Tuer le fils : Benoît Séverac

Titre : Tuer le fils

Auteur : Benoît Séverac
Édition : La manufacture de livres (06/02/2020)

Résumé :
Matthieu Fabas a tué parce qu’il voulait prouver qu’il était un homme. Un meurtre inutile, juste pour que son père arrête de le traiter comme un moins que rien. Verdict, 15 ans de prison.

Le lendemain de sa libération, c’est le père de Matthieu qui est assassiné et le coupable semble tout désigné. Mais pourquoi Matthieu sacrifierait-il une nouvelle fois sa vie ?

Pour l’inspecteur Cérisol chargé de l’enquête et pour ses hommes, cela ne colle pas. Reste à plonger dans l’histoire de ces deux hommes, père et fils, pour comprendre leur terrible relation.

Derrière cette intrigue policière qu’on ne lâche pas, ce nouveau roman de Benoît Séverac nous parle des sommes de courage et de défis, de renoncements et de non-dits qui unissent un père et un fils cherchant tous deux à savoir ce que c’est qu’être un homme.

Critique :
D’habitude, c’est le père qu’il faut tuer, pas le fils…

Et parlons-en, du père à Matthieu Fabras : un facho de la pire espèce, un intolérant aux peaux basanées, aux homos, aux étrangers… Pour lui, le RN est trop mou et la France doit être aux français.

Intolérant à son fils aussi qu’il ne trouve pas assez viril, trop lopette… Pourquoi ? Si son gamin était un cheval, on dirait qu’il est pif, mais la science médicale utilise un terme plus long et complexe pour désigner cette petite emmerde qui ne touche que les mecs. Ou les chevaux mâles.

Pour prouver à son paternel qu’il n’était pas une chiffe molle et pour tenter de recevoir son amour, son adoubement, un signe de gentillesse, Matthieu a massacré un homosexuel et l’a tué. Direct au zonzon, le gamin et même pas un regard affectueux du paternel.

Vous comprenez que lorsque Patrick Fabas meurt, c’est un grand soulagement pour le lecteur. Maintenant, la question que l’on se pose, c’est : est-ce que son fils lui a réglé son compte le lendemain de sa sortie de prison ??

Ce que j’ai apprécié dans ce roman, c’est avant tout sa construction : un récit dans le roman et une histoire qui commence à l’envers puisqu’on est directement avec Matthieu arrêté pour meurtre.

Cette construction permet à l’auteur de nous présenter sa palette de personnages, assez typés. Les inspecteurs de police sont atypiques, leur chef étant addict à la confiture (on ne me l’avait jamais faite, celle-là) et marié à une non-voyante. C’était appréciable qu’on sorte du carcan de flics alcoolos bourrés de problèmes horribles.

Matthieu est un personnage abîmé, qui n’a jamais su quoi faire pour plaire à son père, pour qu’il l’aime, pour qu’il s’intéresse à lui. Il est des hommes qui ne devraient jamais devenir père ou alors, faudrait qu’ils évitent de passer leur frustration sur leurs gosses.

Bizarrement, la scène la plus marquante, celle qui m’a fait dresser les poils sur les bras, c’est celle de Matthieu au stade de France pour le concert de Johnny. On ne me refera pas.

Ce roman sombre explore les secrets de famille, les non-dits, les tares con-génitales (oui, en deux mots) reportées sur d’autres, les racistes, les fachos, les xénophobes, les bas-de-plafonds, la douleur d’un fils face à un père qui le hait et l’univers de la prison où Matthieu découvrira l’écriture avec l’atelier qu’un auteur viendra faire.

Une enquête pas commune, avec des flics désabusés, cyniques, avec leurs problèmes personnels (mais toujours terre-à-terre) et si le lecteur est attentif, il comprendra assez vite si Matthieu est coupable ou pas. Sans que ça gâche la résolution !

Un roman sombre mais réaliste, non dénué d’humanité.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 11 Juillet 2020 au 11 Juillet 2021) [Lecture N°13] et Le Challenge Animaux du monde 2020 chez Sharon [Lecture N°24].

26 réflexions au sujet de « Tuer le fils : Benoît Séverac »

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  6. Et bin didonc…tout un livre….oui toujours le fameux theme que les machos c’est du a la mere…alors qu’on oublie le pere et son fameux « sois un homme, mon fils! »…et les coups des ceinturons…bref…tout un theme quoi ! tout un polar!

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  7. Pfff! Des mecs comme ça ils peuvent s’entre-tuer, père, fils et sans esprit… ça sera tant mieux épicétou! Il y a plus de courage a envoyer péter un père fasciste qu’à tuer pour lui faire plaisir… c’est p’tête bien écrit mais ce genre de thème le ferait monter la tension! Impossible de m’identifier à l’un d’eux… et pis ces questions métaphysiques sur « qu’est ce que c’est quoi qu’un vrai mâle » pfff… quel ennui! Parce que les identifications masculines ou féminines d’ailleurs… c’est toujours un truc naïf qui relève de l’imposture, ou de la mascarade… alors ça vaut pas le coup de tuer pour ça! La vraie question c’est pas « qui je suis » mais « qu’est ce que je veux »… bref… Pas pour moi…

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    • Le gamin aurait dû passer dans ton cabinet, tu lui aurait remonté les bretelles, descendu les couilles et hop, il serait parti affronter son père pour lui dire « fuck ta race de facho » et il serait parti à moto dans le soleil couchant. Le roman eut été moins long mais plus drôle avec ton intervention 😆

      Les enfants/ados qui veulent que maman ou papa les regardent sont légion, j’en connais deux dans mon entourage, dont ma belle-soeur un peu zinzin. On dirait que certains se traîneraient par terre pour un regard de leur pute de mère. Moi, tu me fous un coup de pied au cul, puis un autre, puis un autre, je ne viendrai pas te lécher la main tel un chien…

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