qu’elle avait jadis été occupée par les Romains. Cela ne pouvait mener qu’à d’incessantes effusions de sang car les Juifs auraient à lutter contre tout le monde arabe.
Un roman fort, mais avec moins d’émotions que dans « Mon ami Frédéric » qui nous expliquait les pogroms, tandis qu’ici, tout est en arrière-plan, on s’en doute parce qu’on connait ce qu’il s’est passé.
Et puis, à la dernière ligne, on se prend un V2 dans la gueule, une rafale de mitraillette dans le plexus, on chancelle, on reprend son souffle et là, bizarrement, les yeux se mouillent.
Un roman qui se dévore en peu de temps, mais qui marque l’esprit, même s’il se ne sera pas au fer rouge sur ma peau en plus (ça, c’est réservé aux romans traumatisants qui finissent au freezer).
Le Challenge « A year in England – 2017-2018 » chez Titine (auteur anglais) et Le Challenge « Les Irréguliers de Baker Street » repris par Belette [The Cannibal Lecteur] ou sur le forum de Livraddict (N°5 – Un scandale en Bohême).
Merci pour ton avis
Je l’avais lu étant adolescent (c’est dire si ça date)
Je m’en souviens encore (c’est dire si la force du roman)
Je vais de ce pas en parler sur Mastodon
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Ping : Bilan Livresque Mensuel : Octobre 2017 | The Cannibal Lecteur
Depuis le temps que je me dis que je dois le lire. Il prend la poussière sur mes étagères celui-ci aussi.
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Il se lit vite… sinon, les plumeaux swiffer 🙂
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Oui, je pense qu’il va falloir sinon bonjour les éternuements !
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AAAAATCHOUM !
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Quelqu’un a un mouchoir ?
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SNUURFLLLL *renifle*
J’ai toujours envie de tendre des mouchoirs aux gens qui reniflent sans vergogne ! Je déteste ça !
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Moi aussi !
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😛
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Le genre de romans qui marque. Je le note dans un petit coin 😊
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Oui, note-le bien !
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Ping : [Challenge] Les Irréguliers de Baker Street (Illimité) | The Cannibal Lecteur
Heu… déjà que je n’ai toujours pas lu l’histoire de l’aveugle dans un camps de concentration offert par ma belle mère qui voulait probablement me pousser au suicide! Alors… là… pffff!
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Là, tu peux, tu ne te suicideras pas, on ne parle pas des camps, on n’y met même pas un seul pied !!
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Je l’ai lu il y a une dizaine de jours et comme toi j’ai été douchee par la dernière ligne
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C’est chez toi que j’ai eu l’idée de le lire, que j’ai osé le lire, parce que j’avais un peu peur de…
La dernière ligne est magnifique !
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Il me semble qu’il y a eu une pièce sur ce livre. Ou alors je confonds avec « Mon ami Frédéric ».
Je vais passer sur cette histoire, pas très envie…
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Celui-ci est émouvant dans son final, plus accessible pour des jeunes que « mon ami Frédéric » qui est plus « violent » dans certains passages. L’auteur axe plus son récit sur l’amitié hors catégorie des deux jeunes et la montée du nazisme, mais on en a très peu, il ne te donnera pas de cauchemars.
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oh vraiment que d’emotions….vraiment….tout un debat que celui de la palestine (bien que je trouve l’ex donne par le pere d’Hans totalement faux)….bref….;)
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C’est un débat sans fin, celui de la Palestine… Je dirai juste que ça a été fait au mépris de beaucoup de gens… et que ça n’a donné que des querelles la manière dont ça a été instauré.
Le père de Hans est émouvant, pathétique, il pense que tout va passer, que les gens vont se réveiller, il est assez obséquieux avec Conrad, le descendant de nobles. Un homme étrange, qui se sentait allemand avant tout…
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exactement et cela ne s’est pas arrange avec les interventions externes….bref…
oui les nobles ont tendance a se croire hors…tout…lol
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De toute façon, le crime profite toujours à quelqu’un… pas aux pauvres gens, bien entendu.
J’en connais des mêmes pas nobles, qui, parce qu’ils louent une partie d’un petit château, estime qu’ils ont le droit de tondre le dimanche !
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oui bin j’en connais qui ne sont pas dans des chateaux et qui font des travaux meme le dimanche : mon voisin….lol
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Comme quoi !
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Touché. Tu touches avec ta chronique.
Faut lire un Oui-Oui de temps en temps, ça te fera du bien
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Je pensais finir traumatisée, mais il n’en fut rien, jusqu’au final qui va me hanter.
Oui, vite un Oui-Oui, ça me fera du bien, tu as raison… 😀
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