[FILMS] Hostiles : Le western ose-t-il se renouveler ? de Scott Cooper (2018)

Hostiles est un western américain coécrit, coproduit et réalisé par Scott Cooper, sorti en 2018.

Le tournage a lieu notamment à Santa Fe au Nouveau-Mexique et à Pagosa Springs dans le Colorado.

Synopsis :
En 1892, le capitaine Joseph J. Blocker, légende de l’armée américaine, est chargé d’une mission qu’il accepte à contrecœur.

Avec ses hommes, il doit escorter Yellow Hawk, un chef de guerre cheyenne mourant, ainsi que sa famille, pour retourner sur leurs terres tribales.

Durant le voyage entre le Nouveau-Mexique et le Montana, les militaires et les Cheyennes vont devoir faire preuve de solidarité et d’entraide, pour survivre au périple, aux Comanches et aux trappeurs hostiles qu’ils vont croiser.

Ils vont aussi croiser la route d’une veuve dont la famille a été assassinée par un raid comanche.

Distribution : 

  • Christian Bale : le capitaine Joseph J. Blocker
  • Rosamund Pike : Rosalie Quaid
  • Wes Studi : Yellow Hawk
  • Jesse Plemons : lieutenant Rudy Kidder
  • Adam Beach : Black Hawk
  • Rory Cochrane : Thomas Metz
  • Peter Mullan : lieutenant-colonel Ross McCowan
  • Scott Wilson : Cyrus Lounde
  • Paul Anderson : caporal Tommy Thomas
  • Timothée Chalamet : Philippe DesJardins
  • Ben Foster : sergent Charles Wills
  • Jonathan Majors : le caporal Henry Woodson
  • John Benjamin Hickey : capitaine Royce Tolan
  • Q’orianka Kilcher : Elk Woman
  • Tanaya Beatty : Living Woman
  • Bill Camp : Jeremiah Wilks
  • Scott Shepherd : Wesley Quaid
  • Ryan Bingham : le sergent Malloy

Ce que j’en ai pensé (FC avec Rachel) :
Nom de Zeus, ça c’est du western comme je l’aime !

Profond, bourré d’émotions diverses, de rédemption, de travail sur soi, de pardon, d’acteurs qui ne jouent pas mais qui SONT leurs personnages, des paysages grandioses et une vision de l’Amérique telle qu’elle est vraiment et non pas comme on voudrait nous la montrer.

Aux antipodes des westerns spaghettis (que j’adore aussi) à la sauce Leonne, nous sommes plus dans un western à la « Danse avec les loups », ou « Unforgiven », à la « True Grit » ou au sarcastique  » Django Unchained ».

Si le genre ne fait plus recette de nos jours, de temps en temps, un réalisateur ose y revenir et, nanti d’un scénario béton et de bonnes idées, il nous produit un film qui a tout d’une perle et qui claque comme le barillet d’un révolver Smith & Wesson.

Le début à tout d’une scène à la « Petite maison dans la prairie », avec papa qui coupe du bois et maman qui apprend les adverbes à ses deux gamines pendant que leur petit frère, bébé, dors paisiblement.

Hélas, ce n’est pas la peste de Nellie Oleson qui va troubler cette harmonie mais des Comanches bien décidés à leur voler les chevaux et à massacrer tout le monde.

La scène suivante se déroule au fort où est cantonné Batman. Heu, pardon, je voulais dire le capitaine Joseph J. Blocker, interprété par Christian Bale, qui est moins sexy qu’en chevalier noir. Mais toujours aussi sombre.

La scène dans le bureau du directeur, où celui-ci lui demande d’escorter le chef indien Yellow Hawk (un Cheyennes du Nord), malade d’un cancer, vers son Montana d’origine, est magistrale car elle oppose un officier (Batman) à son officier supérieur et à un civil qui n’a pas connu les guerres indiennes et qui ne peut pas comprendre l’hostilité, la haine, du capitaine Joseph J. Blocker (Batman) envers ce qu’il nomme « les sauvages ».

On peut comprendre que lorsque vous avez récupéré les cadavres de vos hommes et qu’il n’en restait pas assez pour remplir une marmite, que vous ayez les boules à l’idée de devoir escorter l’emplumé qui vous les a zigouillé durant les 1.500km qui séparent le Nouveau-Mexique du Montana.

Surtout que pour convoyer ce grand chef, vous n’aurez pas un bataillon entier, mais quelques soldats dont une bleu-bite.

On est loin des westerns qui cataloguaient tous les indiens dans la même case, c’est-à-dire celle des Méchants, brutes, imbéciles, sauvages, et limite débiles mentaux assoiffés de sang et de scalps.

Il est évident que les Indiens, ce n’étaient pas des Bisounours chevauchant des Petits Poneys (ceux qui font des cacas papillons), mais si on se met à leur place, on aurait, nous aussi, une furieuse envie de balancer l’envahisseur Blanc dans l’océan et de retourner à nos petites affaires plus respectueuses de la Nature que celle des Blancs.

Quant aux Blancs… On a hurlé du Trumpette qui se torchait le cul avec sa parole donnée, mais en ces temps-là, tout le monde se torchait avec les traités signés et les belles promesses faites aux Natifs. Business is business. La Perfide Albion avait exporté cette maladie qui est de renier les contrats signés.

Anybref, Yellow Hawk n’est pas un enfant de coeur, et le capitaine Joseph non plus. Ils ont tout deux du sang sur les mains, que celui de militaires, d’hommes, de femmes et même d’enfants.

Pas un pour relever l’autre et pour le capitaine, lui, il a encore l’excuse de « je ne faisais qu’obéir aux ordres », appliquant la règle qui valait qu’un bon Indien était un Indien mort.

Nous sommes à l’aube de futur nouveau siècle (1892), la révolution industrielle a eu lieu et est toujours en cours, la guerre de Sécession est terminée depuis longtemps, les guerres Indiennes aussi, ainsi que la la guerre fratricide entre Cheyennes et Comanches. Pourtant, les cicatrices sont toujours bien présentes chez tout le monde.

Le réalisateur a su bien montrer toute la rage qu’il y avait dans le capitaine Joseph, toute la résignation dans Yellow Hawk, la peur et la folie dans les yeux de Rosalie Quaid et tout ce petit monde va devoir faire un sacré travail sur lui-même pour accepter l’autre, pour lui pardonner, ou du moins, pour le respecter, malgré le sang sur ses mains.

Loin d’une balade de santé ou d’une rando équestre bien organisée aux travers de paysages somptueux, notre troupe va devoir faire face à l’hostilité des Comanches (pas des enfants de coeur), à celle de chasseurs de fourrures, aux éléments, à un prisonnier à escorter en plus et à un propriétaire au Montana qui, sur ses terres, est seul souverain à bord (et les lois, il s’en tamponne).

Pour survivre, va falloir se donner la main, s’entraider, faire preuve de solidarité, mais ce n’est pas facile quand face à vous se trouve votre plus vieil ennemi et que des années de guerres et de propagandes vous ont lavé la cervelle.

Les problèmes sont toujours les mêmes et l’Amérique n’en est pas moins raciale qu’il y a 130 ans.

Tout en finesse, sans chausser de grosses bottes lourdes, le réalisateur a réussi à nous proposer des personnages réalistes, qui eux aussi l’ont joué toute en finesse, comme Christian Bale, homme rigide, froid, dur, qui, après quelques coups durs, montrera ses fêlures, ses blessures, ses émotions, brièvement, mais on le sentait bien sur le point de craquer.

Mention spéciale aussi à Rosamund Pike, qui a joué le rôle de Rosalie Quaid tout en nuance aussi, ainsi qu’à Wes Studi, campant fidèlement un Yellow Hawk au regard doux mais à la détermination sans faille.

Un western profond, avec un scénario qui n’avait rien d’un ticket de métro, des acteurs jouant tout dans la nuance, réalistes, une musique qui allait bien avec les décors grandioses et les actions, souvent violentes, de ce film.

Un western où la langue amérindienne qui a tout l’air d’être une vraie (ou qui y ressemble) et qui enterre définitivement les indiens qui parlaient tous anglais dans les anciens western de nos pères et grands-pères.

Un western noir, beau, sombre, dur, violent, bourré d’émotions, de haine, d’amitié, d’amour, de pardon, sans manichéisme aucun.

Une bien belle soirée cinéma. Ce qui ne fut pas tout à fait le cas pour ma binôme de Film Communs, Rachel, dont vous trouverez la chronique ICI !

PS : en plus, le Christian Bale chevauchait un superbe cheval que je veux bien chez moi, si on veut bien me le donner…

Le Challenge « Il était une fois dans l’Ouest » chez The Cannibal Lecteur et le Mois Américain chez Titine (Septembre 2018).

26 réflexions au sujet de « [FILMS] Hostiles : Le western ose-t-il se renouveler ? de Scott Cooper (2018) »

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    • Rachel, ma copinaute de LC a trouvé un peu rapide le fait que Rosalie Quaid sympathise aussi vite avec les indiens alors que sa famille venait de se faire massacrer par des indiens, justement. Je ne lui donne pas tort, mais ça ne m’a pas empêché de passer un bon moment western.

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  4. Je vais faire ma chiante mais, en 1892, la révolution industrielle est là depuis un moment déjà… au moins depuis la fin du 18e siècle en Angleterre… Sinon oui, un film très chouette. Je me souviens d’avoir été sceptique au début de la séance (déjà, je n’ai pas eu droit à la VO, ça m’a saoulée…) mais j’ai fini par me laisser embarquer. Je conseille de voir Blackkklansman juste après ça 😉

    Aimé par 1 personne

    • Oups, tu as raison tout à fait ! Je vais corriger de suite. On est en pleine révolution, toujours… même si on circule toujours à cheval 😉

      Pas encore vu ni lu blackklansman… mais c’est au programme !! me demande pas quand…

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