Le chant des revenants : Jesmyn Ward

Titre : Le chant des revenants

Auteur : Jesmyn Ward
Édition : Belfond (07/02/2019)
Édition Originale : Sing, Unburied, Sing (2017)
Traducteur : Charles Recoursé

Résumé :
À treize ans, Jojo essaie de comprendre : ça veut dire quoi, être un homme ? Non pas qu’il manque de figures masculines, avec en premier chef son grand-père noir, Pop.

Mais il ya les autres, plus durs à cerner : son père blanc, Michael, actuellement en détention ; son autre grand-père, Big Joseph, qui l’ignore ; et les souvenirs de Given, son oncle, mort alors qu’il n’était qu’un adolescent.

Et Jojo a aussi du mal à cerner sa mère, Leonie, une femme fragile, en butte avec elle-même et avec les autres pour être la Noire qui a eu des enfants d’un Blanc.

Leonie qui aimerait être une meilleure mère, mais qui a du mal à mettre les besoins de Jojo et de la petite Kayla au-dessus des siens, notamment quand il s’agit de trouver sa dose de crack. Leonie qui cherche dans la drogue les souvenirs de son frère.

À l’annonce de la sortie de prison de Michael, Leonie embarque ses enfants et une copine dans la voiture, en route pour le pénitencier d’état.

Là, dans ce lieu de perdition, il y a le fantôme d’un prisonnier, un garçon de treize ans qui transporte avec lui toute la sale histoire du Sud, et qui a beaucoup à apprendre à Jojo sur les pères, les fils, sur l’héritage, sur la violence, sur l’amour…

Critique :
Souvenez-vous, Mini-Mir était réputé pour faire le maximum… Et bien dans ce roman noir, je suis tombée sur une mère qui en faisait le minimum, pour le même prix.

Si je commence par un brin d’humour, c’est pour faire le vide en moi et tenter de reprendre pied après cette lecture qui n’était pas de tout repos tant les personnages qui gravitaient dans ces pages étaient sombres et certains l’étaient même tellement qu’on aurait aimé les bazarder de suite, comme les parents de Jojo et Kayla.

Ce n’est pas que Léonie n’aime pas ses gosses, mais elle les aime mal, elle est égoïste et ne pense même pas à leurs besoins vitaux comme boire et manger. Par contre, elle pense toujours à ses besoins vitaux à elle qui sont le crack sous toutes ses formes.

Si Kayla, 3 ans, n’avait pas son grand frère Jojo, 13 ans, pour s’occuper d’elle ainsi que leurs grands-parents maternels, ils seraient mort de faim depuis longtemps. Quant au père, Michaël, en taule depuis 3 ans, il n’a même vu sa gamine naître.

Double péché du père, pour sa famille à lui, c’est qu’il était Blanc et qu’il a fait deux enfants avec une Noire. Si les enfants peuvent compter sur les grands-maternels, ceux du côté de leur père ne veulent même pas les voir car ce sont des grands racistes.

On va finir par croire que j’ai un faible pour les romans noirs qui se déroulent dans le Sud des États-Unis, là où la ségrégation et la haine raciale sont toujours présentes.

Les temps ont beau avoir changé, les lois aussi, dans le fond de leur cœur, de leurs tripes, de leurs cervelles, les Blancs estiment toujours que les Noirs sont justes bons à être des esclaves.

L’auteur l’illustre par des petits détails, sans s’appesantir dessus, mais lors d’un contrôle policier, on est atterré par la violence développée par le policier Blanc envers cette famille Noire. Limite si je n’ai pas été traumatisée par le comportement qu’il a eu envers Jojo, juste parce que celui-ci est café au lait.

Le roman est prenant, il nous tient à la gorge, les personnages des enfants sont touchants, surtout Jojo, protecteur de sa petite sœur et même son grand-père, qui pourtant est un homme dur, est touchant lui aussi car il s’occupe bien de ses petits-enfants et aime profondément son épouse, Philomène.

On sent que Léonie, la mère des gosses, aimerait être une bonne mère, mais il lui est impossible de ne pas s’énerver pour rien sur les enfants ou de les traîner avec elle sur une longue distance pour aller récupérer leur père à la sortie de prison, sans penser à nourrir ses enfants…

La touche fantastique des morts qui hantent toujours certains lieux ne m’a pas dérangé, c’était bien amené, bien utilisé et cela a donné un petit plus à ce roman noir qui avait déjà tout pour lui.

Avec une écriture qui sait si bien faire passer les émotions ou les ressentiments, l’auteur donne la voix à plusieurs de ses personnages, nous faisant voir parfois une partie de la même scène mais avec d’autres yeux.

Un roman noir choral qui nous offre des portraits réussis de ses personnages, dont celui d’une famille Noire qui n’a pas été épargnée par les épreuves, qui nous décrit une Amérique toujours aussi raciste, ou les droits des uns ne sont pas équitables à ceux des autres, comme dans la prison ferme de Parchman, où le papy de Jojo a fait quelques années, pour des peccadilles, alors que les Blancs devaient faire des horreurs pour y être incarcérés.

Un roman noir puissant, qui prend à la gorge, émouvant, touchant, un portrait d’une Amérique au vitriol, où la drogue fait marcher les gens à son pas et détruit des enfances, ces enfants qu’on a eu par accident, qu’on a voulu garder ensuite mais dont on ne s’occupe que de temps en temps.

Un roman noir magnifique.

#LeChantDesRevenants #NetGalleyFrance

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (2018-2019) et Le mois du Polar Chez Sharon (Février 2019).

57 réflexions au sujet de « Le chant des revenants : Jesmyn Ward »

    • Le mot avait beau exister avant, je ne me fais pas à « autrice » et je lui ai toujours préféré « auteure » mais ceci est une question de goût et de couleur 😆

      « Bois sauvage » est quelque part dans ma PAL… sous des kilos d’autres super romans que je dois lire absolument !! 😀

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      • Haha, moi aussi j’ai du mal avec autrice ! Mais comme tu l’as dis, il était là avant et on m’a toujours dis de respecter mes aînées… ça me fait penser que je vais devoir engueuler mes parents pour leur éducation à la première occasion.
        Oui, je connais. Par-exemple celui-là je vais le rajouter dans ma wishlist qui compte déjà quelque chose comme 4568644 livres, soit je décide de l’emprunter en médiathèque pour le lire avant dans 2 ans, soit je l’achète et j’attends la prochaine invasion zombie pour avoir le temps de lire les 200 bouquins qui attendent dans ma bibliothèque. En fait notre vie est compliquée et douloureuse

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        • Respecter ses aînés, oui, mais faut encore qu’ils méritent notre respect, sinon, c’est trop facile ! 😆 Le respect dû aux anciens, ça doit venir du complot des p’tits vieux pour dominer le Monde ! mdr (je sors).

          Pareil… Mais ma boule de cristal prévoit une attaque zombie pour le… 19 avril si je lis bien, sans compter le décalage puisque les Marcheurs Blancs envahirons Westeros avant les autres. On va pouvoir lire pendant que les autres se font bouffer !!!

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          • J’étais déjà arrivé à cette conclusion aussi, ça commence par « le respect dû aux aînés » ça continue avec les jours fériés qu’on nous gratte parce qu’on « n’arrive pas à survivre à la canicule » et je n’ose même pas imaginer où ça va s’arrêter… conclusion : je vais revenir à auteure tout simplement.

            La vache, c’est vrai que j’avais totalement oublié les Marcheurs Blancs… mais j’ai pas assez de livres en fait !!

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            • Les excuses sont faites pour s’en servir, comme quand ils augmentent l’électricité en été, pour ne pas qu’on s’en rende compte… Chez nous, on ne nous a pas sucré des jours fériés et tant mieux, on en a besoin aussi, merde. Mais on a perdu des tas d’avantages sociaux, certains étaient exagérés, mais pas dans tous les cas.

              Vite une commande de livres à la librairie du coin !!! Tu crois qu’Ah Ma Zone livrera encore des livres en cas d’attaque des marcheurs blancs ?? Par drone, sans doute… 😆

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                • Ça lui apprendra à aller tremper son colis dans une autre boite que celle de son épouse ! 😀 Qui part avec 36 milliards, si je me souviens bien (ou 25 ??? Trou de mémoire là). Anybref, elle prend une partie de sa fortune mais pas tout.

                  Il livrera à bicyclette ♫ 😆

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                  • Tu sais, à partir d’un certain âge les boîtes aux lettres se ressemblent toutes… c’est si facile de se tromper à la livraison !

                    Même si la pauvre n’a que 25 milliards, ça lui laisse quelques mois de marge le temps de voir venir… mais il me semble qu’elle est propriétaire de la moitié de la boîte non ? C’est pas ça qui fait flipper les investisseurs ?

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                    • Quand il reste encore des boites aux lettres !! Mais que je suis conne, en France, même dans les trous du cul du pays, il y a encore des boites, mais en Belgique, on te les enlève de partout et le papy qui faisait 5 minutes de marche à pied pour poster sa lettre doit prendre une voiture pour y aller, maintenant…

                      Oui, madame Amazon était proprio de la moitié puisque monté la boite tous les deux, mais doit y avoir un truc de parts que je n’ai pas suivi puisqu’elle ne prend pas la moitié entière et totale. On en a parlé dans le Canard mais j’ai une mémoire de poisson rouge parfois… Mais je me souviens que les actionnaires chiaient dans leurs frocs et que l’action était descendue…

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                    • Oui pour le moment on maintient les boîtes, c’est les Poste qu’on ferme (parce qu’on est obligé de payer des gens pour passer la serpillère, c’est embêtant).

                      Oui, j’ai vérifié ça et effectivement, elle ne garde « que » 25% des actions (la pauvre, elle n’est que la troisième femme la plus riche du monde). Mais vu comme les actionnaires commençaient à suer sous les bras je pense qu’il vaut mieux les rassurer en gardant 25% d’actions qui valent beaucoup que 50% d’actions qui valent rien.
                      (en fait elle est maligne, c’est pour ça que c’est la troisième femme la plus riche du monde !)

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                    • C’est pour cela que ça puait l’oignon : les actionnaires qui suaient des dessous-de-bras ! 😆

                      Oui, vaut mieux un petit morceau d’un excellent gâteau que la moitié d’un truc industriel de chez Tricatel 😆 Les femmes sont intelligentes, un mec aurait pris le max.

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                    • Si l’odeur a porté jusqu’en Belgique, ils ont dû avoir encore plus peur que je ne le pensais…

                      Je sais pas si c’est « les femmes » ou juste elle, parce que j’attends toujours que mon mec monte une boîte multimilliardaire à laquelle je pourrais m’associer mais là il a surtout l’air motivé à regarder « Mentalist » sous un plaid… ou alors j’ai pas pris la bonne option à la fac

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                    • Oui, ils ont eu trèèèèès peur, les actionnaires !

                      T’as p’t’ête pas pris le bon mec *dit-elle en regardant le sien qui n’a pas envie de monter une boite multimilliardaire*

                      Pffff, on va encore devoir faire le job nous même ! 😆

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        • Bon, je vais faire semblant de ne pas avoir lu ce que je viens de lire sur Johnny… Mon idole à moi… bhouhouhouhou

          Je précise pour les imbéciles que je ne suis pas de ce genre de fan qui pleure la mort d’un chanteur, fut-il un de ses préférés et que je me suis remise de sa mort, même si durant tout un temps, je ne l’ai plus écouté, vu le battage médiatique qui me cassait les choses que je n’ai pas 😆

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          • Moi j’ai JAMAIS aimé Johnny (oui oui… allez y! Jetez moi des cailloux!!!). Déjà à la base je suis pas très rock and roll… et carrément branchée classique… mais en plus quand je prends la peine d’écouter une de ses chansons à la radio… ben je trouve ça d’un creuuuu!!!! 😩 Bon… ok… la chanson française c’est souvent creux… c’est certainement le cas pour toute la variété made in US… mais là au moins je comprends pas ce qu’ils disent!

            Ouais… je sais je fais ma vieille bique blasée et méprisante… je sais… je sais… c’est mal… 😬

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            • Il y a un groupe français qui chante des chansons anglaises, américaines… dans leur traduction intégrale !!! Ce qui donne des horreurs, quand on sait ce qu’elles veulent dire… 😆 Le creux est partout.

              J’aimais la voix de Johnny et les mélodies, même les paroles un peu creuse, ça passait.

              J’aime la musique classique, mais ça manque parfois de paroles…. Oui, je sors de suite ! 🙂 et je range les pierres

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              • Ben dans le classique t’as des paroles dans les opéras, oratorios, lieds, motets, messes et autres pièces de chant religieux.

                Ok… le chant religieux… c’est pas original côté paroles et… certains opéras baroques sont écrits avec poésie et recherche mais… les thèmes sont tellement fantasmagoriques que c’est un peu cucul…

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