Sherlock Holmes – Une vie : André-François Ruaud et Xavier Mauméjean

Titre : Sherlock Holmes – Une vie

Auteurs : André-François Ruaud et Xavier Mauméjean
Édition : Les Moutons Electriques (13/11/2012)

Résumé :
Sherlock Holmes est une des plus grandes figures de la culture populaire et son seul nom est synonyme de mystère policier, de brouillard londonien et de crimes énigmatiques.

Depuis 1887, Sherlock Holmes est le détective privé par excellence. Devenu très rapidement un véritable mythe, avant même la sortie de sa soixantième et dernière aventure en 1927, Sherlock Holmes demeure pour certains un héros de fiction créé par Arthur Conan Doyle.

Mais pour le plus grand nombre, c’est un homme « qui a vraiment existé », dont les enquêtes sont rapportées par son ami, le docteur Watson.

C’est cette vie que nous avons voulu faire redécouvrir, sous la forme d’une véritable biographie.

Depuis sa naissance en 1854 jusqu’à sa disparition à l’orée des années 1930, une vie de légende, où se croisent également les figures de John H. Watson, du frère aîné Mycroft Holmes, de sir Arthur Conan Doyle, mais encore d’Oscar Wilde, de Winston Churchill, d’Arsène Lupin, de la compositrice Augusta Holmes ou du comédien William Gillette.

L’ère victorienne et au-delà : Sherlock Holmes, toute une existence.

Critique :
Sherlock Holmes est une légende ! Mais dans quel sens du terme faut-il prendre ce mot ?

Par la représentation, embellie, de la vie et des exploits de Holmes, qui se conserve dans la mémoire collective ou dans le sens que Holmes est devenu un détective célèbre, talentueux, qui a atteint le succès et une notoriété certaine dans son domaine ?

Ou est-ce un peu des deux à la fois à tel point que l’on ne sait plus où commence la fiction et où se termine la réalité (ou le contraire) ?

De toute façon, comme tout bon holmésien, on est d’accord sur le fait que Holmes a vraiment existé et qu’il n’est pas mort, sa chronique mortuaire n’étant pas parue dans le Times (celle d’Hercule Poirot, oui – mes excuses).

C’est le postulat que pose les deux auteurs : Et si Sherlock Holmes avait réellement existé, arpentant un Londres réel, Watson étant son biographe et Conan Doyle son agent littéraire en lieu et place d’être son père littéraire ? Mais alors, ça change tout…

Oui, le fait de poser le postulat d’un Sherlock Holmes réel permet d’aller beaucoup plus loin dans sa biographie que ne l’autorise les écrits canoniques (peu bavards) et de creuser plus loin en essayant de deviner les identités cachées sous certain personnages comme le roi de Bohême ou le duc Holderness…

Attention, gardez bien à l’esprit, en entamant ce pavé de plus de 500 pages, que les auteurs puisent aussi bien dans les récits canoniques que dans les apocryphes.

Holmes n’a jamais rencontré Lupin dans les récits de Conan Doyle, mais dans ceux de Leblanc, oui. Quant au recueil de nouvelles « Les exploits de Sherlock Holmes », ils sont de la main de Adrian Conan Doyle et Dickson Carr et n’appartiennent pas au canon.

Passant en revue un large éventail des aventures de Holmes, des personnages, s’attachant à nous démontrer que Mary Morstan n’était peut-être pas l’oie blanche que l’on pense, que Irene Adler était sans doute sous la coupe de Moriarty et que Watson ne s’est pas marié deux fois mais qu’il est juste retourne vivre avec Mary, après une séparation, ce guide vous fera sans doute voir d’autres choses dans le canon, lorsque vous le lirez (ou le relirez).

Le brave Watson m’avait à l’époque abandonné pour se marier : c’est l’unique action égoïste que j’aie à lui reprocher tout au long de notre association. J’étais seul.

Holmes dit lui-même dans « L’aventure du soldat blanchi » que Watson l’avait abandonné pour se marier et que c’était l’unique action égoïste qu’il avait à lui reprocher… L’aventure est datée de janvier 1903 et Watson avait épousé Mary Morstan à la fin du « Signe des quatre » qui se déroule en septembre 1888. Sauf si Holmes considère que le mariage avec Mary n’était pas un acte égoïste…

C’est un essai copieux, rempli de conjectures, d’hypothèses, de supputations qu’un non initié pourrait prendre pour argent comptant.

Malgré tout, ils se basent sur des études sérieuses, sur des enquêtes, sur des travaux, sur l’Histoire, la politique, la sociologie, pour reconstituer les chaînons manquants, pour construire les pièces manquantes au puzzle et nous donner une vision plus large de ce que le canon nous offre.

Maintenant que je l’ai enfin lu, je comprend pourquoi dans « London Noir » (pas encore chroniqué), André-François Ruaud parlait de la mère de Holmes qui aurait loué un appartement au 24 Montague Street.

C’est dû au fait qu’une véritable Mrs Holmes a vécu à cette adresse et que les auteurs ont repris ce fait véridique pour en faire une extrapolation en la déclarant mère de Sherlock.

Le chercheur Michael Harrison a découvert la preuve selon laquelle une certaine Mrs Holmes loua un appartement au n°24, Montague Street, en 1875. Une telle adresse correspond indubitablement au premier logement de Sherlock Holmes à Londres. Le détective, dans un rare moment de confidence, ne déclara-t-il pas à Watson : « Lorsque j’arrivai à Londres, je louai une chambre dans Montague Street, juste sur l’angle en partant du British Museum ». Ce renseignement démontre qu’il n’y avait pas de brouille particulière entre la mère et son fils cadet, car il apparaît douteux que cette Mrs Holmes ayant pris une location près de Russell Square n’ait pas été la propre mère de Sherlock, assurant le logement de son fils cadet voulant s’établir à Londres.

Véritable pavé consacré à Sherlock Holmes, au docteur Watson, à Conan Doyle mais pas que… Londres est aussi très présente, avec ses brumes, ainsi que la société victorienne, qui est passée à la moulinette, le tout au travers du prisme des enquêtes de Holmes et des faits qui se passèrent à son époque.

À noter que dans les « annexes », vous avez l’intégralité des aventures canoniques et d’autres, une ligne du temps intitulée « Sherlock Holmes et son temps, une chronologie » et, dans cette édition augmentée, des nouvelles plus une étude du Scandale en Bohême. Sans oublier des illustrations après chaque chapitre.

C’était copieux et cette lecture fut une belle découverte. Shame on me, cette biographie fait partie de ma PAL depuis juin 2011 ! Je ne m’y étais jamais attaquée et c’est bête car cette lecture était un vrai plaisir. Il m’a fallu 9 ans pour me décider, on a connu plus rapide…

Maintenant, deux questions ? La fiction devient partie intégrante de la réalité ou est-ce la réalité qui se fond dans la fiction ?

Tout dépend de votre point de vue, si vous considérez Holmes comme un personnage ayant réellement existé (et vous vous prêtez au jeu – The Game) ou si vous pensez qu’un personnage de fiction n’a pas à devenir réel. Dans le second cas, cette biographie vous semblera indigeste, sinon, régalez-vous !

PS : mais pourquoi les auteurs parlent de Mary Ann Nicholson alors que c’est Mary Ann Nichols, une des victime de Jack The Ripper. Je le saurais sans doute en lisant « Les nombreuses morts de Jack L’Éventreur » puisque les auteurs ont établis des biographies sur plein de gens (Hercule Poirot, Nero Wolfe, Arsène Lupin, Jack The Ripper, Frankenstein, Harry Potter, Miss Marple et Dracula).

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (juillet 2019 – juillet 2020) – N°262 et Le Mois Anglais chez Lou, Titine et Lamousmé (Juin 2020 – Saison 9).

Ancienne édition

36 réflexions au sujet de « Sherlock Holmes – Une vie : André-François Ruaud et Xavier Mauméjean »

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  3. OMG ! Encore un à noter (tu veux la mort de mon banquier lol ?). Peut-être faut-il d’abord que je termine de lire le canon holmésien ^^ Les autres « biographies » des auteurs dont tu parles en fin de billet me font aussi de l’œil !

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    • Oui, si les banquiers meurent, le monde ira un peu mieux, non ? Puis les financiers, pour les spéculateurs… ça va en faire des assassinats 😆

      Bonne fin de lecture du canon !

      Je n’imaginais pas non plus qu’il avait fait autant de biographies « imaginaires » !

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    • Grands Dieux non ! mdr (mais merci). Les holmésiens qui se trouvent sur le forum de la SSHF sont mille fois plus érudits que moi, en cinéma, en littérature anglophone et en tout…

      Sur mon blog, je ne suis qu’une borgne parmi des aveugles… 😆

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  5. Je trouve l’idée hyper intéressante, ça doit être un régal à lire pour les fans ! Je ne sais pas si ça s’adresse vraiment aux autres, ou si c’est trop bourré d’allusions pénibles pour celui qui ne maîtrise pas bien ce sujet.

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    • Je m’attendais à du pénible et on en est loin. Maintenant, si tu n’es pas fan de Holmes, effectivement, ce sera un supplice, mais les auteurs ne parle pas que de lui, ils l’intègrent dans son élément qui est Londres au temps de la reine Victoria et ils brassent large. Attention à ne pas prendre pour argent comptant certaines assertions : non, Holmes n’a pas « combattu » Lupin ! Du moins, pas dans les récits canoniques, mais dans ceux de Leblanc…

      J’avais peur de le lire, peur d’être déçue et j’en suis ressortie conquise. Il me reste le Hercule Poirot à découvrir, et là, par contre, ma mémoire est moins bonne en ce qui concerne le détective belge 🙂

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  6. Ping : London noir : André-François Ruaud | The Cannibal Lecteur

  7. Le livre m’intéressait bien vu l’amour total que je porte à Sherlock Holmes… Mais finalement en lisant ta chronique je pense que ce type de livre ne me conviendra pas. Enfin faudrait que j’essaie quand même mais j’ai peur que cela gâche l’image que je me suis faite de lui 😉

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  8. Ping : Billet récapitulatif – Le mois anglais 2020 | Plaisirs à cultiver

  9. Ping : Le Mois anglais 2020 : le billet recap – MylouBook

  10. Mais c’est que ça m’a l’air très bien pour gonfler ma PAL! Avec du thé au mojito! 😁

    J’en ai bu un hier (de mojito) avec du jus de pommes à la place du rhum! J’ai bien pensé à toi!!!😁

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          • Et ben j’ai goûté et j’ai pas trop aimé au point de ne pas finir le verre! Des fois c’est comme ça… le cocktail a l’air super engageant avec ses couleurs, sa petite ombrelle en papier, le glaçage du verre, et les petits fruits confits fixés sur le bord… et puis une fois en bouche c’est le flop. Pas de menthe mais beaucoup trop d’ingrédients dedans! Comme ils disent à Top-Chef il ne faut jamais mettre trop de saveurs ou d’arômes différents dans une recette sinon les papilles sont déconcertées, on arrive pas vraiment à analyser le goût et ça manque de subtilité… Et puis certains mélanges ne sont pas du goût de tous… voire pas très heureux. 😉

            Anybref une fois les métaphores de côté… J’ai abandonné au bout de quelques dizaines de pages. 😦

            Disons que l’auteur tend à partir dans tous les sens entremêlant le fictif et le canonique dans le parti pris des Holmésiens qui considèrent que Holmes a bel et bien existé. Quand dès les premières pages tu sens que tu as du mal à suivre face à l’avalanche de références (qu’il met sur le même plan de « crédibilité ») et du fait de la déconstruction chronologique (il y a bien une trame chronologique dans le chapitrage du texte mais dans les développements l’auteur fait des sauts constants d’une époque à l’autre…). Bref ce que tu voudrais lire comme un livre de divertissement (faut pas pousser hein… c’est quand même pas un manuel universitaire! Sauf si tu prépares une thèse en holmésologie, mais la chaire n’existe pas…) devient tellement complexe à suivre que ça en devient pénible tant il faut faire des efforts pour s’accrocher… Je n’ai pas réussi! :-/

            J’avoue que de prétendre que Mycroft Holmes aurait fait le tour du monde en 80 jours et que Jules Vernes se serait inspiré de lui pour créer Philéas Fog m’a paru aussi fantaisiste qu’inutile et totalement too much. Faire une biographie fictive de Holmes en tenant compte des apocryphes, pourquoi pas… Mais une telle distorsion de l’histoire littéraire va franchement trop loin pour moi.

            Comme je dois lire régulièrement des livres compliqués pour le boulot, j’avoue que j’ai du mal avec un tel niveau de complexité pour une lecture supposée être distrayante. C’est peut-être pour ça que je suis passé à côté de ce livre. Dommage. 😦

            Cela dit, voyant que Sir Arthur Conan Doyle était nommé Doyle régulièrement dans ce livre, je me suis souvenue que le Sieur Saint Joannis, président à vie de la SSHF, étrillait régulièrement (et avec le mépris facile qu’il a pour les rustres béotiens qui ne lui arrivent pas à la cheville) les exégètes qui appelaient l’auteur « Doyle » et pas « Conan Doyle », affirmant que le patronyme complet était Conan Doyle. Me souvenant de la polémique je suis allée vérifier sur le net et Wikipedia précise que Conan est juste un des prénoms de l’auteur, que son père portait également ce prénom dans sa liste de prénoms mais que ce n’est pas une partie de son nom de famille complet. D’ailleurs seuls deux de ses fils on porté « Conan » (le second étant né je crois après la mort du premier) dans leurs prénoms, et pas ses autres enfants!!! La preuve que le nom de famille est Doyle et pas Conan Doyle! 😉

            Qu’un second (ou troisième prénom en l’occurrence) se transmette dans une lignée ne lui donne pas nécessairement une dimension patronymique, sauf à demander expressément ce changement à l’état civil (en France s’est possible justement pour revendiquer un prestigieux ancêtre dans une lignée… mais je ne sais pas ce qu’il en est chez les Britanniques…) et cela suppose que TOUTE la descendance soit touchée par le changement patronymique (ce qui n’est pas le cas pour tous les enfants de Doyle. Donc, il n’est pas erroné de parler de Doyle, voire… nommer Doyle « Conan Doyle », serait en réalité plus fautif que de le nommer juste « Doyle » vu qu’en général on n’est pas supposé nommer les gens en scotomisant leur premier prénom usuel (l’usage est plutôt d’ignorer les autres prénoms non usuels). A moins que Sir Arthur n’ait voulu faire de « Conan Doyle » son nom de plume en occultant Arthur, mais même dans ce cas, Conan reste un prénom! Donc à moins que Wikipedia ne dise des conneries, on a le droit de l’appeler « Doyle » épicétou! 😆

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            • Oui, l’auteur mélange allégrement les faits canoniques et d’autres de son cru, c’est déstabilisant pour celui ou celle qui ne connaîtrait pas son canon, il*elle prendrait des vessies pour des lanternes. J’ai apprécié le livre parce qu’il était copieux, que j’ai appris sur la ville de Londres et d’autres choses, que je savais ce qu’il y avait dedans, donc, je n’ai pas été surprise…

              Ma chère, s’il n’existe pas de chaire d’holmésologie, je n’aurais pas dit non à aller faire bonne chère avec ce cher Lock Holmes ou mieux, à commettre le péché de la chair, qui est faible (même si ce n’est pas cher) !

              Je n’avais jamais suivi cette polémique sur le conan doyle ou le doyle tout court, je fait souvent ACD et puis basta, moi. Mais c’est vrai, Conan (le barbare ?) est un prénom…

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