Madame Bovary : Gustave Flaubert [Fiche de lecture pas très académique par Dame Ida]

Titre : Madame Bovary

Auteur : Gustave Flaubert
Édition : Michel Lévy (1857) / Folio Classique (2017)

Résumé :
Pour son malheur, Emma Bovary est née femme et vit en province. Mère de famille contrainte de demeurer au foyer, elle mène une existence médiocre auprès d’un mari insignifiant.

Pourtant, Emma est nourrie de lectures romantiques et rêve d’aventures, de liberté et surtout de passion. L’ennui qui la ronge n’en est que plus violent, au point de la pousser à l’adultère.

Critique :
Le petit Charles était un petit gars de la campagne qui aimait bien se balader dans la nature et observer les travaux des champs d’autant que son paternel avait autre chose à faire avec son blé que de l’envoyer à l’école.

Sauf que sa daronne avait d’autres ambitions pour lui. Elle voulait en faire un docteur.

Alors on l’a balancé au collège où il ne fit pas d’étincelles, puis faire sa médecine même si sa première année était laborieuse.

Bon an, mal an, il fit par décrocher son parchemin et sa daronne arriva même à lui trouver une clientèle à reprendre et une veuve prétendument riche et certainement ménopausée à marier pas très loin de chez elle. Sauf que la vioque n’était pas si riche que ça et tellement animée de jalousie maladive qu’elle a fini par en clamser.

Voilà qui tombait vachement bien parce que le p’tit Charles Bovary il la trouvait pas si mal que sa la p’tite Emma, toute fraîche, que son père, paysan à l’aise à qui il était allé réparer une jambe, avait fait revenir du couvent auprès de lui.

V’là que le p’tit Charles lui fait sa cour en se pointant chez le paysan tous les jours pour un oui ou un non… Et que tout de même que c’est pas bien sain qu’un docteur il reste célibataire.

Alors il demande sa main à la p’tite Emma, que son père accepte vivement de lui céder bien volontiers. Evidemment la mère Bovary fait la tronche parce qu’elle n’avait pas choisi la nouvelle femme de son fils…

Après des noces paysannes plouques à souhait, avec cortège de dames endimanchées et de messieurs si bien rasés qu’on se demandait s’ils avaient pas essayé de violer leur chat vu leurs balafres… repas interminable où tous les cochons et tous les poulets du coin auront été bouffés et toutes les bouteilles de pinard et de gnôle auront été vidées, la p’tite Emma arrive chez elle et essaie d’être une épouse parfaite.

Sauf qu’elle s’emmerde un peu parce que son docteur de mari n’est pas trop là… Une invitation va tout de même tromper son ennui !

Le vicomte (mazette ! Un noble ! Un vrai aristobourge !) du coin les invite à un bal à son château et à passer la nuit. Voilà qu’ils chargent leur petite voiture à cheval pour s’y rendre, qu’Emma a pris ses plus belles robes… Révisé ses pas de danse…

Et tout ce weekend n’est qu’un émerveillement permanent à la lueur des chandelles, des cristaux des lustres, des verres délicats, des reflets de l’argenterie que Conchita elle a frottée et frottée tout la journée au sous-sol…

Les porcelaines délicates de la vaisselle seront remplies de mets délicats et raffinés, les vins et le champagne lui donneront du rouge au joue, mais pas mal à la tête ou à l’estomac comme la gnôle du père Machin…

Et toutes ces belles robes… Ces beaux meubles… Ces beaux tableaux… Ces belles manières… Ces gens si distingués… Et même le vicomte lui offrira une valse… Heureusement, Emma aura réussi à convaincre son mari de ne surtout pas danser et de se faire oublier dans un coin pour ne pas lui coller la honte. Ben ouais…

C’est qu’il est un peu lourdaud le Charles !

Bref, la p’tite Emma vivra l’année qui suivra dans le souvenir de cette soirée, guettant une nouvelle invitation en vain… Mais comme elle ne reviendra pas elle en tombera littéralement malade parce que bordel à cul de pompe à merde ! Qu’est-ce qu’on se fait chier avec Charlot ! Il est nul quoi !

Et v’là que la p’tite Emma veut jouer les parisiennes, v’là qu’elle s’invente une vie,  lit des livres pour faire croire qu’elle est cultivée s’achète des fringues, des fanfreluches, des breloques…

Monsieur Lheureux, son fournisseur officiel et à crédit la laisse s’endetter peu à peu… Elle néglige sa fille qui n’est franchement pas très intéressante…  Elle dragouille le clerc de notaire mais qui se barre pour finir son droit à la ville avant de conclure avec elle…

Alors elle se rabat sur un autre nobliot du coin réputé pour être un coureur… Et l’adultère longtemps imaginé sera enfin consommé…

Elle envisagera de se barrer avec mais il la plantera au dernier moment… Et retombera sur son ancien béguin (le clerc du notaire) lors d’une petite virée en ville à l’opéra avec son mari et s’inventera des leçons de piano en ville pour retourner trouver son p’tit jeune avec qui elle s’envoie en l’air dans une calèche qu’on voit partir dans tous les sens…

Pendant ce temps, les dettes s’accumulent et ça commence à craindre sévère car le Monsieur Lheureux revend une partie de sa dette à une sorte d’agent de recouvrement qui se fait pressant…

Et puis ces dettes ça craint d’autant plus que le père Charles s’est lancée dans une opération calamiteuse de pieds bot qui s’est soldée par une amputation jusqu’à la cuisse ce qui n’a pas arrangé sa réputation et lui a occasionné quelques dédommagements…

Bref c’est la grosse merdasse, et entre deux parties de jambe en l’air avec son jeunot, Emma cherche des moyens idiots pour ré échelonner ses dettes en continuant à dépenser parce que tout de même… elle n’est pas trop dans la réalité la gourdasse… jusqu’au jour où le jugement de saisie des biens du ménage est prononcé…

La cougar crétine s’affole… supplie… est presque sur le point de se prostituer… Mais ça ne marche plus ! Les dents du piège se referment et la broient…

Avec son sens du courage habituel qui l’a conduite à jouer l’autruche en se collant la tête dans le sable où elle retrouvait ses rêves de grandeur… Emma ne veut surtout pas voir les conséquences atrocifiantes de sa connerie, et pipotte l’aide du pharmacien pour aller bouffer en douce de l’arsenic dans sa réserve. Rien ne nous sera épargné de sa longue et douloureuse agonie…

Elle a péché, qu’elle expie… et qu’elle expire !

Son pauvre benêt de Charles mourra de chagrin à petit feu, ravagé en retrouvant les lettres d’amour de sa gourgandine de femme, preuve absolue de la hauteur de ses cornes…

Et leur fille finira dans une usine parce que tout de même sa tante n’allait pas entretenir une orpheline à ne rien faire !

Flaubert ne le dira pas, mais il est certain qu’elle finra fille mère engrossée par le contremaitre, devra se prostituer, chopper la tuberculose et se trouvera un mac alcoolique et violent qui lui refilera aussi la syphilis, la peste et le choléra avant qu’une voiture à cheval ne lui roule dessus la laissant agoniser en deux morceaux pendant trois semaines.

Voilà à quoi conduit la luxure, les rêves de grandeur,et la dilapidation désinvolte de ses biens ! Au malheur, au déshonneur, à la ruine et à la malédiction sur les générations qui suivent ! Epicétou !

Bref ! On ne trompe pas son mari et on ne dépense pas plus qu’on ne gagne ! Et on évite de se prendre pour ce qu’on est pas ! C’est compris ?

Vous me le copierez 100 fois par jour de découvert à la banque !

60 réflexions au sujet de « Madame Bovary : Gustave Flaubert [Fiche de lecture pas très académique par Dame Ida] »

  1. Voilà une fiche de lecture qui a de la gueule. J’adore tes expressions du genre : aristobourge.
    Après cette belle dose d’optimisme et de féminisme, les cadavres sanglants ne t’ont pas manqué??
    Car tu viens de te taper un gros pavé.

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    • Heu… t’inquiète Noctambule! 😁 j’ai eu ma dose de cadavres bien degueux avec ce livre !!! SPOILER : La première femme de Charles… puis l’agonie d’Emma… et Charles à son tour… y a des polars où tu en as moins! 🤣😂🤣

      Pour les expressions… oh… tu sais je n’en ai pas inventées beaucoup ! Je travaille avec des jeunes de cités difficiles en banlieue… alors je me mets à la page! Et puis même si mon Choupinou et ma Pioupioute font des dérapages langagiers relativement contrôlés ça m’aide aussi à m’instruire! 🤪

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      • il y a autant de chose si horrible dans Madame Bovary. Damned 🙂
        ça faisait longtemps Ida. Comment va? les jeunes des cités ont toujours pleins d’idées 🙂 et si en plus choupinou et pioupioute sont de la partie, quel enrichissement au quotidien.

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        • Si la Pioupioute ou le Choupinou dérapent comptez sur moi pour les remettre sur les rails! Nan mais! À la maison y a que moi qui ait le droit de dire ou d’écrire des zhorreurs! 😜 Je regrette juste que les jeunes n’osent pas trop m’en dire quand ils me parlent (cela dit… ça ne serait pas adapté donc c’est mieux ainsi)… je dois les espionner ou attendre qu’ils se lâchent pour apprendre les nouveaux gros mots à la mode du jour!.🤭

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  2. C’est marrant, c’est exactement le sentiment que j’avais eu en lisant Mme Bovary à 16 ans. Ce que j’avais pu la trouver gourdasse, la Bovary. A lui envoyer des tartes par gros paquets. Et ce Flaubert, salopard qui décrit les nanas comme ça, lui ! J’en avais les dents qui grinçaient de dégoût et de rage. Sans compter que c’était à peu près l’époque où Isabelle Huppert a prêté ses traits et sa froideur glaciale à cette pauvre Emma. Puis j’ai relu le livre 20 ans plus tard et là, la claque (plutôt de l’ordre de la critique de Nastasia sur Babelio). Et Flaubert de remonter dans mon estime. En flèche. Comme quoi, les bouquins, c’est vicieux. Un jour c’est de la merde, le lendemain un chef-d’oeuvre…mais quand ils sont bons, ils ne laissent jamais indifférent.

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    • En fait je suis assez partagée quant à ce livre. Il est bien écrit dans le style de l’époque toussa toussa… le personnage d’Emma est une caricature très irritante d’une certaine vision de la féminité (dépensière, dissimulatrice, infidèle, insatisfaite qui ne sait pas ce qu’elle veut, perdue dans ses rêves, dont le regard sur les hommes oscille entre admiration et mépris…) mais… comment dire… Flaubert aurait dit « Madame Bovary, c’est moi » est ce à dire qu’il se trouvait les mêmes travers? Ou qu’il revendiquait avoir mis le meilleur de lui même et de ses idées dans ce livre? Hummm… c’est pas tout à fait pareil et ça me laisse dans une profonde perplexité.

      Le cas Bovary a beaucoup fait jaser les psys car Emma serait une description assez fine (je confirme) de la pathologie hystérique. Le problème c’est qu’à l’époque de Flaubert plutôt misogyne on assimilait vite hysterie et féminité (alors que les femmes ne sont pas toutes hystériques et que certains hommes le sont même si ça s’exprime autrement)… grrrr!!!!

      Bref ce livre a un côté assez avilissant pour l’image de la femme car en filigrane on peut voir comment n’importe quel brave type qui ne se méfie pas assez des femmes (la mère et la première femme de Bovary sont assez insupportables aussi… on tend à les oublier toutes les deux) voit sa vie ruinée par elles! Et ça… ça crispe sévère! Car le message derrière c’est « méfiez vous de ces femelles démoniaques »!

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      • Exactement…et lala je suis en train de lire Maupassant…mais quelle misogyne !..tout est de la faute de la femme. Il faut dire que c’etait a la mode a l’epoque…sauf Balzac s’en sort, Il a ose decrire des femmes fortes independantes qui, bien sur, se brisaient contre cette societe machiste de l’epoque…

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        • On pensait cela de nous et je me demande si on ne le pense pas encore, du moins, certains… nous portons le péché du monde et je dis merci à saint-augustin d’avoir parlé du péché originel !

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      • J’ai vu sur Fesse Bouc une publication tirée d’un ancien livre, sur ce que devait faire une bonne épouse, surtout au niveau sexuel : être aux ordres de monsieur, si lui ne veut pas, elle ne doit rien faire, mais si monsieur veut, elle devait accomplir l’acte sexuel et pousser un gémissement de jouissance une fois que monsieur avait juté dedans, afin de le contenter…

        Et ça ne remonte pas à 1700 !!

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    • L’âge fait beaucoup comme le moment de lecture. Et le ressenti change selon les époques. Voilà pourquoi je n’ose pas relire mes livres coups de coeur de jeunesse, trop peur de ne plus les aimer.

      Flaubert avait une guerre d’avance et son roman était choc pour l’époque 😉

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  3. et bin je savais que je ne devais pas lire ce livre…et tu me le confirmes…pucha….quelle gourdasse comme Gervaise Macquart…a mettre dans le meme panier…et les auteurs ne sont meme pas la pour les faire sortir du trou…non ils les enfoncent…les enfoncent jusqu’au bout…pas pour moi quoi…;)

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  4. Ben mince alors, mon post n’est pas passé !
    Bon, je disais donc que pour n’être pas académique, ce n’était pas académique ! Mais quelle tranche de rigolade ! J’adhère et j’adore (jeu de mots maître Capello) !

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