La Neige de saint Pierre : Léo Perutz [LC avec Rachel]


Titre : La Neige de saint Pierre

Auteur : Léo Perutz
Édition : Zulma (03/10/2016)
Édition Originale : St. Petri Schnee (1933)
Traducteur : Jean-Claude Capèle

Résumé :
En 1932, Georg Friedrich Amberg, jeune médecin engagé par le baron von Malchin, quitte Berlin pour le lointain village de Morwede.

Pour y soigner des paysans ? Pas si évident, car dans le secret de son laboratoire, la baron vient de découvrir une drogue surpuissante : la neige de saint Pierre. Dont il compte bien faire usage à grande échelle.

Interdit par les nazis dès sa parution en 1933, la Neige de saint Pierre est, par-delà l’enquête aux allures de rêve hallucinatoire, le roman de la manipulation et du pouvoir.

Critique :
Rêve ou réalité ? Cette question a failli rester sans réponse, pourtant, quelques indices me donnent à penser que c’était la réalité…

Imaginez que vous vous réveillez sur un lit d’hôpital, vos derniers souvenirs sont qu’une personne vous a assommé avec un fléau…

Le médecin vous signifie qu’on n’utilise plus de fléau pour battre le blé, nous sommes en 1932 tout même et qu’en plus, vous avez été renversé par une voiture.

Youyou, il y a quelqu’un là-dedans, McFly ?

Le doute s’installe. Avez-vous rêvé votre histoire ou vous ment-on ?

Puisque le doute l’habite, le jeune docteur Georg Friedrich Amberg va donc faire appel à ses souvenirs pour nous expliquer son histoire et nous donner la vérité, qui est ailleurs, comme toujours.

L’auteur, au moyen des souvenirs de son personnage principal, va nous entraîner dans un petit village, perdu au fond du trou du cul de la Westphalie, où règne le baron von Malchin et où tout est encore à l’ère manuelle, comme dans des temps reculés.

Si les expériences de petit chimiste de Gaston Lagaffe étaient réputées pour être dangereuses pour tout l’immeuble des éditions Dupuis, ainsi que pour celui de leurs voisins, Ducran et Lapoigne, les expériences chimiques du baron et de son associée, la belle Kallisto Tsanaris (Bibiche pour les intimes) ne le sont pas moins.

Croyez-moi, l’univers de ce roman est spécial, tournant parfois au huis-clos puisque nous sommes dans un petit village et que le baron voudrait, au travers de son fils adoptif, Frederico, ultime descendant de l’empereur Frédéric II (qu’il dit), rétablir la dynastie des Hohenstaufen du Saint Empire Romain Germanique (Ier Reich). Rien de moins…

Bizarre cette idée de vouloir rétablir un grand Empire… C’est moi ou ça pue l’idée du grand Reich de l’autre moustachu de sinistre mémoire ?

Vu que son roman a été interdit dès 1933 par les nazis, ces petits êtres sadiques, je pense qu’en effet ces tristes sires y ont vu, eux aussi, une allégorie des idée de grand empire prônée par leur grand guignol fanatique aux idées détestables et assassines.

Mince alors, ils avaient donc un cerveau ? Ou alors, délation, quand tu nous tiens.

Anybref, voilà une lecture que je n’aurais jamais faite dans ma copinaute Rachel et sans l’erreur qui fut sienne d’acheter ce roman en lieu et place de « La nuit sous le pont de pierre » du même auteur et que j’avais coché pour mon Mois du Polar (PTDR).

Une erreur qui a bien fait les choses car elle m’a permise de lire ce roman étrange, qui se lit facilement et qui parle des rêves un peu fous d’un baron, peut-être pas si frappadingue que ça, et qui va tenter, grâce à une substance chimique, de manipuler les foules pour leur rendre… Je ne vous dis rien de plus.

C’est un roman qui explore à la frontière entre la réalité et le fantasmagorique, qui se promène aux frontières du réel, faisant hésiter le lecteur et le personnage sur les faits qui se sont produits et dont il a été le témoin direct.

Malgré le fait que tout le monde lui dit le contraire, notre docteur se raccroche à ses souvenirs et se demande pourquoi on tente de le manipuler. La réalité serait-elle une illusion ? Ou le rêve est-il vraiment la réalité et on veut l’empêcher d’en parler ?

Un roman qui met en avant, avec moquerie, le Premier Reich, touchant par là-même le Troisième qui se voulait aussi grand, qui parle de la foi comme de l’opium du peuple (mais d’une autre manière que je ne divulgâcherai pas), qui parle de la manipulation des masses par quelques personnes, le tout sur un ton assez badin, amusant, mêlant habillement le roman d’investigation à celui d’anticipation.

On comprend l’interdiction de l’époque ! Mais maintenant, on peur le lire sans peur et sans reproches.

Une LC avec Rachel qui, malgré les cafouillages du départ, aura été une belle découverte. Elle, comme moi, a apprécié sa lecture. D’ailleurs, elle vous le confirmera dans sa chronique.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (juillet 2019 – juillet 2020) – N°202.

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Les enquêtes de Middleton et Grice – Tome 2 – La malédiction de la maison Foskett : M. R. C. Kasasian [LC avec Bianca]

Titre : Les enquêtes de Middleton et Grice – Tome 2 – La malédiction de la maison Foskett

Auteur : M. R. C. Kasasian
Édition : City (22/03/2017)
Édition Originale : The Curse of the House of Foskett (2015)
Traducteurs : Martine Desoille et Francine Tolron

Résumé :
Sa dernière enquête a mené un homme innocent à la potence,,. Autant dire que le détective Sydney Grice n’est plus vraiment en odeur de sainteté à Londres. Boudé par ses clients, le « plus grand détective de tout l’empire britannique » dépérit.

March Middelton, son excentrique acolyte du « sexe faible », commence à sérieusement s’inquiéter. Jusqu’à ce qu’un individu, membre de l’effrayant « Club du dernier survivant », fasse appel aux services de Sydney… et ait l’impudence de passer de vie à trépas dans son salon ! Les deux détectives sont bien obligés d’enquêter sur cette mort soudaine et particulièrement suspecte.

Quel est donc ce club de gentlemen où le jeu est de réussir à rester en vie tout en éliminant les autres ? Les indices entraînent Grice et March dans les recoins les plus sombres du Londres victorien, jusqu’à la maison maudite de la baronne Foskett…

Critique :
Si Sydney Grice est un détective privé, pardon, détective personnel et a des airs de Sherlock Holmes, il est surtout imbuvable à un niveau jamais égalé.

Toute personne normalement constituée (et surtout les femmes) auront mille fois envie de lui foutre le pied au cul ou mieux, entre les jambes, tiens, ça lui apprendra.

Non, il n’a pas la main baladeuse, jamais de la vie, lui défaille d’indignation à la vue d’un mollet féminin découvert.

Mais il a un égo surdimensionné et ses répliques acides envers sa pupille, March Middelton sont drôles, cyniques mais donnent tout de même envie de le baffer un bon coup.

Un petit voyage dans le temps, dans l’époque victorienne, où l’air empestait les fumées d’usines et où les miasmes se baladaient impunément puisqu’en ce temps-là, le principe des microbes et autres virus n’étaient pas encore tout à fait accepté.

L’enquête est tortueuse à souhait, je n’ai pas vu venir le vent, je n’ai pas réussi à faire des déductions intelligentes et Sydney Grice dira que c’est à cause de mon cerveau de femme qui est plus petit que celui des homme. Et ma main, tu la veux dans ta gueule, mon cher Sydney ?

Imbuvable, je vous disais ! Mais que voulez-vous, il est attachiant au possible et s’il n’avait pas ce caractère hautain et à chier, on s’amuserait moins.

Sa mauvaise foi aussi donne envie de le baffer et March a bien du mérite à supporter un tuteur tel que lui, sa bonne aussi, même si cette dernière ne brille pas par son esprit, ni sa cuisine, ni son efficacité…

Les clins d’œil à Holmes sont nombreux, avec un groupe de rouquin, une escarboucle et une malédiction où un homme fut dévoré par des chiens… Baskerville, sors de ce corps.

Le final est assez copieux dans sa résolution, il vaut mieux se concentrer et bien resituer tout ce petit monde d’assassinés de différentes manières, pas toujours très propres, je l’avoue, mais il y en a un qui n’a pas volé sa mort violente et horrible. La SPA a envoyé des remerciements à l’assassin.

Une lecture qui nous entraîne dans les bas-fonds de Londres, qui nous fait respirer un air impur au possible, côtoyer des conducteurs de fiacre maltraitant leurs chevaux, arpenter les rues dans tous les sens, voir des cadavres en pagaille se faire dégommer sous nos yeux…

On verra aussi March boire de l’alcool et fumer, sous le regard désapprobateur de son tuteur, le tout avec des dialogues bourré de gouaille, de répliques vachardes et méchantes, le tout sous l’œil unique de Sydney qui est encore plus cynique que le Docteur House.

Une lecture plaisir, une lecture qui fait sourire et qui dépayse, sans se prendre la tête, autrement dit, LC réussie avec ma copinaute Bianca.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (juillet 2019 – juillet 2020) – N°XXX.

 

Le Hussard sur le toit : Jean Giono

Titre : Le Hussard sur le toit

Auteur : Jean Giono
Édition : Folio (1995)

Résumé :
Le hussard sur le toit : avec son allure de comptine, ce titre intrigue.

Pourquoi sur le toit ? Qu’a-t-il fallu pour l’amener là ? Rien moins qu’une épidémie de choléra, qui ravage la Provence vers 1830, et les menées révolutionnaires des carbonari piémontais.

Le Hussard est d’abord un roman d’aventures : Angelo Pardi, jeune colonel de hussards exilé en France, est chargé d’une mission mystérieuse. Il veut retrouver Giuseppe, carbonaro comme lui, qui vit à Manosque.

Mais le choléra sévit : les routes sont barrées, les villes barricadées, on met les voyageurs en quarantaine, on soupçonne Angelo d’avoir empoisonné les fontaines !

Seul refuge découvert par hasard, les toits de Manosque !

Entre ciel et terre, il observe les agitations funèbres des humains, contemple la splendeur des paysages et devient ami avec un chat.

Critique :
Hé oui, c’est tout moi, ça ! On est en pleine épidémie de covid19 et moi, je ne trouve rien de mieux que de lire un roman qui parle d’épidémie de choléra…

Niveau puissance mortelle, choléra est un serial-killer qui vous fera sortir une espèce de bave blanche de la bouche, comme si vous recrachiez votre riz au lait.

Je sais, c’est pas très frais… L’auteur a réussi à nous donner l’impression que les cadavres nous entourent et que partout où se pose notre regard, un cadavre ou plus y jonche.

Autre chose qui m’a frappée, c’est la manière dont les gens réagissent à cette maladie qui les frappent sournoisement : hormis le PQ et les réseaux sociaux, on dirait nous face au covid 19…

Les remèdes miracles qui fleurissent, du genre de ceux qui devraient nous faire lever un sourcil de scepticisme (ail, eau de mer, soleil,…), les théories du complot sont de sortie (eau empoisonnée par le gouvernement), les gens qui fuient pour aller voir ailleurs si le choléra leur lâchera les baskets, les hausses des prix, les magouilles, la quarantaine à la va-comme-je-te-pousse, les gens qui prennent les armes, l’égoïsme et la violence qui sort par toutes les pores de la peau.

Alors que je suis indulgente avec les gens qui ont vécu des grandes épidémies aux siècles derniers parce qu’ils étaient dans l’ignorance la plus totale, autant je suis moins indulgente avec mes contemporains qui courent fou, tels des poulets sans tête pour se gaver de papier chiotte, de pâtes, de riz et de patates (bonjour les repas équilibrés).

Bref, en ce qui concerne la description du genre humain et de ses travers, on est dans le réalisme le plus total, surtout que je peux constater tout cela de visu.

Les gens intelligents ou ceux qui me connaissent bien (le cumul est permis) sentent venir l’oignon, la couille dans le potage…

Bon sang, les dialogues ! Mais quelle théâtralité, nom d’une pipe. Autant où il y avait du réalisme dans le comportement des gens, autant il n’y en avait pas dans les dialogues et aussi dans la manière d’agir du personnage principal, Angelo Pardi.

Dans l’adversité, on a les égoïstes et ceux qui donnent de leur personne, je suis d’accord et heureusement, d’ailleurs. Mais là, notre Angelo, il en fait trop. Et trop is te veel. On peut aider son prochain, mais face au choléra, désolée, mais je n’ai pas trop envie de chipoter aux cadavres ou d’essayer de sauver des vies.

La chance peut frapper une fois à la porte et vous faire éviter cette saloperie alors que vous venez de traverser un territoire rongé par le choléra, de chipoter à des malades, de boire au goulot de la bouteille d’un autre… Oui, une fois… Pas toutes les fois !

On a une redondance de ce genre d’aventures hautement dangereuses et notre Angelo, tel un Super Man immunisé contre la kryptonite, s’en sors toujours sans le moindre symptôme. À la fin, ça devient lassant et irréaliste.

Il ne manquait pas beaucoup à Angelo pour qu’il devienne un personnage auquel on s’accroche, qui marque, qui laisse une trace. Idem pour Pauline, je l’ai appréciée, mais je vais l’oublier aussi sec car elle n’a pas été marquante pour moi. Dommage.

L’autre point qui m’a ennuyé, c’est qu’on a souvent des grandes réflexions philosophiques qui ont eu tendance à me faire piquer du nez et sauter des pages, la mention spéciale allant aux deux derniers personnages rencontrés qui m’ont saoulé.

Un roman que je voulais lire en cette période de confinement (même si nous ne sommes pas autant confinés que nos voisins français) pour cause de virus virulent, un roman qui m’a donné quelques sueurs froides, malgré le beau soleil, qui m’a fait constater que ♫ non, non, rien n’a changé ♪ (hormis le papier à s’essuyer le fessier) dans la nature humaine…

Un roman qui m’a laissée froide dans ses dialogues, qui m’a fait soupirer dans ses grands moments de lyrisme ou de philosophie. Les personnages principaux de Angelo et Pauline sont fades, manquant de relief, de caractère et j’ai souvent eu envie de baffer Angelo.

Le mot de la fin sera pour Jacques Brel : Au suivant !

Astérix – Tome 23 – Obélix et compagnie : René Goscinny et Albert Uderzo

Titre : Astérix – Tome 23 – Obélix et compagnie

Scénariste : René Goscinny
Dessinateur : Albert Uderzo

Édition : Dargaud (1976)

Résumé :
Puisqu’il est impossible de soumettre les Irréductibles Gaulois à la paix romaine par l’usage de la force, Caius Saugrenus, jeune conseiller de César, propose de faire d’eux des décadents, plus préoccupés par l’argent que par les combats contre les Romains.

Envoyé en mission au camp de Babaorum, Saugrenus achète au prix fort les menhirs d’Obélix. Pour répondre à la demande, celui-ci se lance dans la production de masse et devient bientôt l’homme le plus riche et le plus important du village. La jalousie s’installe et les Gaulois n’ont plus entre eux que des rapports régis par l’appât du gain. Les Romains passent des journées tranquilles, le plan démoniaque ourdi par Saugrenus est un succès. Ou du moins le croient-ils…

Critique :
Dommage que à l’école, le prof d’économie n’ait pas utilisé cet album pour nous expliquer la loi du marché…

Gamine, je ne comprenais pas la portée capitaliste de cet album, il me faisait rire pour le cadeau d’anniversaire d’Obélix, l’absurdité de ses vêtements, pour Idéfix qui lui faisait la tronche, pour les répliques des romains, rien de plus.

Moi y en avais rien compris ! Ni remarqué que le jeune Caïus Saugrenus, sorti de La Nouvelle École d’Affranchis ou E.N.A pour les intimes était la représentation d’un Chirac jeune.

La loi de l’offre et de la demande n’auront plus aucun secret pour vous après la lecture de cet album !

Lorsque l’offre de menhirs est supérieure à la demande, il faut que les entreprises  (obélix et Cie) baissent leurs prix, afin qu’elles puissent écouler tous leurs produits… A contrario, si la demande est supérieure à l’offre, il faut que les entreprises augmentent leurs prix…

— Si toi pas pouvoir faire plus de menhirs, moi y en a donner moins de sesterces. Toi, y en a compris ?

Comment vaincre les Gaulois ? Il suffit de les diviser car pour régner, il faut diviser, c’est bien connu et toujours appliqué. Pour les diviser, il faut apporter la jalousie, l’envie, la cupidité… Toujours d’application !

En leur achetant des menhirs, Chirac, heu, Saugrenus, va apporter la zizanie dans le village rien qu’en demandant qu’Obélix lui fabrique plus de menhirs et en montant les prix à chaque fois, sous le regard d’un Obélix qui n’y comprend rien… Mais les autres villageois vont vite comprendre où se trouvent leur intérêt…

Cétautomatix : —Tu veux dire qu’ils n’achetent plus TES menhirs !
Ordralfabétix : —Pourquoi MES menhirs je vous prie ?
Cétautomatix : — Parce que mes menhirs à moi ne sentent pas le poisson faisandé….

Dans cet album, vous aurez un cours sur la production de menhirs, sa publicité, sur la concurrence, la dévaluation des prix, l’inflations des prix, les revendications salariales, sur le cours du sesterce et sur le fait de produire romain à Rome !

Alors qu’habituellement, nos Gaulois résolvent leur problèmes seuls à grands coups sur les romains ou en chassant l’intrus, ici, ils n’auront même pas besoin de lever le petit doigt pour que le système, qui a été poussé à son paroxysme, s’effondre, faisant ainsi passer notre énarque fraîchement émoulu pour le responsable de tous les maux de Rome (devait y avoir un message caché que ceux de l’époque ont compris).

Une aventure pleine d’humour, de situations cocasses et une belle leçon d’économie, sur le capitalisme et sur la division des peuples pour mieux les asservir. Faites du commerce, pas la guerre.

Astérix : — Tous nos copains sont pleins de sesterces ; que vont-ils en faire ?
Panoramix : — Pas grand-chose… J’ai appris qu’il y a une grande crise à Rome, due à je ne sais quoi. Toujours est-il que le sesterce est dévalué.
Astérix : — Eh ?
Panoramix : — Le sesterce y en a plus rien valoir du tout !

PS : album lu bien avant le décès du dessinateur Uderzo. Mais j’ai un retard énorme dans le post de mes chroniques, ou alors, c’est parce que je chronique plus vite que l’ombre de mes doigts sur le clavier. En tout cas, merci à Uderzo pour tous ses dessins.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (juillet 2019 – juillet 2020) – N°200.

Tu mourras moins bête – Tome 3 – Science un jour, science toujours ! : Marion Montaigne

Titre : Tu mourras moins bête – Tome 3 – Science un jour, science toujours !

Auteur : Marion Montaigne
Édition : Delcourt (17/09/2014)

Résumé :
Enfin ! Le Prof Moustache revient pour nous expliquer les affres de la science que nous subissons au quotidien. Comment comprendre le Big Bang quand on ignore que mettre du papier toilette sur la lunette des toilettes est inutile ?!

De l’hygiène aux araignées en passant par les régimes, les poneys ou les testicules, Marion Montaigne donne les réponses essentielles à toutes nos questions existentielles !

Critique :
Le professeur Moustache a l’art et la manière de m’apprendre des choses intéressantes tout en me faisant pouffer de rire.

Mais le fait de vulgariser la science et de nous la présenter en dessins, avec humour, contribue à faire en sorte que je retienne plus facilement les choses.

Maintenant, je sais pourquoi un coup dans les roubignoles fait si mal aux mecs, le fonctionnement des règles, comment perdre mon gras sans perdre trop de fric et sur le fait que les planches des WC sont plus propres que les sacs à main des femmes…

Ce n’était pas un soucis pour moi, je n’ai jamais emballé ma planche de WC d’une tonne de PQ !

Maintenant, je sais tout du poux, les morpions, les myiases et autres saloperies dont il ne faut pas aller voir la tronche sur Google Image ! Pire que le plus terrible des films d’horreur.

C’est fortement documenté, le Professeur Moustache, alias Marion Montaigne, sait de quoi elle nous cause et elle va droit au but, sélectionnant le plus important, le plus drôle, bref, ce que nous pouvons retenir sans problèmes.

Last but not least, si les dessins ne sont pas les plus beaux, ils sont rigolos, ont le soucis du détail et me donnent un sourire jusqu’au oreilles, ce qui m’évitera de perdre de l’argent pour me faire tirer les plis.

Un excellent moment de lecture, de culture, de rire et si on n’a pas trop envie d’aller se rouler dans nos draps bourrés d’acariens dont on respire les déjections en tout genre… Beurk, âmes sensibles, s’abstenir !

En tout cas, lorsqu’on s’endort dans tous ces cadavres d’acariens, c’est moins bête qu’avant !

Retour à Palemoral – Les Shortbreads de Dame Ida

Depuis son passage éclair chez Dame Ida qui lui avait fait découvrir les délices de la tarte Tatin et de la machine à Nespresso pour lui faire oublier le désastre de ses scones de sconnasse, Herma Gesty, Nonagénaire Chapeautée cousue d’or et de diamants, à la tête d’une grande et célèbre famille et servant accessoirement de potiche nationale, était rentrée chez elle dans son 753 pièces londonien avec sa meute de corgis.

Elle avait voulu un instant échapper à son Philipp qui n’en fichait plus une et tournait en rond dans les allées du palais, qu’il donnait l’impression de hanter…

Et aux engueulades entre les deux pétasses roturières qui avaient épousé ses petits fils, l’une légèrement coincée qui se voulait encore plus confite dans l’amidon et la naphtaline que sa grand-mère Mary, et l’autre nouvelle riche arriviste qui rendait chèvre tout son personnel qui démissionnait à la chaîne, lui faisant presque regretter sa défunte ex-belle-fille, notoirement siphonnée.

À peine remise de son excursion française clandestine via le tunnel sous la Manche qu’elle avait pris en contre-sens dans sa Range-Rover, et du brouillon de l’ouvrage d’un certain Toquéfada sur l’art de convertir les anglicans au catholicisme à l’aide de tenailles et de brodequins dont Dame Ida lui avait présenté les meilleurs feuillets, Herma Gesty devait alors affronter un nouveau psychodrame familial.

La nouvelle riche arriviste avait enfin accouché et, plus personne ne se faisait d’illusions : ses caprices et son caractère de chiottes n’étaient pas dus à sa grossesse, mais semblaient être son état permanent qui était revenu sur le devant de la scène au grand galop comme il sied au naturel.

Pire encore, elle avait convaincu son petit-fils préféré, certes un peu gaffeur et espiègle sur les bords mais qui était toujours resté droit dans ses bottes d’officier et sacrifiant à ses devoirs, de quitter sa famille et de s’exiler dans un pays où l’hiver dure toujours et où les ours, les loups et les caribous bouffent les humains qui ont gelé comme des sorbets.

On avait plus vu ça depuis qu’une américaine deux fois divorcée avait conduit l’oncle notoirement paresseux d’Herma Gesty à une démission apocalyptique que l’on transforma en belle histoire d’amour pour mieux faire oublier les sympathies nazies du couple infernal et honteux.

Merde alors… En effet, les voici avec le moustachu

En annonçant leur intention de préférer l’exil à la presse de leur pays (oubliant qu’il y a la même partout à travers la planète) sur leur propre blog avant d’en parler à Herma Gesty, ils l’avaient publiquement humiliée, squeezant de façon claire et nette son rôle supposé de cheffe de famille aux yeux d’une nation entière qu’ils refusaient de servir alors qu’elle entretenait leur famille depuis des siècles.

Afin de ne pas perdre totalement la face, Herma Gesty fut forcée de déclarer qu’elle était ravie d’être heureuse d’être contente pour son petit fils et sa pouffe, et qu’elle les soutenait dans leur projet d’exil, alors que… tout le monde sait qu’elle ne veut même plus les voir en photo sur son bureau, le cadre argenté ayant fini au fond de la corbeille !

 

Sans parler du préjudice financier subi par les usines de porcelaine de Herma Gesty qui avait jeté au broyeur toutes les tasses à thé et soucoupe où les deux traîtres à la nation étaient encore en photo. Elles sont aujourd’hui interdites de vente et celles qui n’ont pas été mises au pilon sont devenues collector !

Message personnel : ne m’offrez JAMAIS ce truc kitch !

Évidemment Herma Gesty avait coupé les vivres à ces deux olibrius, qui d’ailleurs n’avaient pas besoin de ses sous pour survivre, mais comme Madâme avait des goûts de luxe et qu’il fallait empêcher les journalistes de l’approcher, son budget « gardes du corps » était plus que conséquent.

Bien fait pour eux. Après tout, oser se plaindre sans pudeur ni honte dans la presse et devant les caméras sur leur difficile vie d’héritiers d’une famille qui peut privatiser la police et l’armée de son pays, et qui a sa propre flotte et des propres avions pour voyager… sans parler des Rolls et des Bentley qu’ils ont préféré troquer pour de vulgaires Renault Méganes… et ça sans imaginer deux secondes que les gens qui les entretenaient n’ont même pas les moyens de consulter un médecin de leur choix… et n’ont pas d’assurance chômage digne de ce nom… N’est-ce pas n’avoir honte de rien et cracher dans la soupe ?

Herma Gesty était écœurée de tant d’ingratitude de la part de cette jeunesse, elle qui avait dû servir sous les drapeaux pendant la seconde guerre mondiale alors qu’elle n’avait pas leur âge !

Après tout… Quelle idée de se plaindre des journalistes et des photographes quand on a pour seule et unique fonction de faire de la représentation publique ! Et puis quelle hypocrite cette belle-petite-fille ! Quand elle jouait des scènes de sexe un peu chaude dans les séries qui l’avaient rendue célèbre, elle ne refusait pas que les caméras soient présentes, non ? Pfff…

 

C’est dépitée qu’Herma Gesty s’était retirée pour l’hiver à Pâlemoral.

Évidemment, le Phiphi était dans ses pattes, comme ses corgis… il bavait juste un peu plus qu’eux…

Mais Pâlemoral était assez grand pour qu’elle arrive à le perdre dans les couloirs, avant de se réfugier dans un grand salon bibliothèque où elle se faisait servir théière sur théière, le regard perdu dans le vague à sa fenêtre devant laquelle rien ne se passait jamais.

Après avoir dû passer en revue toutes les variétés de thés stockées à Pâlemoral, puis s’être fait réapprovisionner par train spécial en provenance de Fortnum & Mason , Herma Gesty finit par se dire que tout cela devenait terriblement ennuyeux et qu’un truc résistant sous la dent serait bienvenu…

Gardant un bon souvenir de la Tatin de Dame Ida, et se disant qu’ayant touché le fond de l’ennui et de la déprime elle n’était plus à ça près ! Elle pouvait bien rencontrer à nouveau cette étrange créature aux enfants si… spéciaux… À condition qu’elle vienne sans eux… et sans son époux pourfendeur d’hérétiques.

Quand de l’autre côté de la Manche Dame Ida reçu son invitation à aller œuvrer dans les cuisines d’Herma Gesty afin de prendre le thé avec elle, elle monta immédiatement dans la Rolls qui l’attendait en bas de chez elle, après avoir fourré au hasard quelques vêtements dans un sac.

Le hasard ne fait pas toujours bien les choses, car son maillot de bain n’était pas spécialement utile l’hiver à Pâlemoral… Pas plus que son poncho des Andes…

Après s’être amusée à monter et descendre pendant une demi-heure la vitre de séparation d’avec le chauffeur qui ne comprenait pas un traître mot de français, Dame Ida finit par trouver le mini-bar.

La bouteille de champagne, et la bouteille de gin l’aidèrent à passer le temps du trajet sans qu’elle ne s’en aperçoive. C’est tout l’intérêt du coma éthylique.

Dame Ida fut ramenée à la vie par l’air glacial écossais qui s’engouffra dans la Rolls quand le chauffeur ouvrit la porte.

Dame Ida tituba jusqu’à la cuisine, soutenue par le chauffeur et un majordome assez coincé qui fit une drôle de grimace quand Dame Ida approcha sa bouche près de son oreille pour lui susurrer toutes les insanités qu’elle connaissait en anglais.

Affalée sur un tabouret et quasiment vautrée sur un plan de travail, Dame Ida, cuva pendant une ou deux heures prenant café sur café, et après une longue pause pipi elle était enfin opérationnelle.

Pâlemoral étant en Ecosse, Dame Ida ferait de la cuisine écossaise. Le haggis n’étant pas indiqué pour le thé, elle opta pour des Shortbreads écossais.

Après avoir mis ses fourneaux sur un thermostat de 160°, elle fit ramollir 200g de beurre salé , qu’elle battit avec 100g de sucre et deux sachets de sucre vanillé, avant d’y saupoudrer 300g de farine. Le mode pétrissage du robot ménager était parfait.

Puis elle mis la pâte entre deux feuilles de papier cuisson pour l’étaler sur une épaisseur de 1,5cm avant de piquer toute la surface à la fourchette et de couper des rectangles de 2cm sur 6cm, et de tout cuire 15mn au four sur une plaque en les séparant bien (ils gonflent un peu à la fin de la cuisson).

Ils doivent rester bien blonds et ne pas brûler… Ils sont encore mous à la sortie du four mais durcissent en refroidissant. Ne pas les toucher tant qu’ils ne sont pas froids…

Et vlan, on les dispose dans une assiette avec une bonne tasse de thé… Un Darjeeling ou un Earl Grey feront parfaitement l’affaire…

C’est avec grand plaisir qu’Herma Gesty accueilli Ida et les shortbreads venus égailler sa tasse de thé.

Elles se gavèrent méthodiquement de ces petits biscuits bien réconfortants et si nourrissant qu’ils en font oublier les scones…

Et ce, en disant pis que pendre sur la saltimbanque ingrate qui lui avait ravi son petit-fils chéri et voulait le faire mourir de froid dans une ancienne colonie polaire.

Dame Ida lui parla d’une patiente de Toquéfada qui avant d’être enfermée dans sa cave, pratiquait des envoûtements et jetait des sorts en invoquant les esprits et les démons.

Le genre de personnes dont on a toujours besoin afin de ne pas être une fois de plus accusée de faire assassiner une princesse gênante sous un pont…

Toqué n’était pas en manque de sorcière, et sa traque d’une certaine Brigitte, sorcière spécialisée dans l’envoûtement sexuel de dirigeants qu’elle plaçait sous son contrôle l’occupait assez.

Aussi, Toqué pourrait lui céder volontiers cette sorcière-là via la valise diplomatique et l’annulation des charges qu’il encourait pour enlèvement, séquestration et actes de barbarie.

Herma Gesty accepta l’offre, et c’est ainsi que Dame Ida devint fournisseuse officielle de Shortbreads d’Herma Gesty lors de ses séjours à Pâlemoral.

Et toc ! Bavez bande de jalouses !

PS : En PJ une photo de ma dernière fournée de shortbreads… Je te laisse le soin de trouver les autres illustrations! Et encore une fois… tu publies quand tu veux… ou pas! Mais si tu publies… Ne tarde pas trop… l’actualité risque d’être trop loin derrière nous dans trois mois!

Les Cactus – Tome 1 : Jérôme de Warzée

Titre : Les Cactus – Tome 1

Auteur : Jérôme de Warzée
Édition : Luc Pire (13/11/2017)

Résumé :
C’est le 1er septembre 2010, le jour même de ses 40 ans, que Jérôme de Warzée distille sa première chronique sur les ondes de Vivacité.

Chaque matin, il brocarde tour à tour ces « froucheleurs » de politiciens, ces « barakis » de supporters et ces « Ménapiens extrémiss », tentant l’équilibre entre écriture polysémique et vitriolée mais toujours au second degré, sarcasmes, jeux de mots et vérités.

Cet ouvrage renferme quelques-uns de ses textes, savamment ordonnancés dans un brol absurde que Magritte lui-même aurait légendé: « Ceci n’est pas un livre ».

Critique :
Si le Belge lambda connait une grande partie de la politique française, de son côté, le français ne connait pas grand-chose de la soupe belgo-belge.

Le Belge a eu accès au Bêbête show, aux Guignols (quand ils étaient en clair), à Thierry Le Luron, Laurent Gerra, Canteloup, au Canard Enchaîné aussi, bref, on est bien renseigné.

Pas de bol, nos émissions humoristiques ne s’exportent pas et donc, vous êtes vierge de tout savoir sur nos cumulards à nous, sur ceux qui feraient passer François Fillon et sa Pénélope pour des petits joueurs, de ceux qui doivent encore apprendre.

Publifin, Stephane Moreau, Nethys, ça ne vous dit rien ? Non, mais croyez-moi, le Moreau pourrait aller discuter avec vos Balkany et échanger des bons plans de magouilles en tout genre.

Personne en France ne sourira ironiquement si je prends une voix de fausset et que je dis que j’ai le coeur qui saigne (Elio Di Rupo, gauche caviar, les chômeurs lui disent merci – ironie), personne chez vous ne connait les misères du décret inscriptions, ni des fameux cours « de rien », chers à notre Joëlle, celle qui a aussi laissé fuiter les questions des examens…

Les tunnels bruxellois, ça n’inspire pas les Français… Le Bruxellois, lui, les maudit, quand ils sont fermés à longueur d’année, parce que « en travaux » (Lady Di, chez nous, elle ne serait pas morte dans un tunnel : impossible !), le Ring, bouché toute la journée, ça ne vous fera pas rire. En plus, vous avez le périph aussi… Là vous comprenez mieux, non ?

Anybref, voilà un super livre drôle que je vendrai pas à vous, public français qui me lisez, ni aux autres francophones. Les histoires sont belges, de la tête au pied et Jérôme de Warzée a réuni dans ce recueil la quintessence de ses Cactus quotidien, sur la radio Viva Cité.

De Warzée, avec son ton pince-sans-rire… En lisant quelques-unes des chroniques tous les matins (ça fait du bien au moral), j’avais l’avantage d’entendre sa voix dans ma tête, ses intonations, ses haussements de sourcils et je riais deux fois plus.

De Warzée, c’est de la chronique politique qui pique, comme un cactus, qui est cynique, ironique, qui exagère parfois un peu, mais bon, c’est ainsi que ça marche aussi, l’humour, en le poussant à son maximum, en allant aussi loin que l’on peut.

L’avantage aussi, de lire les chroniques, c’est qu’on peut se gargariser des jeux de mots, les relire, les faire tourner dans sa tête et ne rien rater parce qu’en radio, ça va souvent trop vite et on a parfois ce que je nomme « les allemands qui brouillent les lignes », comme le disait mon grand-oncle, jamais à court d’humour quand on l’empêchait d’écouter la télé.

Anybref, lire ou écouter les Cactus de De Warzée, c’est du plaisir en barre, du rire garantit, de l’humour fin, réservé à un « Public fin » (oh le jeux de mot) et à lire sans retard, car j’ai honte de dire que cela faisait 2 ans que j’avais ce recueil dans ma PAL.

Rassurez-vous, les affaires citées dans ces pages n’ont pas pris une ride et ça fait toujours du bien de se les remettre en tête et de s’esclaffer, par les temps qui courent (ou les virus), même si ça n’immunisera jamais contre le virus de la connerie humaine.

Et pour vous faire rire, je vous ai inclus un Cactus tout frais de Jérôme et des sketch déguisés de Kody, qui nous fait rire à la télé, dans « Le grand cactus ». J’ai sélectionné les personnages français qu’il a interprété…

Le PQ nouvelle religion ?  Jérôme de Warzée y répond sur FB

Kody en Général De Gaule 

Kody en Fabrice Luchini

Kody en Michel Drucker

Pénélope et François Fillon

Entre la Première Ministre et l’ancien Premier Ministre…

Le Pape terrible – Tome 3 – La pernicieuse vertu : Alejandro Jodorowsky et Theo

Titre : Le Pape terrible – Tome 3 – La pernicieuse vertu

Scénariste : Alejandro Jodorowsky
Dessinateur : Theo

Édition : Delcourt (23/10/2013)

Résumé :
Revenu de guerre, Machiavel profite de se ressourcer au bordel de Madame Imperia pour conter les campagnes victorieuses de Jules II.

Campagnes militaires puis amoureuses puisque Michel- Ange a accepté le chantier de la Sixtine et de partager la couche du Saint-Père en compagnie de son rival Raphaël.

Mais dans l’ombre, une autre bataille a commencé : les cardinaux veulent organiser le prochain conclave…

Critique :
Chateaubriand avait dit, en parlant de Talleyrand et de Fouché que c’était « le vice appuyé sur le bras du crime »…

S’il avait vu le pape Jules II en compagnie de Machiavel,  il aurait dit que c’était le vice appuyé sur le bras de la perfidie.

Cachez cette bédé qu’un catho pur jus ne saurait voir. Je n’ose imaginer la tête que ferait une des tantes un peu coincée de mon paternel si elle tombait sur pareille bédé…

On a du sang et des complots, des assassinats, des kidnapping, des demandes de rançons, des magouilles… Jusque là, rien de très horrifiant pour les coincés du culte.

Mais on a aussi du cul, des nichons, de la baise, de la sodomie, du stupre et de la fornication. Bon, rien de nouveau non plus, c’est Sodome et Gomorrhe et cette histoire se trouve dans l’Ancien Testament (ma préférée).

N’empêche que voir un pape qui se vautre dans la fornication à tour de bras (même si ce n’est pas avec ça qu’il prend son pied), ça pourrait choquer les grenouilles de bénitier.

On risque aussi de choquer les férus d’Histoire car il est impossible de restituer ce Pape Terrible dans la chronologie des guerres d’Italie.

Le scénariste est Jodorowsky ne s’embarrasse pas de ces détails et vous débite l’Histoire à sa sauce, donc, ne prenez surtout pas cette saga pour argent comptant, même si, dans l’Histoire, la vraie, ce genre de pape a forcément dû exister. Allez hop, me voici excommuniée à vie.

Apprécions ce volume pour les scènes d’action, pour les leçons dispensée par Machiavel, tandis qu’il s’enfonce dans de grosse matrones, apprécions les dessins, les couleurs et le récit couillu car il illustre très bien les guerres de pouvoir et tout ce qui va avec.

Mais gaffe à ne pas en faire trop non plus… Trop de scènes de cul tuent les scènes de cul ! On a beau savoir que le Pape Terrible est friand de jolis petits culs et des fricandelles boulettes qui vont avec, mais de grâce, ne perdons pas une partie de notre temps à le voir le tich en l’air !

Anybref, même si cette saga s’affranchi de l’Histoire, elle nous dépeint un personnage abject mais fascinant dans sa manière d’arriver à faire marcher les autres sur sa musique.

Jules II est cynique, sadique, voleur, manipulateur, dépravé, se prenant pour Dieu mais c’est un manipulateur hors-paire (de couill** – elle était trop tentante) et un stratège généralissime, mais le prix à payer, pour les autres, est exorbitant car sanglant.

Si Jules II est un salopard de première, il a de la concurrence car tous les cardinaux qui gravitent autour de lui ne pensent, eux-aussi, qu’au pouvoir, à l’argent et au cul. Ce sont de biens mauvais serviteurs de Dieu et ils sont aussi croyant qu’un chat, un chien, un cheval…

Malgré ses défauts, jusqu’à présent, j’ai apprécié cette saga impertinente et je me demande bien comment les auteurs vont nous la terminer.

PS : lu en septembre 2017 et je n’avais pas fait de fiche critique. Maintenant que j’avais enfin mis la main sur le tome 4, il m’a fallu revenir sur le 3, afin de me le remettre en mémoire.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (juillet 2019 – juillet 2020) – N°199.

Là où chantent les écrevisses : Délia Owens


Titre : Là où chantent les écrevisses

Auteur : Délia Owens
Édition : Seuil (02/01/2020)
Édition Originale : Where the Crawdads Sing (2018)
Traducteur : Marc Amfreville

Résumé :
Pendant des années, les rumeurs les plus folles ont couru sur  » la Fille des marais  » de Barkley Cove, une petite ville de Caroline du Nord.

Pourtant, Kya n’est pas cette fille sauvage et analphabète que tous imaginent et craignent. A l’âge de dix ans, abandonnée par sa famille, elle doit apprendre à survivre seule dans le marais, devenu pour elle un refuge naturel et une protection.

Sa rencontre avec Tate, un jeune homme doux et cultivé qui lui apprend à lire et à écrire, lui fait découvrir la science et la poésie, transforme la jeune fille à jamais.

Mais Tate, appelé par ses études, l’abandonne à son tour. La solitude devient si pesante que Kya ne se méfie pas assez de celui qui va bientôt croiser son chemin et lui promettre une autre vie.

Lorsque l’irréparable se produit, elle ne peut plus compter que sur elle-même…

Critique :
À partir de maintenant, Kya sera bien plus que le nom d’une marque de voiture.

Maintenant, Kya, ce sera, avant tout, une héroïne qui m’a apporté des émotions en pagailles.

Attention, pas des émotions livrées en vrac dans un camion benne et qu’on balance à tes pieds et démerde-toi pour les trier…

Non, des émotions qui vont et qui viennent, des temps forts, des émotions douces, des dures, des tendres, de celles qui font le même effet qu’éplucher 1 kilo d’oignons.

Kya a mal commencé dans la vie, elle qui, telle un personnage de Dickens, avait un père alcoolo avec la main lourde, qui a vu sa mère partir, puis ses sœurs et ses frères mettre les voiles, sans que jamais personne ne la prenne par la main et ne l’emmène avec… Puis le daron s’est barré.

C’est une gamine qui se retrouve seule et livrée à elle-même, dans les marais, sans que personne dans la paisible communauté bourrée de grenouilles de bénitiers ne s’en émeuve et ne fasse quelque chose pour l’aider. Pour eux, c’est une souillon, une sauvage et je vous passe le reste.

Nous sommes dans les années 50 et à cette époque-là, puisque l’on n’est pas capable de dire merde à la ségrégation raciale et de passer outre, faut pas trop espérer que ces braves WASP (White Anglo-Saxon Protestant) tendent la main à la gamine qui marche pied nus et qui a tout d’une sauvageonne illettrée et asociale.

Impossible de ne pas s’attacher à cette gamine lumineuse, débrouillarde, qui cafouille beaucoup au départ, pour se faire à manger, mais qui arrivera à survivre en utilisant les ressources du marais et la gentillesse de Jumping, Noir de son état et qui a un cœur plus gros que tous les biens pensants qui vont à l’Église (pour les Blancs) tous les dimanches.

Je citerai aussi Mabel, son épouse, qui est le genre de femme que l’on aimerait croiser dans sa vie, lorsque tout s’est effondré. Ils sont Noirs, n’ont pas de droit, mais eux au moins, ils tendent la main, ils aident. Bref, ils m’ont émus.

C’est un roman noir nature writing car si ses conditions de vie sont dignes de Dickens, en apprivoisant le marais, elle va réussir à survivre et à en tirer de belles choses car lorsqu’on tend la main à Kya, il n’en ressort que du magnifique, du beau, du lumineux.

Le marais est lui aussi utilisé comme personnage principal car durant tout le récit, qui alternera entre 1969 (le présent) et 1952 (le passé), le marais pèsera sur le récit, lui donnant une tonalité inattendue, belle, une ode à la préservation de la Nature nourricière et des animaux qui la peuplent.

On va doucement, sans pour autant se la couler douce, sans pour autant perdre du temps, mais le récit s’écoule à son rythme, celui des marais et si on tend bien l’oreille, là-bas, tout au fond, là où c’est le plus sauvage, on entendra chanter les écrevisses.

Sur la fin du récit, pendant les pages les plus angoissantes, j’ai eu envie de les passer afin de savoir « quoi », pour arrêter ce suspense horrible, cette attente détestable, pour diminuer les battement de mon cœur et éviter la crise cardiaque en plein coronavirus… Ce qui serait bête.

Un roman émouvant, beau, tendre, dur, qui met en avant des Humains magnifiques, des détestables, des manipulateurs, des racistes primaires, des lâches aussi car nous le sommes tous parfois et qui vous en apprend plus sur la nature des Hommes et celle au sens propre, notamment sur la vie sexuelle de certains insectes.

Méfiez-vous des lucioles…

Un roman à découvrir car c’est malgré tout une bulle de douceur, de bonheur, de silence, dans ce monde de brute et grâce à lui, je suis partie en voyage, à l’autre bout du monde, dans une autre époque et tout ça pour le prix d’un livre, sans sortir de chez moi.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (juillet 2019 – juillet 2020) – N°198.

Minou à 1 an !

(Oui, il fait super sérieux sur la photo… Je vous jure qu’il peut être déluré, mais je n’arrive jamais à prendre une photo quand il faut le con autour de son arbre à chat ! Mais j’ai une photo plus bas où il a un regard halluciné…)

Ben oui, avec l’actualité, j’avais oublié de vous parler des 1 an de Minou.

Non, il n’a pas vraiment 1 an, il est plus âgé que ça, juste que ça a fait 1 an qu’il a été extradé d’une manière plus violente que celle de Carlos Ghosn puisque lui, on l’avait trappé avant de lui faire couper les couilles (je sens que certains auraient aimé qu’on le fasse de même au Carlos).

Si on m’avait dit que 1 an après, en criant « P’tit Minou » monsieur viendrait me retrouver pour recevoir ses câlins, même moi je n’aurais pas osé y croire.

Et pourtant, même s’il me reste encore du boulot car monsieur détale toujours lorsque nous marchons (même s’il détale moins vite qu’avant), on peut dire que le plus dur a été fait.

Monsieur Couillon ne manque pas toujours de courage car pour une croquette, il saute sur moi (je la pose sur mon sweat) et il y a une quinzaine de jours, après avoir mangé la croquette, il est descendu en passant par… les cuisses de mon mari qui s’était endormi à côté de moi. Pas le chemin le plus court…

La seconde fois, après avoir mangé la croquette sur moi, il s’est installé sur mes genoux et ne les a quitté que lorsque le téléphone a sonné.

De plus en plus souvent, au matin, il s’immisce entre mon chéri et moi-même en mettant ses pattes de devant sur le canapé. Je peux le grattouiller et il s’est déjà hissé quelque fois entre nous. Là, on arrête tous les deux de respirer !

Maintenant, lorsque je vais le soigner, il doit se laisser caresser alors que je suis debout, une fois sa gueule dans la gamelle, je le touche à nouveau et une fois de plus après m’être éloignée pour déposer la mesurette à croquette. Il bouge un peu, il recule, mais l’appel de la gamelle est plus fort.

Je ne m’assieds plus à côté de lui, mais je reste debout, je range la biblio (qui est déjà rangée) ou je lis un bouquin en 36 épisodes.

Dernièrement, il nous faisait des grosses bêtises, comme faire ses griffes sur les murs intérieurs, dans les couloirs. Heureusement que la tapisserie n’était pas neuve.

Donc, je suis allée acheter un faux arbre à chat et j’en ai pris un avec une souris qui pendouille… Ce fut l’amour fou entre le chat et l’arbre qui a reçu des assauts assez violents pendant que les tapisseries pouvaient enfin respirer.

Minou a même réussi, au cours d’un assaut particulièrement violent, à arracher la souris de son élastique.

Rien n’est perdu, il aime cette souris grise aussi. La pauvre souris, serait-on tenté de dire, parce que quand monsieur Minou joue, les souris dansent !

La souris verte a déjà du recevoir des points de suture sur son dos, l’opération ayant eu lieu sous l’oeil attentif du chat… Des fois que je louperais l’opération, sans doute.

D’ailleurs, il adore toutes ses souris et de temps en temps, il remonte avec sa souris orange, celle qui est dans ses pièces, pour jouer avec près de nous. Mais non, ensuite, il ne les range pas.

Le soir, il est particulièrement en forme et il court partout comme un dératé, faisant des démarrages au triple galop, pour un oui ou pour un non, juste pour le plaisir de courir et de se dépenser. Il vous regarde et puis hop, on ne le voit plus car il vient de partir au galop, tel Zorro.

Pendant mes congés en février et ma pharyngite, il avait pris l’habitude de débarquer après-midi, vers 14h et ensuite, l’horaire diminuait de plus en plus, jusqu’à ce qu’on le voit revenir de sa sieste, de sous l’armoire, vers 11h…

Il apprécie de plus en plus de passer du temps près de nous, surtout avec moi, la préposée au câlins et depuis fin novembre, il a pris l’habitude de venir, dès mon réveil, pour boire le petit café du matin et lire avec moi.

Bon, dans la réalité, je bois le café et je lis, monsieur Minou saute sur le canapé, se colle contre moi et lèche la poche de ma veste, dans laquelle je planque des croquettes.

La tentation est forte de monter sur mes genoux, mais il n’ose pas, alors il pose ses pattes avant sur ma cuisse et me regarde avec amour. Si ça peut lui faire avoir une croquette…

Une fois mon mari levé, le chat reste encore un peu et puis disparaît… C’est un petit jeu qu’il maîtrise parfaitement. Autant où il peut être aussi discret qu’un régiment ivre quand il débarque chez nous, autant il peut être silencieux et me faire frôler la crise cardiaque en surgissant à mes côtés (sur le plancher).

Vous discutez ou vous regardez la télé et tout à coup, votre vision panoramique voit une tache grise dans le coin. Boum, c’est le chat.

Ou alors, vous vous levez et aaah, frayeur, le chat est là et vous ne l’aviez pas vu… Il va me tuer, moi je vous le dis !

Au fait, si des chercheurs n’ont rien à faire (on peut rêver) ou si quelqu’un a une réponse, faudrait se pencher sur des grosses questions, notamment :

  • Pourquoi les chats vous donnent-ils l’impression qu’ils sont en train de creuser un tunnel d’évasion lorsqu’ils sont dans leur litière ?
  • Pourquoi foutent-ils autant de litière à côté ?
  • Pourquoi la souris verte et la grise finissent-elles TOUJOURS sous tous les meubles et pas la rouge (celle qui possède une longue queue) ?

Enfin bref, tout ça pour vous dire qu’en ces temps de confinement (mais pas trop chez nous), voir le chat faire le pitre nous procure de l’amusement, on pense à autre chose, on rigole.

Si caresser un chat déstresse, vu le temps que je passe à lui frotter le dos ou la base de sa queue (Chouchou va être jaloux, à la fin), c’est sûr que le stress ne sera pas pour moi car cet animal a l’art et la manière de me faire comprendre qu’il veut des câlins !

Il se positionne non loin de moi, assis ou couché, me tournant le dos et le message est aussi clair que celui de mon chien lorsqu’il était vivant : gratte-moi entre les omoplates !

Mon kiné se demande sans doute comment cela se fait que j’ai mal au dos… Ben j’ai un chat et je suis souvent dans des positions peu catholiques pour le dos lorsque je le caresse, depuis le divan.

Ce chat a une vie de pacha, moi je vous le dis !