Le bal des folles : Victoria Mas

Titre : Le bal des folles

Auteur : Victoria Mas
Édition : Albin Michel (21/08/2019)

Résumé :
Chaque année, à la mi-carême, se tient un très étrange Bal des Folles. Le temps d’une soirée, le Tout-Paris s’encanaille sur des airs de valse et de polka en compagnie de femmes déguisées en colombines, gitanes, zouaves et autres mousquetaires.

Réparti sur deux salles – d’un côté les idiotes et les épileptiques ; de l’autre les hystériques, les folles et les maniaques – ce bal est en réalité l’une des dernières expérimentations de Charcot, désireux de faire des malades de la Salpêtrière des femmes comme les autres.

Parmi elles, Eugénie, Louise et Geneviève, dont Victoria Mas retrace le parcours heurté, dans ce premier roman qui met à nu la condition féminine au XIXe siècle.

Critique :
Avant, lorsqu’on voulait se débarrasser d’une femme, c’était très facile : on l’emmenait à la Salpêtrière et on la faisait déclarer folle.

Même pas besoin de soudoyer un médecin pour un faux certificat médical, la parole d’un homme suffisait puisque les possesseurs de bananes-kiwis avaient le pouvoir absolu.

Nous les femmes, nous avions juste le droit de fermer notre gueule, de ne pas marcher hors des sentiers délimités pour notre sexe, fallait éviter à tout prix les envies de révoltes et même en restant dans le carcan étroit qui nous était dévolu, le mâle (père, mari) ou une belle-mère pouvait nous faire interner.

Effectivement, ce roman met à nu les conditions de la femme à la fin du 19ème siècle (1885) et force est de constater, une fois de plus, que nous revenons de loin et qu’il y a un peu plus de 100 ans, il était possible de faire disparaître une femme dans un asile d’aliéné sans qu’un bilan de santé soit établi.

La Salpêtrière, ce n’est pas Bedlam (Bethlem Royal Hospital à Londres) mais tout de même, les droits n’existent pas.

Au travers de différents regards, que ce soit des patientes ou d’une infirmière, l’auteure nous fait déambuler dans les couloirs, à quelques semaines du fameux bal des folles où la bourgeoisie va venir voir les aliénées danser, en espérant qu’une fera une crise, afin d’avoir des sujets de conversations jusqu’à la fin de l’année.

Si je regrette un peu que le portrait dressé de Charcot soit minime, les portrait des femmes croisées sont des plus réussis.

Que ce soit Eugénie, jeune fille d’une bonne famille qui voit et entend les morts, ou Louise, qui rêve de son amoureux, persuadée qu’elle va sortir de là et Geneviève, infirmière aussi rigide qu’un corset métallique qui va se réchauffer un peu, ces femmes ont une histoire que l’auteure va mettre en scène et nous les faire aimer.

Une fois de plus, je suis tombée sur une petite pépite littéraire qui bien que mettant en scène un sujet lourd, grave et ayant existé, ne sombre pas dans le pathos ou le larmoyant.

On ne rigole pas, certes, mais  c’est addictif, on veut connaître le destin de nos différentes femmes et les émotions sont perpétuellement en voyage, dans cette lecture puisque l’on passe de l’indignation à la tendresse, avant d’avoir envie de hurler devant l’étroitesse d’esprit de certains personnages face à ce qui est autre que leurs croyances ancrées.

Un peu plus de pages n’auraient pas nui à l’histoire car l’épisode du fameux bal est assez court. De plus, quand on aime un roman, on a toujours envie d’en avoir un peu plus.

Un roman historique qui lève le voile sur ce qu’on appelait la folie en 1885 et où la majorité des patientes n’étaient pas folles du tout. Un roman humaniste, une petite pépite qu’on lit avec gourmandise en pestant sur nos sociétés phallocratiques (la banane) où tout le pouvoir était dans les mains des hommes.

C’est bouleversant.

44 réflexions au sujet de « Le bal des folles : Victoria Mas »

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    • Merci d’avoir remarqué que j’avais cafouillé, j’ai corrigé, on appelle ça Alzheimer 😆

      Les éléments historiques étaient peu nombreux, en effet, l’auteure s’est concentrée sur les personnages et sur leur destin. Un choix. J’ai aimé. Je sais qu’il existe un autre roman qui parle du même sujet « la salle de bal » de Hope Anna, ça se passe au Yorkshire.

      Iil y a peut-être plus de côté historique.

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  5. Oh bin le sujet ne me passionne pas comme Ida, mais ce livre a l’air passionnant fichtrement…oui effectivement tout un sujet que le traitement des femmes…..(bon je ne te parlerais pas de la serie que je regarde en ce moment, et qui me revolte, car tu diras que je ne regarde que la tele…lol)

    Aimé par 1 personne

    • Je ne me permettrai pas de te dire ça parce que tu fais ce que tu veux chez toi ! Moi je suis en retard dans mes séries que je pirate, toi au moins tu regarde les séries ! 😉

      Nous faisons partie des minorités aussi, au même titre que les autres car on a été persécutée parce que nous étions femmes.

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      • Bon c’est Miss America…cela parle de la loi qui voulait mettre l’egalite entre femmes et hommes aux states en 1972, qui a echoue a cause d’une reac Phyllis Schlafly, une femme !…bref le Civil Rights Act date 1964 (emancipation des noirs)…
        euh quelle minorite ? euh on represente la moitie de la population mondiale…on est l’autre majorite…on est une majorite qui avait moins de droit qu’une minorite….(imagine les femmes dans ses minorites, un vrai massacre)….

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  6. Purée ! On m’y avait pas invitée !!! C’est pas juste!!!! 😂🤣😂

    Nan… plus sérieusement tu comprendras que le sujet puisse me passionner! Allez hop! On l’emPALe sur la PAL! Dusses-je faire le mijito moi même ! 😉

    Aimé par 2 personnes

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