Les chiens de Détroit : Jérôme Loubry

Titre : Les chiens de Détroit

Auteur : Jérôme Loubry
Édition : Calmann-Lévy (11/10/2017)

Résumé :
2013, à Détroit. Cette ville qui a été la gloire de l’Amérique n’est plus qu’une ruine déserte, un cimetière de buildings.

Cette nuit-là, la jeune inspectrice Sarah Berkhamp mène le groupe d’intervention qui encercle une maison et donne l’assaut.

Mais aucun besoin de violence, le suspect attend, assis à l’intérieur. Il a enlevé cinq enfants. Et il est sans doute le Géant de brume, le tueur insaisissable qui a laissé derrière lui sept petits corps, il y a quinze ans. Alors pourquoi supplie-t-il Sarah : « Aidez-moi… » ?

L’histoire s’ouvre donc avec l’arrestation du coupable. Et pourtant, elle ne fait que commencer. À Détroit, personne n’est innocent…

Critique :
Quand on commence son roman policier noir par l’arrestation du coupable, faut tout de même être sûr de son coup, en tant qu’auteur, et savoir comment garder du suspense sous la pédale, sous peine de perdre ses lecteurs au fil du voyage à remonter le temps.

Et l’auteur avait de quoi répondre à la demande de suspense et de mystère, croyez-moi !

Sans pour autant faire des brusques accélérations et nous faire le coup de la panne sèche plus loin, l’animal a su doser le tout et monter en puissance dans les derniers chapitres, où, si le lecteur a un peu de cervelle, il verra toute l’ampleur de la solution lui faire face, tel un arbre traversant la route alors que nous sommes lancé à très haute vitesse.

Dans ce roman, le mystère est aussi épais qu’un brouillard londonien de l’époque victorienne et les flics de Détroit sont impuissants face à des meurtres d’enfants. Plus tard, ils seront de nouveau face au même problème, mais cette fois-ci, après les disparitions d’enfants, on ne retrouvera pas leur cadavres étranglés.

Nos deux flics sont torturés, fracassés, bourrelés de remords, de secrets et ils sont presque des fantômes hantant cette ville abandonnée qu’est devenue Detroit…

Detroit, autrefois si prospère (Yopla boum), si riche, la voilà pauvre comme Job, voyant ses habitants expulsés de chez eux, voyant ses maisons vides se décrépiter à grande vitesse, voyant ses services sociaux se réduire comme une peau de chagrin à cause du manque d’argent.

Si les flics et le mystérieux géant de brume sont les personnage principaux de ce roman noir, il faudra aussi compter avec Detroit, avec les symptômes de la crise des subprimes et avec la misère noire dans laquelle la plupart de ses habitants vivent.

L’auteur, bien que n’étant pas américain, a décrit cette ville mieux qu’un guide de voyage organisé n’aurait pu faire. Detroit est vivante, elle a une présence importante dans ce roman, son âme et celles de ses habitants sont emprisonnés dans ces pages noires.

♫ Je m’appelle Detroit, Et je suis tombée, ♪ Sous le feu des banquiers, Sous le feu des gens expulsés, ♫ Je m’appelle Detroit, Princesse défigurée, ♫ J’étais the Motor City, On m’a oubliée ♫ On m’appelait Capitale de l’automobile, Dieu Que tout cela est futile ♫

Un roman policier noir dont le final, contrairement à ce qu’on pourrait croire, ne commence pas dans les premières pages, car avec arrestation du Géant de Brume, l’Histoire ne fait que commencer et elle va aller très loin et faire très mal à certaines personnes.

Un roman noir que j’ai refermé avec regrets, encore un peu groggy de tout ce que je venais de lire, pensant à tout ces enfants et à tous ces gens qui, un jour, par la faute d’un système qui fit faillite, se retrouvèrent avec l’impossibilité de rembourser leurs crédits et furent expulser de leur chez eux.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (2017-2018), le challenge US (2017-2018) chez Noctembule, le Mois du polar (Février 2018) chez Sharon, Le Challenge « Les Irréguliers de Baker Street » repris par Belette [The Cannibal Lecteur] et sur le forum de Livraddict (N°29 – lire un livre dans lequel une demeure abandonnée est au centre de l’intrigue).

45 réflexions au sujet de « Les chiens de Détroit : Jérôme Loubry »

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  3. J’ai adoré le livre où l’auteur décrit si bien cette ville qu’est devenue Détroit. Personnage-ville important du livre. Faut le faire d’intégrer cet espace délaissé pour les raisons que nous connaissons dans ce livre qui débute comme une enquête totalement normale, du moins ce dont je me souviens et qui m’a happée de par le style et surtout, surtout savoir…..La fin ? Pffffiou !!! Pourquoi ai-je aussi eu les larmes aux yeux ? Un livre qui m’a beaucoup marqué et qui rejoint un autre dans le même style. Hélas, je devrais faire la liste des livres lus, papiers ou non.
    En ce moment, j’ai changé de mode de lectures et suis dans les livres Rivages/Noir.
    Ceci parce que je ne connaissais pas Mr. Mesplède et que suite à son décès, dont j’ai beaucoup lu chez Pierre Faverolle, je me suis lancée dans l’achat de quatre bouquins écrit ou participé par ce monsieur. Me voilà avec une grande encyclopédie papier, et de quoi plonger dans les auteurs de la série Noire, de 1945 à 1995. Ainsi qu’un autre édité par Gallimard. Les photos sont encore sur mon tel.mobile. Va falloir que je les transfère ou sur mon appareil APN…zut j’ai oublié.
    A propos, as-tu déjà vu ce que devient la ville de Détroit et tous ces artistes qui s’y installent, nouvel essor moderne pour une ville en devenir. Je mets sur le côté les prédateurs commerciaux, et ceux qui veulent en faire que du fric au milieu de ces ruines. Bises et bonne année à toi. Geneviève.

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    • Oui, fallait le faire que d’intégrer une ville dans les personnages, il n’est pas le premier à l’avoir fait, Ladesma le fait souvent avec Barcelonne, mais ici, c’était super bien intégré et deviner cette ville fantôme faisait froid dans le dos. Merci les banquiers de chez toutes ces sociétés telles que Goldman Sachs… et à ceux qui inventèrent le principe des subprimes et aux banquiers qui les vendirent comme on vend des obligations d’état.

      J’en possède assez bien, des Rivages Noirs et si je ne connaissais pas Claude Mesplède, j’avais déjà souvent lu son nom un peu partout et je le savais impliqué dans les polars. Son décès va faire un vide.

      Va falloir me refiler ces titres là, on ne sait jamais que ma PAL diminuerait de manière importante…. *air rêveur*

      Ben non, je ne savais pas pour Detroit maintenant. Les prédateurs seront toujours là, hélas, mais tant mieux pour les autres ! 😉

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      • Haha pour la PAL qui diminue…..*air rêveur*… Quant aux dégâts des banques et de cette fameuse année, rien ne me met plus en colère. C’est une honte. Arte a fait pas mal d’émissions à ce sujet que j’ai vues. C’est écoeurant et comment Goldman Sachs dans la tourmente à l’époque a pu tirer non pas sur le pianiste, mais ses billes du jeu, de manière tellement adroite, ceci avec l’aide de montage de dossiers vides, ce que l’on appelait dans une entreprise financière où j’ai un petit peu travaillé dans les environs de Bruxelles, des « coquilles vides ». C’était l’époque de l’attentat terroriste à N.Y. Et c’est seulement en voyant ces reportages à la télé, que j’ai fait le lien entre ces coquilles vides où le dirlo s’occupait de fusion de société et d’autres trucs pas très clairs. Comme quoi même en étant bien retraitée à 68 ans, qu’est-ce que j’en apprends encore !!!!! Punaise ! En plus, comme je suis quelque peu blonde avec un léger soupçon de naïveté, (d’ailleurs je préfère le garder) se dire : « Qu’on ne nous dit pas tout ». Grrr, Brrrrr !!!!! Terreur ! Surtout pour les jeunes, moins jeunes, enfants, petits-enfants. Pour revenir à Mesplède, j’ai mis un article chez Pierre Faverolle. Et il faudrait tout de même que j’en fasse un article de ce premier livre lu dans la série Rivages/Noir non pas de Burke, mais bien de Hillermans, une très belle découverte. Le livre s’appelle « Le Voleur du temps ». J’ai plongé dans la culture des Amérindiens Navajos, d’où l’intérêt du livre et de l’auteur sur les anciens habitants Anasazis Amérindiens du sud-ouest de l’Amérique du Nord qui étaient répartis en plusieurs groupes dans les États actuels du Colorado, de l’Utah, de l’Arizona et du Nouveau-Mexique. (derniers mots sortis de chez Wiki). Cela permet de les situer, de mieux comprendre tout ce qui est expliqué dans le bouquin sur fond d’enquête. C’est à la fois sombre, et l’auteur est également si humaniste. Pour moi une découverte. Ce que j’adore. C’est comme pour la ville de Détroit. Je m’y étais beaucoup intéressée via Arte ou la 5 en France, je ne sais plus. Et puis là, en lisant le livre, j’ai pu voir les rues désertes, abandonnées, ruines et autres, terrains devenus glauques. Les images sont venues s’ajouter au texte et surtout à l’intrigue. Un vrai coup de cœur pour moi. Bonne journée. 🙂

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        • ARTE, ma chaîne télé préférée avec Historia, mais là, faut abonnement ou avoir profité d’un cadeau de chez le fournisseur télé-internet-téléphone ! Sinon, chaîne Historia payante. Pour la crise, un ami m’avait prévenu au moins 15 jours avant, me disant que tout allait s’écrouler, mais je ne l’avais pas cru, femme de peu de foi. Alors que tout le monde sait que lorsque les USA éternuent, c’est nous qui avons la fièvre. J’avais suivi les dossiers dans le journal Le Monde à l’époque et en effet, on ne nous avait pas tout dit, et on ne nous dit pas tout. Je ne suis pas blonde, mais j’étais tombée de haut tout de même. Notre esprit n’est pas assez retors que pour soupçonner tout ça. Mais si j’avais réfléchi, je me serais dit qu’offrir autant d’intérêts, c’était pas normal et que pour cela, fallait que la banque investisse dans des trafics pas nets tels les armes, la drogue, les dictateurs (Kadhafi avait du fric dans nos banques belges, entre autre).

          Anybref, on a bien baisé et Goldman Sachs, ainsi que l’assureur qui sponsorisait M.U … AIG !!! Merci les associations d’images et Google ! Bref, il a touché du fric de l’état américain alors qu’il ne devait pas en avoir !
          https://www.latribune.fr/entreprises-finance/banques-finance/assurance/etats-unis-le-sauvetage-de-l-assureur-aig-en-2008-etait-bien-illegal-484428.html

          Je l’avais lu dans le livre de Marc Roche « comment Goldman Sachs dirige le monde » et ça faisait froid dans le dos.

          Hillerman, je l’avais essayé et je n’y étais pas arrivée, mais je voudrais lire « les voleurs de temps » et je pense le tenter pour le mois du polar en février. Faut que j’y arrive, nom de zeus !

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