L’habitude des bêtes : Lise Tremblay

Titre : L’habitude des bêtes

Auteur : Lise Tremblay
Édition : Delcourt (22/08/2018)
Édition Originale :
Traducteur :

Résumé :
« J’avais été heureux, comblé et odieux. En vieillissant, je m’en suis rendu compte, mais il était trop tard. Je n’avais pas su être bon. La bonté m’est venue après, je ne peux pas dire quand exactement. »

C’est le jour sans doute où un vieil Indien lui a confié ce chiot, Dan. Lorsque Benoît Lévesque est rentré à Montréal ce jour-là, il a fermé pour de bon la porte de son grand appartement vide. Ce n’était pas un endroit pour Dan, alors Benoît est allé s’installer dans son chalet du Saguenay, au cœur du parc national.

Mais quand vient un nouvel automne, le fragile équilibre est rompu. Parce que Dan se fait vieux et qu’il est malade. Et parce qu’on a aperçu des loups sur le territoire des chasseurs. Leur présence menaçante réveille de vieilles querelles entre les clans, et la tension monte au village…

Au-delà des rivalités, c’est à la nature, aux cycles de la vie et de la mort, et à leur propre destinée que devront faire face les personnages tellement humains de ce roman au décor grandiose.

Critique :
Voilà un roman qui fait comme une petite bulle de calme entre deux lectures, un petit roman qui se lit trop vite, où à peine après avoir fait connaissance des personnages, on les quitte déjà car 124 pages, ça fait comme une grosse nouvelle (ou un petit roman).

Pourtant, dans ces 124 pages, il y a des choses qui nous sont habituelles, comme ces chasseurs qui deviennent un peu fous avant la chasse, comme ce petit village où tout se sait, où tout se murmure, où même après 20 ans, vous n’êtes toujours pas d’ici…

Et surtout ce qui est vieux comme le monde : un homme qui fait sa loi et qui intimide tellement les autres que tout le monde s’écrase et la ferme, de peur des représailles.

Non, ce type n’a pas une mèche blonde peroxydée… Mais si on mettait ce potentat local à la tête du pays, m’est avis qu’il se comporterait comme le rustre qui a élu résidence à la White House.

Dans ces montagnes, tout va moins vite qu’à la ville, on prend le temps de vivre, de se laisser aller et notre ancien dentiste, Benoît Lévesque, qui vivait à 200 à l’heure avant, a trouvé agréable de regarder le temps d’écouler sans courir derrière lui.

Le moment le plus pénible de ma lecture fut pour l’agonie du chien de Benoît car je ne sais que trop bien ce que c’est de voir son vieux compagnon dépérir, n’être plus l’ombre que de lui-même alors qu’il fut l’ombre de votre ombre.

J’ai perdu mon chien il y a 8 ans et dernièrement, ce fut la grande chienne de chez mes parents qui était, elle aussi, toujours dans mes pas. Heureusement, l’auteure n’a pas trop épilogué sur la fin du chien, ce qui m’a évité les chutes du Niagara.

La souffrance et le vide ressentit par Benoît, je l’ai ressenti aussi dans mon être car je sais que l’on peut s’attacher un peu trop à nos bêtes.

De plus, pour Benoît, ce chien l’avait changé, avait fait de lui un autre homme, un homme plus attaché aux autres, alors qu’avant, il se fichait des autres, autant de sa femme que de sa fille, qui en a souffert et en souffre encore.

Dans ce roman, on dirait qu’il ne passe pas grand-chose, pourtant, de manière sous-jacente, l’auteure nous invite à la réflexion sur ce Monde qui va trop vite, sur ces gens qui ne vivent plus selon le rythme des saisons, qui ne vivent que pour le superficiel, sur ceux qui pensent que tout leur est dû et qu’ils doivent être les seuls prédateurs dans ces montagnes, quitte pour cela à faire souffrir les loups.

Non, il ne se passe pas grand-chose dans ce petit roman, si ce n’est la vie qui passe et des portraits à la serpe des habitants de ce village perdu et qui ont l’accent du Québec.

Un roman qui fiche tout de même un sacré petit coup de blues à la fin de sa lecture, surtout qu’on a l’impression qu’il y avait encore tant à dire, tant à apprendre d’eux.

Un roman trop vite terminé…

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (2018-2019).

 

47 réflexions au sujet de « L’habitude des bêtes : Lise Tremblay »

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      • Oh oui! Le coup de grand méchant loup! Il adore… Sauf que la dernière fois il m’a dit qu’il avait plutôt l’impression d’être au chapitre où il bouffait la mère-grand avec moi!!! Le philistin! Le rustre! Je lui ai répondu que puisque c’était comme ça, j’allais plutôt chercher les bûcherons… barbus, musclés, robustes et héroïques, habitués à la rude vie de la nature… Oh oui… un bûcheron… la version moyenâgeuse du pompier sans doute? 😀

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        • Oh, le sagouin !! Que le crucifix l’étouffe pour avoir osé te comparer à la mère-grand ! Comme si les hommes ne prenaient pas de l’âge et que leur grande queue de loup ne commençait pas à lever moins haut ! Faisons une manifestation en gilets oranges nom de zeus et de jupiter ! 😆

          Problème du bûcheron, c’est que sa sent peut-être un peu fort, non ?? 😛

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          • Oui ça sent le sous bois, la forêt, la résine de pin et… un peu l’homme… certes… mais il a travaillé à l’ombre l’été et au grand air!

            Mais le pompier? Tu crois qu’il sent quoi après le boulot? Le charbon! Et l’homme qu’a mariné dans sa combi ignifugée imperméable par 200 voire 300 degrés! Imagine quand il retire s’est bottes en caoutchouc! Arrrgh!

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            • La résine de pin… si on déplace le « e », on obtient « le résin de pine » et là, je sors pour cette contrepèterie indigne de moi.

              Bon, que doi(g)t-on choisir pour obtenir un mec qui sente bon ? Un fonctionnaire sobre (pour éviter celui qui pue la bière pils) ?? 😆

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  7. J’aime beaucoup ta chronique. Elle est très belle, très juste et la manière dont tu parles des animaux… ça m’a pincé le cœur. Ma chienne n’est avec nous que depuis quelques mois, mais je sais déjà que ce sera atroce, le jour où elle mourra. Superbe critique pour un roman bouleversant.

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