Les diables de Cardona : Matthew Carr

Titre : Les diables de Cardona

Auteur : Matthew Carr
Édition : Sonatine (16/05/2018)
Édition Originale : The Devils of Cardona (2016)
Traducteur : Claro

Résumé :
1584. Le prêtre de Belamar de la Sierra, un petit village d’Aragon à la frontière avec la France, est assassiné, son église profanée. Sur les murs : des inscriptions en arabe.

Est-ce l’œuvre de celui qui se fait appeler le Rédempteur, dont tout le monde ignore l’identité, et qui a promis l’extermination de tous les chrétiens, avec la même violence que celle exercée sur les musulmans ?

La plupart des habitants de la région sont en effet des morisques, convertis de force au catholicisme, et qui pratiquent encore l’islam en secret.

À la veille d’une visite royale, Bernardo de Mendoza, magistrat à Valladolid, soldat et humaniste, issu d’une famille juive, est chargé de l’enquête.

Très vite, les tensions s’exacerbent entre les communautés, une véritable guerre de religion se profile. Et les meurtres continuent, toujours aussi inexplicables.

Entre l’Inquisition et les extrémistes morisques et chrétiens, la tâche de Mendoza va se révéler ardue.

Critique :
Espagne, 1584… Non, je n’irai pas passer mes vacances dans le petit bled de Belamar de la Sierra !

Je viens de mener une enquête difficiles aux côtés de Bernardo de Mendoza – magistrat à Valladolid – de son jeune scribe Gabriel (♫ tu brûles mon esprit ) et de Luis de Ventura.

Durant notre périple de 450 pages, j’ai manqué de mourir 10 fois et c’est contente d’avoir échappé à tous les traquenards tendus pour nous évincer de cette enquête que j’ai terminé cette lecture.

Les guerres de religion, elles sont toujours latente, les braises sont chaudes et elles ne demandent qu’un petit souffle pour embraser une région où cohabitent vieux-chrétien et morisques, ces Musulmans espagnols qui furent convertis par la force au catholicisme.

Le vieux-chrétien se sent toujours plus chrétien que le morisque et à la limite, plus catholique que le Bon Dieu lui-même ! Et je ne vous apprend rien sur le fait que l’on voit plus facilement la paille dans l’œil du voisin que la poutre dans le sien et que les plus grands catholiques ne sont jamais ceux qui se prétendent l’être.

L’enquête que le magistrat Bernardo de Mendoza va mener sur la mort du curé, sur celles de trois bergers, sur le viol des bonnes sœurs et les attaques de vieux-chrétien ne sera pas simple et il faudra marcher sur des œufs afin de ne pas attiser les braises de la haine qui couvent toujours.

Ni rameuter l’Inquisition qui ne se sent plus dès qu’on parle de tortures ou de bûchers et qui est sans cesse à la recherche de nouveaux clients afin de tester ses machines de la mort qui tue. La délation étant sa plus fidèle amie, cette petite entreprise ne connait pas la crise…

Dans cette gigantesque partie d’échec, des mains invisibles déplacent les pions que sont les habitants de la région de Cardona, les montañeses, les enquêteurs et tous les autres.

Pas besoin d’avoir fait des hautes études si l’on veut déclencher une guerre, il suffit de faire en sorte que l’on ait de bonnes excuses pour attaquer l’autre et la meilleure est de faire croire à tout le monde que ces derniers vous ont attaqué lâchement. Holmes n’a pas l’apanage du déguisement…

Dans ce polar historique, l’auteur prend le temps de nous présenter l’Espagne telle qu’elle était en ce temps-là, avec ses mentalités un peu rétrograde (pour nous en 2018 qui n’avons plus peur de l’Église), ses vieilles haines de l’Autre, ses conversions de force des Musulmans au Catholicisme, la surveillance étroite sous la laquelle ils se trouvent tout le temps, les esprits aussi étroit que le cul d’une nonne vierge, les anciennes guerres de religion, bénies par le Pape lui-même…

L’esquisse des personnages se fait au fur et à mesure, certains étant plus facile à cerner que d’autres, mais en tout cas, ils étaient eux aussi bien dans leurs bottes et dans leur époque, le tout sans manichéisme, même si les Méchants sont retors, lâches, envieux, violeurs, maîtres-chanteurs, concupiscent, obsédés du sexe (biffez la mention inutile selon le personnage).

Le climat est malsain, ça pue la délation et le chantage à tout va, la violence est omniprésente, mais sans jamais devenir exagérée ou inutile. Nous ne sommes pas dans le pays des Bisounours non plus !

Une enquête difficile, remplie de pièges, où il faut faire preuve de diplomatie si on ne veut pas voir la région d’embraser, déjà qu’on a jeté de l’huile sur le feu et que tout le monde est prêt à se sauter à la gorge…

Un thriller policier historique mené de main de maître, avec brio (avec qui ?), sans en rajouter, porté par une écriture qui frappe comme une épée lors d’un combat, le tout sans jugement des personnes qui croient au même Dieu mais lui donne un nom différent.

Magistral !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (2017-2018), le Mois Espagnol chez Sharon (Mai 2018) et Le Mois anglais saison 7 chez Lou et Cryssilda (juin 2018).

 

29 réflexions au sujet de « Les diables de Cardona : Matthew Carr »

  1. Ping : Bilan provisoire du challenge polar et thriller 2017-2018 | deslivresetsharon

  2. Ping : Bilan Livresque Mensuel : Mai 2018 | The Cannibal Lecteur

  3. Ping : The English Month is finish… Fuck ! – Bilan de la Saison 7 – Juin 2018 | The Cannibal Lecteur

  4. Je suis ravie de voir qu’il t’ai autant plu! Franchement, moi aussi j’ai été bluffée par cette reconstitution, cette ambiance si particulière, le Moyen-Age et ses affaires politiques….Une lecture intense, c’est un auteur à surveiller de près! 😉

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  5. Ping : Bilan du quatrième mois espagnol | deslivresetsharon

    • Les guerres de religion qui devraient être rebaptisée « guerres politiques » parce qu’au final, la religion n’est qu’un prétexte futile que l’on donne aux gens crédules pour les faire marcher. La religion a souvent bon dos. Les excuses sont faites pour s’en servir 😆

      Faut pas le lire dans un moment de grand désespoir…. 😀

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  6. Ping : Le mois espagnol 2018, c’est ici ! | deslivresetsharon

  7. Mais… Mais… Mais… C’est la vie de mon Toquéfada ce livre????!!!! 🤔

    C’est toute sa jeunesse!!! Pour tant est qu’il eut une jeunesse un jour… il y a trèèèès longtemps… avant même que le temps n’existe et que Stéphane Bern n’ecrive l’Histoire dans les émissions ! D’ailleurs c’était avant que la vie ne soit en couleur ! À l’époque où on devait encore faire attention aux dinosaures quand on alllait en forêt chercher le bois des bûchers!

    Bref un coup à confire des taupes si le titre est au catalogue de ma libraire favorite (faut que j’aille voir) parce que c’est sur qu’on le trouvera pas au catalogue de Rance Loisirs… ils s’etonnent de décliner chez Rance Loisirs… purée il faudrait qu’ils lisent leur catalogue ils comprendraient ! La dernière fois que j’en ai eu un il y avait 30% de romans d’amuuur… 30% de biographies d’inconnus qu’on a juste pas envie de connaître en lisant le résumé… et le reste des merdasses avec des fois des rééditions reliées de classiques que tout le monde a déjà et qu’on ne sait plus où ranger… et des compiles de musiques démodées et des dvd dont l’intégrale moisie de la grande féministe Brigitte Lahaie!!! Je peinais à commander mon livre trimestriel obligatoire chez eux alors qu’à l’époque, célibataire sans enfant perdue dans un bled de province désert, je devais bien lire 60 livres par ans! C’était pitoyable!🙄

    Heureusement qu’on a de meilleures sélections ici! En fait… méfie toi… Rance Loisirs risque de te faire un procès pour concurrence intelligente! 😜

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    • Je pense que ta libraire d’en bas le possède, je l’ai vu dans son catalogue secret et bien caché ! La Belette a accès à toutes les infos…

      Rance Loisirs, je connais pas, mais Belle Gigue Loisirs, oui ! Et elle pouvait donner la main à Rance car si au départ on avait des nouveautés à la pelle et que le choix était difficile, ensuite, on avait de la réédition en veux-tu-en-voilà ! Tu l’achetais à 22€ et ensuite, tu tombais sur l’édition poche chez ton bouquiniste du coin, à petit prix, toiles d’araignées comprises !!! Basta les mecs !

      Un livre sur la vie de ton aimé, c’est bô, non ???

      Ah, ma zone va emballer le livre et l’envoyer à l’inquisition où tu crèches 😉

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