My absolute darling : Gabriel Tallent

Titre : My absolute darling

Auteur : Gabriel Tallent
Édition : Gallmeister Americana (01/03/2018)
Édition Originale : My Absolute Darling
Traducteur : Laura Derajinski

Résumé :
À quatorze ans, Turtle Alveston arpente les bois de la côte nord de la Californie avec un fusil et un pistolet pour seuls compagnons. Elle trouve refuge sur les plages et les îlots rocheux qu’elle parcourt sur des kilomètres.

Mais si le monde extérieur s’ouvre à elle dans toute son immensité, son univers familial est étroit et menaçant : Turtle a grandi seule, sous la coupe d’un père charismatique et abusif.

Sa vie sociale est confinée au collège, et elle repousse quiconque essaye de percer sa carapace.

Jusqu’au jour où elle rencontre Jacob, un lycéen blagueur qu’elle intrigue et fascine à la fois.

Poussée par cette amitié naissante, Turtle décide alors d’échapper à son père et plonge dans une aventure sans retour où elle mettra en jeu sa liberté et sa survie.

Critique :
Si vous cherchez un roman qui vous laissera groggy durant votre lecture, celui-ci est tout trouvé !

Ce roman noir prouve ce que j’ai toujours su au fond de moi : on peut être instruit, connaître des mots de vocabulaire compliqués, être un grand lecteur (et pas de roman de gare ou à l’eau de rose), avoir une vision claire de l’état de la planète et être le dernier des salopards d’enculé de pute de fils !

Cette constatation, je l’ai surtout comprise il y a quelques années, avant, j’aurais soutenu mordicus qu’une personne instruite et grand lecteur ne pouvait pas être aussi crétin.

Pourtant, c’est vrai, je l’ai comprise avec les réseaux sociaux et les commentaires à l’emporte-pièce en provenance de gens que je pensais instruit puisque lecteurs. Mais, tel le père de Turtle, seul leur opinion, leur vérité, comptent.

Martin veut le meilleur pour sa fille qu’il élève seule, la mère étant décédée et au final, il ne lui montre que le pire, lui fait vivre le pire, la coule au lieu de l’élever vers le haut, reproche à son père son désordre dans son camping-car alors que chez lui-même, c’est une porcherie, un taudis invivable…

Ce roman prend à la gorge directement, comme un pit-bull sournois (je n’ai rien contre la race, mais ça fait plus d’effet que si je choisis un caniche) qui vous attraperait à la gorge et commencerait à vous la secouer doucement, avant de vous l’arracher.

Afin d’être moins traumatisée par cette lecture (je savais ce qu’il s’y passait), j’ai tenté le bon vieux coup de la lectrice qui regarde tout ça de haut, qui ne s’implique pas émotionnellement afin de ne pas être touchée trop fort par le récit dur comme la lame d’un couteau.

Bon sang, j’ai failli réussir !! Turtle (Julia) est un personnage assez froid qui n’appelle pas vraiment à l’empathie et j’ai réussi à ne pas trop m’attacher à elle au départ. Mais peine perdue, après, plus moyen de faire comme si je ne ressentais rien vu ce qui se déroulait sous mes yeux.

L’auteur a créé des personnages réalistes, humains ou salauds, des gens qui, comme nous, voient qu’il y a un problème dans l’entourage de Turtle mais ne savent pas trop comment faire pour le résoudre, pour l’aider, sans compter que Turtle ne donne pas l’impression de vouloir être sauvée.

Et c’est de là que provient mon malaise… Elle aime son père, elle le défend, lui trouve des excuses, lui obéit en tout point, même lorsque l’ordre donné va à l’encontre de tout, même lorsqu’il la prend de force…

La scène avec le revolver et la pièce est insoutenable tant elle est d’une horreur absolue, d’un illogisme pur, d’un sadisme sans nom.

Martin, le père, est un personnage noir, qui aime mais qui aime mal, qui pense que sa fille lui appartient et que ce qu’il fait pour elle, c’est bien, c’est juste, c’est normal.

Je pourrais aussi vous parler du danger des armes à feu, mais je pense que je vais m’arrêter là car la lecture de ce roman était difficile, prenante, horrible et qu’il ne laisse pas intact tant on a bouffé des horreurs durant toutes ces pages, sans qu’elle soit exagérée ou gratuite.

Un roman tellement noir qu’on a envie de se mettre à lire Oui-Oui au pays des licornes gentilles et des Bisounours tant on a besoin de se libérer l’esprit après une telle lecture.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (2018-2019).

46 réflexions au sujet de « My absolute darling : Gabriel Tallent »

    • Il y a à boire et à manger, j’ai manqué d’empathie pour l’héroïne, Turtle, qui est si froide, si distante. Certaines scènes ne sont pas des plus agréables à lire et mes doigts se sont crispés, et tout le reste aussi. On aime ou on n’aime pas.

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      • J’aime bien être crispée (ça me permet de pratiquer du chantage affectif pour me faire offrir des massages). Après j’aime beaucoup les livres dérangeants qui provoquent gêne et malaise et j’ai l’impression de sonner à la bonne porte avec celui-là

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        • Gaffe, avec les massages, ça se termine toujours par un truc où on a les jambes en l’air ! :p

          Oui, quand il y a gêne, il y a du plaisir, ça nous pousse à la réflexion, et ça fait du bien, même si on a mal à la tête ensuite (hop, l’excuse après les massages).

          Mais certaines personnes n’aiment pas trop réfléchir… j’en vois des tas sur le Net :/

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            • Non, j’évite même dans certains cas le FB, j’y lis trop de conneries rédhibitoires, des fake news, des chiffres erronés et quand l’un ou l’autre signale qu’il y a faute, la personne campe sur ses positions et ne veut rien changer. Je fuis FB !! Je perds des neurones avec certains profils !!

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              • Totalement d’accord. Je fais souvent des cures de désintox, parce que quand j’y vais je ne peux pas m’empêcher de lire les commentaires alors même que je sais que ça me donnera des envies de génocide.
                Simple masochisme ou réel problème psychiatrique ? La justice n’a pas encore tranché

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                • Parfois, tu peux expliquer à une personne son erreur et si elle a un cerveau, elle comprendra ton argumentaire et ta logique, mais certains ne veulent PAS comprendre, changer, corriger et quand je lis ce que je lis parfois, j’aimerais mieux qu’ils aient écrit en chinois, comme ça j’aurais pas comprendu ! (oui, je conjugue comme une pro !)

                  Le problème c’est que tout le monde parle sans savoir, sans avoir été vérifier, ça affirme mais ça sait rien, et ça ne tourne pas 7 fois son clavier avant de répondre… J’ai lu des horreurs et des commentaires simples monter dans les tours et finir en clash. Moi, je fuis tout ça !

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                • PS : pour ceux qui étudient l’Homme, genre les sociologues, les réseaux sociaux sont une mine d’or pour leurs études sur l’imbécilité faite Homme (avec un grand H, hein, les femmes aussi savent être très connes).

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                  • Je suis d’accord. Et ce qui me rend folle c’est 1) la manière dont de parfaits inconnus se permettent de te parler parce qu’ils sont protégés par un écran (des mecs m’ont déjà dit que, je cite : je « m’étais tellement fait défoncer le cul par des arabes que ça m’avait ramolli le cerveau »). Est-ce que ces gentils garçons auraient osé ne serait-ce que croiser mon regard s’ils m’avait rencontré dans la rue ? J’essaie d’avoir cette politique de « Ne fais pas derrière un écran ce que tu ne ferais pas dans la vie » mais on est une minorité dans ce cas-là. La plupart des gens te traitent d’abrutie et d’imbécile aussi facilement qu’ils cliquent sur entrée, c’est hallucinant.

                    Et 2), c’est le manque de nuance. En gros c’est blanc ou noir, si tu critiques une personne/une idée/un mouvement c’est forcément parce que tu soutiens son contraire. Tu critiques Poutine ou Bachar al-Assad tu es une marionnette manipulée par la propagande impérialiste américaine, tu critiques Trump tu es une marionnette manipulée par les merdias trostko-gauchistes… il n’y a aucun espace pour le gris, la nuance, la pensée un chouïa complexe. C’est abrutissant de lire des commentaires fb en fait

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                    • Mon dieu, mais tu fréquentes des proctologues, toi !! Comment ces charmants hommes pouvaient-ils voir ton trou du cul (mes excuses) s’ils n’étaient pas proctologues ? Impossible… CQFD

                      Bon, j’arrête mes conneries deux minutes et je soupire devant toute cette bêtise humaine à deux balles et ces réflexions profondes que certains disent, pensent, écrivent. Comme le chantait Scar « leurs pouvoirs de réflexion volent plus bas qu’un derrière de cochon ».

                      Puis, entre nous, tu te fais défoncer le cul par qui tu veux. C’est notre cul, merde.

                      Je fais comme dans la vraie vie, quand je vois que le niveau est trèèès bas, je file sans rien dire, parce que je ne parle pas aux imbéciles, ça pourrait les instruire. Si je connais le membre qui dit une connerie à l’emporte-pièce, je prends le temps de démontrer son erreur et je recadre les mots qu’elle/il a utilisé afin que la prochaine fois, si possible, ça réfléchisse un peu. On m’a aidé à voir plus loin, plus large, et je remercie ces personnes, donc, je rend la pareille.

                      Pour le tout blanc ou tout noir, je le savais déjà mais je l’ai pris dans la gueule après les tueries de Charlie ou si tu n’étais pas charlie, c’est que tu étais contre. Ben non, on peut être l’un et l’autre, condamner une chose mais vouloir comprendre comment on en arrive là et ne pas vouloir être mise dans une catégorie de personnes « avec eux » tout en refusant que les autres aient droit à la nuance. Si tu vois ce que j’ai plus de mal à expliquer en mot écrit qu’en mots parlé. Purée, je cause bien la Belgique, moi…

                      La nuance entraine le débat et le débat, ça fait mal la tête ! Je passe mon tour pour les commentaires débiles de FB, ça me fait perdre des neurones :p

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                    • Après je comprends leur obsession pour mon fessier, avec toutes mes heures de sport hebdomadaires il est particulièrement admirable. Les pauvres ne doivent pas avoir l’habitude d’un arrière-train aussi admirable, c’est normal qu’ils ne savent pas comment réagir.

                      J’ai vécu exactement la même chose avec les attentats de Charlie hebdo ! Si tu refuses de hurler « Brûlez les tous » avec le reste de la meute c’est que tu es une terroriste toi-même qui trahit son propre peuple en voulant la mort de l’Occident. J’habite sur Strasbourg, où ça a été assez animé en fin d’année mais la réaction de la plupart des gens quand la police a abattu le tireur « Bien fait pour sa gueule, une bonne chose de faite » m’a dérangé. Sauf que c’est impossible à exprimer parce que dire « Je ne pense pas que ce soit génial qu’il soit mort, quoi qu’il ait fait » revient à te faire lyncher sur les réseaux sociaux « Tu soutiens ce qu’il a fait ? Et ses victimes ? ».

                      Mais je comprends cette peur du débat, quand t’as mal à la tête t’achètes des Doliprane et donc tu soutiens l’industrie pharmaceutique qui après crée le virus du SIDA pour mieux nous vendre de la trithérapie #noussachons

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                    • Hé, quand on a de belles fesses !! 😀

                      Je n’ai pas pleuré la mort du tireur de Strasbourg, comme je ne pleurerai jamais la mort de terroristes, mais le problème est qu’il n’y a pas de jugement… L’action s’éteint et tu ne sais rien… Et si il y avait erreur sur la personne, on ne le saurait jamais. Mais bon, quand les flics abattent des tueurs, c’est mieux que quand ils abattent leur propre chien policier…

                      Quand on voit toutes les balles tirées lors de l’assaut de Saint-Denis, ça fait peur pour les innocents qui se trouvent sur la route des flics du « raide », surtout quand on apprend que les terroristes d’en face en ont tiré peu, de balles… Moi, ça me fait peur, les barbouzes.

                      Non, fallait fermer sa gueule ou alors en parler avec des personnes que tu connaissais bien et avec lesquels la discussion est possible, mais pas en lieu public, on t’aurait lynché ! Alors qu’on ne disait rien de mal. Maintenant, avec le recul, les gens ont changé d’opinion, le vent tourne et eux, telles des girouettes, changent aussi. Moi pas, sauf si je me suis plantée.

                      Holmes disait que les émotions occultaient la raison, et il avait raison ! Sous le coup de l’émotion, les gens ne réfléchissent plus (moi avec) et au lieu de se poser et de se calmer, on hurle haro sur le baudet, une fois l’émotion passée, on crie autre chose. Je me dis que les pays nordiques n’ont pas tort d’attendre que l’émotion soit passée pour prendre des décisions.

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                    • Ce cher Holmes, il avait tort sur peu de choses !

                      Pour moi justement, l’idée était qu’il y a une nuance entre « ne pas pleurer » et « se réjouir ». L’idée c’est que dans l’idéal je préfère un procès, surtout pour les victimes qui peuvent se confronter à leur agresseur. Certaines questions peuvent être posées auxquelles on donnera des réponses qui pourront aider, alors que comme tu l’as dis, si le mec est mort beaucoup (trop) de choses meurent avec lui également. Mais entre un terroriste et n’importe quel chien, je choisis le terroriste sans hésiter !

                      Je suis d’accord, je trouve que dès qu’il y a le mot « terrorisme » il y a une frénésie de tout. C’est comme s’il fallait surenchérir dans la violence et la démonstration de pouvoir pour… pour je ne sais pas en fait. Montrer qu’on est les plus forts ?

                      Et encore une fois d’accord avec l’émotion (tellement de d’accoritude, on est peut-être jumelles !). J’essaie de garder la tête froide, de rationaliser pour éviter l’hystérie ou les commentaires regrettables mais ce n’est pas toujours facile, surtout quand ça te touche de près. Mais je trouve que, en tout cas en France, les médias en rajoutent souvent dans l’émotivité. Des flash spéciaux avec des musiques pleines de suspens (on dirait le trailer du prochain Avengers) qui ne montrent rien au final, aucun analyse, peu d’introspection, des « experts » qui parlent pour ne rien dire, juste meubler le silence pour éviter que les téléspectateurs n’aillent sur Netflix… rien n’est fait pour calmer les gens et proposer un débat serein et complexe. J’ai l’impression de parler comme si j’avais déjà 75 ans mais cette société me désespère.

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                    • Oui, tu as raison… Ça avait commencé à un Noël de 1989 où on avait mis à jour un charnier à Timișoara (merci Gogole pour l’ortho). Horrible ! Tous les flash infos qui le reprenaient en boucle et puis boum, c’était une fosse commune, enfin, pas des victimes de la révolution… À partir de ce moment là, je trouve, on est entré dans une nouvelle ère, celle de l’info à tout prix, celle de l’info que le journaliste devait balancer sans vérifier de peur de se faire souffler la primeur par les autres (ou un autre).

                      Maintenant, l’info va vite mais plus rien n’est vérifié et j’essaie, je dis bien « j’essaie » d’attendre avant de juger, hurler, conspuer car si la personne est innocente, ça ne fera rien de bon pour elle de jeter de l’huile sur le feu. Comme avec Palmade, apparemment, l’accusation de viol était une couille… mais si en attendant tu as craché ton fiel sur lui, ça restera à jamais sur la Toile ! Les gens s’en foutent, sauf si ça les concernent directement. Quand tu lis que les pédophiles ne devraient pas être jugés ou virés direct de leur job, comme le cardinal… Heu, et si c’est une erreur judiciaire comme ça arrive parfois ?? Le mec, il fait quoi ? Qu’on le mette sur le côté, oui, mais le virer, sans preuve, sans jugement ? S’il est reconnu coupable, alors oui, mais avant, tu es considéré comme innocent et ça compte encore, un jour, on pourrait nous aussi être accusé d’un truc dégueu qu’on a pas fait (maintenant, je ne dis pas que tous les hommes accusés d’abus sont innocents vraiment, aux enquêteurs de prouver qu’ils sont coupables). Mais je me dis « on pourrait accuser un proche à moi de ce genre de crime, juste pour se venger, pour faire mal, comme ça est déjà arrivé à d’autres ».

                      Purée, les experts en terrorisme, ça cause pour ne rien dire, en effet… Pire que de nous montrer des images vertes où tu ne vois rien et de te dire que c’est des bombardements en X endroits, dans telle ville, tel pays… Causer pour ne rien dire, ils sont experts, en effet.

                      Ne dis jamais que les accidents de voiture, le tabac, l’alcool, les maltraitances tuent plus que le terrorisme, tu es sortie de suite ! Le terrorisme fait peur, je le comprends, mais d’autres choses tuent plus que lui et on en parle jamais. Comme le disait Stomae dans une chanson (de mémoire) « si le voisin met sa musique à fond, t’appelles les flics, mais si ce sont les cris de sa femme ou de son gosse battu, là, tu ne dis rien ».

                      Je dois avoir 75 ans aussi soeurette ! 😛 car la société me désespère aussi.

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