Retour à Watersbridge : James Scott

Titre : Retour à Watersbridge

Auteur : James Scott
Édition : Seuil (05/02/2015) / Points

Résumé :
1897. Une sage-femme regagne sa ferme dans le nord de l’Etat de New-York, où l’attendent les corps ensanglantés de son mari et de ses enfants gisant dans la neige.

Seul Caleb, 12 ans, a échappé au massacre : il a tout vu de la grange où il s’était réfugié parmi les animaux.

Mère et fils abandonnent ce qu’il reste de leur foyer pour s’engager au cœur d’une contrée hostile et glacée à la poursuite des trois tueurs aux foulards rouges.

Au fil de la traque, traversée d’épisodes d’une violence sèche et brutale contrastant avec la luminosité et le silence des étendues poudreuses, on comprendra que leur soif de vengeance repose sur une imposture…

Le mensonge, le poids du péché et la nature des liens du sang sont les catalyseurs troublants de cette équipée sauvage doublée d’un roman d’apprentissage.

Critique :
Une femme rentre dans son foyer, loin des routes fréquentées. Nous sommes en 187, la neige a tout recouvert d’un épais tapis blanc poudreux. En arrivant chez elle, elle trouve toute sa famille assassinée.

Toute ? Non, Caleb, un de ses fils résiste encore et toujours à l’envahisseur armé. En fait, il était planqué dans le fenil.

Les premières pages du roman sont plus que  prenantes : une mère découvre un carnage en arrivant chez elle après une longue absence due à son travail de sage-femme.

Beaucoup d’émotions en lisant sa découverte de son mari, de ses deux filles et de ses deux fils gisant dans des mares de sang. Pourquoi ? Ils vivaient retirés dans une petite ferme et n’avaient rien à se faire voler.

♫ Bang bang, he shot me down ♪ Bang bang, I hit the ground ♫ Bang bang, that awful sound ♫ Bang bang, my baby shot me down ♪

Ce seront, assurément, les pages les plus prenantes du récit, tellement bien écrites que je voyais la scène comme si j’avais été au cinéma, regardant Claudia Cardinal trouver son futur mari et ses rouquins de fils, la face contre le sol, les mouches bourdonnantes en plus (on y échappe ici, c’est l’hiver, ça caille).

Mais bon, dans Il était une fois dans l’Ouest, la Cardinal, elle ne les connaissait pas, ne les avait pas élevé, ces enfants morts.

C’était donc les pages les plus prenantes… Non pas qu’ensuite on se fasse chier durant la lecture ! Mais je vous avouerai que la poursuite de la mère et du fils aux trousses des tueurs ne se passera pas comme je l’avais imaginé, bercée que je fus par d’innombrables western avec des chevauchées fantastiques et endiablées, en criant « vengeance ».

Que nenni ! On oublie la vendetta conventionnelle, on oublie les galops effrénés dans le désert, tout en tirant des coups de feu en l’air !

Retour à Watersbridge, la ville où est né Caleb, et durant leur voyage harassant dans la neige jusqu’à la ville, on aura droit à des flash-back du passé de Elspeth, la mère, qui n’a pas une conscience des plus tranquilles.

En fait, on dirait presque que leur séjour à Watersbridge, dans l’espoir de retrouver les hommes aux foulards rouges, n’est qu’un but pour l’auteur : nous parler de la vie des gens en ce temps-là, des conditions de travail, de nous présenter une petite ville gangrénée par l’argent du bordel du coin.

Anybref, le récit de vengeance et de poursuite est parti dans une direction imprévue, totalement inattendue, celle d’une attente, et tout compte fait, tant mieux, les courses-poursuites, on connait ça par cœur, plus rien ne pourrait nous surprendre et cela aurait donné un récit redondant, vu nos connaissances en la matière.

Tandis qu’ici, l’auteur, en évitant les sentiers battus, parvient à nous surprendre, à aller dans des directions non prévues sur le GPS et jusqu’à la fin, on restera sur nos gardes, s’attendant à tout de sa part, mais surtout pas à une fin conventionnelle ou téléphonée.

Une lecture fort sombre, des destins tragiques, le poids des mensonges, le poids de la culpabilité, et une père et un fils qui vont devoir apprendre à se connaître, à s’apprivoiser, et à faire, ensemble, le chemin vers la vérité, qui, comme vous  le savez, n’est pas toujours bonne à dire ou à savoir.

Un western noir qui n’a rien d’un western traditionnel, mais qui a tout d’un parfait petit roman noir sur fond de vengeance, rempli de noirs secrets et le tout rempli de profondeur et de l’humanité.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (2017-2018)  et le challenge US (2017-2018) chez Noctembule.

46 réflexions au sujet de « Retour à Watersbridge : James Scott »

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  3. Ping : Bilan du challenge polar et thriller | deslivresetsharon

  4. Oh punaise, tu as bien fait de le sortir de ta Pal celui là !
    Et en plus te en parle magnifiquement bien !
    Ce qui m’étonne c’est que ce ne soit pas un coup de coeur !
    Bon ben c’est comme cela, nos ressenti lectures sont tellement différents en fonction du moment que nous vivons et aussi influencer par nos lectures précédentes …
    Belle fin d’année ma Belette

    Aimé par 1 personne

  5. Ping : Bilan Livresque Mensuel : Décembre 2017 | The Cannibal Lecteur

  6. MÉKÈLOREUR!!!! 😱😱😱 Je peux pas! Ta fiche nous le vend bien et m’en livre à l’air très bien… mais je ne pourrai pas finir le premier chapitre! Et ouais! Chuis comme ça! On peut me décrire le démembrement des périprostiputes de Jack l’eventreur… les autopsies de Scarpetasse… Les torturés de l’Inquisition… mais… PAS TOUCHE AUX PETITS NENFANTS! 😡😡😡

    Déjà que je tremble depuis que mon Toquefada est rentré avec la forme sévère de la grippe (une petite fille de notre quartier en est morte!) et que je fais tout pour que personne ne se croise… et ai dû annuler notre réveillon du 31 pour éviter de contaminer les autres jeunes et vieux de la famille…

    Bref je préfère éviter ce genre de lecture en ce moment! 😨

    Aimé par 1 personne

    • Moi, tant qu’on ne touche pas aux zanimaux… ok, je sors !!

      Sérieusement, cette violence là m’a fait moins mal au bide que celle lue dans « Entre deux mondes » qui est plus contemporain. Là, j’ai failli défaillir, et c’était moins de morts enfantines.

      Je me fais plus de soucis lorsque mon homme est malade que lorsque c’est moins, parce que moi, pas de soucis pulmonaire, ils sont là tous les deux, mais lui souffre d’asthme et a un décollement de la plèvre ! Mais il ne fait pas la grippe, seulement des bronchites, que je surveille comme le lait sur le feu.

      Chouette, un réveillon calme !! Le notre aussi sera calme, on reçoit sa famille le 1er.

      J’aurais pas pu te l’offrir, ce roman, de toute façon.

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