Titre : L’Homme de l’année – Tome 13 – 1888
Scénariste : Céka
Dessinateur : Benjamin Blasco-Martinez
Édition : Delcourt Histoire & histoires (18/04/2018)
Résumé :
Comment un rescapé des pogroms russes, arrivé en Angleterre avec sa famille, est devenu le plus célèbre psychopathe de l’ère victorienne ? Rencontrez l’homme qui se cache derrière Jack l’Éventreur…
1888. Londres. Un mystérieux assassin s’attaque aux prostituées de Whitechapel. Les corps sont atrocement mutilés. Qui est capable de telles horreurs ?
Scotland Yard échoue à arrêter celui qui devient le plus célèbre tueur en série de l’histoire.
Un châle maculé de traces ADN nous permet de révéler, plus d’un siècle après l’affaire, l’identité du fameux Jack l’Éventreur et ce qui le poussait à tuer…
Critique :
Enfer et damnation, encore cet Aaron Kosminski et cette stupide histoire de châle bourré de traces d’ADN que j’avais lue dans le roman de Russell Edwards : « Naming Jack The Ripper » (Jack l’éventreur démasqué) !
Bardaf, après quelques cases, lors de la découverte d’un châle dans une vieille malle au grenier, j’ai compris qu’on allait nous proposer cette théorie tout ce qu’il y a de plus loufoque.
Mais bon, le vin était tiré, il fallait le boire, ou plutôt, la bédé était commencée, fallait l’achever.
Juste après cette découverte, les auteurs basculent sur la nuit du 31 août 1888 avec Mary Ann Nichols, ivre et rencontrant son tueur. Par contre, ils oublient de parler de l’incendie sur les docks…
Les dessins ont su donner à ce récit l’atmosphère qu’il lui fallait en présentant, avec réalisme, des bans de brume typiquement londonienne, même si, durant les meurtres, il n’y avait ni fog, ni smog, ni brouillard.
Les clichés cinématographiques ont la vie dure et effectivement, ça vous plonge encore mieux dans les rues miteuses de Whitechapel si vous ajoutez ces effets spéciaux que sont les brouillards de l’époque victorienne.
La lumière des quelques réverbères est elle-même noyée dans la brume, tamisant la lumière, lui donnant une autre aura, plongeant un peu plus le lecteur dans l’ambiance de 1888 et de ses meurtres. Rien à redire, j’ai aimé les décors.
Les meurtres sont violents, sordides, le sang gicle, bref, on s’y croirait ! Les couleurs, style aquarelles, mettent bien en scène l’histoire, que ce soit au niveau des meurtres ou des événements qui l’entourent puisque nous allons pénétrer au coeur de la vie de Kosminski.
Là où j’ai trouvé que l’on manquait de réalisme, c’est lorsque notre garçon coiffeur, le fameux Aaron Kosminski est vêtu d’un haut-de-forme et d’une belle redingote lorsqu’il quitte son boulot. Apparemment, les apprentis coiffeurs savaient se vêtir. On vit piteusement mais on s’habille en grand seigneur.
Pour mieux comprendre les mobiles du tueur de Whitechapel, les auteurs le mettent en scène dans ce qui fut son passé, avant qu’il n’arrive en Angleterre, quand il était dans son village en Pologne, sous occupation Russe.
Et les Russes, ils s’en prenaient aux Juifs Polonais… Non, rien n’a changé, les boucs émissaires sont toujours les mêmes.
Mettant en scène ce qui aurait pu être la vie de Kosminski, les auteurs lui ont donné une vie, un mobile, un regard un peu fou, dans les tons bruns-rouges des plus troublants et flippants. On frôle même parfois des regards méphistophéliques.
Leur tueur, vu ses yeux fous et son comportement a tout d’un tueur crédible, mais on ne me fera pas gober le test ADN que Russel Edwards a réalisé sur le châle trouvé aux côtés du cadavre de Catherine Eddowes et (sois-disant) volé par un policeman à l’époque (celui arrivé le premier sur les lieux du crime) pour l’offrir à sa femme.
Un truc plein de sang et de coups de couteau, dans la bédé… Quelle femme voudrait de ça ? Là, je n’y crois pas un instant, je n’y ai jamais cru, encore moins en lisant le roman de Edwards, mais la bédé est plus centrée sur les meurtres de 1888 que sur les tests ADN réalisé sur le châle et au final, moi qui pensais soupirer et ronchonner, et bien, c’est tout le contraire qui s’est passé.
La manière d’aborder le sujet, les dessins, la mise en scène, le découpage (si je puis me permettre), les couleurs aquarelles dans les tons qui rendent justice à l’ambiance glauque des rues de Whitechapel, tout ces détails réussis ont fait pencher la balance vers le plaisir livresque, alors que c’était des plus mal barré au départ.
Les auteurs ont bien réussi leurs coups et on a vraiment l’impression d’être face à un potentiel tueur, même si, dans le fond, ce serait trop facile et que de toute façon, pour moi, Jack l’Éventreur doit rester à jamais sans identité, le mythe s’effondre toujours quand on sait.
Une réussite. En mettant de côté le fait que ce châle soit vraiment celui trouvé sur Catherine Eddowes ! Cette vente aux enchères avait attisée la curiosité de cerains Ripperologues mais personne n’a pris cette histoire au sérieux car tous doutaient de l’authenticité de ses origines.
Challenge Thrillers et Polars de Sharon (2018-2019) et Le mois anglais (Juin 2018 – Saison 8) chez Lou & Titine.
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Et bin je ne pensais pas que cela allait se terminer avec un 4….au vu des premiers paragraphes de ta critique….c fou….lol
Alors je ne sais qu’en penser…lol
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J’ai hurlé intérieurement parce que j’ai détesté le livre de Russel Edwards dans lequel il parle de son analyse ADN d’un foulard qui aurait sois-disant appartenu à Eddowes et qu’un flic aurait chipé sur la scène de crime. Il fut vendu aux enchères.
Ici, on reprend la théorie du foulard, celle de Kosminski mais on trouve le foulard dans la maison du flic, plus de 100 après, on nous épargne les détails des moult analyses ADN et on déroule une histoire, une théorie, qui pourrait être plausible, même si je n’y adhère pas. Alors oui, ça partait mal, j’ai eu peur, mais j’ai été conquise ensuite.
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oui cela t’a titillee….mais bon ce fut bon a la fin…;)
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Mieux que dans le roman. On ne présente pas ça comme LA vérité point barre. Et dans les théories, on peut presque faire ce que l’on veut tant qu’elle tient la route.
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Bin oui car a part, construire une machine a remonter dans le temps et eviter de se faire tuer par le ripper…tout est theorie….;)
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Une idée aussi, tiens… :p
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Mais bon comme le dit SH, la plus simple solution est souvent la vraie….
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Une fois l’impossible éliminé, ce qui reste, aussi improbable que ce soit, doit être la vérité.
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voila…donc tout est possible….lol
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Absolument !
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Alors heu, rien à voir mais il fallait absolument que je le place quelque part : je suis en train de finir « Les heures indociles » d’Eric Marchal et c’est vraiment génial. Je suis sûre que tu dois bien en avoir entendu parler ! Moi, c’est ma collègue d’Anglais qui m’en a fait la pub et je l’ai quasi fini en deux jours à peine ce gros pavé qui parle de suffragettes, de médecine et de challenges de dingues dans le Londres du tout début XXème. Il y a même Conan Doyle livré avec, alors hein. Bon allez, j’y retourne et désolée pour ce cheveu dans la soupe de Jack.
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Ah, le traitre, le tentateur, le vil chenapan qui vient me titiller avec un menu que j’apprécie ! Bon, on va passer au restaurant le plus proche pour commander ce menu ! 😆
Gaffe de ne pas trop troubler le Jack… 😆
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Yep! Aucune solution au mystère de l’identité de Jack ne peut être vraiment satisfaisante et crédible 150 ans après les faits! Et même si on la trouvait on la trouverait douteuse et… atrocement banale! 🙄
Nan… moi je préfère imaginer que Jack était un adepte de Chtulhu qui lui offrait des sacrifices… ou alors… ça serait 5 meurtres différents qu’on a attribué au même homme sur la base de similarités pas si spécifiques… à moins que le premier meurtre ait incité des copy-cats… parce que, hélas, les meurtres sauvages de périprostiputes il y en a eu avant et après… bref on peut faire défiler autant de nouvelles hypothèses indéfiniment… et elles ne feront jamais l’unanimité ! c’est pratique! 🙄
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On n’a pas envie de savoir, savoir casse le « mythe » et on serait sans doute déçu(e)s.
Certains disent que le véritable but était de noyer un autre meurtre, que c’était MJK qui était visée, par son mec et qu’il aurait tué des autres pour noyer le poisson. Mais si on voulait assassiner une prostituée, y’avait qu’à le faire, tout simplement, ça passait inaperçu. Par contre, si tu voulais attirer les projos sur les crimes, fallait le faire à la manière de Jack.
On ne saura jamais…
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PS : d’après les légistes de l’époque, la manière de frapper au couteau était la même…
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